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Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) font partie des pathologies de l’anxiété. Les personnes qui en sont victimes sont confrontées à des pensées préoccupantes qui reviennent sans cesse (obsessions).Elles sont contraintes, pour les chasser ou les empêcher de survenir, de se livrer à des rituels particuliers (compulsions).
Parmi les plus fréquentes des obsessions figurent :
La crainte permanente des germes ou de la saleté, qui entraînent comme rituel de se laver les mains des dizaines de fois par jour, de ne pas pouvoir serrer la main des gens, de nettoyer son bureau ou son logement en permanence ;
Les doutes sur ce qu’on vient de faire (a-t-on bien fermé la porte à clef avant de partir, par exemple), qui obligent à vérifier des dizaines de fois des actes simples de la vie quotidienne ;
Des pensées de violence, ou d’actes sexuels envers des proches, pensées auxquelles on craint de céder et qui font mettre en place des rituels pour ne pas y succomber ;
L’obsession de l’ordre, de la symétrie, qui conduit à effectuer des opérations de rangement incessantes.
Ces rituels ne procurent aucun plaisir particulier au malade, mais il se sent contraint de s’y livrer. C’est la seule manière d’obtenir un répit temporaire de ses obsessions. De même le sujet se rend compte en général que les obsessions et les rituels pour les combattre n’ont aucun sens, mais il ne peut les arrêter.
La plupart des personnes sont sujettes de temps en temps à ce genre de symptômes (certaines superstitions par exemple comme la crainte de passer sous une échelle peuvent être rapprochés de rituels obsessionnels), mais on parle de TOC lorsque les troubles occupent au moins une heure par jour de la vie d’un sujet et retentissent négativement sur ses activités. De plus ces troubles s’accompagnent parfois de dépression, de troubles de l’alimentation (anorexie ou boulimie), d’autres manifestations anxieuses. Ils peuvent conduire ceux qui en sont atteints à fuir dans la consommation d’alcool ou de drogues. Ils arrive qu’ils aient, par leur intensité et le temps qu’ils font perdre, un retentissement sérieux sur l’activité professionnelle.
Quelles en sont les causes, quelle est l’évolution ?
Les causes des troubles obsessionnels compulsifs ne sont pas connues. Les hommes et les femmes sont atteints de façon à peu près égale. On estime qu’une personne sur cinquante a été ou sera touchée une fois dans sa vie, de façon plus ou moins durable. La maladie commence le plus souvent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Elle est volontiers de tendance familiale.
L’évolution est très variable. Dans certains cas les symptômes ne sont pas trop importants ou ils diminuent avec le temps et restent supportables et compatibles avec une vie normale. Dans d’autres cas ils évoluent par poussées entre lesquelles ils restent modérés. Dans d’autres cas enfin ils s’aggravent progressivement et nécessitent un traitement spécialisé.
Quels sont les traitements ?
Il y a deux sortes de traitements des TOC : les psychothérapies et les médicaments. Ils sont souvent utilisés de concert.
Les psychothérapies sont diverses. La thérapie comportementale est souvent efficace. C’est au spécialiste neuropsychiatre de déterminer la meilleure indication, en fonction des troubles et de la personnalité du sujet.
Les médicaments anxiolytiques (benzodiazépines notamment) réduisent l’anxiété, mais les antidépresseurs, sans que l’on sache exactement pourquoi, ont souvent un effet très positif sur la maladie.
Dr Christian Duchène
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Les tics
Définition
Les tics sont des mouvements brusques, soudains, en "éclair", inutiles, intempestifs, illogiques, conscients, involontaires, impérieux, stéréotypés qui se répètent, identiques à eux-mêmes, sans rythme. Le plus souvent, ils se produisent au niveau des muscles du visage : occlusion des paupières, clignements, contraction des joues ou des lèvres (succion, mâchonnement, mordillement des lèvres, léchage des lèvres etc.), du cou (hochements de tête, rotation...) ou des épaules (haussements d'épaules, mouvement de grattage etc.).
