La déclaration

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Tout était fini... il était mort, elle l’avait tué.

Meriel s'effondra sur le corps sans vie du mercenaire qui gisait sur le sol froid et dur de la grotte. La lumière blafarde du petit matin éclairait l’intérieur de la grotte grâce à un trou creusé dans la paroi faisant office de fenêtre, dévoilant la scène : un homme allongé sur le sol semblant dormir, une jeune fille prostrée sur lui, le visage baigné de pleurs caché contre la poitrine de l’homme, s’accrochant désespérément à sa veste en cuir. Autour d’eux régnait un désordre sans nom, tous les meubles étaient renversés, ça et là les bris d’objet jonchaient le sol, à quelques mètres d’eux, des armes tâchés de leur sang.

De temps à autre, une plainte s’échappait des lèvres de la jeune fille entre deux sanglots étouffés pour former un nom.

"Panda..."

...
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Deux mois plus tôt.

Depuis le dernier banquet le temps avait tranquillement suivi son cours, insensible à la révélation que Meriel avait eu à cette occasion. Les relations entre elle et Panda restaient inchangées. Ils gardaient le même comportement l’un vis-à-vis de l’autre. Parfois cependant, leurs regards se croisaient et s’accrochaient. Le temps d’un instant, le monde se resserrait autour d’eux pour finalement ne contenir qu’eux deux. D’autres fois, c’était elle qui le regardait et se faisait surprendre quand il tournait la tête vers elle, ou elle sentait son regard sur sa nuque et une douce chaleur l’envahissait. Mais à part ces quelques détails, rien dans leur comportement ne trahissait le moindre sentiment plus poussé que ce que ne voulaient les convenances ni leur relation maître-élève.

Un matin plus froid qu’à l’accoutumée, Meriel fut réveillée par un mauvais pressentiment. Elle quitta sa chambre pour prendre l’air et se changer les idées. Ses pas la conduisirent tout naturellement vers l’écurie. Elle aimait cet endroit, il lui rappelait sa maison familiale, les chevaux l’aimaient et il y régnait toujours une atmosphère douce et chaleureuse. Pourtant ce matin, les chevaux semblaient nerveux. Alors qu’elle avançait, silencieuse, entre les stalles, le bruit d’un cheval qu’on harnache attira son attention. Comme une ombre, elle s’approchait lentement lorsqu’une voix s’éleva dans le silence de l’écurie.

"Heureusement que vous avez embrassé la carrière de mercenaire Meriel, car vous auriez fait une piètre sicaire."

La jeune fille, bien que furieuse d’avoir été ainsi repérée si facilement, retint la remarque peu amène qui lui montait aux lèvres, et laissa sa curiosité s’exprimer.

"Mais... Panda ? Que faites-vous donc ? Vous partez ?
- Ça ne se voit pas ?
- Où allez-vous ? Vous partez pour longtemps ?
- Cela ne vous regarde pas... vous êtes bien curieuse.
"

Alors que Panda terminait ses préparatifs de départ, Meriel l’observait et son mauvais pressentiment revint encore plus fort qu’à son réveil. Son regard fut brusquement attiré par la cape de son maître, elle était sombre, il ne portait pas l’emblème du clan. Son coeur se serra.

"Vous partez en mission pour la Confrérie n’est-ce pas ?
- Je vous ai déjà dit que vous étiez trop curieuse.
- Emmenez-moi avec vous !
"

Ce cri avait échappé à la jeune fille avant qu’elle puisse le retenir. Le mercenaire la regarda d’un air intrigué, il n’était pas habitué à l’entendre lui parler sur ce ton : elle se faisait du soucis pour lui c’était certain, mais il y avait plus qu’une simple inquiétude dans son regard, quelque chose d’autre qu’il ne voulait peut-être pas découvrir.

"Ridicule ! Je n’ai pas besoin de m’encombrer d’un fardeau !"

Sur ces mots il enfourcha son cheval et sortit sans attendre de l’écurie, le vent lui apporta l’écho d’une bordée de jurons. Avec un sourire aux lèvres il se fit la remarque qu’il y en avait qu’il ne connaissait pas. Décidément ce petit bout de femme le surprendrait toujours. Filant à toute allure, il n’entendit pas les dernières paroles murmurées par la jeune fille.

