L'espéranto : petite présentation

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Salut ici,

"Petit" rituel de nécromancie sur ce sujet...

Je suis intéressé par l'esperanto depuis environ 10 ans. J'ai connu la chose alors que je travaillais à l'élaboration d'une langue pour Dol Orh'Ant, un concept de guilde, qui a évolué sur plusieurs jeux (Auto Assault, Spellborn, Seed, Age of Conan, Perpetuum...). Je suis tombé sur l'esperanto par hasard, en cherchant des inspirations pour créer une langue.

J'ai appris son histoire, ses idées etc, mais pas la langue en elle-même. Plus tard, j'ai commencé à m'y mettre mollement, pour atteindre un niveau qui me permette la lecture assistée de quelques textes très simple, avant de laisser tomber encore.

En 2012, je pars me promener sur la Terre pour une durée indéterminée. Je m'intéresse en chemin de nouveau à l'esperanto, et me demande à quoi ça pourrait me servir en voyageant ainsi (à pieds, vélo, canoé et plus tard, en pouce). Réponse : à rien.

Il me parait à ce moment évident que pour rencontrer des esperantophone, il faut s'organiser, on ne les croise facilement, et on ne salue pas naturellement en demandant "alors, tu parles esperanto ?". Pourtant, je m'accroche, et alors que je m'approche de la Laponie norvégienne, je profite d'une pose hivernale dans une petite ferme pour ré-apprendre l'esperanto.

Cette fois-ci j'étudie régulièrement pendant environ un mois, tout seul, à l'aide des ressources disponibles sur internet. J'arrive à un niveau où je comprends des textes de radio, et je peux lire des articles de journaux s'ils ne sont pas trop spécifiques à un sujet. Je cherche ensuite à rencontrer une vraie personne pour avoir un vrai échange et voir si ça marche.

Après avoir cherché en vain un contact local via le peu de personne que je rencontre, je cherche également sur internet. Toujours rien. Comment trouver ce genre de chose ? Que demander aux moteurs de recherche ? Où s'inscrire ? Quelles sont les chances de rencontrer un esperantophone en marchant vers la Laponie ?

Je trouve pourtant mon bonheur à Trondheim, au nord de la Norvège. Une famille dont le père est français et la mère russe. Ils se sont rencontré en dehors de l'esperanto, et ont découvert qu'ils avaient ce lien. Lien suffisant pour pondre une enfant.

La fille, âgée de 13 ans je crois à ce moment, parle le norvégien, puisqu'elle vit en Norvège. L'anglais est aussi simple pour elle, car en Norvège les films et autres documents ne sont pas bêtement traduit comme en France, mais seulement sous-titrés. Son père lui donne le français, sa mère le russe. L'école lui apporte en plus l'espagnol et l'allemand, et comme elle s'ennui en cour de langue, elle a une dérogation pour apprendre l'italien en bonus.

Norvégien, anglais, français, russe, espagnol, allemand, italien... Quelle est sa langue maternelle, sa langue première ?

L'esperanto.

A la maison, on dit "passe moi le sel" en esperanto. Je lui demande si elle a une préférence. Tout naturellement, elle répond par la négative. Elle utilise la langue la plus indiquée en fonction de son interlocuteur. A la maison, en club ou par correspondance, c'est l'esperanto. Pour papa, le français, pour son amie à l'école, le norvégien, etc.

Quant à moi, je discute surtout avec le père, français d'origine, mais en esperanto. Je lui demande d'être honnête, car je suis surpris, je comprends presque tout, et j'arrive lentement à parler. Fait-il des efforts pour moi ? Non, aucun.

Aujourd'hui, je ne suis toujours pas à l'aise avec l'esperanto, simplement car je suis fainéant. J'apprends jusqu'à pouvoir comprendre une émission radio, puis j'oublie car je ne pratique pas. J'apprends jusqu'à comprendre un article de journal, puis j'oublie encore.

Cependant, je me suis trouvé une excuse pour ne pas oublier : j'ai commencé à donner des cours. Pas encore de vrais cours, mais je travaille dans un lycée professionnel, en internat, et après l'emploi du temps officiel, je prends sur moi de présenter l'esperanto aux élèves. D'abord en heure d'étude par classe, puis pour les volontaires. Tous n'adhèrent pas, bien sûr, mais j'ai bon espoir de toucher une petite dizaine d'élèves (sur environ 120). Ils sont intéressés, ce n'est pas obligatoire, aucun résultat exigé, c'est amusant, c'est facile... et puis, ils aiment l'idée d'une langue passerelle, son histoire, ses origines... Des jeunes qui ont du mal à s'exprimer dans leur langue natale, des jeunes qui ont le sentiment de ne pas être compris, des jeunes qui sont à la recherche de repaires fiables...

