Contes et Récits d'un Ranger

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Départ

Le ranger se tenait debout, au bord de l'océan, contemplant les eaux
infinies s'étalant devant lui. Beaucoup de choses avaient changé
dernièrement, trop de choses... Un doux vent frais lui caresse le visage,
lui rappelant les différences entre le désert et cette contrée de verdure où
il s'est installé.
Il se penche, ramasse un caillou et le lance à la surface de l'eau, tentant
de faire des ricochets. Loupé.
La nuit commence à tomber mais il ne s'en soucie pas, et continue à
contempler ce paysage qui s'offre à lui. Il longe la plage, marchant
doucement, le crissement du sable à peine couvert par le ressac de la mer le
berce et lui font rapidement perdre le fil de ses pensées... Il se revoit
tout jeune, des années plus tôt, alors qu'il ne connaissait pas même
l'existence de Norrath. Il se revoit dans une forêt, un peu comme celle-ci,
aux côtés de son père, celui-ci lui enseignant les règles de la chasse.
Des larmes ? oui, mais il ne peut les éviter, tout ceci est si loin... Comme
ses parents seraient fiers s'ils savaient ce que leur fils est devenu. Mais
il trop tard maintenant, ses parents ne sont plus...
Il revoit des combats, sur ce monde où il est apparu tandis qu'il était
plongé dans le plus profond désespoir. Enfin il revoit les combattants de
lumière qui l'ont recueilli alors qu'il sombrait dans le chaos, ces
combattants qui l'ont nourri, logé et accepté parmi eux. Et maintenant il
était l'un de ses guerriers.
Ca y est, la nuit est tombé et déjà la lune est haute dans le ciel. Sortant
de sa torpeur, le ranger se retourne et s'engage sur le petit sentier menant
à Kelethin, la ville des Elfes des Bois.
Ils s'étaient installé là, lui et sa ravissante nouvelle femme, car elle
voulait être proche des vastes forêts de Felwith et lui du désert. A
Kelethin, il y avait des forêts, et le désert n'était pas très loin...
Il arriva en vu de la ville pourtant il sortit du chemin et s'engagea à
travers bois, pour déboucher sur une clairière, après quelques minutes de
marche. Au centre de la clairière, près d'un petit lac, se trouvait leur
maison, qui ne leur servait que lorsqu'ils n'étaient pas en voyage à l'autre
bout du monde...
Il ouvrit la porte en bois et savoura la chaleur qui l'enveloppa,
contrastant avec le froid de dehors. Le feu dans l'âtre crépitait
bruyamment.
Sa femme, la tête posée sur un épais manuscrit, dormait paisiblement. Niché
au creux de son cou, le petit dragon, offert par une amie durant le mariage,
dormait lui aussi d'un sommeil tranquille. Pourtant, lorsque le ranger
déposa ses deux épées près de la porte, le dragon ouvrit un oeil, puis se
rendormit.
Elle s'était encore endormi en lisant.
Il la contempla, admirant ses longs cheveux blonds cascadant sur son dos et
ses courbes délicieuses.
En faisant un minimum de bruit et de mouvements, il se saisit d'un parchemin
sur la table, d'une plume et d'un peu d'encre, puis s'asseyant dans un
fauteuil près du feu, se mit à écrire.
"Ma douce,
Si tu savais comme il m'est difficile d'écrire cela, pourtant cela est
nécessaire. Beaucoup de faits récents se sont présentés à moi et je ne sais
plus bien où j'en suis... Des faits préoccupants, angoissants. J'ai besoin
de méditer à toutes ces choses, seul. La méditation me permettra de trouver
les réponses à certaines questions qui me préoccupent.
Ne crois en rien que notre amour est l'un de ces sujets, notre amour est
aussi fort que jamais et si je t'écris ceci aujourd'hui, c'est justement par
amour.
Je m'en vais dans le désert, méditer à toutes ces choses et reviendrai une
fois mon esprit éclairci. Je ne puis revenir avant d'avoir assimilé ces
événements préoccupants. Ne cherche pas à me retrouver, le désert est
immense.
Je t'aime.
Bae"
Puis, posant doucement la lettre près de la tête de la belle Elfe, il
récupéra ses armes et sortit sans bruit de la maison.
A ce moment là, seule la lune contempla les larmes ruisselant de ses joues.
Lechaat la guerrière

Le ranger se trouvait sur les quais de Freeport, et pêchait en attendant un
bateau. Il était assis sur le ponton, les pieds au-dessus du vide, et tenait
sa cane négligemment dans la main, laissant son esprit vagabonder à droite à
gauche. Son air morose n'engageait pas à la conversation si bien qu'il
était seul, tentant vainement d'attraper un poisson avant que son bateau
n'arrive. Il ne vit arriver qu'au dernier moment la créature, qui se
promenait sur les quais en inspectant les caisses de poisson entreposées
de-ci delà. Puis, apercevant le ranger, elle se dirigea vers celui-ci.
Lorsque le chat lui monta sur les genoux, le ranger ne fit rien pour
l'arrêter, et se mit à le caresser distraitement.
"Salut boule-de-poils, dit-il seulement au chat.
Celui-ci se roula en boule et ferma les yeux, bercé par les caresses. Le
ranger, qui avait définitivement abandonné la perspective d'attraper ne
serait-ce qu'une sardine, engagea la conversation avec le chat, à la grande
stupéfaction des quelques pêcheurs qui passaient à côté de lui sur les
quais.
- Tu me rappelles quelqu'un, boule-de-poils. Elle était beaucoup moins
poilue que toi, mais aussi beaucoup plus baraquée. Elle maniait l'épée comme
une déesse et à la cour du Roi, c'était une des seule qui pouvait rivaliser
avec moi à l'arc...
Le ranger soupira, revoyant le visage tatoué de la guerrière du nord.
- Elle avait les mêmes yeux que toi, de grands yeux perçants qui t'évitaient
de l'embêter lorsqu'elle était de mauvais poil... Mais elle est partie,
comme tous les plus grands guerriers de la cour. Elle est partie pour des
terres lointaines. Pourquoi partent-ils tous ?
Les yeux du ranger s'embuaient de larmes. Le chat, toujours blotti sur ses
jambes, continuait à ronronner paisiblement.
- Pourquoi ? Pourquoi ?
Les larmes ruisselaient maintenant sur ses joues, souillant la fourrure du
chat sur ses genoux.
Je danse

Depuis l'aube, je danse et jusqu'à la nuit je danserai...
Je danse depuis l'aube des temps et jusqu'à la nuit éternelle je le ferai...
Je danse avec la mort, redoutable mais si belle...
Je danse et ne fait rien d'autre, seul, avec elle...
Une danse macabre et effrayante,
Une danse sous les éclairs de la tourmente,
Une danse sans fin, qui ne conduira qu'à ma perte,
Une danse ressemblant à la fureur de la tempête...

La danse des épées,
La danse des guerriers,
La danse désespérée,
Une danse qui ne peut s'arrêter...

Et la mort danse avec moi, ici et ailleurs,
Dans sa grande robe noir, représentant le malheur,
Tout Norath nous a vu danser,
Sur tous les océans avec elle j'ai valsé...

Et je danse, je danse, sous le regard courroucé des dieux,
Je danse, inconscient des remarques des plus vieux,
Je danse, inconscient de la fatigue et de la douleur,
Je danse, seulement sensible à ce ballet et sa splendeur...

La mort abandonne, elle est fatiguée,
Ce sera tout pour aujourd'hui, elle doit aller se reposer,
Alors seulement, je sens le poids des épées,
Et mes muscles douloureux, de sueur perlés...

Je lâche mes épées, c'est la fin du combat,
Une fois de plus, elle n'a pas eut raison de moi,
Epuisé, je tombe au sol à genoux,
Et rit doucement, serais-je fou ?

Autour de moi, les clercs s'affèrent et soignent mes blessures,
Les druides invoquent sur moi, les soins de Dame Nature,
Mais je ne les vois pas, je ne vois que mes deux épées,
Qui à la nuit tombante, diffuse une pâle lueur bleuté...

Je me relève et me saisis de mes armes enchantées,
J'aurai le temps de me reposer, une fois ma vie terminée,
Madame la mort, où êtes-vous passée ?
Madame la mort, voulez-vous encore danser ?
Les Trois Sages

