J’eus la tentation de bondir, mais que pouvais je faire face à un Abélard et son garde-chiourme entrainés. Je bouillais intérieurement, mais je n’eus pas le temps de me poser de longues questions. J’entendis le hurlement de rage d’Enguerrand, je savais qu’il allait attaquer, je devais réagir. Je bondis de ma cachette en saisissant l’épée trop lourde pour moi. Enguerrand était déjà au prise avec Abélard, Cydric lui fonçait sur un homme au visage couturé de cicatrices, petit, gros, mais incroyablement musclé.
Une pensée me traversa l’esprit, ou était l’homme que mes amis avaient emmené avec eux ?
Je réfléchissait à tout allure. Déjà, les autres prisonniers sortaient de leur cellule. Ils allaient gêner le combat, je leur fit signe de s’écarter.
Bon sang, mais que pouvais-je faire ? Je cherchais des yeux un objet, n’importe quoi. J’eus un éclair, j’allais fouiller l’un des gardes et trouvais une dague. C’était déjà mieux que ma grosse épée inutile. Je saisis l’arme et je retournais voir. Cydric était en difficulté, l’homme l’avait accolé contre un mur et mon frère paraît des coups aussi furieux que puissants.
Je ne sus pas ce qui me poussa à faire ça. Je me glissais dans le dos de l’homme et lui enfonçais de toutes mes forces mon arme dans le dos. Il eut un hoquet de surprise, se retourna vers moi. Je vis un filet de sang sortir de sa bouche et il s’écroula, je l’évitais de justesse.
Je regardais ce cadavre, à mes pieds, j’étais bouleversée, figée. J’entendais dans un autre monde le combat continuer. J’étais incapable de bouger.
Je sentis qu’on me secouait.
« - Sariel, vite, ce traître s’est enfui, il est blessé mais il va alerter la garde, nous devons sortir d’ici ! »
Les prisonniers erraient autour de nous, incapable de croire à leur chance.
« - Sariel, les cachots donnent sur la falaise, tu dois détruire un bout de mur avec tes sorts ! Vite !
- Je… je ne peux pas, je suis trop fatiguée.
- Ah non, un effort, encore un, allez ! ! ! ! ! !
- Tu dois m’aider Cydric
- Moi ? Mais je ne suis pas magicien.
- Non, mais je pense que ta volonté aide la mienne, comme pour le cristal divinatoire.
- Que dois je faire ? Vite !
- Je vais me concentrer et dire les mots, tu vas prendre mes mains et répéter les mots avec moi . «
Je ne savais pas ce que je faisais, je ne savais pas si ca avait la moindre chance de marcher. Je commençais malgré tout. Une douleur me vrillait le crâne et j’entendais à peine Cydric reprendre mes phrases.
Je sentis malgré tout un grand froid sortir de mes mains et un violent séisme ébranla un bout du mur qui se fissura.
« - Encore Sariel, encore ! »
Je sentis tout mon corps refuser cet ordre mais mes lèvres prononcèrent les mots. Un pan du mur s’effondra.
J’eus la délicieuse, la si tentante volonté de m’endormir. Je fermais les yeux et me laissais aller, mais une violente gifle me ramena à la réalité. Cydric était pâle mais il aidait Enguerrand à faire passer Améniel par le trou du mur ce qui n’était pas chose aisée vu l’ampleur de la robe. Deux mains robustes l’aidaient, je savais ou était notre troisième homme, ils l’avaient laissé sur la falaise. Cydric me saisit et me passa à mon tour par l’orifice. Ce fut ce jour là que j’apprit que j’étais sujette au vertige. Je vis le vide sous mes yeux et je frémis, je me collais à la parois, nous étions sur une corniche de quelques centimètres.
J’entendis dans mon oreille
« - Allez y mademoiselle, il y a beaucoup de point d’appui.
- Je ne peux pas
- Comment ca vous ne pouvez pas ?
- Je ne peux pas je vous dis ! Laissez moi ici !
- Accrochez vous à moi, allez, mettez vos bras autour de mon cou.
- Non, j’ai peur, j’ai trop peur !
- Sariel, ce n’est pas le moment, ils arrivent, accroche toi à Nicolas »
- Je passais mes bras autour du cou de l’homme, plus morte que vive. Cydric s’occupait de sa cousine.
La descente dut durer quelques heures, du moins c’est ce que je croyais. Elle ne dura que quel la moitié d’une heure en fait. J’avais les yeux fermés, je devais étrangler le pauvre Nicolas, d’ailleurs, le lendemain en riant il me montra les marques autour de son cou.
Le retour sur la terre ferme fut un tel soulagement que je retrouvais quelques forces pour courir jusqu’aux chevaux. Je sautais sur Salto. Nos poursuivants avaient un large retard, s’ils avaient réussi à descendre la falaise, il fallait qu’ils aillent chercher des chevaux. Cydric refusa malgré tout que nous nous arrêtions avant d’avoir chevauché plusieurs heures. Finalement, il ordonna la halte. Je ne sentais plus aucun de mes membres, j’avais envie de pleurer, de hurler que je n’étais encore qu’une petite fille qui voulait son lit, son père, de la chaleur et un câlin ! Je crois que je le fis d’ailleurs car juste avant que je ne m’écroule de fatigue, je surpris les regards éberlués des hommes sur moi.
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