Roman caernite : Le Chant de la Salamandre

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Bonjour à tous.

Voila, tout comme Sariel, depuis quelques temps, j'écris un roman que je mettais en épisodes sur le forum Caern. Ca fait un moment que je n'ai plus écrit la suite de cette histoire dont certains d'entre vous ont pu lire le début.

Peut être que je trouverai l'inspiration en mettant le début ici.

Bisous à tous

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- « Katrina, reviens ici tout de suite !
- Il en est hors de question ! » criais-je après mon père, sortant de la tente familiale.

Mon père avait eu l’excellente idée de me promettre en mariage à ma naissance, avec un ami marchand dont la femme venait d’avoir un fils. C’était une pratique courante dans notre mode de vie, mais je ne voyais pas ceci d’un bon œil.

- « Quel mauvais caractère ! Elle ose défier la tradition ancestrale ! Samèr, rattrape la !
- Que… Quoi ? Vous la connaissez, quand elle est dans cet état… » commença le jeune conteur en jetant un regard implorant à mon père.
- « Fais ce que je te demande, Samèr. Il est temps que cette jeune lionne soit domptée. » dit mon père sur un ton qui se voulait menaçant.

Samèr fut impressionné, car jamais il n’avait vu mon père dans cet état de colère froide, et cela ne présageait rien de bon, aussi ne discuta-t-il pas plus longtemps. D’un côté, il avait une jeune femme furieuse et farouche, et d’un autre un homme dont il découvrait un état d’humeur qu’il n’avait jamais eu de par le passé, malgré les nombreux heurts qu’il avait déjà rencontré avec sa fille.

- « Pourquoi c’est toujours à moi de faire le sale boulot ? » se lamenta-t-il en me courant après.

Il toqua doucement à un des poteaux en bois de ma tente en demandant s’il pouvait entrer.

- « Inutile, je ne veux pas en discuter ! Je ne me marierai pas, un point c’est tout !
- Mais ton père veut que je te ramène…
- Alors toi aussi, tu es de leur côté ?
- Eh bien, tu sais… Je suis un Conteur, et je connais bien l’Histoire de notre peuple… Je peux te dire une chose… Il y a déjà eu des rebellions internes pour ce genre d’affaires… Mais aucune ne s’est bien terminée. Les femmes qui n’ont pas voulu se soumettre ont été exilées de notre peuple, et livrées à elles-mêmes, abandonnées et marquées comme étant une paria. Je t’en conjure, Katrina, ils te marqueraient au fer rouge sur le visage, te laissant des profondes cicatrices, et le symbole signifiant que tu n’as pas voulu te soumettre te mènera à l’indifférence de tous les autres peuples du Désert. Tu auras beau implorer la clémence d’une caravane de passage, les gens qui la composent te laisseront mourir sans lever le petit doigt. C’est la Loi des Peuples du Désert. Tu seras Maudite ! »
Alors que Samèr prononçait ces mots, je me mis à pâlir. La Marque Maudite. J’en avais déjà entendu parler. L’Exil à vie, sans aucun espoir de revenir en arrière… Cette marque était non seulement cruelle, mais entraînait également la déchéance et la folie. Il arrivait que l’on retrouve des cadavres de ces femmes, et la marque s’était également gravée dans leur crâne.

- « Mais... Mais je ne peux pas accepter ça ! Et que fait-il de mes choix, et de ma volonté ?
- Je crois… Je crois qu’il souffre autant que toi de cette décision...
- Tu parles ! Il veut se débarrasser de moi ! Si il en souffrait, il n’aurait jamais fait cette promesse !
- Non Katrina… Tu es sa toute première enfant… Et depuis toujours, notre peuple a agi comme ceci. Il ne se doutait pas alors que des liens aussi forts pourraient se tisser entre vous. Il n’avait jamais eu d’enfant avant toi… Et s’il avait pu voir dans l’avenir, alors il n’aurait sans doute jamais promis de te marier avec le fils de son ami, même s’il s’agissait de son meilleur Ami. »

Alors que les larmes coulaient le long de mon visage, je m’efforçais de garder la colère et l’indignation que j’avais en moi. Je sortis alors de ma tente et couru vers les dunes brûlantes du désert. Une fois assez loin du campement, je me mis à crier, à crier aussi fort que le pouvaient mes poumons, jusqu’à avoir mal à mes cordes vocales. Alors, je m’effondrais sur mes genoux et me mis à pleurer à chaudes larmes. Crier m’avait fait du bien, et toute ma colère était expulsée. Mais il me restait encore tout mon chagrin et ma rancoeur. Je n’en voulais plus vraiment à mon père, comprenant qu’il suive l’exemple de la tradition ancestrale, mais je feignais encore de lui en vouloir, pour me rassurer, et pour croire encore à une échappatoire à ce destin qui me répugnait. Jetant un regard en arrière, je remarquais que le campement n’étais pas en vue, et que j’avais du aller plus loin que ce que je pensais. Serrant une poignée de sable dans mes poings, je la jetai rageusement au loin.

- « Pourquoi ? Pourquoi ? Qu’ais-je fait à Iago pour mériter cela ? »

Mais je savais que ces paroles ne rimaient à rien. Cependant, je n’ai pas pu m’empêcher de les prononcer. En effet, quand on se retrouve désemparé, et que l’on ne peut pas en vouloir à qui que ce soit, on se met à faire des reproches aux dieux, histoire de trouver un bouc émissaire. Mais je savais bien que Iago n’était nullement lié à la tradition ancestrale du Peuple du Désert, et de cette Loi stupide. Alors que j’essuyais mes larmes, j’entendis un drôle de bruit dans l’air.

Ca ne ressemblait nullement au vent qui souffle sur les dunes, ni au bruit de la faune du désert. C’était comme une sorte de mélodie, mais jouée par un instrument que je n’avais encore jamais entendu. Puis, en tendant l’oreille, je me rendis compte qu’en fait, il s’agissait plutôt d’une voix… Mais une voix surnaturelle qui semblait en être une et plusieurs à la fois… Et cette mélodie semblait venir de partout et de nulle part… En plein milieu du désert, il est toujours difficile d’identifier la provenance d’un son, même pour ceux de mon peuple. Seuls les druides du Désert, les devins et les chamans pouvaient y parvenir sans difficulté, grâce à leurs pouvoirs.
Soudain, avant de comprendre ce que je faisais, je me mis à danser au rythme de la douce et mélancolique mélodie, malgré moi. Il me semblait flotter légèrement au dessus du sable chaud tandis que j’évoluais, mue par la tristesse et l’émotion intense qui ressortait de ce chant étrange. Le vent chaud se mit à m’entourer, et à soulever les grains de sable, me voilant la vue pendant un instant. C’est lorsque le vent retombait que je la vis.

Une créature étrange, une sorte de lézard géant, recouvert d’écailles flamboyantes, semblait luire non loin de moi. La tête levée, elle semblait implorer le ciel par ses cris mélodieux. Reculant devant ce que je pris pour un dragon, un hoquet de surprise m’échappa, révélant que je la voyais. La créature tourna la tête dans ma direction, ses grands yeux noirs me fixant avec une infinie tristesse, arrêtant son chant de lamentation.

Je tombais à genoux devant cette merveilleuse créature que je croyais une légende. En effet, il s’agissait bel et bien de la Grande Salamandre, Créature de Feu et de flammes, longtemps apparentée aux drakes. La grande Salamandre était, dans les légendes et les contes pour enfants de mon peuple, une créature extrêmement puissante, voire divine. Elle était dotée d’un grand cœur bon et pur, et apparaissait pour aider les héros des contes dans les situations désespérées. De nombreux alchimistes et guerriers étrangers, ayant entendu parler de cette créature, s’étaient lancés à sa recherche. Les uns pour la dépecer et obtenir de rares ingrédients pour créer des potions, les autres pour tester leur force et leur bravoure. Tous étaient revenus bredouilles de leurs recherches, et avaient fini par comprendre qu’il ne s’agissait que d’une créature inventée pour fasciner les enfants. Tout comme je le croyais moi aussi avant de l’avoir sous mes yeux.