Et non, pour une fois je ne me trouvais pas dans le désert au sommet d'une
dune. Je n'étais pas non plus au coeur d'une forêt ni en haut d'une montagne
enneigée. Pas même au coeur d'un combat, non, j'étais dans une cité.
Baeandor, dans une cité ? hé oui, que voulez-vous, je dois aussi m'y rendre
parfois, bien que je préfère l'odeur de l'herbe humide à celle des bas-fonds
d'une cité.
J'étais donc à Port Libre, ville que tout le monde connaît, carrefour du
monde connu... J'avais collecté, en éradiquant quelques gnolls, je dois
l'avouer, une petite somme d'argent et j'avais décidé de le mettre en
banque, seule véritable invention utile que les hommes ont de plus sur les
loups. J'étais donc face au banquier, un vieux moustachu qui n'avait
certainement jamais pris une épée et encore moins tenu un arc. Je lui
donnais mon argent et alors que je me retournais pour me diriger vers la
sortie, je l'aperçu. C'était un guerrier, comme tant d'autres, pourtant il
attira mon attention. Il ne portait pas d'armure rutilante, d'épée enflammée
et magique ni même un arc serti de pierres précieuses. Non, il ne portait
aucun objet montrant sa puissance, pourtant il était entouré d'une aura de
bonté et de puissance, mais la chose qui me troubla le plus fut son visage.
Ce visage, je le connaissais depuis toujours, des cheveux bruns tirant
légèrement sur le roux, un grand front plissé, des sourcils épais surmontant
un regard sévère. Un nez droit, des lèvres gercées par le froid et la
chaleur et une courte barbe. Ce visage, c'était le miens, j'étais en face de
mon sosie.
De stupéfaction, je tombais à genoux devant lui en pensant que je me
trouvais devant RisWààq" lui-même, ayant pris une apparence humaine pour me
punir de mes actes.
"Salut à toi, Baeandor Piedrapide, je t'attendais."
prenant mon courage à deux mains, je parvint à prononcer :
"Je suis votre serviteur, Maître.
- Je ne suis pas ton maître, jeune ranger, dit-il en esquissant un sourire,
je ne suis que l'un de tes guides. Prends ceci, tu en auras besoin."
Il me tendit des gants de cuir et des brassières de métal forgées.
"Merci maître, je les porterai avec honneur.
- Ces objets recèlent la sagesse du monde, prends-en bien soin. Deux autres
sages viendront après moi, tu les reconnaîtra comme tu m'as reconnu, il te
conféreront eux-aussi la sagesse mais maintenant je dois partir. Bonne route
à toi Baeandor.
- Adieu, Grand Sage."
Et alors que je disait ces mots, il disparut. J'étais encore tout retourné
par ces discussion et je tenais les gants et les brassières contre moi,
quand soudain je vis le second sage. Comment aurais-je pu savoir que c'était
lui ? je ne sais pas, mais je savais que c'était lui. C'était un grand
guerrier, un barbare du nord, armé d'une puissante hache et portant des
tatouages compliqués sur le visage ainsi que sur ses muscles puissants de
ses avant bras. Il me regardait, un sourire se dessinant sur son visage.
"Salut à toi, compagnon guerrier ! rugit-il au milieu de la banque. je
t'attendais !"
Je m'approchais de lui et j'esquissais une courbette qui me sembla très
maladroite sur le moment.
"Je suis l'un des Trois Sages, même si j'ai plutôt l'apparence d'un féroce
guerrier dénué d'intelligence, mais tout combat exige de la sagesse. Tout
guerrier dénué de sagesse ne dure jamais plus de deux ou trois combats,
d'ailleurs. Tiens, voici les objets de la sagesse, porte-les avec honneur."
Et il me posa dans les bras un casque orné de gravures et une cape grises
sur laquelle était tracé un symbole représentant un homme assis en tailleur.
"Maintenant je dois partir mais un autre après moi viendra et comme moi tu
le reconnaîtras, rugit-il, que la force guide ton bras et que la sagesse
contrôle ta force", rugit-il avant de disparaître lui-aussi, sans que je
n'ai eut le temps de dire un mot. Je contemplais le casque dans mes mains...
Il était argenté et les gravures encadraient le front en dessinant deux
traits se croisant et s'enlaçant mutuellement dans un ballet sans fin.
J'étais encore en train de contempler cet objet sacré lorsque mon regard se
releva subitement. A quelques mètres de moi se trouvait une jeune femme,
elle aussi imprégnée de l'aura bleuté de la sagesse. Je m'approchais d'elle
et fit une courbette, tout aussi maladroite que la précédente.
"Salut à toi, enfant de RisWààq". Je suis la dernière des Trois Sages.
Prends ces objets et porte les avec honneur, ils te conféreront la sagesse."
Elle déposa au creux du casque deux bagues et un collier. Celui-ci était
fait de pierres vertes enchâssées dans une armature d'argent. Pourtant le
collier pouvait se plier et se tordre comme un bout de ficelle. Les bagues
quand à elles, étaient faites de platine et dans chacune d'elle se trouvait
une pierre blanche qui étincelait au fond du casque.
"Mais je dois partir, maintenant, ajouta-t-elle de sa voix cristalline.
Longue Vie à toi, Baeandor, tu as la bénédiction des Trois Sages.
- Attends, ne pars pas ! m'écriais-je. Pourquoi m'offrez-vous tout ceci ? Je
ne mérite pas tout ces présents et nombreux sont ceux qui mériteraient
chacun de ces objets. Pourquoi moi ?
- Ta destiné est tracée, jeune guerrier, il ne tient qu'à toi de la
découvrir, quant à moi, je ne peux rien te dire de plus, tu dois laisser
faire le temps. Maintenant, adieu..."
Et elle disparut.
Tout estomaqué, je me dirigeais d'un pas chancelant vers la sortie, à la
recherche d'un bol d'air frais.
Une fois dehors, les bras chargés des objets des Trois Sages, je réfléchis.
Les Dieux voulaient que je mette ces objets, je les mettrait donc, pourtant
de pareil chef d'oeuvres ne peuvent pas être souillés par le sang, je ne les
mettrai donc pas lors des combats. Je détacha mes brassières et accrocha les
nouvelles. J'agrafa la cape à mon épaule et sertis le collier et les bagues.
Une fois ceci fait, j'enfilais les gants. Je posais alors le casque sur ma
tête.
Une décharge de courant me traversa alors et d'un seul coup, je vis, ouvrant
la première fois les yeux sur un monde que je croyais connaître. Mais je ne
savais rien, je ne connaissais rien alors que maintenant je savais. Je
compris le comment et le pourquoi du monde, je compris la guerre et la
haine, je compris mille et une choses que j'aurai voulu ignorer. Un son
guttural surgit à mes oreilles et je mis plusieurs secondes avant de
comprendre qu'il sortait de ma gorge. Alors, dans le flot tourbillonnant de
connaissance, je me débarrassais du casque, des gants, de la cape et des
brassières ainsi que des bijoux. Puis tremblant, je m'assis près de
l'attirail, et me mit à pleurer... Ho RisWààq", pourquoi ne m'as-tu pas
laissé dans l'ignorance ?
Timbrés les rangers ?

Au beau milieu, d'une plaine désertique et abandonnée,
Gis un pauvre ranger, sur son sort apitoyé,
Le long de ses joues, on pourrait contempler,
De nombreuses larmes qui au sol s'écrasaient...
A-t-il perdu son épouse, tant adorée ?
Le soleil de ses nuits, belle comme un ciel étoilé,
Est-elle morte ce soir, en combattant à ses côtés ?
Pleure-t-il de désespoir, d'avoir été abandonné ?

Mais sur ses joues rugueuses, doucement roulent,
De grosses larmes, froides et amères,
Et à ses genoux, lentement elles s'écoulent,
Des larmes de désespoir mêlées à de la colère...

A-t-il perdu un fier compagnon de combat ?
Un ami très cher, qu'il respectait comme son roi,
Un frère d'arme, valeureux mais mort ce jour là,
Pleure-t-il la mort d'un guerrier fier et droit ?

Mais sur ses joues rugueuses, doucement roulent,
De grosses larmes, froides et amères,
Et à ses genoux, lentement elles s'écoulent,
Des larmes de désespoir mêlées à de la colère...

A-t-il perdu son Roi, fier et conquérant ?
Un Roi haut comme trois pommes mais grand comme un géant,
Un Seigneur toujours juste, bon et riant,
Pleure-t-il d'avoir vu son Roi mourant ?

Mais sur ses joues rugueuses, doucement roulent,
De grosses larmes, froides et amères,
Et à ses genoux, lentement elles s'écoulent,
Des larmes de désespoir mêlées à de la colère...

Pleure-t-il d'avoir été profondément blessé ?
Une lame ennemie, l'a peut-être poignardé,
Et il git sur cette plaine, tremblant, tétanisé,
Attend-il que la mort vienne l'emporter ?

Mais sur ses joues rugueuses, doucement roulent,
De grosses larmes, froides et amères,
Et à ses genoux, lentement elles s'écoulent,
Des larmes de désespoir mêlées à de la colère...

Pleure-t-il car son Dieu s'est fait tuer ?
De vils ennemis dans sont royaume sont entrés,
Cachant leur vilenie, sur le Dieu se sont jetés,
Pleure-t-il de n'avoir pas su le protéger ?

Mais sur ses joues rugueuses, doucement roulent,
De grosses larmes, froides et amères,
Et à ses genoux, lentement elles s'écoulent,
Des larmes de désespoir mêlées à de la colère...

Mais non, rien de tout cela n'est vrai,
Toutes ces choses ne sont point arrivées,
Si le ranger pleure, comme un enfant abandonné,
La raison est tout autre, de celles évoquées...

Sur ses genoux repose, un arc brisé,
La belle corde blanche a été coupée,
Sa chasse est finie, le ranger peut rentrer,
Et son arc finira accroché à la cheminée...

Des cheveux d'une Déesse, la corde était tressée,
De l'épée d'un diable, la corde fut tranchée,
Nul ne pourra maintenant la remplacer,
L'arc est inutile, bon à être jeté...

Et le ranger pleure, pleure sans s'arrêter,
Nul ne pourra jamais parvenir à le consoler,
Cette mort, dans son coeur sera à jamais gravée,
Et même si les années passent, elles ne parviendront à l'effacer...

Que faut-il comprendre à cette courte épopée ?
Tout simplement, que si un jour vous apercevez
Un ranger pleurant, comme un enfant abandonné,
Ne songez pas à la mort, quelle affreuse pensée,
Dites-vous seulement, que le valeureux guerrier,
Pleure plus facilement sur la mort de son arme préférée,
Plutôt que sur la mort d'une personne fortement aimée,
Et bien oui, qu'est-ce que vous voulez,
Les ranger sont fous, on ne pourra les changer,
Et que derrière leurs propres éloges de super-guerriers,
Il n'y a, je pense, pas grand chose à tirer.
Fleur de Lys

Le ranger parcourait les Terres de l'Epouvante lorsqu'il fut surpris par la
tombée de la nuit... Trouvant un carré d'herbe, chose qui est rare sur ces
terres désolées, il s'enroula dans son manteau et s'endormit au bout de
quelques secondes.
Ce fut le soleil matinal qui le tira de ses doux songes et se relevant, le
ranger entreprit d'épousseter son manteau chargé d'herbes. Une fois ceci
fait, il se mit en quête de trouver des baies et une source afin de se
nourrir quelque peu...
Hélas, les Terres de l'Epouvante ne sont pas réputées pour la saveur des
fruits sauvages et les sources y sont extrêmement rares. Après avoir
longuement cherché, le ranger resta perplexe... Impossible de trouver de la
nourriture dans ces contrées et le gibier n'y est pas courant.
Alors qu'il se plaisait dans ses profondes réflexions, sont regard fut
attiré par une tache blanche à quelques mètres de ses pieds. Une fleur de
lys. Elle étendait ses petites pétales perlées de gouttes de rosée et dans
lesquelles le soleil jouait de ses mille feux. C'était une chose étonnante à
voir, cette petite fleur, seule au beau milieu de terres mortes et où la vie
se fait rare. Mais non, la fleur de lys s'accrochait à l'écorce du sol,
comme si ça vie en dépendait... Elle semblait être là depuis le commencement
des dates et le ranger se dit que rien ni personne au monde ne pourrait la
déranger et qu'elle serait là encore pour de nombreuses années.
Le guerrier resta figé devant cette petite chose ondulant sous le vent. Il
était tétanisé d'avoir trouvé un semblant de beauté dans une région si
dévastée et il ne bougea pas durant de longues minutes, contemplant la
petite fleur sans pouvoir bouger un cil. Elle était à la fois une chose si
simple et pourtant c'était la beauté-même. Avoir croisé tant d'arbres morts
et déracinés, de terres craquelées et fissurées par la sécheresse pour
tomber sur une magnifique petite fleur de lys, voila une récompense qui
enchanta le ranger.
Il fut tiré de sa rêverie par un grognement, derrière lui. Il se retourna en
sursaut, furieux que quelqu'un d'autre découvre aussi la fleur. Mais il ne
s'attendait pas à voir le colosse qui se dressait devant lui. La créature
ressemblait vaguement à un gnoll, en deux fois plus haut et deux fois plus
large. Son museau allongé était bordé de crocs tranchants et redoutables.
Les yeux, injectés de sang, fixaient le ranger d'une façon féroce. L'être
portait un casque à longues cornes et une épaisse cotte de maille forgée
grossièrement. Mais le plus redoutable se trouvait dans sa main droite : une
énorme épée capable de pulvériser un bouclier et que même un barbare ogre
aurait eut du mal à soulever.
Le ranger sortit ses deux épées et se mit aussitôt en position de combat,
prêt à se défendre tandis que le monstre lançait sa première charge en
poussant un hurlement redoutable. La redoutable épée au-dessus de la bête
tomba subitement sur le ranger qui l'évita en effectuant un bond sur le
côté. Se remettant sur ses pieds, il eut à peine le temps de parer le coup
suivant de sa lame droite. Le bruit de l'acier contre l'acier résonna tel le
tonnerre d'un orage d'été. Le bras encore douloureux à cause du choc, le
ranger se dit que s'il ne passait pas immédiatement à l'attaque, sa fin
surviendrait avec l'épuisement. Il bondit alors sur le colosse, les lames en
avant. Pendant que la droite montait au niveau des yeux de la créature,
l'obligeant à relever sa défense, la seconde lui lacéra la cuisse, laissant
échapper un épais sang sombre qui s'écoula le long de la jambe velue. Le
gnoll géant poussa un hurlement et le ranger recula vivement afin d'éviter
la lourde lame qui faisait des moulinets devant lui. Hélas, dans sa hâte de
reculer, il glissa sur une branche humide et s'écroula sur le dos. Le
monstre, voyant cela, se précipita sur lui, lame en avant. Roulant sur lui
même, le ranger se releva prestement mais ne put éviter la charge de la
créature.
Il ne sentit que la terrible de morsure du métal qui entrait dans son
ventre. Serrant désespérément la lame à plein mains, tentant vainement de la
retirer, il finit par s'écrouler au sol. Il n'entendait que vaguement les
hurlements de victoire du gnoll. Des taches sombres dansaient devant ses
yeux. Sa respiration haletante se fit de plus en plus rare jusqu'à s'arrêter
totalement.
A quelques centimètres de ses yeux, la fleur de lys ondulait doucement sous
la brise matinale, ses petites pétales blanches couvertes de sang...
Je veux divorcer

Pourquoi la mort ne cesse-t-elle donc pas de me hanter ?
Pourquoi tous mes poèmes se terminent-ils par la mort d'un guerrier ?
Est-ce la peur, ou bien peut-être la folie,
Qui font que la mort se retrouve dans tous mes récits ?
Je pourrai chanter la joie et l'allégresse,
Mais je ne chante que les larmes et la tristesse,
Je pourrai chanter le calme et le bonheur,
Mais je ne chante que les épées qui s'enfoncent dans un coeur,
Je pourrai chanter l'amour et la beauté,
Mais je ne chante que les fins tragiques de guerriers...