"Faites attention à vous..."
Les jours passèrent inexorablement et aucune nouvelle de Panda ne parvint aux oreilles de Meriel. Plus le temps s’écoulait et plus l’inquiétude de Meriel grandissait. Sa tête lui disait qu’elle était stupide d’être inquiète de la sorte, ce n’était pas la première fois que son maître s’absentait pour une mission. Son coeur, quant à lui, ne pouvait s’empêcher de se faire du soucis. Elle tenta bien de faire part de ses craintes à d’autres membres du clan, mais ils ne lui prêtèrent pas attention.

"Bah il doit encore traîner avec une donzelle dans une des tavernes de Camelot. Allez tiens goûte moi ça tu m’en diras des nouvelles !
- Non je n’ai pas soif merci Krak !
"

...

"C’est un bon combattant, ne vous en faites pas ma fille, il ne risque rien.
- Certes Père Elamyr mais...
"

...

"Ah bon, la Merveille est partie ? Sans rire ? Naaan allez c’est une blague, j’te crois pas !
- Mais Reis puisque que je vous le dis : il est parti ! P-A-R-T-I !!
"

Devant le peu d'intérêt que ses inquiétudes soulevaient, la jeune mercenaire renonça rapidement à partager son anxiété. Personne ne prêtait plus attention depuis longtemps aux incessantes allées et venues du fils aîné du Laird, ni à ses absences plus ou moins prolongées. Plus rien n'étonnait de sa part.

Les nuits succédèrent aux jours et ainsi la fin du mois survint sans la moindre nouvelle. Par une nuit sans lune, Meriel dormait paisiblement d’un sommeil réparateur. Elle s’était épuisée en s’imposant un entraînement intensif pour être à la hauteur quand son maître reviendrait se disait-elle, mais surtout pour oublier qu’il n’était pas là. Un cri retentit dans la nuit, brisant le silence, était-ce un animal de ceux qui arpentaient sans relâche les plaines ou de ceux qui sillonnaient inlassablement le ciel azuré ? Même le meilleur des chasseurs du clan n’aurait pu le dire. La jeune fille se retourna dans sa couche et laissa échapper un petit gémissement.

...

Une brume épaisse entourait Meriel. Elle n’y voyait rien, aucun son ne perçait ce brouillard dense. Un silence oppressant planait. Le sol, sous ses pieds nus, était froid et lisse. Instinctivement la jeune fille voulut empoigner ses armes afin d’être parée à toute éventualité, mais ses mains se refermèrent sur du vide, elle était désarmée.

Elle se mit à marcher à tâtons, avançant prudemment. Tout d’un coup, devant elle, une faible lumière perça les ténèbres, une chaleur bienveillante semblait émaner de cette direction. Sans hésiter, Meriel pressa le pas pour se diriger vers ce qui lui semblait un endroit plus accueillant que la brume dans laquelle elle errait actuellement.

Brusquement une main fendit l’épais mur de brouillard devant elle, semblant sortir de la lumière. Elle était tendue vers Meriel, invitation muette à rejoindre son propriétaire sous de meilleurs cieux. La jeune fille y glissa la sienne après une courte hésitation. La paume de la main irradiait une chaleur agréable, Meriel se sentit instantanément en sécurité. Un léger frisson lui parcourut le dos, lui laissant une sensation de bien-être dans tout le corps. La main resserra son étreinte sur la sienne et attira doucement mais fermement Meriel dans la lumière.

Le brouillard se dissipa et la jeune mercenaire se retrouva dans une clairière baignée de soleil au centre de laquelle coulait un petit ruisseau dont le murmure seul troublait le silence paisible qui régnait. La lumière se voila tout d'un coup, une silhouette s'était interposée entre Meriel et le soleil éblouissant.