La Salamandre semblait troublée que je puisse la voir. Apparemment, elle ne s’était pas présentée à moi. J’en fus un peu déçue, ayant eu la folie de me croire une héroïne sortie d’un bouquin, et me trouvant pourtant bel et bien dans une situation désespérée, d’un point de vue égoïste, réaliserai-je plus tard. Ses immenses yeux noirs brillaient de larmes, finissant d’emplir mon cœur d’une grande tristesse. Puis, elle s’approcha lentement de moi, chantant une mélodie apaisante afin de ne pas m’effrayer. Ses immenses pattes à trois doigts ne laissaient aucune trace dans le sable, comme s’il s’agissait d’une illusion. Des flammes semblaient courir le long des écailles qui recouvraient son corps. Arrivée près de moi, elle baissa sa tête à mon niveau, et me fixa de son regard. Ses yeux étaient aussi grands que la moitié d’un homme. Je tendis ma main vers les naseaux palpitants de la créature, me surprenant de mon audace, et lui caressa le nez. La Salamandre plissa les yeux de bonheur, émettant un son joyeux. Mais je sentais toujours l’immense tristesse émanant de son cœur.

- « Puissante Salamandre… Pourquoi pleures-tu ? » demandais-je.
La créature me regarda de ses yeux sombres, dans lesquels mon image se reflétait. J’entendis une voix douce et chaleureuse dans ma tête.

- « Ravissante enfant, tu es surprenante. Qui es-tu pour pouvoir me voir ?
- Je… Je ne sais pas comment je peux vous voir… J’ai entendu votre lamentation, et mon corps s’est mis à danser, malgré moi.
- Une Danseuse du Désert. Je comprends mieux. La magie de ta danse t’a permis de voir ce que les autres ne voient pas. J’ai toujours existé, mais les autres créatures ne peuvent me voir, et je fais en sorte de ne pas m’intéresser à eux, nous protégeant les uns les autres. L’ignorance est bien souvent la meilleure forme de protection. Cependant, j’ai été fascinée par les Danseurs du Désert, auxquels j’ai donné le pouvoir de me voir, en effectuant une danse bien précise. Mais seuls ceux au cœur bienveillant peuvent parvenir à l’effectuer. Rares sont les Danseurs du Désert qui ont parvenu à me voir dans tous les siècles passés. Depuis la nuit des temps, tu dois être la quatrième à y parvenir. Cela signifie que tu n’es pas une mauvaise personne, et que tu ne me veux aucun mal.
- La quatrième… Depuis la nuit des temps ? Eh bien… Mais dites moi, pourquoi semblez-vous si triste ?
- Je suis triste car je suis en train de mourir.
- Co… Comment ? La Grande Salamandre est immortelle !
- Avec moi est née une étoile. Nous nous sommes toutes deux éveillées au cœur du plus ancien et du plus brûlant des volcans de cette planète, il y a des éons de cela. Cette étoile et moi-même sommes profondément liées l’une à l’autre. Le Volcan l’envoya dans les cieux, afin de veiller à maintenir la force vive des astres, et moi, je restai là, pour veiller sur Althéa. Ma sœur l’étoile est en train de s’éteindre. Nul ne peut la raviver, et ainsi, nous allons nous éteindre ensemble.
- Mais… Mais si vous êtes liées, l’inverse est vrai ! Si tu continues à vivre, elle aussi !
- Ce n’est pas comme ceci que ça fonctionne, ma chère fille. Nous sommes toutes deux immortelles, en temps normal. Mais si il arrive du mal à l’une d’entre nous, l’autre est blessée également. Et il est plus facile de faire du mal à une étoile visible qu’à une créature mythique que nul ne peut voir. Je ne sais pas comment ma sœur a pu être blessée, mais chaque jour, elle perd ses forces vives. Drainant les miennes par la même occasion.
- Mais c’est horrible ! Comment vous aider ? »
La Salamandre me jeta un regard incrédule.

- « Qu’as-tu dit ?
- Je… J’ai demandé comment on pouvait… vous aider… Oui, je ne sais pas comment faire pour soigner une étoile… Mais… Mais si on arrive à déterminer ce qui lui fait perdre ses forces vives, et si on y met un terme, alors…
- Alors nous recouvrerions nos forces toutes les deux… Explique moi… Pourquoi veux-tu me venir en aide ?
- Je ne peux pas, et je ne veux pas vous laisser mourir ! Vous… Vous êtes une légende ! Un mythe ! Si vous disparaissez, la magie des rêves que vous alimentez disparaîtra également ! Et j’ai besoin de rêver… Surtout avec le destin qui m’est tracé… » dis-je en détournant la tête, acceptant le fait que je devais épouser l’homme auquel j’avais été promise.

La Salamandre m’étudia du regard, encore une fois troublée par mes paroles.

- « Décidément, les hommes n’arrêteront jamais de me surprendre… Mais je ne sais pas comment aider ma sœur. Je ne vois pas ce qui pourrait drainer les forces vives d’une étoile.
- Je sais qui pourrait me renseigner. » répondis-je en claquant des doigts.
- « Tu connais une personne qui a plus de savoir que moi ?
- Pas plus de savoir, mais peut être une étendue plus vaste sur ce sujet… Je connais un homme qui pourrait me renseigner. Il est astrologue, et il étudie les étoiles… Peut-être en saura-t-il plus sur cette histoire.
- Je n’ose y croire… Mais tu m’as rendu un semblant d’espoir. Je te suis reconnaissante de prendre mon histoire à cœur. Tiens, prend cet anneau. »

La Grande Salamandre souffla doucement sur la paume de ma main, et un anneau couleur de feu apparu alors.

- « Avec cet anneau, tu pourras m’appeler où que tu sois, et nous pourrons communiquer. Va maintenant, et je souhaite de tout mon cœur que tu réussisses.
- Moi aussi, je l’espère… moi aussi » répondis-je en m’éloignant, tout en songeant qu’il valait mieux m’éloigner du campement pour me permettre de faire le point avec ce qui m’arrivait.
Rentrant au campement, je me rendis directement dans la tente de mon père.

- « Père… J’ai bien réfléchi. Je ferai selon ta volonté.
- Bien ! Je suis content que tu aies changé d’avis, ma fille.
- Puis-je, en contrepartie, te demander quelque chose ?
- Hmm… J’aurais du m’en douter… Que tu reviennes aussi vite sur ta décision, sans négocier quoi que ce soit… Tu épouseras cet homme, ma fille… Pas de négociation possible.
- Ce n’est pas cela père… Je voulais que tu me permettes de m’absenter pendant quelques temps.
- Pardon ?
- Oui, j’ai… enfin… des préparations à faire pour le mariage, et… J’aimerai m’en occuper moi même.
- Ne chercherais-tu pas plutôt à t’enfuir pour ne plus jamais revenir et ainsi échapper à ton destin ?
- Non père, je ne voudrai pas amener la honte et la disgrâce sur notre nom. Mais je t’avoue que ce mariage forcé ne me fait pas plaisir, et que j’ai besoin d’un peu de temps pour m’y résigner totalement.
- Je te connais, Katrina, et même si tu penses profondément en tes paroles, ta fierté risque de prendre le dessus, et tu nous abandonnerais pour ne plus jamais revenir.
- Père ! » m’écriais-je, indignée par son manque de confiance.
- « Pendant combien de temps penses-tu t’absenter ?
- Je ne sais pas encore, à vrai dire… Peut être quelques semaines…
- Quelques semaines ? C’est assez vague ! Je te laisse partir un mois, soit trente jours, pas une minute de plus. Et tu ne partiras pas seule. Samèr ira avec toi. Non pas pour te protéger, mais pour veiller à ce que tu reviennes bien ici, je ne te le cache pas.
- Merci de ta franchise, père. Mais je préférerai réellement partir toute seule…
- C’est à prendre ou à laisser.
- Bien… D’accord… Je te laisse le soin de lui apprendre la « bonne » nouvelle. Je suis sûre qu’il sera ravi, lui aussi. » Dis-je en partant en direction de ma tente pour organiser mes bagages de voyage.

- « Mais Sire ! Pourquoi moi ? » se lamenta Samèr.
- « Tu es une personne en qui je peux avoir toute confiance, Samèr, tu devrais te trouver honoré d’avoir été choisi pour l’accompagner.
- Mais… Toute autre jeune fille, oui ! Mais… enfin, vous connaissez votre fille !
- Justement ! Je la connais trop bien. Et c’est pour ça que je t’envoie pour la surveiller. Maintenant arrête de geindre, et prépare tes bagages.
- Mais je n’ai nullement envie d’être son chaperon ! Et encore moins de supporter ses sautes d’humeur !
- Allons, Samèr ! Tu parles de ma fille ! Et comme tous les membres de notre famille, elle a un caractère très doux, et très bon ! Oserais-tu mettre ma parole en doute ? » dit mon père en se levant, les yeux jetant des éclairs.
- « Je… Je plaisantais, bien sûr... Ce sera un plaisir d’accompagner votre fille… » répondit Samèr, visiblement impressionné, et ne voulant surtout pas insulter le nom de notre famille.