Pourquoi ces mêmes thèmes hantent-ils mes pensées ?
Suis-je donc devenu fou, un esprit possédé ?
Un esprit tourmenté, qui a peur de la mort,
Et qui récite de funèbres chants, encore et encore...

Je pourrai chanter la gloire et l'honneur,
Mais je ne chante que la glace et la froideur,
Je pourrai chanter la paix et le prospérité,
Mais je ne chante que des récits d'épées,
Je pourrai chanter la beauté de la nature,
Mais je ne chante que la souffrance des blessures,

Mon coeur est de glace, et mon esprit se meurt peu à peu,
Si un jour je trépasse, voudront-ils de moi, ces Dieux ?
A chanter la mort, la mort encore et toujours,
Ne me suis-je pas attiré la haine des Dieux de l'Amour ?

Je pourrai chanter le repos et la piété,
Mais je ne chante que la fureur des guerriers,
Je pourrai chanter la douceur du vent,
Mais je ne chante que le pouvoir du sang,
Je pourrai chanter la bonté et l'élégance,
Mais je ne chante que la guerre et la violence...

Tout comme la lune a besoin du soleil pour briller,
J'ai sans cesse besoin de réciter pour oublier,
Mais mes poèmes, parlant sans cesse des mêmes horreurs,
Ne sont-ils pas en train de forger ma propre terreur ?

Madame la Mort, je veux divorcer,
Madame la Mort, j'en ai assez,
Madame la Mort, vous devrez chercher,
Un nouveau fou, qui vous fera danser,
Un jeune conquérant à l'esprit déluré,
Qui n'aura de cesse de chanter votre beauté,
De décrire vos exploits et de les déclamer,
Pour ma part, j'ai assez donné,
Mon esprit en flamme doit s'apaiser,
Et en esprit tranquille, se transformer...
Deux p'tits yeux vert

Autrefois j'étais solitaire,
Cette vie avait tout pour me plaire,
Mais le guerrier si orgueilleux, si fier,
S'est fait charmer par deux yeux vert...
Dieu sait ce que je pourrai faire,
Transformer le bois en pierre,
Inverser le cour des rivières,
Remuer ciel et terre, pour...

Deux ptits yeux vert...

Traverser toutes les mers,
Transformer l'eau en bière,
Secouer des dragons vert,
Supprimer toute la lumière, pour...

Deux ptits yeux vert...

Transformer en or le fer,
Même défier Gorenaire,
Des Dieux subir la colère,
Ou bien devenir poussière, pour...

Deux ptits yeux vert...

Transformer le diamant en verre,
Tuer des élémentaux de l'Air,
Défier la fureur de la Terre,
Marcher sur le sol lunaire, pour...

Deux ptits yeux vert...

Remuer ciel et terre,
Redevenir solitaire,
Tout cela pour plaire,
Au centre de mon univers, à...

Deux ptits yeux vert,
Deux ptits yeux vert...
Guerre à Great Divide

La neige crissait sous ses bottes légères tandis qu'il arpentait la berge de
la rivière coulant lentement devant Thurgadin, la Ville du Roi Nain des
Neiges. Pourquoi était-il là ? Lui-même ne le savait pas, il savait pourtant
que quelque chose allait se passer, quelque chose qu'il n'oublierait jamais.
Alors il attendait, nerveusement, que le temps passe.
Au bout de quelques minutes, n'en pouvant plus, il s'assit non loin de la
cascade surplombant Thurgadin et sortit d'un de ses sacs quelques ustensiles
afin de faire des flèches. Si je me plonge dans une tâche qui m'occupe, le
temps passera plus vite, se dit-il en commençant sa besogne méticuleuse.
Pendant qu'il s'évertuait à faire se qu'il savait faire de mieux,
l'agitation perpétuelle régnant autour de Thurgadin changea subitement : les
ours géants et agressifs se terrèrent dans leurs cavernes, les
hommes-taureaux retournèrent dans leur labyrinthe, les loups se réfugièrent
dans leurs logis et même les géants, qui n'ont que peu de choses à craindre,
se dirigèrent vers leur forteresse au Nord-Est. Sentant ce bouleversement,
le guerrier arrêta son travail, cherchant une explication à ce phénomène.
Etait-ce qu'il avait pressenti ? Mais qu'allait-il arriver maintenant ?
Il n'eut peu de temps à attendre car le sol se mit à trembler tandis que le
tonnerre roulait en cadence, loin à l'Est... Non, ce n'était pas le
tonnerre, le son était trop régulier. Des tambours ! non, le sol tremblait
en rythme avec les tambours, ce ne pouvait être que... les géants. Cela
faisait pourtant une éternité que la guerre entre les géants et les nains
avait pris fin. Certes les géants continuaient de temps en temps à faire de
brèves excursions mais ce n'était pas une action de l'ampleur de celle qui
se déroulait en ce moment même...
Le guerrier se retrouvait au beau milieu d'une guerre entre nains et géants,
une guerre titanesque, sur un continent où il n'existe aucun lieu pour se
cacher ! Se cacher ? Non, il ne pouvait pas rester là à chercher un creux ou
se réfugier tel un lapin peureux, il aiderait les nains dans ce combat
insensé ou seule la mort l'attendait.
Mais les nains n'étaient pas seuls car de puissantes armées s'étaient
rassemblées, grâce aux talents divinatoires des plus grands esprits de
Norrath. Une armée colossale s'étendait devant les yeux du jeune guerrier.
Toutes les races étaient venues apporter leur aide et leurs guerriers aux
nains. Ainsi une mer de haches, épées, lances et autres ustensiles coupant
faisant un mur à l'avancée des géants tandis que derrière eux se trouvaient
les multiples archers armés de leurs grands arcs et chacun portant sur le
dos un carquois empli de flèches mortelles. Suivaient les mages et les
sorciers et certains d'entre eux étaient déjà enveloppés de lumière en
attendant de pouvoir libérer toute leur énergie magique tandis que les
enchanteurs armaient les esprits de tous. Enfin, les soigneurs attendaient,
tout à l'arrière, impatients de pouvoir mettre en action leurs talents
spirituels. La plaine résonnait des chants des bardes afin que les armées
soient fortes et fières au moment du combat.
On pouvait même voir, un peu à l'écart, une armée de nécromanciens et autres
chevaliers de l'ombre, qui étaient venus porter main forte aux nains.
Certains paladins Elfes lançaient des regards noirs de haine et de colère
aux squelettes morts-vivant de l'armée nécromancienne mais pour une fois ne
leur lancèrent pas l'assaut, l'ennemi était tout autre et bien trop fort
pour que les esprits s'échauffent maintenant à propos de luttes ancestrales.
A l'avant de l'armée se trouvait Heito, un jeune chef de clan, qui donnait
les derniers ordres avant le combat, tandis que derrière lui commençaient à
se profiler les silhouettes des géants, émergeant du brouillard.

Les géants, voyant cette armée étirée devant eux s'arrêtèrent, incertains.
Leur nombre était aussi important que leur taille et plus d'un guerrier
aguerri ne put refréner un tremblement léger face à ces colosses. Soudain,
un géant, un capitaine à en juger son casque, poussa un rugissement et
l'armée ennemi se jeta en hurlant sur les premiers rangs de guerriers. Heito
s'écria : "Pour la Victoire !!!" et son cri se répercuta sur toutes les
falaises de la vallée, porté par un millier de voix derrière lui. Alors il
se rua en avant vers le plus proche géant et le flot de guerriers derrière
lui lui emboîta le pas. Le choc fut titanesque. Les géants donnaient de
grands coups de poings et de pieds contre cette foule de frêles combattants.
Le guerrier, ayant toujours une flèche pas encore terminée dans les mains,
repris ses esprits accaparés momentanément par ce qui se déroulait devant
lui, sauta sur ses pieds, prit son arc accroché dans son dos et descendit la
plaine en courant et hurlant lui aussi pour se donner du courage.
Il ne sut pas ce qui se passa ensuite, son esprit embué par la fureur du
combat. Seules quelques brèves images fugitives, dernières bribes de sa
conscience lorsque le guerrier est pris de frénésie au combat, lui revinrent
à l'esprit. Ainsi il se revit en train de décocher flèche sur flèche, au
point d'en avoir les mains rouge et sanguinolentes. Il se souvient de la
vibration qui parcourait son bras gauche à chaque flèche qui quittait son
arc. Il revoit un géant tombait dans un fracas de tonnerre tandis que les
guerriers se tournaient déjà vers d'autres colosses. A un moment, lui
raconta-t-on plus tard, il se jeta dans la mêlée, n'ayant plus de flèches à
tirer, afin de continuer à participer au combat à l'aide de ses deux épées.
Une image ressurgit parfois à son esprit : celle de ses deux épées qui
semblent danser toutes seules devant lui, mordant une jambe de géant à
chaque instant. La danse mortelle dura longtemps sur la plaine glacée,
devenue rouge du sang des combattants. Des cadavres gisaient un peu partout,
donnant une masse de travail aux soigneurs qui s'évertuaient à faire des
miracles pour sauver les âmes pures.
Lorsque la nuit tomba, le Roi des Géant était mort, face contre terre, les
yeux orientés vers les lourdes portes de Thurgadin, qu'il n'avait pas su
ouvrir. Alors, l'armée se regroupa au centre de la plaine et chaque peuple,
après avoir salué une dernière fois Heito, s'en retourna vers sa terre
natale...
Lorsque le combat s'acheva, le ranger retrouva peu à peu ses esprits tandis
que la folie guerrière se calmait doucement à travers lui. Alors, constatant
que la plaine était maintenant paisible, il s'en retourna vers un coin plus
paisible pour pouvoir faire ses flèches tranquillement.
La Dame Blanche