"
Pan... Duncan !" s’exclama Meriel

Oubliant toute retenue, la jeune fille se jeta au cou du jeune homme. Ce dernier l’attrapa au vol et l’enlaça tendrement. Meriel était aux anges, ici ses espoirs secrets se réalisaient, ici elle pouvait vivre son amour avec Panda, même si celui-ci prenait les traits de l’adolescent qu’il avait été. Ce même adolescent qu’elle avait rencontré lors d’un mystérieux voyage dans le temps, énigme qu’elle n’avait toujours pas percée à jour.

Ils restèrent un moment ainsi, l’un contre l’autre sans parler, le battement de leurs deux coeurs venant seul troubler cet instant de quiétude. Puis doucement, Duncan la reposa à terre sans pour autant relâcher son étreinte. Meriel releva la tête pour se perdre dans ses yeux et eut un brusque mouvement de recul. Elle n’était plus dans les bras du jeune braconnier mais dans ceux, plus puissants, de son maître. Elle savait bien que Duncan n’était que l’apparence plus jeune de Panda, mais c’était beaucoup plus troublant de se retrouver dans les bras d’un homme que dans ceux de l’adolescent qu’il avait été.

Panda resserra son étreinte pour empêcher la jeune fille de s’enfuir. Le mercenaire lui prit le menton et la força à relever la tête doucement mais inflexiblement afin de plonger son regard dans le sien. Dans ses yeux brûlait l’étrange lueur que Meriel avait surprise lors du banquet, mais cette fois ci, son intensité était telle que Meriel eut l’impression qu’elle allait se consumer sous ce regard. Le rouge lui monta au visage alors qu’une bouffée de chaleur se répandait dans tout son corps. Brusquement les lèvres du mercenaire descendirent sur les siennes, les forçant à se soumettre à sa volonté. Sa surprise passée, la jeune fille se rendit sans même combattre aux lèvres audacieuses et répondit à ce baiser passionné avec toute la fougue de sa jeunesse.

Le temps sembla à nouveau suspendre son cours alors que le couple échangeait ce baiser. A regret Panda libéra les lèvres de Meriel ; la jeune fille restait les yeux clos, la tête légèrement inclinée vers l’arrière, les lèvres gonflées entrouvertes, encore étourdie par l’intensité des émotions qui avaient déferlé en elle. Un petit sourire de satisfaction effleura les lèvres du mercenaire. D’une main il caressa tendrement la joue de la jeune fille, frôlant ses lèvres de son pouce. Meriel rouvrit les yeux et gratifia Panda d’un sourire rempli d’amour et de passion. Ce dernier lui prit une main, portant la paume à ses lèvres pour y déposer un baiser. Puis sans prévenir, il relâcha Meriel et fit un pas en arrière.

"
Adieu ma douce..."

La signification de ces mots frappa Meriel alors qu’elle tentait de conserver son équilibre, les jambes tremblantes, privée subitement de son soutien. Elle voulut le retenir mais il avait déjà disparu et la brume était revenue tout autour d’elle.

"
Panda !" cria-t-elle.

...

Meriel se redressa vivement sur sa couche, le nom du mercenaire sur les lèvres, la main tendue dans le vide comme pour en attraper une autre inexistante. Elle était en sueur et il lui fallut quelques minutes pour retrouver ses esprits et se rappeler où et quand elle était. Tout cela n’avait donc été qu’un rêve ou plutôt un cauchemar. Elle passa sa main sur son front brûlant pour en essuyer la sueur. Son malaise était revenu encore plus fort, semblant la narguer dans la pénombre. Maintenant l’incertitude n’avait plus lieu d’être, Meriel était persuadée au plus profond d’elle-même qu’un malheur était arrivé à Panda.
Toujours aussi sympas les textes de didi

bon aller zou la suite
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Dès que l'astre du jour fit son apparition, Meriel s'habilla à la hâte et se faufila hors de sa chambre. Elle sortit discrètement de l'enceinte de la demeure du clan McKeen par une des issues secondaires peu connues du tout venant mais souvent empruntées par les membres du clan appartenant à la Fraternité de l'Ombre.