Mon père eut un petit sourire et une fois que Samèr fut sorti, il éclata de rire.

- « Oui, ma fille et moi avons le même caractère… Nous n’aimons pas être contrariés. »
Nos deux chameaux attelés, nous partîmes, Samèr et moi, en direction de Shagralla, la Cité des Epices, dont nous n’étions pas très loin. Trois jours plus tard, nous atteignîmes l’enceinte de cette Splendide Cité où les Arts et le Respect régnaient en maître.

- « Halte la ! La Cité est fermée, nul ne peut y entrer ! » dit un garde qui tenait la porte exceptionnellement fermée.
- « Que… Comment cela ? La Cité des Epices, fermée ? Mais pourquoi ?
- L’Astrologue Royal a été découvert assassiné hier soir dans l’observatoire. La ville est donc fermée pour ne pas laisser s’échapper l’assassin.
- Oh non ! J’étais venue justement pour le voir. Pouvez-vous me raconter dans quelle circonstance il a été retrouvé ?
- Je suis désolé, mademoiselle, je ne puis vous communiquer plus d’information. Toujours est-il qu’il est impossible d’entrer dans la Cité.
- Viens Katrina. De toute façon, cette ville n’est plus sûre en ce moment. Rentrons au campement. » s’empressa de dire Samèr.
- « Il en est hors de question ! Je dois à tout prix rentrer dans la Cité. Et les villes où il y a d’autres astrologues se trouvent trop loin.
- Mais tu n’as pas entendu ? Cet astrologue est mort !
- Oui, mais je dois accéder à une étude d’astrologue. Oh, tu ne peux pas comprendre ! Fais ce que tu veux, je ne t’ai pas demandé de me suivre.
- Moi non plus, Katrina, moi non plus. Alors justement, arrête de te conduire en enfant gâtée, et pense que tu n’es pas toute seule, que cela nous plaise ou non ! » s’exclama Samèr, exaspéré.

Jetant un regard sombre au conteur, je me retournai pour m’adresser de nouveau au garde.

- « Excusez moi, Sire…
- Arnaud. Je m’appelle Arnaud d’Oz.
- Enchantée, je suis Katrina. Je…
- Katrina ? Ce prénom me dit quelque chose…
- Oui, je suis venue il y a un an de cela, et…
- Hmm… Cela correspondrait… Seriez-vous la danseuse qui a aidé notre Maharadjah et son épouse à tuer un Géant qui menaçait notre Cité ?
- Oui ! Exactement !
- En ce cas, vous devriez avoir la Clé Honorifique de notre Cité à me présenter.
- Euh… Oui, bien sûr… Attendez un instant… Samèr, tu l’as ?
- Non. Je n’ai pas emmené ma Clé Honorifique car tu n'as pas voulu me dire où nous allions quand nous sommes partis.
- Oh oh… Moi non plus… Sire d’Oz, je comprends tout à fait l’importance de votre rôle de Gardien des Portes, mais pourriez vous faire mander quelqu’un ? Dame Mabelle ou Sire Muad Dib sauront nous identifier, je vous l’assure.
- Malgré tout le respect que je vous dois, il m’est impossible d’enfreindre le règlement, de quelque façon que ce soit.
- Et un peu d’or, peut-être ? » avança Samèr, en tendant une bourse de pièces d’or.
- « Sire ! Vous m’offusquez ! Ecoutez tous les deux, je n’ai rien contre vous, et je ne demande qu’à vous aider, mais il est impossible pour moi de vous laisser passer sans que vous possédiez les Clés Honorifiques.
- Très bien, je comprends, votre intégrité vous honore, Sire d’Oz. Arrêtez-nous. » dis-je en tendant mes mains.

Le Garde me regarda avec de grands yeux étonnés. Je donnai mes explications.

- « Nous allons tenter, d’une façon ou d’une autre, d’entrer dans la Cité, et nous serons donc en infraction. Comme je ne doute pas que nous allons nous faire prendre, autant gagner du temps. Le Maharadjah nous reconnaîtra et nous libérera. Ainsi, nous aurons obtenu ce que nous voulons, et vous n’aurez pas enfreint le règlement. »

Arnaud se mit à sourire.

- « Votre plan est audacieux, jeune femme. Cependant, il risque de se passer un certain temps avant que vous passiez en jugement. L’affaire de la mort de l’astrologue prend tout le temps de nos Souverains, et les jugements des autres prisonniers sont donc remis une fois l’affaire éclaircie. A moins que vous ayez tout votre temps, je veux bien vous emmener croupir en prison…
- Ah… En effet, nous n’avons pas tout notre temps. Hmmm… Il doit bien y avoir une solution… Oh ! Oui ! Je sais ! Nous venons vous proposer notre aide pour résoudre cette affaire !
- Que... Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes, Katrina ? » s’affola Samèr.
- « Eh bien… Je n’avais pas pensé à cette éventualité. Oui, je crois que nos souverains seront d’accord de recevoir de l’aide, car cette affaire semble bien compliquée. Mais avant de les déranger, je veux être sûr de vos capacités d’analyse. Donnez moi la réponse : Qu’est-ce qui s’envole et qui est incapable de rester immobile ? Qu’est-ce qui dévore tout ce qu’il touche mais ne mange rien ? Qu’est-ce qui ne peut jamais être prêté, mais qui est toujours gaspillé ? Qu’est-ce qu’on ne veut pas perdre, mais qu’on ne peut pas conserver ? »
Un long silence s’ensuivit. Au bout de longues secondes de silence, je dis :
- « Eh bien, Samèr ! Elle vient, cette réponse ?
- Ah ? Je croyais que c’était toi, la cheftaine du groupe, je te laissais répondre.
- Samèr, tu es exaspérant ! Tu es un Conteur, tu connais forcément la réponse à ce genre d’énigme.
- Oui, oui, il s’agit du temps. Ainsi, je peux rentrer. Mais toi, Katrina ?
- Que... Tu plaisantes ! » m’écriais-je.
- Il n’a pas tort. Il a répondu à ma devinette. Il pourra entrer. A votre tour, maintenant, et interdiction de tricher. Donnez moi la réponse : divisez trente par un demi, et ajoutez dix. Combien obtenez-vous ?
- Humph ! Facile, on obtient… Hmm... Ca me semble trop facile… Ca ne doit pas être vingt cinq, en ce cas… J’ai trente, je le divise par un demi… Mais oui ! Diviser par un demi, c’est comme multiplier par deux... Donc, soixante plus dix… Soixante dix !
- Félicitations. Je vais vous conduire à nos Souverains.
- Merci, Sire » dis-je en lançant un regard noir à Samèr qui me regarda d’un petit air narquois.

Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes au Palais. Muad Dib et Mabelle nous accueillirent à bras ouverts.

- « Katrina ! Samèr ! Quelle heureuse surprise, en ces tristes instants. Soyez les bienvenus.
- Je retourne à mon poste, Dame Mabelle.
- Merci à toi, Arnaud d’Oz.
- Je vous en prie, je n’ai fait que mon travail. Ces deux personnes se sont proposées de vous aider à élucider cette affaire.
- Eh bien, en fait, il s’agissait juste d’une diversion pour... Aïe ! Mais Katrina ! » répliqua Samèr après avoir encaissé mon coup de coude dans ses côtes.
- « Excusez Samèr, Mabelle. Il m’accompagne car il y est obligé, et il ne sait pas pourquoi je suis venue ici. Je désirais voir votre astrologue, et j’apprends que celui-ci est décédé. Alors je me propose de vous aider du mieux que je le peux.
- Et pourquoi vouliez vous le voir ?
- Eh bien, je voulais lui demander quelques renseignements sur une étoile, et comme nous n’étions pas loin de Shagrallah…
- Des renseignements sur une étoile ? Mais encore ? Excusez mon indiscrétion, mais tout ce qui touche au disparu pourrait nous aider. » demanda Muad Dib.
L’anneau de la Salamandre me chauffa la main, et la voix de la créature Mythique résonna dans ma tête :

- « Ne révèle ton but que si tu ne peux faire autrement, car mon existence doit rester secrète »

Me reprenant, je répondis :

- « J’ai lu une vieille légende, et… Et surtout, j’avais besoin de m’éloigner de mon campement quelque temps. C’est pourquoi je me suis dirigée ici, par curiosité pour la légende, et cela m’a donné l’occasion de m’éloigner un peu de mes tracas. Mon père m’a promise en mariage à un parfait inconnu dès ma naissance, et… Il fallait que je parte pour souffler un peu. Et peut être dire adieu à mes rêves. » s’étala Katrina afin de ne pas éveiller de soupçons sur sa curiosité fantaisiste.
- « Oh… Je vois. Je comprends. Désolée, Katrina.
- Ce n’est rien. C’est une tradition ancestrale, et je dois l’accepter, mais je voulais profiter de mes derniers jours de liberté. Mais revenons à des affaires plus graves. Je désirerai tout savoir de cette affaire.
- Eh bien, Lakamshal, notre Grand Astrologue, a été retrouvé mort, dans son étude. Aucune arme, aucune goutte de sang, rien. Il lisait un livre quand ça c’est produit. On l’a retrouvé affalé, comme endormi sur ce bouquin, mais le corps sans vie. Aucune marque, rien. On a retrouvé un corps sans vie. Mais il avait le visage crispé, comme si il avait subi d’atroces violences. Un médecin légiste va arriver pour nous faire son rapport. » dit Mabelle.