Brrr ! Qu'il faisait froid dans ces cavernes... Le jeune ranger sautilla sur
place en se tapant sur les bras pour se réchauffer. Il aurait bien fait
appel à la bonté de Tunare pour qu'elle lui donne l'apparence du loup et
ainsi avoir une chaude fourrure mais la Déesse n'avait aucun pouvoir en ce
lieu alors le ranger se réchauffait comme il pouvait pour ne pas finir gelé.
Il n'était pas seul, loin de là, car de nombreux aventuriers et aventurières
avaient aux aussi répondu à l'appel et attendaient aussi avec lui,
grelottant, dans ces grottes de glace. Il avait même retrouvé certains
Seigneurs qu'il connaissait. Bien sûr il aurait pu rester chez lui bien au
chaud au coin d'un feu ou bien assis dans le désert sous le soleil brûlant,
mais pourtant si chacun restait dans son chez soi paisiblement, les grands
dragons se remettraient à détruire et dévaster Norrath. Non, il fallait tuer
les dragons dès que l'un d'entre eux était aperçu afin d'éviter une
catastrophe telle que celles que le monde avait vécues jadis.
Justement un dragon avait été aperçu non loin de Halas et après quelques
recherches on avait découvert sa tanière dans de profondes grottes non loin
de la ville. Le Roi de Halas s'était empressé d'envoyer des missives dans
tout Norrath pour quérir de l'aide aux autres rois. Ceux-ci s'étaient
empressés d'envoyer des renforts et maintenant une petite armée attendait à
l'entrée des cavernes avant de donner l'assaut au dragon.
Les généraux du Roi donnaient des recommandations tandis que de puissants
adeptes des arcanes usaient de mille sortilèges et charme pour donner plus
de puissance aux guerriers. Le ranger écoutait d'une oreille distraite les
consignes et ne sentait pas l'air crépitait autour de lui tandis que sa peau
prenait la dureté du diamant et son bras la puissance du titan. Il était
hautement plus intéressé par ce qui l'entourait notamment les magnifiques
stalactites pendant du plafond. Peut-être qu'avec une puissante magie il
soit possible de faire en sorte que cette glace ne fonde pas au soleil. Il
ne resterait plus qu'à tailler le stalactite pour avoir une magnifique
épée... Bien sûr pour ne pas qu'elle casse il faudrait d'autres sortilèges
mais cela ne devait pas être compliqué. Ainsi à la lacération de la lame
s'ajouterait la morsure du froid. Ses pensées furent interrompues par un
grondement de tonnerre derrière lui. L'armée poussait un cri de guerre
tonitruant, l'assaut allait commencer. Abandonnant ses stalactites, le
ranger retourna avec le reste des troupes au moment où celles-ci se mirent
en marchent, d'abord lentement puis les premiers se mirent à courir et le
guerrier leur emboîta le pas. Il passa sous une arche naturelle faite de
pierre et déboula dans une immense caverne au milieu de laquelle trônait
majestueusement le dragon. Le ranger s'arrêta, impressionné par cette image.
Après tout c'était la première fois qu'il affrontait un dragon de cette
taille et l'allure de ce monstre était vraiment très impressionnante. Devant
lui, l'armée se rua sur le dragon en poussant un hurlement de tonnerre et le
ranger rassembla son courage et courut lui aussi en criant pour oublier le
noeud qu'il avait à l'estomac.
Il se retrouva très vite aux pieds du dragon à frapper de ces deux lames
comme si sa vie en dépendait. D'ailleurs c'était un peu le cas car le dragon
ne se laissa pas faire et alternait les coups de griffes, de dents sur ces
petites créatures qui la torturaient. L'armée ne s'arrêta pas pour autant et
continua à redoubler d'efforts pour faire tomber le dragon qui, pris soudain
de rage, se tourna d'un coup en frappant un grand coup de sa queue sur
l'armée. Une vingtaine de guerriers furent projetés sur le mur opposé de la
caverne mais la majorité se releva rapidement, la tête un peu sonnée, pour
repartir à l'assaut tandis que les clercs soignaient ceux qui avaient le
plus souffert de ce choc.
Le dragon faiblissait peu à peu et ses rugissement étaient plus de
souffrance que de colère maintenant. A un moment, il se dressa sur ses
massives pattes arrières, sa tête se trouvant alors à quelques dizaines de
mètres de haut et il cracha un flot de flammes sur l'armée à ses pieds. Le
ranger fut touché par ses flammes mais elles ne le brûlèrent pas mais lui
glacèrent le bras droit qui resta paralysé par le froid pendant plusieurs
minutes, jusqu'à ce qu'un clerc le soigne d'une puissante prière.
Après un rugissement de tonnerre, le dragon s'effondra, s'écroulant
lourdement sur le sol de glace de la caverne tandis que ceux qui se
trouvaient en-dessous s'écartaient rapidement. Alors l'armée un grondement
de colère qui fit tomber plusieurs stalactites. Le dragon était tombé, la
ville de Halas pourra dormir paisiblement à l'avenir.
Chasse aux wurms

"Alors là je suis pas du tout d'accord, dit le hobbit, la bière naine
n'arrive pas à la cheville de la bière hobbite.
- Mais pas du tout, gronda le nain qui lui faisait face, assis sur le cou
massif d'une wurm morte, la bière naine est ce qu'on fait de meilleur. Bien
sûr il ne faut pas la boire dans une vulgaire taverne à Freeport mais si tu
veux je t'emmènerai goûter celle de Thurgadin, elle est divine !"
La discussion avait débuté quelques minutes auparavant, lorsque le nain se
plaignit de ne plus avoir de bière naine dans ses sacs.
Ils étaient quatre, dans de gigantesques grottes de cristal ou dormaient
paisiblement de petits dragons dont les écailles et les dents se vendaient à
prix d'or sur le marché. Ils s'étaient assis dans une grande caverne,
attendant que les wurm pointent le bout de leurs naseaux et le corps encore
fumant du dernier dragon à être entré gisait encore au milieu de la caverne.
Le nain s'était hissé sur le cou du monstre pour voir arriver de plus loin
leur prochaine victime et faisait donc face aux trois autres compères qui
étaient assis en rond en train de polémiquer sur une question de la plus
haute importance.
"Hmm... Vous n'y connaissez pas grand chose vous deux, dit le clerc Elfe, la
meilleure boisson est le vin elfique. Je connais une petite taverne à
Felwithe et quand je m'y arrête, j'ai toujours la larme à l'oeil quand je
dois repartir. Je vous assure que vous trouverez rien de meilleur que le vin
elfique.
- Et toi t'en penses quoi, demanda le hobbit en se tournant vers le ranger
humain.
- Moi ? demanda-t-il en relevant les yeux de la flèche qu'il était en train
de confectionner. Hé bien, je ne sais pas trop... Cela fait longtemps que je
n'ai pas bu d'alcool mais je crois que c'est le vin elfique que je préfère.
Mais bon je préfère boire un lait de louve au miel de Surefall Glade, c'est
exquis et ça évite les désagréments de l'alcool.
- Pouah ! cracha le nain, du lait de louve ! Voilà bien des idées de ranger,
pour rien au monde je ne boirai de l'eau alors du lait non alcoolisé ! Non
merci...
- L'avantage de la bière hobbit, commença le hobbit, c'est qu'elle est moins
forte que la naine, donc on peut en boire plus sans problèmes. De plus, un
astucieux système permet de faire macérer la bière en lui ajoutant d'autres
composants. D'ailleurs mon cousin de Rivervale m'a montré un jour ses
cuves...
Les trois autres ne l'écoutaient plus que d'une oreille distraite, l'un
faisant ses flèches, l'autre plongé dans son livre de magie et le troisième
guettant. Le petit druide ne s'en soucia pas et continua son exposé :
- ... myrtilles cueillies le matin même. Mais le meilleur, c'est lorsque la
bière est faite avec des framboises telles que celle de ma tante, celle qui
a déménagé l'année passée dans les karanas parce que le temps de Rivervale
lui donnait des rhumatismes, et bien ses framboises étaient les meilleures
de toute la région et lorsque mon cousin lui en prenait quelques unes pour
les mettre..."
Le nain, à l'instar des autres, n'écoutait plus, il venait de voir un
mouvement à l'autre bout de l'immense caverne. Plissant les yeux, il
distingua un bout de queue d'une wurm qui dépassait de l'entrée de la
grotte. Sautant sur ses pieds, il se saisit de son arme puis sauta à terre
et sur rua sur le monstre en hurlant :
"Chargeeeeeeeeez !!!!!"
Le ranger rangea rapidement sa flèche et couru à la suite du nain tandis que
le clerc faisait de même tout en gardant son livre à la main. Le hobbite,
plongé dans sa discussion, mis du temps à comprendre que plus personne ne
l'écoutait et se releva rapidement puis couru à leur suite en criant :
"Attendez-moi ! Attendez-moi !"
Mais rien en pouvait arrêter le nain. Serrant crispement son arme à deux
mains, poussant un rugissement dans le but d'effrayer la wurm, il courait
aussi vite que ses petites jambes lui permettaient.
Le ranger, à quelques mètres derrière lui, sourit en contemplant l'image qui
s'offrait à lui : une toute petite créature se ruant sur un monstre
titanesque en hurlant. Que les guerriers nains étaient étranges, leur petite
taille n'assécherait jamais leur amour du combat, quelque soit la taille de
l'ennemi et c'est ce qui faisait d'eux d'agréables compagnons de combat.
Le nain était déjà sur le dragon, tenant dans ses mains une longue pique
deux fois plus grande que lui. Il tentait de l'enfoncer entre les écailles
du colosse et lorsqu'il y arrivait, le rugissement de colère et de douleur
de la wurm couvrait momentanément les cris du petit guerrier. Le ranger se
mis côte à côte avec le nain et entreprit lui aussi de glisser ses lames
entre les épaisses écailles.
Après quelques minutes le dragon s'écroula. Le nain, se tata le ventre et
jura :
"Dieu que j'ai faim, je donnerai n'importe quoi pour manger un boeuf de
Kaladim rôti. Rha ! Je crois qu'il n'y a rien de plus bon qu'un boeuf de
Kaladim.
- Alors là, je suis pas du tout d'accord, l'arrêta le hobbit, je trouve
qu'un mouton de Rivervale ne peut pas être surpassé.
- Ha non, dit le nain, j'ai déjà goûté au mouton et les hobbit ont vraiment
aucun goût. En plus la sauce à la menthe qui l'accompagne est immonde."
Le clerc, prenant à l'écart le ranger, lui demanda :
"Ca te dit on goûte le civet de hobbit et le rôti de nain, j'en ai plein les
oreilles de leur histoires de cuisine..."
Dame Sharafa

J'étais adossé à un arbre centenaire, affairé à ma tâche. Fabrication de
flèches, aiguisage d'épées ou même création d'un nouveau récit, qu'importe,
là n'est pas la question !
J'étais donc absorbé dans mon oeuvre, le front plissé par l'attention
lorsque un rire cristallin me fit sursauter.

"Qui est là ? demandais-je d'une voix que je voulais assurée.
- Hihihi, jeune ranger, vous faites de drôles de grimaces lorsque vous êtes
occupé.
- Dame Sharafa, est-ce vous ?
- Oups, pardon, j'oubliais que vous ne me voyiez point."

Dans un nuage de fumée apparut Sharafa Angeflamme devant moi. C'était une
grande dame, à la peau foncée par le soleil d'avoir tant voyager mais elle
se cachait souvent dans un grand manteau sombre. Elle cachait sa magnifique
chevelure dans la capuche du manteau, ne laissant apercevoir qu'un petit
visage fripon. Pourtant ce qui frappait en la regardant étaient ses yeux,
emplis d'une sagesse rare. Je connais Dame Sharafa depuis que je suis tout
jeune et elle a toujours eut cette beauté et cette jeunesse, pourtant ses
yeux ont l'air aussi vieux que le monde et semble avoir déjà tout vu. Cela
doit provenir de la science des arcanes, je pense, mais cela me frappait à
chaque fois que je croisais Dame Sharafa.

"Dites moi jeune ranger, je ne voudrais pas vous importuner mais vous passez
vos journées assis au pied d'un arbre. J'ai peur que vous finissiez par
prendre racine, que diriez-vous de visiter un peu le monde ?
- Visiter le monde, mais j'ai déjà tout visité Dame Sharafa...
- Vraiment, dit-elle un peu surprise, et qu'avez-vous donc visité ?
- Mais tout ! absolument tout ! Je connais comme ma poche le chemin qui mène
de Qeynos à Freeport, sans compter les tunnels de Blackburrow.
- Mon pauvre petit, s'écria-t-elle en levant les yeux au ciel, que vous êtes
bête, le monde est bien plus vaste que cela, vous n'avez rien vu du tout...
- Ha bon ? pourtant après Qeynos c'est la mer et après Freeport aussi, donc
je pensais avoir tout vu.
- Mais non, il y a bien plus de choses à voir, allez hop, je ne vais pas
vous laisser dans l'ignorance, je vous emmène avec moi."