Un sentier à peine visible serpentait entre les grandes herbes. Elle le suivit et déboucha sur un espèce de potager. Accroupie au milieu de diverses plantes plus bizarres les unes que les autres aux yeux de Meriel, se trouvait une femme habillée de couleurs sombres et portant une pèlerine dont la capuche était rabattue sur sa tête malgré le beau temps. Une aura de puissance l'entourait qui ne pouvait être ignorée par les personnes qui s'approchait d'elle. C'était la personne que Meriel recherchait.

La femme était occupée à cueillir certaines plantes. Sa main semblait délicate et presque fragile, mais son geste était sûr et précis. Elle passait au-dessus des plantes qui n'étaient pas encore arrivées à maturité sans hésiter puis plongeait vivement pour couper à la base de la tige celles qui étaient prêtes. Les plantes ramassées trouvaient naturellement leur chemin vers la besace que la femme portait à l'épaule.

Meriel venait à peine d'arriver et n'osait interrompre le ballet des mains de la femme. Alors qu'elle hésitait à prendre la parole, la voix de la femme s'éleva pour la saluer.

"Bien le bonjour Damoiselle Mercenaire, vous êtes bien matinale. Je vous sens tendue, qu'est-ce qui vous pousse à venir chercher conseil auprès de moi ? Un autre membre du clan ne serait-il pas plus apte à vous aider ?
- Bonjour Dame Sheela
", répondit Meriel troublée par l'accueil de l'Avalonienne. "Les autres du clan ne s'inquiètent pas, ils n'accordent pas d'importance à ce qui me dérange. J'ai cru comprendre que vous étiez versée dans les arts occultes... J'ai fait un rêve étrange cette nuit… Vous savez interpréter les rêves m'a-t-on dit, pourriez vous m'aider ?"

La femme se leva et fit face à Meriel. On ne pouvait apercevoir que le bas de son visage et ses lèvres finement dessinées, la capuche de la pèlerine masquant son regard. Meriel se sentit scrutée des pieds à la tête et se retint de lui faire remarquer vertement que cela ne se faisait pas. Un sourire se dessina sur les lèvres de Sheela et elle fit signe à la jeune fille de la suivre.

Au lieu de retourner vers la demeure familiale du clan, Sheela entraîna Meriel vers un îlot d'arbres non loin de là. Quelques pas menèrent les promeneuses sous le couvert du feuillage et Meriel découvrit bientôt une sorte d'abri construit avec différentes branches et feuillages. Sheela l'invita à s'asseoir sous cette mince protection et lui montra l'exemple en s'y installant ôtant sa capuche dans le même mouvement.

Sous l'ombre des feuillages, le visage de Sheela semblait presque irréel. Elle avait les traits fins, un nez parfaitement droit et des yeux d'une couleur changeante. Son origine avalonienne ne faisait nul doute. Son visage était encadré de longs cheveux châtains clair retenus par une tresse qui courait autour de sa chevelure. Elle dégageait une beauté aristocratique accrue par son port de tête et son maintien. Si Meriel n'avait pas été mise au courant elle n'aurait jamais soupçonné qu'elle avait devant elle une ex-catin, repentie certes, mais fière de son état et qui ne reniait aucunement son passé tout comme elle assumait pleinement le fait d'être une cabaliste versée dans les arts occultes.

"Je vais vous faire boire une potion pour vous mettre en transe", commença Sheela. "Ne vous inquiétez pas c'est sans danger", s'empressa-t-elle de rajouter devant le coup d'oeil que lui lança Meriel. "Vous entrerez en transe et vous pourrez alors revivre votre rêve mais cette fois vous aurez le contrôle. Profitez en pour chercher les réponses à vos questions, je pense que vous en trouverez quelques unes à défaut de toutes."

Sur ces mots, la magicienne fouilla dans la besace dont elle ne se séparait jamais et en ressortit après quelques temps, une petite flasque emplie d'un liquide brunâtre. Elle la déboucha et une odeur peu engageante parvint aux narines de Meriel.

"Vous ne pensez tout de même pas que je vais avaler ça !", lança la jeune fille montrant du doigt la flasque et affichant une grimace de dégoût.