J'ignore encore où ça peut mener, peut-être que dans une semaine ils ne voudront plus entendre parler de l'esperanto, mais au moins, quelqu'un leur aura présenter la chose, et maintenant, ils savent quelque chose que beaucoup de professeurs ignorent...
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* Jeux1d100 ? Le blog Jeux1d100.net sur les jeux indécents et Linux, et la chaîne YouTube *
Une amie de ma tante (retraitée) est à fond dans l'esperanto et apparemment, en France en tout cas, y a un réseau assez conséquent. Genre elle va dans n'importe quelle ville pas trop paumée et elle trouve un hébergement gratis grâce à son réseau d'esperanto (elle s'engage à héberger également en échange).

Avant de viser l'international directement, tu pourrais peut-être commencer par les réseaux français ? Au sein de ces réseaux y en a bien qui ont des contacts à l'international, non ?

Désolé de pas pouvoir t'aider plus. Je ne suis pas en contact avec cette amie de la famille, je ne la vois qu'occasionnellement mais à chaque fois qu'on se voit, elle gave tout le monde avec son esperanto et ses réseaux/aventures.

A cause d'elle, j'ai toujours eu un avis super négatif sur l'esperanto. Dans sa bouche, ça ressemble vachement à une secte.
Citation :
Ouais, d'ac, c'est vrai, ça aurait pu être une belle alternative, mais c'est trop tard, on a l'anglais qui tient le rôle de langue internationale, et c'est pas si mal que ça. Too late, Buddy.
Les personnes parlant "bien" anglais ne sont pas légions
Ca tombe bien, celles parlant esperanto sont encore plus rares.
Je comprends bien le principe mais on ne part pas de rien, l'esperanto n'est la première langue de personne, son enseignement se fait donc au détriment d'une autre langue.

L'anglais n'a par ailleurs rien de bien compliqué, une grammaire simpliste mais par contre un vocabulaire plus riche et précis que le francais, ce qui en fait une excellente langue technique.
L'enseignement de l'esperanto ou d'une autre langue "universelle", ce serait bien si il n'y avait pas de préexistant. Le gars qui met son gamin en esperanto LV1 est juste en train de flinguer son avenir.
Oui, ça résume bien mon sentiment par rapport à l'espéranto. C'est d'un apragmatisme total. "On a plein de langue, si on en inventait une nouvelle pour se comprendre ?".
Citation :
Ca tombe bien, celles parlant esperanto sont encore plus rares.
Uniquement faute d'un apprentissage.

L'esperanto s'apprend plus rapidement que n'importe quelle autre langue, pour n'importe qui. Nous français, on a l'impression que c'est de l'espagnol/italien, et on a une facilité pour apprendre le vocabulaire, c'est tout.

N'importe qui apprenant une seconde langue, aura ensuite des facilités pour en apprendre une troisième, puis une quatrième, etc. C'est ce que l'on appelle la valeur propédeutique. Comme dans n'importe quel domaine, plus on en sait, plus on peut en savoir.

Beaucoup d'apprenants, après malgré tout 7 ans d'apprentissage (collège + lycée), ne sont pas du tout capable de parler même une conversation courante. Combien de français dans la rue parlent l'anglais correctement ? J'ai pu expérimenter tout au long de mon voyage, l'anglais ne sert que très peu, et principalement dans des situations de tourisme de masse (certains hotels et restaurants, lieux de visite connus...). Le reste du temps, c'est le langage corporel qui prime, et les petits dessins dans un carnet. Valable au Danemark aussi bien qu'en Turquie ou qu'en Estonie.

Ceux qui parlent anglais le font dans un accent souvent épouvantable. Je me souviens encore de discussions avec un indien, un japonais, un coréen, un portuguais, à différentes occasions, tous sensés être de bons étudiants. Terrible. Il fallait se répéter les phrases plusieurs fois, et souvent utiliser seulement les mots clefs, et parfois même, les écrire. L'anglais est difficile, rien que les lettres "ough" ont je crois 6 ou 7 sons différents. Le français n'est pas mieux logé, avec ses o/au/eau, les différences illogiques entre par exemple "ville" et "fille", etc.

Apprendre l'esperanto en LV1, c'est surtout se donner la chance de réussir, de ne pas terminer une scolarité sur un échec et le dégout des langues étrangères.