Le paysage vacilla autour de nous, l'arbre auquel j'étais adossé quelques
minutes auparavant tremblota, comme s'il s'était reflété dans l'eau et
disparut tout comme le reste autour de nous. Le ciel s'éclaircit et le sol
devient blanc étincelant si bien que je fermais les yeux...
Lorsque je les rouvrais, le blanc était toujours là et Dame Sharafa me
regardait amusée.

"Ho ! de la neige, m'exclamais-je en sautant sur place pour entendre craquer
le glace sous mes pieds.
- Hum... Bon, nous aurons tout le loisir d'admirer cette neige plus tard,
elle ne va pas s'envoler. Ne bougez pas et n'ayez pas peur", me dit Dame
Sharafa.

Elle commença à réciter une formule magique dont je ne comprenais
strictement aucun mot. Tout en la récitant, elle faisait des gestes avec ses
mains, semblant tracer des signes dans le vide.
Soudain, une pluie de minuscules étoiles sortirent de ses mains et
m'entourèrent. Je me sentais léger, léger, j'avais l'impression que je
pourrai m'envoler. Avec stupéfaction je me rendis compte que je ne touchais
plus le sol...

"Haaaaaa !!!! hurlais-je de frayeur.
- Arrêtez de hurler, vous ne risquez strictement rien, me gronda la
sorcière.
- Vous... Vous êtes sûre ?
- Absolument, allons, en route, suivez moi !"

Et nous voici parti en direction de colossales montagnes au loin. Je
marchais tout en étant suspendu au-dessus du vide. Je sentais un contact
sous mes bottes pourtant il n'y avait rien et si je m'arrêtais, je
redescendais tout doucement...

Nous fûmes vite arrivés aux montagnes et une grotte s'ouvrait dans
celles-ci, telle une monstrueuse gueule béante.

"Ne bougez pas jeune ranger, je reviens", me dit Dame Sharafa avant de
s'engouffrer dans la grotte.

Je restais seul dehors, à contempler le paysage qui s'offrait à mes pieds
lorsque j'entendis un horrible rugissement. Je me retournais en sursaut pour
voir Sharafa sortir en courant de la grotte.

"Ne restez pas là, la grotte était habitée", me cria-t-elle alors qu'elle se
mettait un peu plus loin, suspendue dans les airs.

A l'entrée de la grotte apparu une créature titanesque, ressemblant à un
gros gorille blanc. Apeuré je me précipitais vers Sharafa.

"C'est un Yéti des Montagnes... Nous allons le laisser tranquille, tant pis
pour la grotte. Je vais vous montrer un autre lieu."

Le monde revacilla autour de moi et je me retrouvais dans des marais.

Ainsi se déroula ma première visite du monde. Combien de fois le monde
vacilla-t-il autour de moi ce jour là ? Je ne pourrai le dire, ce que je
sais c'est que je découvris plus de paysages que je n'en avais jamais rêvé.
J'étais alors tout jeune et c'est ce jour là que j'ai reçu une des plus
belles leçons de ma vie : "on croit avoir tout vu mais le monde qui nous
entoure nous réserve toujours de nouvelles surprises"...
Depuis ce jour je voyage, cherchant à découvrir de nouveaux lieux, courant
après l'horizon qui ne cesse de s'éloigner...

Qu'est devenue Dame Sharafa ? Je ne saurais le dire aujourd'hui, elle voyage
toujours autant elle aussi. Par contre je crois que je ne l'ai jamais
réellement remercié pour cette leçon qu'elle m'a inculqué ce jour là...

Merci Sharafa, merci pour tout.

Allez jeune barde, va te coucher, je te raconterai d'autres prouesses de ma
jeunesse demain soir.

Baeanwor se retourna pour aller se coucher, laissant seul son père, assis
dans un fauteuil devant la cheminée, l'esprit embrumé de mille souvenirs...
Hommage à Buenry

Dieu que ses pas l'avaient menée loin cette fois-ci... Elle était fort loin
de son logis. Elle ne savait même pas comment elle était arrivée là, ni même
comment elle repartirai mais elle ne s'en souciai guère, préférant admirer
tout ce qui l'entourait.
Elle se trouvait dans une vaste plaine verte. Une herbe douce caressait ses
petits pied nus... On aurait dit que pour chaque brin d'herbe une fleur
avait poussée tant le sol en était recouvert, formant un épais tapis de
mille couleurs. Par endroits, on trouvait de fiers arbres aux pieds desquels
il semblait bon s'allonger pour faire une sieste à l'ombre, bien que le
soleil haut dans le ciel ne faisait point transpirer, et ce malgré une
quelconque armure, mais réchauffait juste assez la peau pour qu'on se sente
bien.
Mais ce qui attirait le plus son attention était le grand humain à quelques
pas d'elle. D'ailleurs dire que c'était un humain serait s'avancer car même
pour un humain il avait une grande taille. Il portait une grande cape
blanche à capuche qui lui plongeait le visage dans l'ombre et empêchait de
voir ses traits et bien qu'il n'y avait pas un souffle de vent, sa cape
s'agitait furieusement derrière lui.
De plus, il portait une épaisse armure, signalant que c'était un guerrier.
Toute sa tenue était d'un blanc pur et pas une seule tâche ne maculait cette
pureté.
Même la lourde épée, sur le pommeau de laquelle le guerrier avait les deux
mains posées, avait une lame blanche. Cet individu reflétait la paix
intérieur à un tel point qu'on aurait pu croire que c'était une statue.
Il semblait attendre quelque chose, ou bien quelqu'un bien qu'il n'y avait
personne qu'eux deux dans cette vaste plaine. Il ne bougeait pas, ne parlait
pas et bien que sa capuche plongeait son visage dans l'ombre, on aurait pu
juré que ses yeux étaient fixe et ne bougeaient pas non plus, ou même
étaient fermés.
Intriguée, elle demanda :
" Mai qui aite vou donc, grande gens ? "
Alors une voix puissante se fit entendre, sortit de nulle part. Une voix
emplie de force et de puissance mais dans laquelle on aurait pu déceler de
l'amour mêlé à un brin de tristesse :
" Je suis Uriel. Roi des Archanges et Chef des Armées Célestes !
- Ha bon... Et vou voulai un cookie ? "

Ô mon Dieu, qu'il est difficile d'écrire ces mots,
Comment manier la plume quand votre corps est parcourut de sanglots ?
Mais je sais qu'ici ou là-haut,
Qu'il fasse gris ou bien qu'il fasse beau,
Tout ceux qui auront la chance de croiser son chemin,
Ange ou Humain, Elfe, Hobbit ou même Nain,
Chacun découvrira un avant goût du paradis,
Lorsqu'ils croqueront dans leur cookie...
Le départ

Le palais est vide. Il fait nuit. Quelques gardes, endormis à leur poste, ne
voient pas la silhouette noire traversant sans bruit les long couloirs.
A la lueur d'une torche, on peut apercevoir deux longues lames accrochées
dans son dos ainsi qu'un grand arc porté en bandoulière.
Après avoir traversé de nombreux corridors, l'homme s'arrête devant une
lourde porte encadrées par deux gardes somnolant. Ceux-ci le reconnaissent
et le laisser entrer dans la grande salle illuminée par mille torches.
Le ranger s'avance lentement vers le centre de la pièce ou est posé le lourd
trône royal d'or forgé et serti de joyaux. La salle est vide, seuls ses pas
font un faible écho qui se répercute jusqu'au fin fond du palais. Le ranger
s'agenouille devant le trône. Il avait vu tellement de rois assis dans ce
fauteuil, il avait l'impression d'avoir vécu mille ans. Il entendait encore
les rires des innombrables festins qui s'étaient déroulés dans cette salle,
des nombreuses fêtes qu'elle avait vu passer au fil des années...
Avec le temps, les rires avaient changé et le ranger regrettait les anciens
rires qui cascadaient dans ces oreilles, vestige d'un âge d'or révolu. Il
revoyait le visage de tous les rois qu'il avait servi, de tous les mentors
qu'il avait eut alors qu'il n'était qu'un jeune archer tout juste sorti de
sa forêt. 1000 compagnons de combat et combien en restait-il aujourd'hui ?
Peu, beaucoup trop peu...
Dépité, il se releva, des images plein les yeux. Lentement, il repoussa les
lourdes portes et sortit de la salle du trône, se dirigeant vers l'aile Est
du palais, vers les appartements royaux.
Enfin il se retrouva devant la dernière porte, la chambre du couple royal où
la reine devait sommeiller depuis de nombreuses heures. Délicatement, il
poussa la porte dorée et entra doucement dans la pièce, sans faire le
moindre bruit.
Il contempla la Reine, allongée sur le lit, sa longue chevelure pareille à
une cascade d'or se déversant sur l'oreiller, sa poitrine rythmant sa longue
respiration régulière. Elle dormait profondément et rien n'aurait pu la
réveiller.
Le ranger s'approcha d'une chaise posée dans un coin et dégrafa la broche
dorée représentant une plume accrochée à son cou. L'ayant libérée, il ôta sa
cape bleu et or d'un ample geste et la contempla quelques secondes. L'aigle
doré dessiné au dos semblé lui demander de l'aide, tel un animal blessé.
Détournant les yeux, il posa la cape et la broche sur la chaise et retourna
près du lit.
"Je suis désolé ma douce, j'espère que tu comprendras, chuchota-t-il pour
lui même."
"Les temps changent, les choses bougent et moi qui désirais rester le même
je me rend compte maintenant combien il est difficile de rester soi-même
lorsque tout tourne autour de soi. Tant de Seigneurs disparus, tant de
Seigneurs partis au loin, je ne pouvais pas contempler tout cela sans avoir
un gros serrement au coeur, comprend moi je t'en supplie... Ce n'est ni un
adieu, ni un aurevoir, je dois seulement m'éloigner du palais quelques
temps... Nous nous retrouverons dans notre demeure de Felwithe, si tu peux
me pardonner un jour."
Les yeux embués, il se pencha sur la Reine et, poussant délicatement une
mèche dorée comme si c'était un trésor inestimable, il posa un léger baiser
sur le front de la belle endormie. Une larme vint s'écraser sur la joue de
la reine, toujours plongée dans ses songes. Alors le ranger se releva et
sortit rapidement de la chambre.
Le coeur lourd, il traversa les couloirs en sens inverse et sortit du palais
tandis qu'au loin le soleil commençait à se lever...
(...)