Les tics respiratoires sont fréquents et souvent bruyants (ronflement, soufflement, sifflements, toussotement, raclement de gorge, tics phonatoires : gloussements, bruits divers, aboiement, cris...). Les tics vocaux sont des bruits de croassement ou des ébauches incompréhensibles de mots orduriers.
Les psychiatres notent que les tics intéressent les muscles ou des groupes musculaires ayant un rôle dans la relation et la communication sociale.
Symptômes
Les tics se voient surtout chez le garçon après 7 ans et surviennent le plus souvent par périodes, la reprise des tics étant fréquemment en corrélation avec des incidents anxiogènes, des émotions, une fatigue, des difficultés familiales ou scolaires. Ils diminuent au repos et disparaissent durant le sommeil. L'enfant peut, au prix d'un effort considérable, les arrêter quelques instants (c'est impossible dans la chorée de Sydenham : "le choréique fait ses mouvements devant le public, le tiqueur le fait dans la coulisse"). Leur évolution est capricieuse : ils peuvent apparaître et disparaître spontanément, réapparaître de façon intermittente, changer de place ou s'installer de façon plus ou moins définitive.
Habituellement, les tics simples de l'enfant , peu intenses, sans retentissement social, durent de quelques semaines à moins d'un an. Certains tics plus persistants ne disparaissent qu'à l'adolescence. 12 à 24% de la population d'âge scolaire présenteraient des tics transitoires.
Une prédisposition familiale est fréquente : on retrouve souvent plusieurs tiqueurs dans une même famille.
La personnalité de l'enfant tiqueur a fait l'objet de nombreuses études : il est souvent hyperémotif , impulsif, instable.
Toutes les circonstances qui créent l'insécurité peuvent être en cause dans la production des tics, d'où l'importance du climat familial, de la tolérance des parents.
Dans de rares cas, il existe une structure mentale obsessionnelle.
La plupart des tics sont limités, n'entraînant pas de difficultés importantes mais certains, notamment les tics d'aboiement, sont peu supportables en collectivité.
Les tics doivent être différenciés des myoclonies , des rythmies (balancement etc.), de la chorée de Sydenham , des mouvements athétosiques (IMC etc.) et des dyskinésies spontanées ou induites par certains médicaments (neuroleptiques notamment : Primpéran®, Dogmatil® etc...).
Le pronostic des tics dépend de leur caractère plus ou moins obsessionnel.
La maladie des tics de Gilles de la Tourette
Elle est très rare et apparaît surtout chez le garçon entre 2 et 14 ans. Cette maladie chronique qui dure toute la vie associe des tics très variés et variables chez le même enfant, une écholalie (répétition des mots entendus) et une coprolalie (prononciation de mots orduriers). Ce n'est qu'avec un recul de plusieurs années que le diagnostic peut être affirmé. Une transmission héréditaire semble exister.
Traitement
Il faut dans un premier temps dédramatiser la situation : ne pas reprocher à l'enfant d'avoir des tics, ne pas lui répéter sans cesse de se retenir, ne pas les lui faire remarquer, ne pas le punir, ne pas l'humilier. Les moqueries, les sarcasmes ne font qu'augmenter les tics de l'enfant dont la sensibilité est à fleur de peau.
La relaxation donne de bons résultats;
Les tranquillisants (phénothiazines) sont de bons palliatifs; le clonazépam (Rivotril®) est parfois utilisé en association avec un neuroleptique ou la clonidine (Catapressan®).
Les neuroleptiques sont efficaces : l'halopéridol (Haldol®) à dose faible, le pimozide (Orap®, Opiran®), le penfluridol (Sémap®).
Les effets secondaires lors des traitements neuroleptiques au long cours sont malheureusement fréquents : l'apathie, la perte de l'entrain, la passivité, l'altération du fonctionnement cognitif entravent le travail scolaire et professionnel. Ces médicaments sont donc réservés aux tics très invalidants.
Les benzodiazépines sont inefficaces sur les tics.
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Phobies : quand la peur vous gâche la vie
Aujourd’hui, on entend fréquemment parler de phobie. Mais que recouvre exactement ce mot entré dans le langage courant ? Car de la simple peur éprouvée dans une situation un peu difficile à l’aversion irraisonnée, il existe un gouffre.