A ce moment-là, une femme entra dans la pièce du palais. Elle était petite, mince, le visage d’une pâleur mortelle, ses cheveux châtains coiffés en deux tresses, et arborait deux ailes rouges et noires. Elle portait une robe rouge sang, ornée des runes dorées. Un silence de mort s’installa alors que la nouvelle venue toisait de ses yeux sombres et de son beau visage d’ivoire les inconnus. Bien qu’elle semblait être plus jeune que nous, son regard inquisiteur et inquiétant prouvait que cela n’était pas vrai.

- « Bienvenue, Missmite. Je vous présente Katrina et Samèr, des nomades du désert. Ils sont là pour nous aider à élucider cette affaire. Katrina, Samèr, je vous présente Missmite, une puissante nécromancienne en qui nous pouvons avoir confiance pour tout nous dire concernant le cadavre.
- En… Enchantée, Dame Mite. » bredouillais-je.
- « Missmite. Pas Dame Mite. » répondit elle d’une voix glaciale et tranchante avant de m’ignorer totalement et de s’adresser à Muad et Mabelle.
- « Il s’agit bel et bien d’un assassinat. Il ne s’agit pas d’une maladie ou d’un quelconque problème fonctionnel. Son cœur est en pleine forme, il pulse très bien dans un bocal, en ce moment. » dit elle, un petit sourire vicieux éclairant son visage, et guettant une attitude outrée sur notre visage.

Le visage de Mabelle se crispa légèrement, tandis que Samèr et moi la regardions avec des yeux ronds.
- « Continuez, je vous prie.
- Aucun organe n’a été touché, et son corps est en parfait état.
- Mais alors qu’a-t-il pu se passer ?
- Eh bien, j’ai tenté de le réveiller par magie. Mais son corps est devenu inutilisable. Hors, pour ressusciter un mort ou pour le transformer en mort-vivant, il faut un fragment d’une toute petite chose qui n’existe plus du tout en lui.
- Euh… Je ne suis pas sûre de vouloir savoir de quoi il s’agit, mais… il le faut. » dit Mabelle en se tenant l’estomac et en essayant de ne pas défaillir devant les détails que Missmite se faisait un plaisir de révéler.
- - « Oh, rien de répugnant à vos yeux. Il s’agit juste de son âme.
- Son… âme ?
- Oui, son âme a été « ôtée » de son corps. Par quel procédé, j’aimerai bien le connaître… Mais ce n’est pas tout. Les nécromants peuvent aisément, au même titre que les prêtres, entrer en contact avec les âmes des défunts. La sienne est introuvable, nulle part. Je peux donc en conclure que son âme a été consumée ou… consommée. » conclut la nécromancienne, fière de son petit effet.

Mes jambes se dérobèrent sous moi.

- « Conso… Consommée ? La magie pourrait consumer une âme, mais consommer ? Quel type de créature peut… Oh, c’est horrible !
- Un petit détail que vous ne semblez pas avoir relevé dans mon rapport. C’est que l’âme a été enlevée du corps avant de disparaître complètement.
- Se pourrait-il que l’âme ait pu disparaître dans un autre plan ?
- Non, car si l’âme existait encore, il en resterait un fragment dans le cadavre. C’est dommage, un corps dans un si bon état aurait fait un esclave de choix. Je devrais juste me contenter d’utiliser ses organes.
- Non Missmite ! Il lui faut un enterrement décent ! Remettez son cœur à son ancienne place et laissez les embaumeurs faire leur travail.
- Ce n’est pas ce qui était convenu. Vous avez voulu avoir les services de la meilleure légiste. Et dans notre contrat, en échange d’un rapport satisfaisant de ma part, je pourrais vous demander tout ce que je voulais, vous me l’avez promis. Je souhaite donc disposer du corps selon mon bon plaisir. Vous ne reviendrez pas sur votre parole, n’est-ce pas ?
- Vous êtes…
- Horrible ? Vous me flattez, merci. Si cela peut vous rassurer, je ne peux pas l’asservir, et ce corps au lieu d’être brûlé ou dévoré par les vers peut servir à d’autres choses bien plus utiles pour la communauté. Son corps pourra servir de culture d’organes, sur lequel je pourrais prélever nombre de tissus pour servir… la vie. Bien, je considère vote silence comme un accord. Je vous ferai parvenir un rapport plus complet dès cet après-midi. Au revoir, et au plaisir de vous avoir de nouveau comme clients. Ou en tant que patients. » conclut-elle en ricanant doucement, et en s’en allant d’une démarche dédaigneuse.
- « Comment a-t-on pu la laisser faire ça ? Disposer ainsi de son corps…» pleura Mabelle contre l’épaule de Muad.
- « Je ne suis pas très fier de tout ça, mais au moins, nous avons bien avancé, et nous pourrons venger sa mort.
- Il n’est pas mort. Sinon son âme serait quelque part. Il a « disparu ». Par qui ou par quoi, et pourquoi, ce sont ces questions qu’il faut se poser, Sire Muad. » dis-je en essayant de changer de sujet.

Une nouvelle jeune femme entra alors dans le palais. Une guerrière, sans aucun doute. Elle avait les cheveux couleur de feu, et de yeux verts brillants d’intelligence. Elle était un peu forte, assez petite, et pas très jolie, mais son sourire éclairait son visage, dessinant de jolies petites rides d’expression qui lui donnait un charme certain.

- « Bienvenue, petite Moire. Katrina, Samèr, je vous présente Moire d’Oz, une guerrière bréhanite, et barde talentueuse, malgré son jeune âge. Moire, voici Katrina, Danseuse du désert, et Samèr, Conteur du Peuple du Désert. » dit Mabelle en saluant la jeune fille.
- « Enchantée de vous rencontrer. J’ai appris le décès de notre Astrologue Royal. Que s’est-il passé ?
- C’est une histoire un peu... troublante, Moire, et... Enfin, une histoire assez glauque.
- J’ai le cœur bien accroché, je suis bréhanite, j’en ai vu d’autres, vous savez. » répondit la jeune fille alors que Samèr était subjugué par cette dernière.
- « Certes, certes, mais moi-même, je crois que je ne vais pas en dormir, tant l’acte d’assassinat est affreux, Moire. » répondit Mabelle pour ne pas vexer la jeune enfant.
- « Oui, c’est une affaire troublante, et une aussi jolie fille que vous devrait être protégée de ce genre d’histoire. » commença Samèr.
- « Point de sottise, je vous prie. Je suis une sorte de conteuse, moi aussi, et je connais nombre d’histoire du passé qui pourraient nous être utile dans cette affaire.
- Nous être utile ? Cela veut-il dire que vous voulez travailler avec nous pour résoudre cette énigme ?
- Bien entendu ! Regardez, j’ai tout le matériel qu’il faut ! » dit Moire, en sortant plusieurs choses de son sac.

A la grande stupéfaction de nous tous, elle sortit une petite cape à carreaux qui ne couvrait que les épaules, une loupe, un chapeau, une paire de lunettes noires, et une pipe en bois. Elle équipa tout ceci et dit avec un grand sourire :

- « Alors, je n’ai pas tout d’une véritable détective ? » dit elle en mettant la pipe à sa bouche, fière d’avoir la panoplie complète du petit détective, telle qu’on la décrit dans certains romans.
Nous nous regardions tous, retenant un sourire, mais nous n’avons pas pu nous empêcher d’éclater de rire. La fillette, vexée, se drapa de sa dignité.