"Ce n'est pas pire que le whisky de Krak", répondit Sheela, "et pas la peine de le nier, je vous ai vu en boire en cachette !
- Mais non !
", s'exclama Meriel. "Comment osez vous insinuer...
- Il suffit
", coupa la cabaliste, "faites votre choix, voulez-vous oui ou non mon aide ? Si votre réponse est positive, alors vous devez vous en remettre entièrement à moi."

Sur ces mots, la cabaliste versa un peu de liquide dans une choppe qu'elle avait également tirée de sa besace et tendit cette dernière à Meriel, haussant un sourcil interrogateur. Avec une lueur de défi dans le regard, Meriel prit vivement la choppe des mains de Sheela, la porta à ses lèvres et en vida le contenu d'une seule traite.

Un goût amer envahit sa bouche et elle sentit son estomac se soulever en protestation. Une sensation de froid intense puis de chaud emplit son estomac. Elle lâcha la choppe qui tomba au sol avec un bruit sourd étouffé par l'herbe et se sentit tomber au ralenti. Sheela accompagna la jeune fille dans sa chute de telle sorte que sa tête repose sur ses genoux.

"Fermez les yeux, ne résistez pas", murmura-t-elle caressant le visage de la jeune fille et écartant les mèches de cheveux de son front.

La jeune mercenaire poussa un soupire et se laissa happer par les ténèbres qui la réclamaient.
Mort, il était mort ... les tavernes de Tir Na nOg bruissaient autour de cette nouvelle depuis plusieurs jours. La brute séduisante était morte. Pourtant, pas une version ne semblait concorder. Pour certains, il aurait affronté un dragon seul, pour d'autres, c'est un amant jaloux qui aurait eu le dessus, pour d'autres encore, sa femme aurait été lasse de ses incartades et recourut au poison, pour un vieil alcoolique, ce serait Sdol qui l'aurait tué suite à une ultime remarque sarcastique. L'elfe ne comptait plus les histoires qui courraient sur la mort du mercenaire albionais.

Elle réfléchissait encore sur ce qui avait pu terrasser l'animal quand Glasny ouvrit le portail vers les terres verdoyantes albionaises. Si cela était vrai, si le mercenaire n'était plus, se débarrasser du reste du Clan ne serait que l'affaire de quelques mois et Albion perdrait bien plus que quelques barbares avinés.

Ses premières rencontres furent décevantes, même sous la torture, il n'était guère possible de trouver plus que des racontars, des histoires d'ivrognes ou pire encore. Essuyant sa lame, elle soupira à l'idée de devoir pénétrer dans la cité humaine. Les hautes portes, les armures rutilantes, les symboles religieux, la lumière malsaine qui en émanait mettait à mal son coeur de siabra et pourtant, elle devait savoir. La nuit serait son alliée, une fois de plus.

Les tavernes de Camelot ne furent guère plus utiles que celles de Tir Na nOg, si ce n'est qu'elle appris quelques nouvelles histoires farfelues. Le mendiant qui avait conté l'une d'entre elles prétendaient que Panda serait tombé sous le charme d'une trollesse et qu'il aurait quitté Albion pour les neiges éternelles. Le rire de l'elfe résonnait encore dans les ruelles étroites alors qu'elle cheminait vers les portes de la ville.

L'énigme restait entière personne ne savait vraiment ce qui était arrivé et surtout, personne n'avait vu le cadavre. Si cadavre, il y avait, un tertre devait avoir été élevé, quelque part dans les hautes terres. Elle poussa le même soupir que quelques heures auparavant et s'étira un instant en gémissant. Ses bras ne retombèrent que pour laisser une vilaine estafilade sur le visage d'un jeune voleur.

En glapissant, celui-ci recula, tenant entre ses mains son visage mutilé. Elle hésita un instant à mettre un terme à cette vie inutile, mais préféra laisser le moins de traces possible et laissa l'enfant derrière elle. Les gardes firent à peine attention à la forme sombre vêtue de rouge qui se glissait entre les files de personne entrant dans la ville. Selicia retrouva bien vite le cheval qu'elle avait abandonné dans un village proche, paya le palefrenier et pris la direction des hautes terres.


