Provient du message de
Kookiri ~ Calistea
non mais j'tiens pas à enflammer les personnes croyantes en disant que la religion c'est la philosophie de se voiler la face vis à vis de la mort par exemple kwa
La religion n'est pas un voile face à la mort, du moins à mon sens.
La vie, du moins la période qui s'étend de la naissance d'un être à sa mort, est profondément injuste. On nous fait un cadeau énorme lorsque l'on nait : on nous permet de vivre, d'être conscient de soi et du monde qui nous entoure, de pouvoir connaitre les sentiments.
Bref ce cadeau unique et sans valeur qu'est la vie n'est pas fait pour durer. C'est comme donner à quelqu'un une chose qu'il a toujours désirée, et lui retirer 5 minutes après.
C'est l'une des raisons qui a d'ailleurs amené certains penseurs, notamment ceux de la vague "écolo" récente à dire : nous ne sommes que grain de sable dans l'univers, la Terre accueille nos vies courtes et sans réelles importances, alors respectons ce qui perdurera au-delà de notre mort.
Pour revenir sur le sujet, nous avons donc un cadeau inestimable, la vie, que l'on nous retire après quelques décennies d'existence, ce qu'on appelle la mort.
Partant de ce constat, les premiers homo-sapiens, conscients de ce fait, ne comprenaient certainement pas la mort, pas plus que nous mêmes, aujourd'hui. Il savait que des blessures, une chute, un mal, pouvait entrainer la fin d'une vie, mais rien ne leur disait que de l'état vivant, on passait à l'état de cadavre ( inconscient ? ). de leur point de vue, on changeait d'état. On devenait autre chose. Cette conscience du changement d'état du corps, passant de vivant à "mort", du moins inerte, est à mon sens un début de religion.
Plus que d'ignorer la mort, et le corps inerte qui l'accompagne, l'Homme a, à ma connaissance, toujours considérer d'un oeil circonspect la mort de quelqu'un de proche. Les premiers Hommes pleuraient ils leur mort ? Avaient-ils de la "peine" ? Eprouvaient-ils de la tristesse ?
Certainement oui, les premiers comportements "religieux" remontent à des milliers d'années ( je chercherai des sources plus tard, il est tard là
). Jusqu'à nos jours, les morts font l'objet de comportements différents selon les époques, les croyances.
Plutôt que de considérer leurs vies comme "finies", et donc non infinies, les Hommes, dans toutes les civilisations primitives puis antiques et modernes, ont toujours trouvé une parade à l'inacceptable, la finitude de la vie.
Sartre, dans son ouvrage définitif sur l'absurdité de la vie ( La Nausée ), a très bien décrit ce sentiment insupportable, ce sentiment nauséeux, celui de sentir que vivre ne mène profondément qu'à une seule chose : la mort. Aborder la question de la vie impose donc d'aborder la question de la mort. Penser uniquement comme cela ne peut mener qu'à un suicide inévitable. Devant l'insupportable, l'insoluble question morbide, l'inéluctable finitude vitale, que peut l'Homme ?
Beaucoup fuient la question, se laissant absorber, volontairement ou non, par le quotidien : une femme/ un mari ( donc la vie de couple ), des enfants, le boulot, les impôts à payer, aller chez mémé le week-end, les mariages, les fêtes entre ami(e)s, des passions, etc ....
D'autres la nient : la mort n'est qu'une fin, je le sais, ce qui ne n'empêche pas de profiter de mon existence.
Enfin, d'autres, un jour ou l'autre, tombe nez-à-nez avec ce fait : la mort. Elle survient souvent lors de la mort d'un proche, voire lors du crépuscule de sa vie. Le questionnement revient alors au galop et s'impose à nous. La survenance de ce fait est comme une piqûre de rappelle, prompte à nous dire : " Hé ho ! Tu es mortel toi aussi !". Alors certain la fuient, d'autres la nient, et un grand nombre se réfugient dans un système de pensée religieux.
C'est pourquoi les religions apportent non pas un voile que l'on se met devant les yeux pour ignorer la mort, ou pour se rassurer, mais donne une alternative à la fuite ou l'ignorance. Elle propose ( impose ? ) une méthode ( souvent la prière ou bien des rites ) qui permet de préserver ce qu'elle a désigné comme étant une âme.
A chaque fois qu'une personne croyante prie ou pratique un rite quelconque, ce n'est pas un voile qu'elle se donne pour esquiver la question, mais bel et bien un rappel qu'elle s'impose : Attention, un jour tu mourras.
Elle instille alors peut-être plus d'humilité et de compassion pour le genre humain. Elle donne, ou redonne ?, de l'espoir à ceux qui n'en ont plus. Elle fournit une béquille pour contrer la blessure de la mort.
Elle répond à ce que Sartre a nommé la Nausée, cette sensation de vide qui nous emporte lorsqu'on se rend compte, au fil de nos introspections, que nous ne savons, au fond, rien de nous-mêmes : pourquoi sommes-nous là et quel sens donner à une vie finie, une vie qu'on me donne mais qui n'a aucune signification réelle. Cette impression de vivre "à côté des choses", puisque nous sommes conscients, de nous voir vieillir et mourir, sans que l'on puisse rien y faire, cette stupidité vitale, cette vieillesse qui nous rattrape sans cesse, au détour d'une attente dans le métro, d'une nuit sans sommeil, d'une minute de questionnement. Ces moments que certains ignorent, que d'autres fuient, le croyant les intègre dans un cheminement vers un ailleurs, autre chose.
Bref, avoir la "foi", "croire que", permet sûrement à un grand nombre d'êtres de se dire que tout a un sens, et que la vie donnée doit être reprise, justement parce qu'il ne s'agit pas d'un don véritable, mais d'un prêt à long terme, dont on paye les intérêts une fois mort ...
Pour finir ce déjà long post, je terminerai sur le fait que le phénomène religieux s'inscrit, à mon avis, dans l'incapacité conceptuelle de l'Homme à considérer le néant. Considérer qu'après la mort il n'y a "rien" ne signifie rien, puisque nous ne connaissons pas le "rien", nous ne savons pas en quoi consiste le néant, nous ne pouvons appréhender humainement la fin d'une vie. Nous avons toujours vécu en tant que conscience, comment considérer que cela puisse s'arrêter ? Si notre cerveau ne fonctionne plus, qu'advient-il ? Bref, y a-t-il une forme d'humanité qui perdure, malgré la mort ( ce que certains ont nommé l'âme ) ?
Note : je ne suis croyant d'aucune religion monothéiste, je me situe pour ma part dans un courant plutôt "spinoziste"
( Dieu est une force vitale, il est partout, peut-être nulle part ? ).
Bon, je suis resté assez général, et en me relisant, je me rends compte que ce que je raconte n'a rien d'original. Mais comme j'ai mis du temps à écrire ma cochonnerie, je vous en fais part