- « Vous aurez besoin de mes talents de déduction et de mon flair ! » dit elle en triturant la pipe tel un vieil homme professionnel qui a déjà eu des dizaines d’affaires de ce genre à résoudre.
- « Nous ne sommes pas là pour nous amuser, vous savez. Surtout moi, qui suis pris dans cette affaire alors que je m’en serai bien passé » dit Samèr.
- « Samèr, quel rabat-joie tu peux faire ! Et tu ne sais pas avoir de tact, pas besoin d’être détective pour s’en rendre compte. Veuillez l’excuser, petite demoiselle. Je pense que nous pouvons vous parler de la situation, et vous déciderez ensuite si vous voulez toujours nous aider. »

Puis, je racontais l’histoire, et les circonstances du décès. Bien que la fillette pâlit plusieurs fois, elle su garder son sang froid. A la fin de mon récit, elle dit :

- « Hmm… Voici une affaire qui paraît compliquée, mais heureusement, nous avons des pistes. Commençons nos recherches auprès de Dame Missmite, elle pourra nous en dire plus sur le genre de créatures qui pourrait faire ceci.
- Vous persister à vouloir nous aider, alors ?
- Tout à fait, ma chère danseuse ! En route ! » dit Moire en prenant la tête de notre groupe.

C’est ainsi que nous commencions notre enquête destinée à découvrir le meurtrier de l’Astrologue Royal.

Il ne nous fallu que quelques minutes pour atteindre la demeure de Missmite. Notre détective en herbe connaissait la ville comme sa poche. L’immense ziggourat où habitait Missmite s’élevait haut dans le ciel. Cette grande tour semblait avoir trois étages importants, et au sommet, un temple était dédié à un Dieu. A en juger par les flammes qui entourait comme une couronne de feu le temple en plein air, il devait s’agir d’Ogrimar le Maudit. La porte de la Ziggourat représentait un immense crâne humain, et une dague sacrificielle devait être insérée dans une fissure du crâne pour permettre de signaler la présence d’une personne désirant entrer. Moire inséra par trois fois la dague sacrificielle, sans s’émouvoir le moins du monde. A chaque coup de dague, une rune magique apparaissait sur le crâne. Au bout du troisième coup, les runes se fondirent au centre du front du crâne pour prendre une nouvelle forme : la Marque Maudite de Balork. Une lueur rouge éclaira alors les orbites vides et la voix de Missmite s’éleva de manière spectrale.

- « Qui est là ?
- C’est Moire, accompagnée de Katrina et de Samèr. Nous voudrions en savoir plus sur le meurtre de Lakamshal, notre Astrologue Royal.
- Veuillez entrer. » soupira la nécromancienne, apparemment agacée d’être dérangée.
Le crâne ouvrit sa mâchoire dans un hurlement sinistre, révélant un accès à l’intérieur de la tour. Peu rassurés, nous entrions dans la tour, et tandis que la « porte » se refermait, nous découvrions une grande pièce circulaire, avec un escalier qui montait le long du mur vers des étages supérieurs et vers un ou plusieurs sous-sols. Une brume spectrale emplissait l’atmosphère, nous empêchant de voir le sol avec netteté. Sur une estrade, en face de la porte d’entrée, se trouvait un grand siège en pierre blanche veinée de rouge. Missmite attendait là, avec l’espoir que nous déguerpissions rapidement.

- « Excusez moi, mais je n’ai pas pour habitude de recevoir des invités. Juste des clients, et ceux ci ont rarement besoin de sièges. » dit-elle en claquant des doigts.

La brume se mua alors et forma plusieurs sièges sur lesquels nous n’osions nous asseoir.

- « N’ayez crainte, bien que ce ne soit que de la brume, ces sièges sont solides. Je ne suis pas versée en magie de l’air, mais suffisamment pour la manipuler comme ceci.
- Merci, Missmite. » dit Moire en s’asseyant.
- « Nous désirerions en savoir plus sur ce qui aurait pu… extraire l’âme de Lakamshal.
- Il y a plusieurs réponses à cela, Danseuse du désert. Il peut s’agir d’un sortilège. Sans doute de l’école de la Nécromancie. Mais si c’est le cas, il m’est inconnu, à ma grande frustration. Il pourrait aussi s’agir d’une Créature. Mais les rares créatures capables de faire cela n’existent plus sur Althéa depuis fort longtemps.
- Si nous prenons l’hypothèse qu’il s’agit d’un sort, pourquoi consumer une âme ? Un meurtre plus classique est tout aussi efficace, non ?
- Pas exactement. Comme je vous l’ai dit, l’âme n’existant plus, nous ne pouvons rappeler à la vie ni interroger l’être mort. Et je suis formelle, cette âme n’existe plus.
- Est-ce que… est-ce qu’elle pourrait être capturée, par exemple ? » commença Samèr.

Moire et moi même regardions le conteur qui n’avait pas décroché un mot d’un air bizarre.
- « Je me rappelle une vieille histoire… il ne s’agissait pas d’une âme, mais d’une personne tangible, certes… Mais il était emprisonné dans un labyrinthe kaléidoscopique dans une gemme. Aucun sort de détection n’avait réussi à le trouver. Finalement, la gemme avait finit par être brisée, et le héros avait pu en sortir, mais pas indemne. Il était devenu à moitié fou.
- C’est une hypothèse intéressante… Un Labyrinthe Kaléidoscopique… Oui, ce serait possible, en effet. Mais pour emprisonner l’âme arrachée de son corps. Sinon, l’astrologue aurait bel et bien disparu, corps et âme. » songea Missmite à voix haute.
- « Mais pour quel motif arracher l’âme de quelqu’un et l’emprisonner, si c’est bien le cas. Pourquoi ne pas le faire disparaître totalement ? » demanda Moire.
- « Car il est sans doute plus facile d’enlever une âme à une créature ayant sa logique plutôt que de l’enlever à une créature démente. Cependant, je vous rappelle qu’il n’y a aucune preuve que cette âme soit encore existante.
- Soit, mais imaginons que vous possédiez une âme, qu’en feriez vous ?
- Eh bien… Je ne sais pas encore… Même pour rendre vie à une créature qui est chère, une âme a quelque chose d’intrinsèque qui la rend unique. Alors, même par delà l’animation des morts, et si une résurrection n’a pas été faite dans les heures suivant la mort… et qu’on aurait tenté de redonner une âme à un mort. Ce ne serait pas la même personne qu’avant. Il pourrait y avoir des malades qui auraient ce motif, en effet. Mais je ne pense pas. Nombreuses sont les personnes prêtes à vendre leur âme. Pourquoi aller prendre celle de l’Astrologue Royal ?
- Avait-il de la famille, Moire ?
- Non, juste un Apprenti.
- Bien, ce sera notre second suspect.
- Second, chère danseuse ? Aurais-je l’honneur d’être la première sur votre liste ? » demanda la nécromancienne amusée.
- « C’est exact. Avant que nous vous quittions, encore quelques questions : existe-t-il des sortilèges demandant comme composant de sort une âme ?
- Hmm… C’est une possibilité. Il faudrait que je me renseigne. Revenez donc me voir ce soir, j’aurai sans doute plus de renseignements.
- Bien, et quelles créatures pourraient dévorer une âme ?
- Il n’y en a plus aucune sur Althéa. Mais il est possible d’en trouver sur d’autres plans. Cependant, je doute qu’une créature suffisamment solide mentalement puisse prendre le dessus sur ce type de créature. Je me renseignerais aussi là dessus. A ce soir, au coucher du soleil. Soyez précis. » répondit Missmite en claquant des doigts.

Les chaises brumeuses se volatilisèrent et nous nous affalâmes sur le sol, tandis que la porte grinçait, nous invitant à quitter les lieux. Déjà, Missmite retournait à ses occupations.
- « Je ne suis pas fâché de quitter cette tour et cette affreuse sorcière ! » ronchonna Samèr, qui était tombé lourdement sur le sol.
- Je crains que cette enquête ne dure plus longtemps que prévu… Bien, allons maintenant sur les lieux du crime. » dit la petite Moire, en tendant sa loupe devant son œil et en marchant, tout en observant le sol, ce qui arracha un sourire amusé à ses deux amis.
- « Après tout, ce n’est encore qu’une enfant ! » chuchotais-je à l’oreille de Samèr, alors que d’un commun accord, elle était la détective en chef de notre groupe
- « Pas du tout ! J’ai 15 ans, moi ! Je ne suis plus une enfant !
- Et en plus, elle a une très bonne ouïe… » riais-je.

Arrivés à l’Observatoire, nous retrouvions Arnaud d’Oz qui gardait l’étude de l’Astrologue en état.