Le vieux manoir n'avait guère changé depuis la dernière fois qu'elle s'y était glissé, imposant, un rien crasseux, typiquement humain. Les tertres n'avaient rien donné, si ce n'est qu'aucun ne semblait récent donc soit le cadavre pourrissait ailleurs, soit le corps n'avait pas été retrouvé, soit ... et bien soit il n'était pas mort.

Un bruit arracha l'elfe à ses pensées alors qu'une forme féminine s'esquivait de la demeure. La curiosité l'emporta sur la sagesse et elle se glissa à la suite de la forme, qui en rejoignit une autre, nimbée d'une aura malfaisante.
Reconnaissant la magie quand elle en voyait Selicia se tint prudemment à distance et préféra pister les deux formes. Ce qui fut chose facile, la voix d'une des formes portant remarquablement bien.
"...entrerez en transe et vous pourrez alors revivre votre rêve mais cette fois vous aurez le contrôle. Profitez en pour chercher les réponses à vos questions, je pense que vous en trouverez quelques unes à défaut de toutes."

Perchée dans un arbre, elle avançait avec toute la discrétion dont elle était capable.

"...faites votre choix, voulez-vous oui ou non mon aide ? Si votre réponse est positive, alors vous devez vous en remettre entièrement à moi."

Ecartant doucement les quelques feuilles qui masquaient sa vue, elle vit les deux formes, deux femmes qui discutaient. L'une d'entre elles tendait à l'autre une petite fiole, que la seconde semblait refuser de boire. Selicia n'entendit pas les mots prononcés par la magicienne, mais la vit tendre à l'autre jeune femme une choppe dans laquelle elle versa le contenu de la fiole.

Elle la vit prendre la choppe, hésiter un bref instant et avaler avec une grimace. Elle la vit pâlir instantanément et tomber dans les bras de la sorcière. Une fois encore, les mots prononcées ne parvinrent pas jusqu'à elle ... mais elle avait un peu de temps devant elle, et cette femme répondrait à ses questions.

Sa lame glissa hors de son fourreau dans un sinistre chuintement ...
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La brume entourait à nouveau Meriel mais celle-ci n'avait plus peur. Rapidement elle regarda autour d'elle, cherchant la source de lumière et de chaleur qu'elle savait trouver là. L'attente fut de courte durée, une raie de lumière transperça le brouillard et Meriel se précipita vers elle. Arrivée à l'entrée, elle attendit sans bouger, quelque chose en elle lui disait qu'il ne fallait pas essayer de pénétrer sans y être invité. De tout son coeur elle appela intérieurement Duncan. La réponse ne tarda point, une main apparut et se tendit vers elle, elle l'attrapa et d'un bond passa le portail de lumière pour se retrouver dans les bras du jeune homme.

Le couple resta quelques instants sans bouger, savourant ce moment dans les bras l'un de l'autre, la jeune fille le visage enfoui dans le cou du jeune homme tandis que ce dernier lui caressait les cheveux. Rompant ce moment de tendresse, la voix de Sheela, murmure à peine audible, ramena Meriel à l'urgence de la situation.

"Dépêche toi il ne te reste pas beaucoup de temps."

A regret, Meriel se dégagea de l'étreinte. Elle prit la main de Duncan et le regardant droit dans les yeux ouvrit la bouche pour lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Mais aucun son ne parvint à franchir ses lèvres. Le regard de Duncan sondait le sien, il sembla hésiter puis céda.

"Suis moi je vais te montrer."

Il emmena Meriel près du ruisseau au centre de la clairière et la fit asseoir au bord de la marre dans laquelle venait mourir le cours d'eau. Il s'assit derrière elle et lui montra la marre du doigt. Le regard de la jeune fille se concentra sur la surface de l'eau qui frémit puis se troubla avant de redevenir limpide. Au centre, un paysage inconnu de Meriel apparut.