Dès notre plus jeune âge, la peur fait partie intégrante de notre vie. La peur du noir, de certains animaux ou des inconnus est normale et même souvent nécessaire : elle permet de prendre conscience des dangers et sert de sonnette d’alarme indispensable à la survie. Tout au long de notre vie, nous apprenons à la gérer et à la surmonter. Mais lorsque la peur devient incontrôlable et maladive, lorsqu'elle handicape la vie quotidienne, on parle de phobie.
L’association psychiatrique américaine recense 6 456 phobies distinctes : des plus courantes comme l’arachnophobie (peur des araignées) aux plus rares comme l’apopathodiaphulatophobie (peur de la constipation)…
Phobies simples
Comme toutes les phobies, les phobies simples sont des peurs sans fondement objectif mais, le plus souvent, non handicapantes dans la vie quotidienne (peur des serpents, lieux clos, obscurité, vide…). Présents chez beaucoup de sujets, ces troubles ne sont considérés comme pathologiques que s’ils provoquent une altération de la qualité de la vie ou une souffrance. Car on peut souvent très bien vivre avec, en adoptant des comportements d’évitement (restriction de voyages, escalier plutôt qu’ascenseur, veilleuse permanente à la maison…). Environ 7 % de la population souffrirait de ce type de phobies.
L’enfer, c’est les autres
Les phobies sociales et l’agoraphobie sont les plus gênantes. La première est caractérisée par une peur irrationnelle des situations en public (peur de parler, de rougir, de trembler ou de bégayer). C’est la peur du jugement d’autrui, elle est souvent mêlée au sentiment de ne rien valoir, à une mauvaise estime de soi-même.
L’agoraphobie (peur des espaces découverts ou trop peuplés, peur d’être loin de chez soi et d’avoir un malaise ou une crise de panique) empêche, elle aussi, de vivre, de sortir et de communiquer. Ces deux pathologies graves peuvent conduire, faute de traitement adapté, à un isolement social, à une dépression, ou encore amener celui qui en souffre à des comportements «d’autothérapie» dangereux (consommation excessive d’alcool ou de tranquillisants pour fuir la peur) qui peuvent entraîner un état de dépendance du malade.
Les phobies sociales toucheraient 13 à 14 % de la population et l’agoraphobie de 1 à 2 %.
Une forme particulière de phobie : le TOC
Contrairement à la personne phobique "ordinaire" qui a peur face à un danger ponctuel, la personne qui souffre de TOC (trouble obsessionnel du comportement) est obsédée, constamment et par anticipation, à «l’idée» de certaines situations insupportables (être sale, ne pas être en sécurité…) et multiplie des gestes rituels répétitifs pour calmer son angoisse. Ces obsessions s’imposent au malade contre sa volonté, même s’il les trouve absurdes. Environ 2 à 3 % de la population en souffrent et 15 % de ces TOC sont associés des attaques de panique.
Peut-on guérir d’une phobie ?
C’est à la fois le caractère persistant de la peur et les conduites d’évitements des situations à risque qui déterminent le diagnostic des phobies.
Les traitements consistent essentiellement en des thérapies cognito-comportementales . Il existe en France plus de 500 thérapeutes qui soignent les troubles de l’anxiété. Pour faire disparaître une phobie, il faut affronter sa peur, d’une manière très douce et très progressive. Il existe pour cela des techniques de gestion de l’anxiété, de relaxation et d’exposition aux situations angoissantes. Une psychothérapie pourra les accompagner. En ce qui concerne les TOC, un traitement médicamenteux (antidépresseurs) associé à une psychothérapie sera envisagé.
La phobie, un phénomène héréditaire ?
A l’heure actuelle, on ne dispose pas d’étude sérieuse allant dans ce sens. On sait toutefois que, selon le Dr Christophe André "si l’on ne transmet pas une phobie à son enfant, on lui transmet sans doute une sorte de vulnérabilité émotionnelle". Le comportement de l’entourage reste, dans ce type de trouble, déterminant. D’ailleurs, lors d’un traitement, confirme le Dr Jacques Leveau, psychiatre, "il faut que l’entourage soit co-thérapeute".
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