Le jeune barde avait accompagné avec plaisir son père lorsque celui-ci lui
avait demandé de le suivre. Il avait pris son petit tambourin et lui avait
emboîté le pas. Traversant aisément vallées et plaines.
"Où allons-nous Père ?
- Tu verras lorsque nous arriverons. Je désire te montrer la nature des
hommes, lui répondit le ranger."
Le barde s'étonna des propos de son père qu'il ne comprenait pas bien mais
ne posa pas d'autres questions.
Ils arrivèrent devant une colline plus haute que les autres et recouvertes
de fleurs et d'une herbe douce et drue.
"Nous sommes bientôt arrivé, dit le ranger."
Ils se mirent alors à monter cette colline, le père ouvrant la marche et le
fils jouant toujours sur son tambourin. Après quelques minutes ils
arrivèrent au sommet.
"Et maintenant, vois, mon fils."
Alors le barde scruta le versant opposé de la colline et ce qu'il vit le
stupéfia. Deux immenses armées se faisaient face dans la plaine, prêtes à se
foncer dessus et s'entre-déchirer. Pas un bruit ne se faisait entendre.
"Mais que font-ils père ?
- Attends et regardes, tu comprendras la nature des hommes et de toutes les
espèces dominantes de Norath."
A ces mots, un son de cor se fit entendre d'un côté de la vallée et se
répercuta à l'autre bout, reprit par d'autres cors. Les deux armées, en
entendant cela, poussèrent un énorme rugissement qui fit trembler la
montagne puis se ruèrent l'une sur l'autre. Le choc retentit jusqu'à l'autre
bout de Norath. Le silence avait disparu, faisant place au bruit de l'acier
contre l'acier, de la magie qui crépite, des cris de guerre et des
hurlements des blessés tandis que l'herbe au sol virait au rouge et que
l'air se chargeait de l'odeur du sang. Les hurlement emplissaient la tête du
jeune barde qui se boucha les oreilles en hurlant lui aussi, pleurant de
toutes ses larmes. Il ne sentit pas son père qui le prit par les épaules et
lui fit redescendre la colline du côté paisible.
Le barde retira ses mains de ses oreilles, ouvrit les yeux et s'arrêta peu à
peu de pleurer.
"Voilà la nature humaine...
- Mais père, pourquoi ?
- Je ne sais pas, ils sont comme ça, c'est tout...
- Et les Elfes ?
- Il n'existe aucun peuple de Norath qui ne veuille entre-tuer son voisin.
- Mais alors que faire, que dois-je faire ?
- Rejoins la meute des loups Bawa, eux seuls ne passent pas leur vie à
s'entre-tuer, à se battre pour leur territoire.
- Mais père, je ne suis pas un loup, jamais ils ne m'accepteront !
- Alors fais ce que tu peux pour tempérer les hommes, peut-être
parviendras-tu avec tes chants à faire ce que je n'ai pas réussi avec mes
récits, moi je suis trop las pour continuer.
- Tu pars, Père ?
- Oui, je pars... Je te confie la Seigneurie de l'Azur, ta mère te remettra
l'emblème dès que tu retourneras au palais. Prends soin de toi et de tes
frères d'armes, je reviendrai te voir souvent.
- Aur... Aurevoir Père.
- Aurevoir mon Fils, prends soin de ta mère en mon absence."
Le ranger se transforma alors en loup et s'engouffra dans la forêt proche.
Le barde, seul avec son tambourin, tomba à genoux et se remit à pleurer,
pleurer... Il était seul, maintenant...
Lame Immortelle

Il pleut.
Il pleut et les nuages qui s'amoncellent dans les cieux font rejaillir
l'aspect froid et dur de la lame souillée.
Il pleut et les gouttes d'eau glisse doucement sur l'épée, roulant doucement
dans les striures de la poignée dorée pour finalement s'écraser dans la
boue.

Le gros joyau, enchâssé dans la garde de l'arme est serti de mille diamants
de pluie, étincelant dans la pale lueur du matin. Il pleut toujours mais
les gouttes ne parviennent pas à se fixer sur la lame excepté aux endroits
où sont notées les inscriptions en Elfique. Les lettres ont une vague lueur
bleutée, conférant à l'épée une aura de magie et de mystère. Esber'ded
pourrait-on lire avec quelques notions d'Elfique. Brandis-moi. De l'autre
côté de la lame on pourrait lire Esger'ded. Déposes-moi. L'épée attend,
seule, sous la pluie, tandis que celle-ci lave le sang qui souille sa lame
et son pommeau. Non loin de là git un guerrier. Mort. Un guerrier qui a
brandit la lame mais n'a pas su la déposer avant qu'il ne soit trop tard.
Alors elle attend, elle attend qu'un autre vienne la prendre et la brandir.
Elle a soif de sang, elle veut goûter à la chair une fois de plus. Elle
attend qu'on la brandisse encore et encore, et ses runes elfiques brillent
plus fort d'impatience tandis que la pluie s'arrête et que le soleil caresse
de ses rayons la douce lame mortelle.
Demande en mariage

Je me croyais fort, invincible et puissant,
Je n'étais qu'un jeune fou, fou et arrogant,
Mais tout s'est un beau jour éclairé,
Lorsque ton regard j'ai croisé...
Les cieux auraient pu se déchirer,
La guerre aurait pu éclater,
Le tonnerre aurait pu gronder,
Que je n'aurai pas bougé...
Tant de splendeur et de beauté,
En une seule personne rassemblées,
Comment ne pouvait-on vénérer,
Pareille magnifique divinité ?

Alors j'ai fui, pour t'oublier,
Courant à travers bois et vallées,
Cherchant le salut dans l'art de manier
Mon arc et mes flèches et mes deux épées...

Mais tu me suivais, me poursuivais,
Le traqueur pour la première fois traqué,
J'étais comme une bête, blessée à jamais,
Je ne pouvais plus que faire front et lutter...

Mais vaincu je suis, vaincu je resterai,
Je t'offre mon coeur, sur un plateau doré,
Agis à ta guise, tu peux l'aimer ou le broyer,
Dans les deux cas, ma souffrance s'arrêterait...

Je t'offre mon coeur, mon arc et mon épée,
Ma plume, mes prières, mon âme enflammée,
Je t'offre mon corps, pour le reste de l'éternité,
Apporte-moi le repos et l'amour tant recherchés...

Faire le tour du monde, je t'emmènerai,
Découvrir de nouveaux horizons, de belles vallées,
Ou bien rester ici, et nous y installer,
Je ferai ce que tu désire, si cela te plait...

Gocus, Belle entre les Belles,
Gocus, Reine entre les Reines,
Gocus, Douce et Tendre Demoiselle,
Gocus, acceptes-tu d'être mienne ?
En route pour Qeynos

Le vent soufflait, faisant tourbillonner les cheveux et claquer les capes
dans le froid hivernal. Le jeune ranger se trouvait au sommet d'une petite
colline et contemplait les contrées environnantes. Rien. Le néant absolu.
L'herbe s'étendait à l'infini mais pas une âme ne semblait vivre en ce lieu.
Pas la moindre créature dans son champ de vision. Seulement une vaste
étendue d'herbe grasse. Les Karanas.
Bientôt, il serait en vue de la vallée de Qeynos, la ville qui l'avait vu
grandir.
En repensant à la ville sale et souillée, un goût amer lui emplit la bouche.
Qu'il aurait préféré être ailleurs, loin de cette cité atroce. Mais le
combat se déroulerait en ce lieu. Le combat entre la Lumière et la Nuit,
entre le Bien et le Mal, entre le Bon et le Mauvais.
Qeynos ville de lumière. Que cette phrase était difficile à prononcer.
Pourtant il fallait éviter qu'elle tombe dans les mains de l'ennemi.
Resserrant sa cape autour de lui, le ranger reprit son chemin, tenant dans
chacune de ses mains une longue lame bleuté à l'allure mortelle.
Retour au désert

Les terres désertiques et desséchées s'étendaient à perte de vue devant
lui... Il était ici depuis trop longtemps, bien trop longtemps... Il ne
supportait plus ce sol craquelé, ces ruines éparses et ces créatures sorties
d'on ne sait où... Il ne supportait plus de ne pas voir d'arbre mais
seulement des buissons rabougris et chétifs mais ô combien tenaces. Il
voulait revoir les lieux qui lui plaisaient, le continent glacé de Vellious,
les forêts épaisse de Faydwer et le désert de Nro. Depuis combien de temps
n'avait-il pas marché dans le sable brûlant ? Il ne se souvenait même plus
de la sensation qui s'offre à vous lorsque le vent caresse votre joue, la
fouettant doucement de mille grains de sables.
Allons, se dit-il, je n'ai plus rien à faire là, je rentre chez moi.
Seigneur de la Plume, rentres chez toi,
Seigneur de la Plume, cesse le combat,
Le Temps des Batailles est achevé,
Le Temps des Récits doit recommencer...
Ma Muse

Elle est partie, me laissant seul avec mon désespoir,
Elle est partie, me laissant seul broyer du noir...
Ma muse s'est enfuie, que vais-je devenir ?
J'ai perdu mon inspiration, que me réserve l'avenir ?
Je suis seul avec ma plume, penché sur un parchemin,
Cherchant à écrire quelque chose, mais n'y arrivant point,
Trois jours et trois nuits, sans pouvoir écrire un vers,
Ni même inventer une histoire, d'amour ou de guerre...

J'ai passé tant de temps, à écrire contes et chansons,
Mais hélas maintenant je n'ai plus aucune inspiration,
Le parchemin reste vierge et l'encre sur ma plume durcit,
Et moi, intérieurement, je vocifère et peste sans bruit...

Le monde m'aurait-il déjà tout montré ?
Aurais-je déjà tout écrit, tout chanté ?
Cela ne peut être ! Je suis trop jeune et n'ai point assez vécu,
Mais le doute en moi pénètre, aurais-je déjà tout vu ?

Cette attente d'inspiration me ronge et me fait souffrir,
Y'a-t-il plus grand malheur que de ne pas savoir quoi écrire ?
Le Seigneur de la Plume ne sait plus quoi chanter !
Je sens que sur moi, on va encore jaser...

Et soudain une flèche me transperce la coeur,
Serait-ce ma faute s'il m'arrive ce malheur ?
N'y a-t-il donc plus rien qui me fasse rêver ?
Mon coeur est-il redevenu de glace à jamais ?

Mais non, la glace il y a fort longtemps a cédé,
Libérant mon coeur qui était enfermé...
Une nouvelle journée va encore s'achever,
Sans que je n'ai pu écrire un quelconque sonnet...

La Lune se lève, de mille et une étoile elle est entourée,
Je la contemple comme chaque soir, émerveillé,
Tant de beauté et de grâce dans cet astre divin,
Que je sens mon inspiration qui revient enfin...

Elle est revenue, je ne suis plus seul ce soir,
Elle est revenue, fini de broyer du noir,
Ma muse était partie, mais la voici de nouveau,
Et dans mon esprit enfiévré se déverse mille mots..
Archer

"Non, pas comme ça !"
Déconcentré, le tireur ne put empêcher la corde de se détendre subitement,
provoquant un claquement sec des branches et voyant la flèche partir se
perdre au coeur de la forêt.
"Concentres-toi et recommence."
Le corps torse nu, luisant de la sueur de la fatigue se cambra tandis que la
main agrippait fermement la corde et l'attirait vers l'oeil. La fatigue
gagnais le bras qui, après plusieurs heures de tir intensif, avait perdu de
son énergie. Tentant peine perdue de maîtriser les tremblements, l'archer
visa. La corde claqua, la flèche se perdit au loin, sans avoir eut une
quelconque chance d'atteindre le tronc visé.
La branche claqua sur le corps de l'archer, y laissant une longue trace
rouge vif. L'instructeur était un homme sévère mais un excellent professeur.
Il faisait partie de l'élite des archers de Norrath.

"Tu es un incapable Bae, tu n'arrive même pas à atteindre le tronc... C'est
un chêne et il n'est qu'à 150 pieds après tout !!! Fais un effort !"

L'instructeur se saisit de l'arc, le soupèse, puis prend une flèche dans le
carquois posé au sol. Avant que le jeune archer ait eut le temps de
comprendre, le bras du Maître s'est tendu, les branches de l'arc ont plié
puis se sont détendues dans un claquement sec. La flèche a filé, tel un
oiseau fondant sur sa proie, pour se ficher en plein coeur de la cible, à
150 pieds de là. Le jeune archer regarde stupéfait.

"Ce n'est pas dans le bras que ça se passe, c'est dans la tête. Tirer une
flèche c'est pas seulement tendre une corde et la lâcher, c'est visualiser
le vol de la flèche, s'unir à elle et entrer au coeur de la cible. Tu dois
voir par la pointe de ta flèche, sentir le frottement de l'air contre toi,
redouter l'impact tout en le visualisant. Tu ne dois pas être le bras, tu
dois être la flèche. Recommence, sans la flèche."

