[Orcanie] Un passé...

 
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La lune était haute dans le ciel, et les étoiles commençaient à apparaître… dans les rues de la ville, un homme vêtu d’une cape sombre se déplaçait silencieusement, frôlant les murs. Son pas était hésitant, il était grand et robuste, mais l’on sentait en lui une crainte. Il arrivait après quelques minutes devant une porte… une grande porte en bois, finement travaillée, avec un de ces gongs d’acier que l’on trouve sur les bâtisses publiques. Dans un grincement léger, il poussait la porte, laissant lumière et rires sortir de la taverne. Il entrait, se redressant quelque peu, un sourire aux lèvres… la soirée commençait, et elle durerait.

L’homme était bien bâti, les cheveux grisonnants, sa cape rabaissée laissait voir une armure bien brillante. Quatre hommes à une table lui faisaient signe, et c’est avec un pas assuré que l’homme allait prendre place à leurs cotés. Ce soir encore, il serait devant eux le héros qu’il est, celui qui a terrassé maints hommes avides de sangs, celui qui a brisé un ogre… ce soir encore, il leur conterait sa journée.

L’homme avait prit toutes ses aises, et beaucoup dans la salle le saluaient. Sa cape maintenant tombée, l’on pouvait voir son armure au brillant éclat, sans faille. Il portait au coté une grande épée, lame d’acier bien trempé qui pourfendait ses ennemis, arme d’apparat pour une personne de bonne famille. Il parlait d’une voix puissante, donnant ordres et conseils, taquinant les serveuses passantes. Il parlait d’une voix sûre, celle d’un homme qui a vécu, celle d’un homme qui connaît la vie. Il était puissant oui, très puissant ; et il était bon, il offrait protection et or aux femmes et enfants. Tous le respectaient, jamais il n’avait montré défaut, jamais il n’en montrerait…

La soirée avançait, les boissons coulaient à flot, les rires allant bon train. La taverne se vidait comme à son habitude à la même heure, le tavernier profitant des derniers hommes pour faire sortir les ivrognes. La nuit s’était bien passée, l’on avait beaucoup parlé, et de beaucoup de combat parlé. Le village devenait calme, jusqu’à la suivante journée.

Le soir suivant, comme celui d’après, le même homme se rendait à l’auberge, toujours silencieusement, marquant des pauses discrètes comme par crainte d’être suivit. Il avançait, courbée parmi les ombres, ne prenant sa droiture sûre qu’une fois à l’intérieur. Mais ce soir là, lorsqu’il entra, le silence était pesant. L’auberge était la même, de même que les clients, mais aucun ne semblait oser ripailler comme à leur habitude. Lorsqu’il entra, de sa fière stature, l’on pu lire en son visage la surprise, l’étonnement, et un peu de crainte. Sa voix, qui habituellement était forte et vaillante n’était qu’un murmure d’hésitation. Il voulait reculer, devant cette ambiance qu’il ne connaissait pas, lorsqu’il senti une légère frappe sur son épaule. Un homme le regardait, un sourire bienveillant aux lèvres. Il était jeune, dix sept ans maximum, et ses longs cheveux blonds lâchés rendaient son visage souriant. Son regard était clair, et d’une voix froide il invitait le Seigneur à prendre place à une table.
Nul ne savait qui il était ni pourquoi il était présent, mais tous ressentaient ce frisson que l’on ne s’explique pas lorsque la peur nous prend. Peu à peu, tous partaient, pour ne laisser que les deux hommes… l’aubergiste lui même ayant préféré se retirer.


« Votre regard transpire de peur… allons mon brave, n’êtes vous point Seigneur et protecteur de ces lieux ? Que pouvez vous donc craindre d’un jeune homme tel que moi ? »

L’inconnu continuait un terminais un repas qui lui avait été servi, prenant pour la première fois la parole depuis que tous deux s’étaient installés à la table. Il ne regardait son interlocuteur, mais semblait prévoir les réactions de celui-ci…

« Allons… ne soyez pas si prompt en la discussion, attendez au moins de savoir qui je suis avant de savoir mes désirs. Et puis… peut-être pouvons nous commencer par discuter d’autre chose ! J’ai vu une charmante demoiselle en la matinée, de biens beaux yeux en amandes et une peau si douce. Elle était richement vêtue, mais cela ne fait pas d’elle une sotte n’est ce pas ? Elle sortait de chez vous me semble t il, et… oh… mais dites moi donc, pourquoi trembler ainsi ? Ne me dites pas que… oh je vois ! Votre fille… charmante jeune femme, il est bien triste de savoir qu’une telle beauté ne connaisse les plaisirs de la nuit…

Que je ne la touche pas ? Mais voyons ! Ai je dit que j’escomptais la toucher ? Je ne suis là pour elle, mais pour vous. Oui vous… noble Seigneur. Vous me semblez bien niais de ne l’avoir compris, enfin, passons… et, ah oui ! Savez vous que votre épouse s’est blessée aujourd’hui ? Non ? Ne vous inquiétez pas, rien de grave, une simple petite entaille, n’offrant qu’une simple perle de sang. Mais sait on jamais, il arrive parfois qu’une plaie s’infecte ! J’irai aux nouvelles demain pour m’assurer que tout va bien ! »

La voix du jeune homme ne retranscrivait aucun sentiment, comme s’il n’en éprouvait aucun. Il contait ainsi la journée de cet homme ainsi que celui de sa famille. Sa voix était froide, la crainte n’en étant que plus grande chez celui qui lui faisait face.