- « Moire ? Que fais-tu ici ? Et quel est ce drôle d’accoutrement ?
- Je suis la détective officielle en charge de l’enquête. » répondit-elle en mâchonnant sa pipe.
- Ridicule. Enlève cette pipe de ta bouche, elle ne te sert à rien.
- Hey ! Rend moi cette pipe ! Elle me permet de me mettre dans la peau d’un grand détective ! Tous les grands détectives ont une pipe qu’ils portent à leur bouche !
- Ce sont des histoires ! Pas la réalité, Moire ! Et arrête de te comporter en garçon manqué, pour une fois.
- Si vous me permettez d’intervenir, je dirais que Moire ne se substitue pas à un détective imaginaire, ses capacités d’analyses et ses questions pertinentes nous ont permis de bien avancer, d’autant plus qu’elle est une excellente guide. Maintenant, si nous pouvions entrer dans l’étude de l’Astrologue, s’il vous plait…
- Bien, allez y. » répondit il en ronchonnant.

Le bureau était sans dessus dessous. Des papiers étaient éparpillés un peu partout, et l’immense télescope crevant le plafond avais la lentille brisée. Jetant un œil par la fenêtre, je vis qu’elle était trop étroite pour un être humain, et je demandais si elle était fermée lors de la découverte du corps.

- « Oui, tout à fait, la fenêtre était bel et bien fermée. Elle est bloquée depuis plusieurs semaines, en réalité, mais Lakamshal ne s’en était jamais réellement plaint, il n’aimait pas trop aérer, de peur que ses cartes et ses manuscrits prennent l’humidité. »
Me rapprochant du télescope, je jetai un œil pour voir vers où il était orienté, mais avec la première lentille de cassée, je ne pouvais rien voir du tout.

- « Le télescope avait été enchanté pour suivre toujours le même astre depuis trois jours, déjà. Mon maître semblait faire une étude approfondie sur l’astre qu’il observait. » dit un jeune garçon un peu plus âgé que Moire en entrant à son tour dans la pièce.

C’était un grand jeune homme musclé dont les yeux noirs profonds avaient quelques reflets verts, quand on les regardait de plus près. Ses courts cheveux bruns encadraient un visage d’une mâle beauté. Il était vêtu de vêtements de cuir, sans quolibet ni fanfreluche.

- « Salut Splotch ! » fit Moire en lui faisant un clin d’œil.
- « Moire ! Arrête de m’appeler comme ça, tu sais que j’en ai horreur ! Je me présente, je m’appelle Kaïtal Ylis. J’étais l’élève de Maître Lakamshal. » se présenta-t-il en jetant un regard noir à la petite Moire, qui haussa les épaules d’un air insouciant.
- « Bonjour, Sire Kaïtal. Je m’appelle Katrina et voici mon ami Samèr. Nous sommes venus aider la grande détective Moire pour cette enquête des plus délicates » dis-je tandis que Moire bombait le torse de fierté.
- « Ah… Eh bien vous êtes courageux. Ou fous, sans vouloir vous offenser. Je suppose que vous désirez me poser des questions ?
- Oui, vous dites que le télescope était bloqué dans cette direction… Comment cela ?
- Eh bien, c’est un appareil très précis, et le moindre écart de millième de degré suffit pour faire perdre de vue la cible. Et le télescope était très bien huilé. A chaque fois, Maître Lakamshal perdait plusieurs heures à retrouver l’étoile qu’il observait. Finalement, il a décidé de bloquer les rouages du télescope afin que celui-ci ne puisse plus du tout bouger. Il l’a tellement bien bloqué que même en essayant de débloquer les rouages, le télescope ne bouge plus d’un iota. Il faisait une étude sur cette étoile. Il a marmonné quelque chose comme quoi il devait se consacrer à l’étude de la brusque perte de brillance de cette étoile.
- A-t-il écrit quelque chose à ce sujet ?
- Si il a écrit quelque chose à ce sujet ? Oh Diable ! Oui, mademoiselle. Des pages et des pages. Elles doivent être parmi tout ce qui est par terre.
- Quel nom avait-il donné à cette étude ?
- Euh… Ah ! L’étoile brûlante… non, l’étoile du dragon… non plus… l’étoile de... je sais plus quelle créature.
- L’étoile de la larve ? » demanda Moire en riant.

Kaïtal contint difficilement sa fureur.

- « Non, plutôt de la petite fille enragée qui se prend pour ce qu’elle n’est pas !
- Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Moire avec véhémence.

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(Il faut dire pour les non-caernites que Sire Kaïtal Ylis, alias Splotch, s'est retrouvé changé en porc, puis en larve... Mais ceci est une longue histoire, mais c'est pour expliquer les taquineries de Moiriotte )
Tandis que les deux protagonistes se perdaient en disputes, je regardais parmi les papiers éparpillés sur le sol, tandis qu’Arnaud se cachait le visage dans ses mains. Je découvris une sorte de petit cristal en forme d’étoile parmi les paperasses.

- « Rien concernant l’étoile de la Salamandre.
- Oui ! C’est ça ! La Salamandre ! Aïe ! Sire Arnaud ! Vous pouvez dire à Moire d’arrêter de me planter ses dents dans mon bras ?
- Par contre, j’ai trouvé ça. » dis-je en exhibant le cristal.
- « Oh ça ! C’est justement la figurine qui représente l’étoile de… la Sarabande… enfin, non… comme vous avez dit… Bref, Maître Lakamshal faisait une reconstitution du système galactique. En fait, qu’une partie. Regardez, c’était son chef d’œuvre : une représentation en trois dimensions du coin de cette galaxie. Toutes les planètes et les étoiles sont reliées à des fines tiges de fer, et on peut les faire bouger les unes autour des autres. Il paraît que c’est comme ça que fonctionne l’univers.
- Intéressant. Et je suppose que ce cristal va à cette place ? » demandais-je en fixant l’étoile à la seule tige de fer n’ayant aucune figurine.
- « Exact. Il l’avait commandée il y a 4 mois pour qu’on taille un cristal de roche selon des côtes bien précises. Il a reçu cette figurine il y a quatre ou cinq jours, maintenant, et il était satisfait de la marchandise. Il la détachait de cet ensemble pour la poser juste au dessus de l’œillère de la lentille de son télescope, histoire sans doute de comparer si les détails étaient bien respectés. Voyez, il y a une petite plaque lisse où il la posait. » répondit le jeune homme.
- « Oui, je vois. Très intéressant. Et ce qu’il y a de plus intéressant, c’est que si la fenêtre était bloquée, cette pagaille représente quand même une bagarre. Et qu’il manque tout papier concernant l’étoile de la Salamandre indique que cette étoile doit être le motif du meurtrier. Peut-être Lakamshal avait-il découvert quelque chose qui dérangeait le meurtrier ? Tiens… Qu’est-ce donc ? » m’exclamais-je en découvrant une petite boule de poils noire et blanche.

Une pauvre petite créature était passée inaperçue sous la paperasse. Un petit singe tout mignon, tenant une bille de cristal entre ses mains, était évanoui. Son pelage était ensanglanté.

- « Maysen ! C’est le petit singe apprivoisé de mon Maître ; Il lui avait appris à lancer des billes enchantées sur les ennemis qui lui voulaient du mal. Il est moins imposant qu’un molosse ou qu’un tigre, mais tout aussi efficace, car il est très précis quand il lance ses billes enchantées. Il respire encore, mais il faut le soigner rapidement. » dit Kaïtal tout affolé.
- « Moire, sais-tu où il y a un druide ?
- Non, ils vivent assez à l’écart, à la vérité… Et assez profondément dans la jungle. Mais je connais quelqu’un qui pourra nous aider ! Suivez moi vite ! »
Tandis que nous nous hâtions vers l’endroit, Kaïtal insista pour nous suivre.

- « Ce petit singe, je le connais depuis que Maître Lakamshal l’a recueilli. Son sort m’est important. »

Moire fut visiblement troublée par les paroles de Kaïtal. Elle accéléra le pas en nous pressant. Nous sortîmes de la ville pour arriver dans une petite clairière bordant la jungle luxuriante, lieu de l’amour divin entre Lugh et Titania. Il y avait une petite maison au toit de chaume, et une odeur fort agréable de pâtisserie s’échappait par la fenêtre ouverte. Des rires d’enfants se faisaient entendre. Un petit garçon de huit ans environ, aux cheveux blonds comme les blés et rebelles, aux yeux bleus comme le ciel, au visage souriant et épanoui, et vêtu d’une salopette sortit de derrière la maison en courant et en riant, poursuivi par une petite fille de son âge ayant une foison de cheveux roux bouclés, des tâches de rousseurs constellant son mignon petit nez, des yeux comme des violettes au soleil, légèrement rondelette, et par un petit chien qui sautillait autour d’eux en lâchant de petits aboiements joyeux. Le petit garçon s’arrêta net en voyant les étrangers, ce qui permit à la petite fille de lui sauter dessus, le renversant à terre.