Baeandor se saisit de l'arc, bien décidé à épater cette fois son
instructeur... Il lève le bras, ferme l'oeil gauche et tire la corde, se
figeant dans cette attitude comme s'il tirait.

"Vois-tu la flèche ?
- Euh...
- Même lorsque l'arc est bandé à vide, tu dois visualiser une flèche. Cette
flèche est ta dernière, tu ne dois pas la rater, si tu la rate, ton ennemi
te tue. Tu comprends ?
- Oui.
- Bon, il faut que tu aligne l'oeil, l'encoche et la pointe sur le centre de
la cible. Allez, aligne."

Le jeune archer réajuste sa position, soulevant légèrement le bras gauche,
bras qui tient l'arc.

"Il faut que ton coude soit dans l'alignement de la flèche, relève ton bras
!!!"

Le coude droit se relève sensiblement jusqu'à ce qu'il soit dans une
position acceptable...

"Ecarte les jambes ! Perpendiculaire à la cible ! Relève le torse !"

La position de l'archer se fait de plus en plus juste tant est si bien
qu'elle finit par être parfaite au bout de quelques minutes... Pourtant le
jeune homme souffre horriblement. Voilà quelques minutes que l'arc est bandé
sans qu'il ait pu reposer son bras droit d'où partent des élancement
douloureux, l'arc pèse lourd sur son bras gauche, sans compter le soleil qui
tape dur en ce début d'après-midi...

"Parfait, tu peux relâcher, la position était bonne... Maintenant on
recommence avec la flèche."

Fire d'avoir pu satisfaire son instructeur, Baeandor reprend une flèche,
l'encoche sur la corde puis bande l'arc. Attentif à ses gestes, il reprend
exactement la même position que précédemment et, après quelques secondes,
lâche la corde, libérant la flèche qui part furieusement sa course...
L'archer, toujours le bras tendu et l'oeil gauche fermé, suit la flèche et
ne peut cacher sa joie sur son visage quand il la voit atteindre la cible...
Certe ce n'est pas le centre, mais la cible est atteinte !!!

"C'est bien, le tir était bon... N'oublies pas de couper la respiration et
de bloquer tous les tremblements imperceptibles. Maintenant il faut que tu
apprenne à t'identifier à la flèche, que tu voies par elle et non pas par tes
yeux. Continues à tirer jusqu'à ce que tu ais réussi. Cela peut être long,
très long, certains mettent plusieurs jours avant d'y arriver et certains,
trop bornés, ne réussissent jamais."

L'instructeur, se détourne et s'enfonce dans la forêt pour retrouver la
campement. Le jeune archer se retrouve seul, dans la clairière, avec ses
flèches, son carquois, son arc et sa détermination à réussir le défit de son
instructeur. Si certains y étaient arrivés, alors il y arriverait aussi.

Il tira, tira, tira... Le soir tombait alors qu'il continuait à tirer.
Fatigué et fourbu, il s'allongea à même le sol et s'endormit profondément.

A son réveil, il tenait encore l'arc dans la main et, repoussant sa faim, se
remit à tirer. Après une heure de tir, découragé, il décida de tester la
puissance de son bras. Il encocha une flèche et banda l'arc. Il attendit
ainsi en position de tir, voyant combien de temps il pouvait tenir; Son oeil
était rivé à la cible, son bras, de temps en temps, était parcouru de
tremblement qu'il refrénait avec difficultés à mesure que le temps
s'écoulait.

Combien de minutes, de secondes réussit-il à tenir ? nul ne le sait. Il lui
semblait qu'une éternité s'était passé depuis qu'il avait bandé l'arc depuis
la dernière fois. Sa vision se brouilla tout à coup et il vit plus net, plus
grand aussi. Il cligna des yeux mais sa vision restait pareille, trop nette
et la grandeur des arbres lui donnait des vertiges... Il décida d'arrêter
l'exercice là, la faim lui donnant sûrement des vision. Il lâcha la corde et
se sentit projeté par une force surhumaine. Le vent sifflait à ses oreilles,
provoquant un bruit infernal qu'il aurait voulu ne jamais entendre. Un arbre
se rapprochait dangereusement de lui, une cible posée à son pied... Il vit
la cible de plus en plus grosse et au moment de l'impact, se retrouva assis
par terre, à 150 pieds de l'arbre, complètement sonné. Il courut vers
l'arbre.

La flèche était fichée au coeur de la cible.

Puis, la fatigue et la faim eurent raison de lui et il tomba dans l'herbe,
inconscient.
Pourtant, les oiseaux piaillant purent voir, en s'approchant du jeune homme
endormi, un sourire radieux éclairer son visage...
Bénédiction

L'oiseau plane, lentement, dans le grand silence des cieux.
Il est seul, la terre, à quelques milliers de pieds sous lui est cachée par
les nuages. De toute façon, à cette altitude, on ne pourrait pas distinguer
grand chose, mise à part le contour des continents...
L'oiseau est majestueux, il a de grandes ailes et un bec acéré...
Si des Erudits l'avaient vu, ils aurait dit : "C'est un Aigle Royal."
Mais sa race importait peu, dans les cieux, il était juste un oiseau, un bel
oiseau, peut-être le plus beau.
Au loin il vit un vol d'oiseaux migrateurs et un autre que lui serait aller
les pourchasser pour défendre son territoire ou simplement pour s'amuser.
Lui n'avait pas de territoire propre et il avait passé l"age de s'amuser.
Lui, il avait une mission... Tout jeune déjà il ne faisait pas comme ses
frères, piaillant et quémandant de la nourriture. Non, il restait dans son
coin, ne bougeait pas, ne criait pas... Il attendait qu'On lui donne le
signal du début de sa mission. Le signal ne venait pas alors il compris
qu'il devait d'abord grandir...

Il devint un magnifique rapace, si bien qu'aujourd'hui les rares êtres qui
l'ont vu ont oublié la haine et la guerre pour un moment, admirant cet
oiseau magnifique, représentant la beauté pure, la fierté, la puissance.
Plus d'un dragon se sentit ridicule face à cet oiseau, non pas par la
puissance qui s'en dégageait, car les dragon aurait pu aisément lui broyer
le corps d'un coup de queue ou d'un coup de griffe, mais par l'aspect
majestueux qui émanait de l'Aigle...

Et l'Aigle volait, en silence, faisant des ronds au milieu des nuages. Il y
avait des nuages au-dessus et en-dessous de lui et il planait entre les deux
couches... Soudain, un rai de lumière traversa les couches et l'oiseau sut
que c'était le signal, qu'il voyait en rêve depuis des années déjà... Il se
dirigea vers la lumière, douce, bleutée et descendit. Il piqua, toujours dans
le rayon... Le vent sifflait à ses oreilles, le frottement de l'air
réchauffait ses plumes qui conservaient la chaleur près des ailes... Il
piqua, tel une flèche décochée dont on ne peut arrêter la route. Il creva la
mer de nuage et aperçu la terre ferme. Il continua son vol, sachant qu'il ne
pouvait se soustraire à son destin, et qu'il devait suivre cette lumière...
La chute se prolongea, prolongea, il commença a discerner une forêt et une
plaine, puis des êtres dans cette vallée. Il continua sa descente dans la
lumière qui semblait tomber sur un homme...

Celui-ci était debout, devant des guerriers, des mages et d'autres
créatures... A son front était ceinte une couronne discrète. Il avait dans
les mains deux épées et dans le dos un grand arc. La lumière l'éclairait
doucement et il leva les yeux pour comprendre ce qui se passait.

L'oiseau, déployant ses ailes, freina sa chute et vint se poser sur
l'épaule du Roi et se penchant sur lui, lui dit à l'oreille :
"Tu es béni des Dieux, Noble Roi, Tunare te protégeras tant que tu
protégeras Ses créatures."

Et l'oiseau reprit son envol, sa mission était terminée.
Dans un hurlement, les loups saluèrent son envol.
Un rire

"Juste un rire, murmura-t-il en regardant les flammes qui crépitaient dans
le foyer.
- Continue Bae...
- Quoi ? demanda-t-il en se retournant d'un coup.
- Tu semble attristé par la missive que tu viens de recevoir et tu as l'air
d'avoir besoin d'en parler, alors continue et déballe ce que tu as sur le
coeur...
- Voyez-vous mes Amis, j'apprends dans cette lettre la mort d'une femme...
D'elle je ne connais qu'un rire... Un rire cristallin, emplissant les salles
du Palais Royal où je m'étais rendu après un rappel des troupes par notre
Roi... J'harpentai fébrilement ces grands couloirs, traversant de longues
salles où s'alignaient armures et étendards, passant devant des centaines de
cheminées immense dans chacun desquelles crépitaient un feu comme celui-ci
mais en 4 ou 5 fois plus imposant... J'étais perdu au beau milieu du Palais
Royal... Ne vous dites pas par cette description que le Roi est un
mégalomane excentrique qui es fait construire des palais grands comme une
forêt, non, loin de là... Il avait juste hérité, en tant que Roi, du Palais
Royal bâti il y a quelques génération par un de ses prédécesseurs
aujourd'hui oublié. Bref, j'étais perdu et je n'avais plus qu'à attendre que
quelqu'un passe pour qu'il m'indique mon chemin jusqu'à la salle d'arme,
salle que je connaissais le mieux dans le château. Et personne ne venait, et
j'attendais, suffocant sous mon armure de cuir car n'ayant pas eut le temps
de voir le Majordome Royal, je n'avais pu mettre une tenue plus légère avant
l'entretien avec le Roi. Soudain, j'entendis Son rire... Un rire pur, digne
d'une reine ou bien d'une déesse. Le rire allait de par les salles, se
faufilant sous les fauteuils et les tables, se glissant dans les armures
poussiéreuse qui semblait reprendre vie à cette douce musique, un rire qui,
une fois que vous l'aviez écouté, vous semblait être là depuis la création
du monde et sera là lorsque les millénaires auront passé, ce rire était un
Tout, quiconque n'était jamais allé à la Cour tel que moi et qui ne
connaissait que peu de rire à part le rire nerveux d'un Orc qui comprend
qu'il va mourir ou encore le rire d'un Ogre ou d'un Barbare sortant d'une
taverne assez éméché, quiconque n'avait jamais entendu un rire de femme
aurait voué à cette musique un culte sans pareil... Et me voilà dans le
Palais Royal, un sourire jusqu'aux oreilles, les yeux perdus dans le
lointain, avançant encore et encore, me guidant de cette source de bienfait,
marchant telle un automate vers mon salut, vers une Déesse...
Mais voilà qu'en chemin je rencontre un de mes compagnon d'arme qui
m'interpelle et me demande si je suis perdu, me voyant errer tel un zombie.
Le charme est rompu, le rire est toujours là mais cette présence entre le
rire et moi m'est insupportable... Ce rire m'était destiné, nul autre que moi
ne pouvait l'entendre, pas même mon meilleur ami... Dans un sursaut de rage,
j'agrippe fermement une de mes deux épées dans l'intention de tuer ce voleur
de rire et puis la lucidité me revient, mes phalanges, blanches d'avoir
serrées mon arme, se décrispe et viennent se poser, tout comme le reste de
ma main, sur l'épaule de mon compagnon.
" Merci mon Ami... Je m'étais perdu parmi tout ces couloirs et ce rire que
l'on entend encore a été pour moi comme une lumière dans la nuit.. Sais-tu à
qui il appartient ?
- Héhéhé... Tes talents de poète refont surface telle des bulles sortant de
l'eau... A mon avis la poésie te rend trop faible et aveugle et un jour
provoquera ta perte en combat... Enfin bon, ce rire, oui, il appartient à
Lelhia Demortelune, une Grande Dame. Allez, viens, le Roi nous attend et on
ne fait pas attendre le Roi. Tu rêveras de rires et de femmes une autre
fois...
Je suivis mon compagnon parmi les couloirs jusqu'à la salle d'arme...
Je n'ai jamais rencontré l'auteur de ce rire, n'ai jamais connu la raison de
ce long rire dans ce palais mais je reconnaîtrai ce rire entre 1000,
n'importe où, même aux derniers instants de ma mort... Cette femme est morte
et malgré ma tristesse, je suis heureux de pouvoir dire que j'ai acquis un
magnifique trésor ce jour là, gagnant un rire qui maintenant teinte aux
divines oreilles de RisWààq", Tunare, Mithaniel Marr, Erollisi ou encore
Karana, qui sait ?
Méditation

