Provient du message de
Kolaer
Plein de trucs intéressants, donc lisez son post
Ce que tu dis est vrai, mais la problématique me semble être ailleurs, et pour le coup bien exposée par l'énoncé du sujet de Xam. Qu'il y ait de meilleures émissions que d'autres, bien sûr. Que certains choisissent leurs programmes, cela va de soi. Mais la vraie question, et qui ne se pose que pour la télé et pour aucune autre forme de distraction, c'est bien "est-elle indispensable".
Ce statut est atteint quand on regarde la télé tous les jours de sa vie, quel que soit le programme, ou plus exactement quand on regarde "le moins mauvais", sans pour autant pouvoir envisager de l'éteindre. Ca m'énerve vraiment de ne pas avoir de chiffres récents sous la main (d'autant que j'ai un lien sur le bureau au boulot, passé par un collègue la semaine dernière), mais je peux néanmoins me quoter à partir d'un vieux thread :
Quelques chiffres sérieux ? Allez, extraits de l'enquête gouvernementale "Les pratiques culturelles des Français", dont la dernière édition remonte à 1997 (Editions La Documentation française). L'enquête porte sur les français de + de 15 ans. 1% représentait à l'époque 450 000 personnes.
* 77% regardent la télévision tous les jours. Sans exception. Ils étaient 73% en 89. Ils sont probablement plus de 80% aujourd'hui, soit 4 français sur 5.
* Durée moyenne hebdomadaire de visionnage télé : 22 heures, soit donc un peu plus de 3 heures par jour. C'était 19 heures en 89.
* 21% la regardent plus 30 heures par semaine (ceci sans la vidéo)
* 21% seulement choisissent leurs programmes à l'avance. Ils étaient 25% en 89.
* 25% suivent parfois plusieurs émissions en même temps (cas typique de la soirée zapping où "y'a rien de bien" et où l'on se fait chier sans vouloir pour autant décrocher). Ils étaient 12% en 89.
Enfin, la cerise sur le gâteau, et la preuve que la télé est devenu le nouvel "ami imaginaire", une sorte d'animal domestique virtuel qui "tient compagnie", dont on peut dire "ça fait une présence", 33% des français ont la télé allumée en permanence, qu'ils la regardent ou non. Et 34% l'allument dès qu'ils rentrent chez eux.
Ces chiffres sont anciens et tous ces pourcentages doivent probablement être sévèrement majorés.
Un autre exemple, mais dont je n'ai pas les sources, c'est une étude qui avait été faite sur l'audimat d'Hélène et les garçons. On constatait que l'émission touchait 3 tranches d'âge :
* Des très jeunes, pas du tout ciblés par la série, qui la regardaient quand même pour faire comme les grands, ou par désoeuvrement ("rien de mieux à regarder", toujours cette même remarque)
* Des ados en plein dans la cible, qui regardaient donc parce que la série avait été conçue pour eux, pour leur plaire.
* Des post-ados, qui la regardaient tout aussi assidûment et disaient le lendemain : "Vous avez vu, hier, ah comment c'est trop naze cette série, y'a vraiment plus que de la merde à la télé etc." (JOL comporte d'ailleurs un nombre non négligeable d'échantillons de cette catégorie socio-professionnelle
). Quand à la vraie raison pour laquelle il la regardaient, on ne peut que la supputer, puisqu'ils sont incapables de la verbaliser.
On retrouve donc cette spécificité de la télé, qui échappe aux critères qualitatifs, aux critères de choix, à tous les discours qu'il est possible de tenir sur les autres formes d'entertainment (le mot français "distractions" n'est pas assez spécifique), que ce soit BD, lecture, musique. On ne regarde pas une émission seulement parce qu'on l'aime, on peut aussi en regarder une parce que l'on ne peut faire autrement que regarder la télé, parce qu'il est inconcevable de faire autre chose.