« Je vais vous aider à comprendre… souvenez vous, ce n’était il n’y a pas si longtemps… dix ans peut-être… douze ? Depuis combien d’années êtes vous ici ? Moins assurément… auriez vous oublié le passé ? Ah… non, les souvenirs vous reviennent ! Oui… c’est cela ! Cherchez encore, vous y êtes presque ! Rappelez vous cet enfant, âgé de six printemps, que vous aviez enlevé ! Oui ! Vous comprenez…

Combien de jours m’aviez vous laissé enfermé ? Je n’ai jamais réussi à bien savoir… plusieurs semaines je crois, enfin… cela me semble être une éternité. Vous ne dites mot ? La mémoire vous ferait elle à nouveau défaut ? Et bien regardez ces plaies, celles qui ornent mon corps ! Regardez ces marques que je garderai à jamais. Souvenez vous de ces moments passés à vous amuser, à brûler cet enfant, à le mutiler, à le faire hurler pour votre simple plaisir. Que j’arrête ? Oh que non, je ne fais que commencer ! Ses larmes, combien de larmes ont couler ? Combien de fois vous a t il supplié ? Combien de fois aurait il préféré mourir, priant chaque soir pour que de son sommeil il ne se réveille pas ?

Du passé ? Ce n’est que cela pour vous ? Un simple mot ? Savez vous ce qu’est cette peur qui vous prend lorsque la nuit vient, la peur de dormir et de rêver ? Vivez vous en chacune des nuits les douleurs du passé ? Vous espériez oublier… mais comment moi aurai je pu oublier ? »

Durant un instant, l’inconnu s’arrêta de parler, sa voix était emplie de colère, son regard portait la Haine. Il se calmait, reprenant de sa voix de départ…

« Malgré tout je vais vous remercier… de ce cadeau que vous m’avez fait. Vous ne comprenez pas ? Il m’a été difficile de vivre, je porte sur moi les marques de mon passé. La Haine m’a aidé, la Colère… l’envie de Vengeance. Et puis j’ai compris, elle était mon amie. La nuit a cette beauté qui reste méconnaissable aux yeux de tous, sa pureté n’a d’égal en la vie. Qu’est une douleur si ce n’est un simple frisson ? Pourquoi pleurer aujourd’hui alors que demain cela sera oublié ? Il n’y a qu’elle que l’on puisse chercher, espérer. Elle est la finition, la perfection. Elle s’est présentée à moi, et je l’ai écoutée. Je l’aime oui, pour toujours et à jamais. Elle est belle, si belle… triste, si triste… elle danse avec vous chaque jour, mais vous la refusez. Elle est mon amie oui, celle que j’ai su aimer.

Regardez cette lame… elle était à vous, c’est entre vos mains qu’elle m’a blessé. Je l’ai conservée oui… je tenais à vous la rendre. Saviez vous qu’il y a peu j’ai croisé l’un de vos amis ? Celui avec qui vous étiez. Comme à lui j’ai un cadeau pour vous remercier. Je vais vous offrir la plus belle chose que vous pourriez espérer, je vais vous permettre de la voir, de la contempler. Vous allez voir celle que j’aime, celle qui a toujours été à mes cotés…

Avec ce poignard oui… c’est avec celui-ci. Ne me remerciez pas pour ce don que je vous fais. Cette chaleur que vous ressentez, cette envie de crier, c’est elle qui vous caresse, c’est elle que vous sentez. Regardez déjà ses larmes coulent sur votre peau, cette chaleur est la sienne, la vie est chose fragile qu’un simple geste peut vous l’ôter. Allongez vous oui, n’essayez pas de résister ; elle vous appelle, elle vous entraîne. Fermez les yeux oui, et pleurez. Pleurez pour ce don que je vous fais, car je vous offre l’éternité. »

L’inconnu laissait là le corps, en cette auberge. Son sourire lui était resté, mais une larme coulait sur sa joue. Caressant l’air d’un geste de la main, il sortait de la pièce pour repartir sur les chemins. Sa vie à nouveau commençait, il la vivrait pour son amie.










Ceci est écrit pour l'arrivée de ce personnage sur Albion/Orcanie, personnage qui sera à 99% roleplay. A bientôt in game j'espère
 

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