Au loin un cavalier approchait rapidement, chevauchant à vive allure. Meriel le reconnut, c'était Panda. Son visage laissait transparaître sa fatigue, ses vêtements étaient déchirés par endroits avec quelques taches de sang séché ici et là. Pourtant, Meriel ne s'y trompa nullement, malgré son apparence, il arborait l'air particulier comme à son habitude, quand sa mission avait été couronnée de succès.

L'eau se troubla et une nouvelle scène se dessina. Le mercenaire entrait dans un défilé bordé de rochers. Il avait ralenti l'allure de sa monture car la pente était raide et il lui fallait chercher son chemin prudemment. Soudain, l'oeil de Meriel fut attirer par une ombre mouvante derrière un amas de pierres.

Le paysage peu avant si paisible, se transforma brusquement en champ de bataille en un instant. Des ombres avaient jailli de partout derrière chaque rocher et avaient fondu sur l'homme seul. Au début celui-ci se défendit du haut de sa monture, mais face au nombre sans cesse grandissant de ses assaillants, il fut mis à bas de son cheval. Pourtant il continua vaillamment la lutte. Mais au fur et à mesure qu'il en tuait, d'autres apparaissaient. Bientôt sous les yeux horrifiés de Meriel, il succomba sous les assauts répétés de ses ennemis.

La jeune fille se crispa et se tourna vers Duncan pour demander des explications mais ses yeux se posèrent sur Panda. Son visage ne laissait transparaître aucune émotion, d'un signe du menton, il l'enjoignit à reporter son attention sur l'eau. Elle obtempéra, prenant le temps de se caler contre le torse du Highlander pour profiter de sa chaleur et pour se rassurer.

Une nouvelle scène se déroulait. A la faible lueur d'une chandelle, Meriel découvrit Panda, allongé sur un matelas à même le sol, sans connaissance. Il était torse nu et elle pouvait voir les traces laissées par ses récents combats, égratignures, estafilades et quelques plaies plus profondes à peine refermées. Le mercenaire était en sueur et dormait d'un sommeil agité. A son chevet se tenait une jeune fille blonde comme les près. Elle tenait sur ses genoux un récipient rempli d'eau dans lequel elle trempait de temps à autre un linge tâché de sang. Puis délicatement, avec des gestes emprunts de douceur, elle épongeait le front du blessé et entreprenait de nettoyer ses blessures.

A cette vue, la jeune mercenaire sentit son coeur se serrer. Une bouffée de jalousie l'envahit. D'un geste rageur elle arracha quelques brins d'herbe. Derrière elle, l'homme qui ne perdait rien de ses réactions esquissa un sourire qui bien trop vite s'effaça.

"Je vous présente Lorianne", murmura-t-il de sa voix grave dans l'oreille de Meriel.

La jeune fille sursauta, surprise tant par cette voix si proche que par le souffle chaud du mercenaire dans son cou. Son coeur manqua un battement puis battit double pour se rattraper alors que sa respiration s'accélérait. Son regard revint vers la mare dans laquelle se reflétait l'image de l'autre jeune fille soignant le blessé.

"C'était ma seule alliée en ce lieu, elle est digne de confiance", termina Panda dans son cou.
Citation :
Provient du message de Diandra
(Merci pour vos encouragements ça donne envie d'écrire la suite )
Bin allez zou
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La surface de l'eau frémit à nouveau et la vision se brouilla. Lorsque celle-ci redevint nette, Meriel discerna la forme d'une femme, d'un âge avancé, courbée sur un chaudron suspendu au-dessus d'un feu nourri. Une mixture d'une couleur peu engageante y mijotait. La vieille femme s'activait autour du foyer, rajoutant quelques herbes, un doigt d'un liquide verdâtre, deux doigts d'un autre rougeâtre et aussi certains ingrédients que Meriel ne put identifier. Après avoir remué la mixture quelques minutes, la vieille femme plongea une louche dans le chaudron et remplit un bol de cette mystérieuse boisson.

L'image devint floue et un nouveau tableau s'offrit aux yeux attentifs de la jeune mercenaire. Elle poussa une exclamation en apercevant Panda, conscient cette fois-ci, mais à genoux, les mains liées derrière le dos. Il se trouvait aux pieds d'un homme portant une armure étrange que Meriel n'avait jamais vu.