- « Attrapé ! C’est toi le loup, maintenant ! Hi hi hi !
- Hey ! Mais c’est pas de jeu, Joey ! C’est les gens qui m’ont troublé.
- Rho ! Allez, Monsieur Bout de Chou en fait encore à sa tête ! Tu as perdu un cookie, et puis c’est tout ! Bonjour messieurs dames ! » dit la petite fille en nous regardant, et en faisant des chatouilles au petit garçon.
- « Ah ah ah ah ah! Arrête Joey ! Hi hi hi ! D’accord, d’accord, tu as gagné ! Bonjour à vous ! Ouah ! Vous êtes drôlement jolie, madame !
- Merci. Tu peux m’appeler Katrina. Et toi, tu t’appelles… Bout de Chou ?
- Ouah ! Oui, c’est ça ! Comment vous le savez, madame Katrinana ?
- Une femme a ses petits secrets, Bout de Chou » répondis-je avec un clin d’œil à Joey qui se mit à sourire.
- « Oh ! Un petit singe blessé ! Entrez vite, Mémé Morkie va le soigner ! Le pauvre ! Il a l’air bien mal en point ! Hey ! Toutou attention, tu vas salir le pantalon de m’sieur Ylis !
- Ce n’est pas grave. » répondit ce dernier en caressant le petit chien.

Le mignon petit garçon nous conduisit à l’intérieur de la maison et nous fit asseoir autour d’une table.

- « Les cookies de mémé seront bientôt prêts ! Attendez ici, je vais la chercher, elle s’occupe de quelqu’un. » dit le petit garçon en filant à l’étage.
- « Jolie maison ! Et quel fumet délicieux ! Ca donne vraiment l’eau à la bouche. » dit Moire.

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Je crois que tout le monde connaît notre Bout de Chou adoré

Pas besoin de présentation, donc
Une porte s’ouvrit alors violemment, et un homme de haute stature entra, l’air maladroit et fronça les sourcils en relevant les lèvres, dévoilant des dents pointues.

- « Quoi vous faire ici ? Vous vouloir faire du mal à Mémé Morkie !
- Non non ! Pas du tout ! Mais qui... qui êtes-vous ?
- Vous pas vouloir mal mémé ? Moi pas faire confiance humains !
- Que... Comment cela ? Mais vous êtes bien un humain, non ?
- Bear être ours ! Bear maudit ! Bear dormir et lui se réveiller et avoir corps humain !
- Du calme, Bear. Ils sont venus me rendre visite. Regarde, ils apportent de l’aide à ce petit singe qui est blessé. » dit une vieille dame en descendant les escaliers.

Mémé Morkie ne faisait pas son âge. Son regard tendre brillait d’une grande sagesse. Elle marchait, ou sautillait, et la bonne humeur semblait l’accompagner, quoi qu’il arrive. Une sensation de soulagement s’empara de nous, et une quiétude telle que nous n’en avions plus connue depuis longtemps nous enveloppa. Elle prit délicatement la petite créature que j’avais enveloppée dans un de mes foulards de soie. Elle l’observa, souleva ses bras, et l’emmena à l’étage en nous demandant d’attendre.

- « Il est resté longtemps évanoui, mais il n’a pas perdu trop de sang. Il va survivre, mais il était temps que vous me l’apportiez. Attendez moi ici. Bout, offre donc un verre de lait à nos invités, et sors les cookies du four, en faisant bien attention de ne pas te brûler, s’il te plaît.
- Oui, mémé ! » répondit joyeusement le mignon petit garçon.

Nous acceptâmes de bonne grâce le verre de lait offert par le petit garçon, car il était tellement mignon que nous n’osions refuser. De plus, les cookies sentaient vraiment très bon.
Mémé Morkie redescendit alors, tenant le petit singe toujours évanoui dans le foulard. Elle était vêtue d’un étrange accoutrement. Des habits de cuir, avec des franges un peu partout, et un masque en bois couvert d’étranges dessins. Elle avait également un collier de dents d’animaux, et une carapace de tortue au bout d’un bâton. Elle posa le petit singe sur la table, et se mit à danser autour de la table en chantant des incantations, tout en veillant à bien secouer la carapace qui faisait du bruit, ainsi que son collier de dents. Elle avait tout d’une shamane. Puis, tout a coup, elle s’arrêta de danser et nous observa. Vu notre étonnement, elle enleva le masque et dit :

- « Oui, bon, c’est juste une attraction pour touristes. Hi hi hi ! Revenons à des choses plus sérieuses : le petit singe n’a rien, il doit juste dormir pour se reposer. Par contre, impossible de lui enlever cette bille qu’il tient dans la main. J’ai appris la terrible nouvelle concernant notre Astrologue. Je suis désolée, Kaïtal.
- Ce… Ca va aller… Je suis soulagé que Maysen aille bien. Mon Maître est mort sans se battre, il a été retrouvé mort sur son étude. Mais en voyant tout ce vacarme dans son bureau, j’aurais du me douter que Maysen avait du se battre contre l’agresseur de Maître Lakamshal.
- Elémentaire, mon cher Kaïtal ! Cela signifie que c’est une créature tangible, et…
- Bear sentir odeur bizarre ! » dit l’homme en se rapprochant du petit singe et en reniflant son pelage.
- « Bear sentir sang mais aussi autre chose. Bear sentir odeur spectrale. Créature magique ! Magie mauvaise ! » ajouta-t-il en éternuant.
- « Bear, pas aimer magie ! Magie mauvaise, magie rendre Bear homme faible…
- Ne pleure pas, Bear, tout va bien. Nous trouverons bien une solution à ton problème. » le rassura le mignon petit Bout de Chou avec un sourire angélique.

Le puissant guerrier hirsute sourit et sécha ses larmes avec son bras. Sur un coup d’œil de sa grand-mère, le petit garçon prit Bear par la main et l’entraîna dehors.

- « En attendant, viens donc jouer avec Joey, Toutou et moi ! Tu verra, on va bien s’amuser !
- Une créature magique… Je crois qu’il serait bon de voir un personne versée dans les arts magiques afin de pouvoir nous éclairer… »dis-je.
- « Ah non ! Plus cette affreuse sorcière ! Trouvons une autre personne, elle, elle me donne la chair de poule.
- Samèr, tu n’es pas très courageux… Bien, Moire, connais-tu une autre personne versée dans les arts magiques ?
- Hmm… Laissez moi réfléchir… Ah ben ça y est, j’ai trouvé ! Allons donc à la taverne ! C’est l’endroit idéal pour aller à la pêche aux renseignements !
- Euh… Moire ? Ne serais-tu pas un peu trop jeune pour entrer dans une auberge ? » demanda Kaïtal de façon ironique.

La jeune fille gonfla la poitrine de fierté, et dit d’un air pincé :

- « Tu sembles oublier qui je suis ! La grande Moire d’Oz, et je suis une barde connue ! Les bardes peuvent aller où ils le souhaitent. Surtout quand ils connaissent bien le tavernier !
- Ah ! Tu vas encore aller à la taverne de Sire Enthymion…
- Exactement ! Tu ferai un bon détective, avec un esprit aussi vif que le tien ! Hi hi hi ! » se moqua Moire en courant devant.
Alors que Kaïtal courrait après l’apprentie détective, Samèr et moi discutions et nous rendions compte d’une chose :

- « Un meurtre, Katrina… Il s’agit d’un meurtre, et elle fait comme s’il s’agissait d’un objet perdu ou d’une affaire qui n’a pas grande importance. C’est assez effrayant, et pas très sérieux. Nous devrions peut-être arrêter de rester avec cette fillette.
- Tu n’as peut être pas tort, Samèr. Je ne crois pas qu’elle se rende compte de la gravité de la situation, mais nous n’avons pas de meilleur guide de la Cité pour le moment. Et elle semble pouvoir aller où bon lui semble. C’est un précieux atout, malgré sa jeunesse.
- Oui… Tu as raison. Bien, espérons que nous pourrons apprendre vraiment des choses intéressantes à la taverne… Quoi ? Pourquoi est-ce que tu souris ?
- C’est la première fois que nous sommes d’accord sur quelque chose, tous les deux… Est-ce que ça veut dire que nous aurions grandi ? En tout cas, je dois dire que tu es très beau, quand tu souris. Dommage que tu ne sois pas plus souvent avec un sourire aux lèvres.
- C’est que… Si je ne souris pas… C’est à cause de ce qui arrive…
- Tu veux parler du meurtre ? » demandais-je, à mille lieues de penser à mon mariage arrangé.
- Euh… oui, oui… » mentit-il en rougissant, réalisant qu’il avait failli dévoiler ses sentiments.

