Au fond de cette pièce matelassée, je laisse mon esprit vagabonder.
Si seulement mes manches n'étaient pas attachées si serrées.
Alors que les mots défilant sur l'écran ne veulent rien dire,
Si ce n'est qu'un large et profond soupir.
Préceptes d'une vie, préceptes de survie.
Alors qu'à chaque moment je me languis,
De savoir la chair tendre de ton cou respirer l'air,
De savoir douce et chaude ta jugulaire.
Et de voir rouler tes yeux pers.
Brun, verts et gris acier,
Que de variété,
Mais qui sous la fatigue l'éclat vif finit par ne plus paraître,
Et sous tes cils doux et charmeurs ton regard finit par disparaître.
Assise sur le capitonnage, je fixe mon gros orteil.
Ami du moment présent, il m'émerveille,
Sous l'emprise du médicament, l'écume à la bouche,
Dans le sang et la douleur, comme une femme accouche.
Depuis des jours la putréfaction règne, attirant les mouches.
Et vient l'infirmière comme à chaque matin,
Livrer jus dans un contenant incassable et pain de grains.
Pilues dans une main, dans l'autre pain aux raisins,
Couvert de beurre ranci, et gélule de sucre bleuté.
Puis vient le moment du thermomètre censuré.
La porte tout ce temps demeure ouverte telle une plaie,
Laissée par une lame oubliée près du carton de lait.
Le sang dégoulinait encore sur le comptoir,
Brun, rouge, opaque et noir.
Le regard déjà vide s'est éteint.
Étendue sur le matelassage,
Une main sur le plexus garde la folle sage,
Et quand l'on regarde ce visage,
Qui semble avoir pris plus d'années,
Que de mois qu'elle est enfermée,
L'on ose espérer qu'existe l'euthanasie, pour cet être évaporé.
Un simple commentaire social face aux gens à l'esprit éteint et légumineux demeurant comme des larves dans les hopitaux psychiatriques sans contact humain.
Commentaire aussi sur la vie cellulaire d'un être qui a tout oublié de la vie en société, et les prisonniers qui sont euthanasiés .
Commentaire aussi pour les gens en phase terminale qui n'ont plus conscience de ce qui se passe autour d'eux et qui espèrent dans leurs rêves les plus lucides que quelqu'un osera les débrancher.
J'ai toujours été d'accord avec l'euthanasie humaine lors de cas de coma prolongé, de dommages neurologiques irréversibles, de maladies en phase terminales apportant de longues pertes de conscience et de mémoire, et je l'ai été encore plus pendant la dernière phase du cancer de ma mère.
Je suis pour la mort en toute dignité des êtres humains. Nous offrons aux chats, chiens et autres bestioles une mort digne sans douleur lorsqu'ils sont malades ou ont le corps à moitié déchiré suite à un accident ainsi que quelques heures à vivres, pourquoi les humains n'y auraient pas droit ?
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Malheureusement, l'accident ne l'a pas défiguré. La Terre, n'est pas ronde.
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