Cet homme était immense, sa stature et sa musculature étaient impressionnantes. Tout dans son maintien laissait transpirer l'homme de guerre aguerri. A sa taille pendait une hache imposante dont le manche en bois était gravé de signes étranges s'enroulant de la poignée jusqu'à l'endroit où la lame traversait le bois. Les bras nus de l'homme arboraient des tatouages représentant des bêtes immondes. Son visage n'était pas en reste, les tatouages l'envahissaient et auraient empêché l'observateur le plus assidu de le décrire précisément. C'était peut-être le but d'ailleurs songea Meriel.

On ne pouvait entendre la conversation des deux protagonistes mais visiblement l'ambiance était tendue et pleine d'agressivité. Meriel vit son maître partir d'un éclat de rire sarcastique, celui qu'il réservait habituellement à ses ennemis pour les narguer. Cela sembla ne pas être du goût de son interlocuteur qui s'approcha vivement et lui écrasa son poing sur la joue. Panda encaissa le coup du mieux qu'il put étant donnée sa position. Il redressa la tête fièrement, défiant son adversaire du regard, une flamme sauvage brûlant au fond de ses pupilles. L'autre fit un geste sec de la main, un sourire n'augurant rien de bon aux lèvres, puis retourna s'asseoir, observant Panda d'un oeil méprisant.

Suite à son geste, deux hommes se apparurent aux côtés du mercenaire, l'immobilisant. De l'ombre surgit la vieille femme au chaudron, le bol à la main. Elle s'avança lentement vers les trois hommes. Malgré la résistance acharnée de Panda, elle réussit, aidée des deux gardes, à lui faire avaler la totalité du breuvage douteux. Aussitôt cela terminé, les trois sbires s'écartèrent rapidement du mercenaire.

Dans l'instant qui suivit ce dernier s'écroula par terre, son visage n'était plus qu'un masque de souffrances, il semblait en proie à une douleur incommensurable. Sa lutte dura peu de temps, bientôt ses yeux se révulsèrent et il perdit connaissance. L'homme à la hache éclata de rire et quitta la salle, non sans avoir, au passage, envoyé un bon coup de pieds dans le corps inerte du mercenaire terrassé.

"Non !"

Ce cri surprit Meriel. Elle mit quelques instants à se rendre compte que c'était sa voix, et qu'elle avait les larmes aux yeux. L'image se brouilla mais était-ce la surface de l'eau ou les larmes dans ses yeux ? La jeune fille n'y fit pas attention.

Panda réapparut soudain et elle poussa un soupir de soulagement, il était vivant. Mais son soulagement fut de courte durée. Autour de lui planait une aura étrange, il s'en dégageait une impression de froideur, de peur, de dégoût, de putrescence. Comme si la mort s'était incarnée sur terre. Maintenant les images se succédaient de plus en plus vite, sans lien les unes avec les autres.

Meriel, horrifiée, spectatrice impuissante, découvrit un Panda qu'elle ne reconnaissait pas ; elle le vit commettre des atrocités sans nom sans la moindre hésitation, plus aucune lumière n'animait ses yeux et elle sentit qu'il n'avait plus d'âme, c'était un corps inhabité qui se mouvait sous ses yeux, un pantin sans vie. Ses gestes n'étaient plus empreints de la grâce qu'il possédait habituellement, il ne se mouvait plus tel un loup chassant sa proie, l'oeil vif toujours aux aguets, l'âme du chasseur l'avait quitté.

C'était pire que le peu qu'il lui avait raconté concernant son séjour en Orient. Et toujours il revenait dès que l'homme aux tatouages le rappelait, un zombie obéissant à son maître, la volonté brisée, il n'était plus que l'ombre de lui-même...

"Adieu ma douce..."

Ce murmure tira Meriel de sa fascination morbide pour l'action qui se déroulait dans le reflet de l'eau. Elle se retourna précipitamment mais il n'y avait plus personne derrière elle, pas même une trace qui aurait pu laisser deviner que, peu de temps avant, s'était tenu à cet endroit l'homme qui avait capturé son coeur.
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