Le Guerrier était assis, seul, dans le noir, paraissant dormir...
En fait, il serait plus correct de dire qu'il ne faisait plus noir depuis
qu'il était là... En effet, il paraissait entouré d'un halo, une aura de
lumière non pas éblouissante comme on a l'habitude de se représenter les
auras des Dieux mais néanmoins visible dans l'obscurité omniprésente qui
régnait dans le donjon... Cette lumière semblait bienfaitrice et apaisante,
une lumière telle que seul les être emplis de sagesse, de bonté et de
courage pouvait disperser autour d'eux...
Le Guerrier était assis, seul, dans le noir, paraissant dormir... Ses yeux
clos ne bougeaient pas, même aux sons lugubres qui résonnaient de temps en
temps dans les tréfonds obscurs de la bâtisse... Non, le Guerrier était
immobile, assis en tailleur, les paupières closes, les mains sur les
genoux...
Dans son dos resplendissaient deux magnifiques épées luisant d'un bleu pâle
dans l'obscurité... Les plus ignares auraient tout de suis crût à des lames
Elfiques mais c'était bien mieux que cela, c'étaient deux épées forgées par
le meilleur Armurier Nain de Norrath dans une matière aux origines
lointaines, mi-magique mi-surnaturelle... Les fourreaux des deux lames
étaient translucides si bien que les murs du donjon étaient éclairés d'or
et de bleu azur par les auras du Guerrier et de ses épées...
Le Guerrier méditait, assis, seul, dans le noir, paraissant dormir... Il
avait purgé son esprit de toute pensée, rejetant au loi, au fond de lui-même
sa peur, sa crainte, sa fierté d'être encore vivant ainsi que son désir de
revoir la lumière du soleil... Il ne pensait à rien, ne voyaient rien,
n'entendaient même pas les cris des créatures néfastes du donjon...
S'il avait ouvert les yeux ils auraient pu voir le cercle de Skelettes, de
Ghoules, de Vampire et autre êtres issus de la nuit qui s'étaient rassemblés
autour de lui, admirant tout en craignant cet être magique issu de la
lumière du jour qu'ils n'osaient approcher de peur peut-être d'être
foudroyées... Ils le regardaient, poussant parfois de lugubres hurlements
qui résonnaient parmi les couloirs vide de toute présence humaine.
Derrière le Guerrier se trouvaient d'autres couloirs et d'autres salles
pareils à ce qu'il devrait affronter tôt ou tard s'il voulait descendre
jusqu'aux tréfonds obscurs de la demeure mais dans les salles précédemment
visitées, on voyait l'oeuvre des deux lames et de leur Maître grâce à la
multitude de cadavres qui, s'ils avaient été vus par leur congenères encore
vivant, les auraient incité à fuir cet Être de lumière qui représentait leur
mort proche...
Mais non, les créatures contemplaient le Guerrier, tandis que celui-ci
sentait peu à peu affluer en lui une force nouvelle et génératrice faisant
en même temps croître l'ampleur et la luminosité de son aura ainsi que la
lumière de plus en plus intensive des épées magiques dans son dos qui
sentaient que le combat allait reprendre d'ici peu et qu'elle pourrait à
nouveau goûter le sang maléfique...
Après un long moment sans bouger, le guerrier sut qu'il était prêt pour
reprendre sa descente vers l'enfer, et d'un geste ample mais vigoureux, il
sortit les deux lames dans son dos, provoquant un effroi parmi le cercle
qui s'était formé autour de lui s'apeurant de voir cette statue prendre
soudainement vie... Les créatures reculèrent d'un bond sans toutefois
prendre la fuite.
Alors, le Guerrier ouvrit les Yeux, dans lesquels on pouvait discerner une
marque divine, un léger flamboiement au fond de la pupille.
"Pour RisWààq" !!!" Cria-t-il en se mettant sur ses pieds d'un bond...
Empoisonné

Il était seul, chassant dans une contrée où peu de monde se serait aventuré.
Il chassait seul, au milieu d'une vallée envahie par d'immondes arachnides.

Il chassait seul mais un moine doit choisir entre vivre en groupe dans un
monastère ou bien se contenter d'aventures solitaires.

Il chassait seul mais les araignées ne l'effrayaient pas.

Il chassait seul armé de ses poings et de ses pieds.

Il chassait seul, admirant la bêtise de ces trois araignées qui avaient eut
l'audace de se mettre sur son chemin.

Les araignées s'acharnaient sur lui, inconscientes de sa puissance.

Les araignées s'acharnaient sur lui, inconscientes de leur mort qui
approchait.

les araignées s'acharnaient sur lui, résolues à le trucider, ne sachant pas
qu'elles ne s'attaquaient pas comme à leur habitude à un moinillon parti
chercher de l'eau au puit pour le monastère.

Il chassait seul, rêveusement, pensant à ses amis, à son pays... Il se dit
qu'une fois ces trois immondes créatures décimées, il se reposerait un peu,
à l'ombre d'un arme, juste pour s'allonger quelques minutes, regarder le
ciel, écouter les oiseaux, peut-être somnoler un peu ou simplement prier son
Dieu. Il pensait à tout cela alors qu'il assénait vigoureusement de puissant
coups de poings sur le renflement de l'araignée servant d'abdomen.

Il chassait rêveusement.

Il ne vit pas arriver le Guerrier de l'Ombre, armé de son épée et bardé
d'armures et harnachements. Il ne vit pas non plus l'ignoble créature qui le
poursuivait, se rapprochant petit à petit de sa proie. Il ne vit pas la
Reine des Araignées, immense arachnide haute comme un homme, dont la partie
supérieure était un buste de femme nue, majestueuse dont les cheveux tirant
sur le rouge sang cachaient les seins, qui aurait put être une véritable
Reine si elle n'avait eut cet immonde abdomen et ces multiples horribles
pattes.

Il ne vit pas le Guerrier de l'Ombre se réfugier dans un trou pour éviter
les coups de la Reine, il n'eut que le temps de voir l'immense patte qui se
dirigeait vers lui. Il ne put l'éviter et il tomba. Dans sa chute, il sut
qu'un corps à corps serait suicidaire et il se figea dans sa position,
feignant d'être mort aux yeux de la créature néfaste. Celle-ci cru
véritablement en la mort du Moine et le regarda, longuement. Le Moine
feintait, certes, mais cette feinte serait bientôt inutile si le poison dont
les pattes de la reine étaient imprégnées continuait à faire son office au
sein de son organisme. Il attendait que la reine s'en aille, espérant que le
poison et la blessure n'auraient pas raison de lui. La douleur était
insoutenable, elle lui rongeait le bras qui avait été atteint.

La Reine s'en retourna dans son repère. Laissant le Moine blessé à mort.
Celui-ci, dans un ultime effort, s'assit et se fit un bandage, priant les
cieux que l'onction dont était imprégné le tissu suffirait à effacer le
poison de son corps.

Une fois le bandage terminé, il se rallongea dans l'herbe, attendant. Des
larmes coulaient lentement sur ses joues tandis qu'il pensait à sa vie
passée, à la vie future qu'il ne verrait pas, à ses amis qu'il ne reverrait
pas. Lentement, il ferma les yeux.

Un corps de Moine gisait seul dans la prairie.

La pluie se mit à tomber, d'abord doucement, puis à torrents, ruisselant sur
ce corps froid et immobile dont les traits semblaient figés.

L'eau réveilla le moine qui cru un instant être arrivé aux cieux et dont la
pluie représentait le salut de Karana qui l'accueillait en sa demeure. Mais
non, il était vivant, rescapé d'une mort affreuse.

Il se leva, chancelant, heureux de vivre, heureux d'être. Il se mit à rire,
à gorge déployée. Il riait de bonheur, de joie, il riait tel un nouveau-né
qui découvre le monde, il riait tel un aveugle à qui on offre la vue et qui
s'émerveille de toute chose, il riait, encore sous le choc, se demandant si
sa vie n'était pas un rêve, qu'il était en fait mort...

Il était vivant.

Après quelques instants, il se souvint qu'il avait des amis dans la région
et alla les chercher. Ensemble, ils descendirent dans l'antre de
l'arachnide. Là, elle s'était rendormie, ne se réveillant que lorsque des
insouciants troublaient son sommeil.

Les guerriers lui sautèrent dessus pendant qu'elle dormait et le Moine
redoubla de puissance pour se venger de cette mort qu'il avait évité de
justesse.

En quelques instants, la reine ne fut plus qu'un cadavre dans une grotte
froide.

Il sortit de la grotte, le visage éclairé par la douce lumière du soleil qui
avait remplacé la pluie.
Bercé par le chant des oiseaux qui piaillaient, il se dit :
"Tu reviens de loin, Crim..."
Le temps

Le temps est futile, les dieux sont éternels...
Ils le regardent s'écouler tandis que meurent les hommes et les soleils.
Vous avez beau chasser pendant des années, luttant pour votre survie,
Vous ne pourrez échapper à la morsure de l'éternel ennemi.

Vous êtes un enfant, jouant dans les bois,
Vous vous réveillez transpirant respirant avec effroi,
votre crinière est brodée d'argent, le temps ne vous a pas épargné,
et vous êtes clairsemé de rides, telles des rivières asséchées...

Combien de larmes ces rivières ont-elles vu couler ?
Combien de fois sous les rires se sont-elles déformées ?
Vos mains, autrefois douces et lisses, joyaux de la jeunesse,
Combien de fois ont-elles versé le sang et combien de caresses ?

Vous servez les Dieux, leur vouant un culte passionné,
Mais aucun dieu quel qu'il soit ne pourra vous sauver,
Ils n'ont que faire du temps, ils sont éternels,
Ils ne voient pas le nouveau cheveu blanc, à chaque réveil...

Mordre dans la vie, la dévorer à pleine dents,
Avant d'être dévoré, par l'ennemi se glissant lentement,
A chaque coup de lame sa morsure est plus douloureuse,
A chaque poème on sent sa morsure encore plus hargneuse...

Qu'est-ce que le bonheur ? pouvoir vivre éternellement ?
Mais ce rêve n'est-il pas un cauchemar lorsqu'on vous dévore lentement ?
Pourquoi tant de vieillards sont-ils morts avec le sourire ?
Sont-ils heureux de leur vie ou content d'enfin en finir ?

Etre heureux d'avoir vécu ou se féliciter de pouvoir enfin mourir ?
Qu'y a-t-il derrière le grand mur blanc ? Une autre vie, de nouveaux
sourires ?
Ou bien simplement des larmes et du sang, coulant et se mélangeant,
Et l'action éternelle qui redémarre, la morsure du temps ?

Pourquoi les animaux ne craignent-ils pas le temps ?
Chasser pour survivre et nourrir les enfants,
Pourquoi les loups n'ont-ils pas peur de la mort, qui vient inexorablement ?

Et ne pouvoir le fuir me met dans une grande colère,
Vous avez beau traverser terres et mers,
Il est toujours là, vous dévorant lentement,
J'ai si peur de lui, ne pourrais-je rester un enfant ?
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