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Oui, oui, je sais, cette partie est ridiculement courte, mais il faut que les coupes puissent être cohérentes, aussi. Et si j'en rajoutais un peu plus, on aurait entamé une autre partie, et ça aurait été trop long et décourageant
Nous arrivâmes bientôt devant une bâtisse imposante. Sur un panneau de bois était peint en couleur or : Aux choppes des MdS.
A peine les portes poussées, rires et chants envahirent le silence morne qui s’était installé. Le tavernier, un grand homme à la chevelure bouclée et abondante, nous accueilli avec un grand sourire.

- « Bienvenue dans ma taverne ! Moire ! Quel plaisir ! Tu nous feras bien l’honneur de nous conter quelques petites chansons pour faire brayer tous ces soûlards et… leur donner soif ! » dit il avec un petit clin d’œil de connivence.
- « Hi hi hi ! Entendu, Enthy ! » répondit-elle en sortant un luth enveloppé de son sac, et en jetant un regard triomphant à Kaïtal qui leva les yeux au plafond.
- « Bien, quant à nous, commençons à interroger les personnes qui se trouvent ici… Peut-être trouverons nous quelqu’un qui connaît une personne versée dans les arts magiques.
- Entendu, Katrina ! » dirent à l’unisson Kaïtal et Samèr en se dirigeant vers une ravissante jeune fille à la longue chevelure rousse.

Se poussant l’un l’autre pour arriver en premier vers la belle jeune femme, je me décidai de les séparer en leur disant :

- « Non, je crois qu’il vaut mieux, pour que l’enquête puisse continuer, que ce soit moi qui interroge cette jeune femme. Je lui poserai sans doute des question censées, et non le genre : Vous habitez toujours chez vos parents ? »

Alors que les deux jeunes hommes se regardaient, éberlués, et ne commencent à se disputer, je me rendis auprès de la jeune femme rousse, seule à une table, et visiblement plongée dans l’étude d’une carte géographique. Elle semblait petite, avait des yeux bleus, des traits fins, un petit nez, et sa robe était ouverte au niveau de sa cuisse, mais on ne distinguait qu’une grande botte de peau fine. Elle portait un décolleté profond dans lequel plongeait un médaillon que l'on ne devinait pas, on ne voyait que la chaîne en grosse maille d'argent. Quelque peu intimidée par la jeune femme, je m’arrêtais pour rechercher une manière de l’aborder.

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Dédicace à mon Mattt adoré, alias Sire Enthymion
Allez, cette partie où on découvre cette jeune fille, c'est pour ma belle Béné d'Amour

Tendres Baisers

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- « Excusez moi, mademoiselle… Puis-je vous déranger un petit instant ? »

Visiblement agacée d’être troublée pendant sa recherche, elle répondit en soupirant :

- « Ais-je le choix ? De plus, il semble que l’atmosphère n’est plus réellement propice à la concentration, depuis que vous êtes arrivés, vous et vos amis, dans la taverne…
- Je suis sincèrement désolée. Je ne vous poserai qu’une seule question : Connaissez vous une personne qui soit versée dans les arts magiques, par hasard ?
- Bien évidemment, je suis sylienne, et je veux devenir plus tard une universitaire. Pourquoi donc ?
- Eh bien, nous avons un mystère à élucider et…
- Un mystère ? Syl est la Déesse de la Magie et des Mystères ! Il ne fallait pas m’en dire plus pour requérir mon attention. Je vous écoute.
- Eh bien… malgré l’ambiance bruyante, je crains que certaines oreilles ne traînent…
- Pas de problème. Suivez moi. Enthymion ! Nous allons discuter dans l’arrière salle. Il n’y a personne ?
- Personne, ma petite Sariel. »répondit l’aubergiste.

Elle m’entraîna dans une grande salle vide, où se tenaient une table et des chaises. Nous nous assîmes, et je commençais mon explication, racontant les faits, et comment nous en étions venus à soupçonner une créature magique d’être coupable du meurtre.

- « Hmm… Vous avez fait connaissance de Missmite. Elle peut paraître inquiétante, mais il est important que notre monde possède des gens s’intéressant à cette science. Quoi qu’il en soit, il s’agirait, selon l’ours humain dont vous me parlez, d’une créature magique… Conduisez-moi au plus vite à l’observatoire.
- Eh bien, mais, mes amis…
- Nous n’avons pas le temps. Chaque seconde qui passe peut faire perdre de précieux indices ! Nous reviendrons les chercher plus tard. » dit-elle en se levant.
Arrivée à l’observatoire, Sariel rejoignit ses mains afin de former un ovale, et le colla à son regard. Elle prononça des mots de magie, et ses yeux semblèrent s’emplir d’étoiles. Elle regarda attentivement la pièce, soulevant de ça, de là des papiers, des morceaux de meubles, avant de s’intéresser au télescope. Enfin, voyant que je n’osais pas lui poser la question qui me brûlait les lèvres, elle me dit :

- « J’observe l’activité longiligne des forces magiques. Toute créature magique laisse derrière elle une très forte empreinte dans ses lignes, dérangeant leur coordination complexe en les éloignant les unes des autres. Mais là, ce que je ne comprend pas, c’est qu’au lieu d’être écartées, il y a un endroit où elles sont toutes resserrées. Une violente distorsion dans la toile magique… Voici qui est assez inhabituel… Et réellement passionnant ! Mais cessez de me parler et laissez moi continuer à observer tout ceci.
- Mais… Je n’ai rien dit…
- Vous pensez. Ce sortilège me permet de voir au-delà de ce que peut voir l’œil humain, mais aussi d’entendre au-delà de ce que peut entendre une oreille humaine. J’en ai encore pour une bonne demi-heure. En tout cas, il s’agit bel et bien d’une créature magique. Mais il y a quelque chose de particulier chez elle. Pour trouver son commanditaire, il faudrait que je découvre quel genre de créature a pu venir ici et est capable d’ôter l’âme d’une personne.
- Nous avions aussi envisagé l’hypothèse d’une ravissement d’âme dans un piège…
- Oui… Il y a de grandes chances que ce soit cela, ce qui expliquerait la concentration ondiligne à cet endroit… Reste à trouver un motif pour un ravissement d’âme.
- Eh bien ,peut être avait-il découvert des choses qu’il n’aurait pas du.
- Oui, peut-être… Mais une découverte d’une grande importance, en ce cas pour l’empêcher de parler par-delà la mort. Quoi que pour faire parler un mort, il faut posséder une partie du corps du défunt. On aurait pu tout autant le tuer et brûler son corps. Cela aurait été ensuite inutilisable.
- N’existe-t-il pas de sortilège qui puisse retrouver une âme défunte même sans que le corps ne soit « disponible » ?
- Si bien sûr, mais ce sont des sortilèges demandant l’appel des instances divines… Seuls les Elus des Dieux sont habilités à recourir à de tels sortilèges. Si le meurtrier est au courant de ça… Il l’est sans doute, car pour un emprisonnement d’âme, il faut énormément de ressources magiques. Fascinant ! Un mystère que je sens que je peux résoudre… Maintenant, la bonne question à se poser, c’est quelle découverte un astrologue peut-il faire pour qu’on veuille le faire taire à jamais ? Qu’y a-t-il, Katrina ? Pourquoi devenez vous si blanche ? Vous savez quelque chose ?
- Je… euh… Oui, je crois que… Enfin, ce n’est que des suppositions, mais… Je… Oh non, je ne peux pas en parler. De plus, c’est ridicule. » répondis-je alors qu’un petit lézard sorti de nulle part grimpait sur mon épaule.

Surprise, je regardais la petite créature dans les yeux, et j’entendis une voix mélodieuse dans mon esprit.

- « Tu peux lui faire confiance. Je vois en elle un cœur pur. Son aura est aussi blanche qu’une colombe, et elle dégage une chaleur réconfortante. Oui, tu peux la compter parmi les gens de confiance. Parle lui de moi. »
- « Bien… Dame Sariel, je vais vous dire pourquoi je suis arrivée ici, il y a quelques jours… » commençais-je.
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