- "Si j'ai réussi à apprendre l'esperanto en quelques mois assidues, je vais peut-être réussir à apprendre l'anglais ! l'espagnol ! le russe !"

- "Si j'ai échoué avec l'anglais malgré 7 ans de cours, je vais certainement pas me prendre la tête avec l'allemand ou le japonais !".

En France, l'Etat a rejeté une pétition pour l'option au bac. En Hongrie, on peut apprendre l'esperanto à l'université comme langue vivante. L'esperanto veut être un outil de communication équitable, certainement pas un remplaçant aux autres langues.

L'anglais par contre à tendance à détruire. Puisque l'on s'acharne à apprendre (mal) l'anglais, on n'apprend pas les autres langues mineures, qui tendent alors à s'épuiser et à ne pas sortir de leurs frontières. L'anglais n'a aucune raison de chercher à partager. Les parlants maternels ont un avantage énorme face au reste du monde, à l'heure actuelle. Négocier à l'ONU avec sa langue maternelle permet de choisir toutes les nuances nécessaires, alors qu'une traduction va aller au plus directe.

Je n'ai rien contre l'anglais en tant que tel. J'ai cependant beaucoup contre l'anglais comme langue internationale, et surtout, contre l'idée complétement erronée que l'anglais est la langue internationale. Elle est seulement la langue de certains puissants.
Citation :
Publié par Andromalius
Ca tombe bien, celles parlant esperanto sont encore plus rares.
Je comprends bien le principe mais on ne part pas de rien, l'esperanto n'est la première langue de personne, son enseignement se fait donc au détriment d'une autre langue.
Citation :
Publié par Ed Wood
Oui, ça résume bien mon sentiment par rapport à l'espéranto. C'est d'un apragmatisme total. "On a plein de langue, si on en inventait une nouvelle pour se comprendre ?".
Pour compléter la réponse de Tchey, déjà assez complète, je rajouterai que les élèves apprenant l'esperanto 1 année, puis l'anglais 1 année, ont le même niveau que les élèves ayant fait 2 ans d'anglais.
Sauf qu'ils ont des bases dans 2 langues au lieu d'une, qu'en 1 an d'esperanto on est très à l'aise pour des conversations courantes et fluides (ce qui n'est pas ou rarement le cas pour d'autres langues) et que par conséquent on a confiance en sa capacité à apprendre et parler des langues (là où des années d'enseignement d'anglais ont tendance à persuader une bonne part des écoliers français qu'ils ne sont pas faits pour les langues).
Je ne parle même pas de l'intérêt de l'esperanto pour comprendre facilement et logiquement des concepts de sa propre langue (les jeunes élèves apprenant l'esperanto maitrisent bien mieux les concepts de compléments d'objet et les nuances adverbes/adjectifs, etc.).
Et, même si c'est peut être un biais car ceux qui apprennent l'esperanto sont en général des gens ouverts et intéressés par les langues, mais les esperantistes parlent en général plus de langues que la moyenne, à des degrés divers, ce qui tendrait à dire que l'esperanto, à l'inverse de l'anglais, favorise l'ouverture aux langues et ne vient donc pas « les remplacer ».

Je ne m'attarderai pas sur les remarques de la simplicité de l'anglais et de son potentiel de langue technique, là où justement, les traducteurs se plaignent que l'anglais soit langue pivot dans certaines traductions pour l'Europe car elle est justement source de confusions et d'incompréhensions.


Citation :
Publié par Jyharl
Une amie de ma tante (retraitée) est à fond dans l'esperanto et apparemment, en France en tout cas, y a un réseau assez conséquent. Genre elle va dans n'importe quelle ville pas trop paumée et elle trouve un hébergement gratis grâce à son réseau d'esperanto (elle s'engage à héberger également en échange).
Il existe de très nombreux groupes facebook locaux, on y trouve facilement son bonheur, et à défaut, un message sur le groupe Esperanto permet de savoir si dans la région où on est/va, se trouvent des esperantophones.
Citation :
Et, même si c'est peut être un biais car ceux qui apprennent l'esperanto sont en général des gens ouverts et intéressés par les langues, mais les esperantistes parlent en général plus de langues que la moyenne, à des degrés divers, ce qui tendrait à dire que l'esperanto, à l'inverse de l'anglais, favorise l'ouverture aux langues et ne vient donc pas « les remplacer ».
Je suis pret à parier que ca tient plus du standing des écoles qui ont ces pratiques et du biais social qui va avec. Sachant que "la moyenne", en France, ca doit être une langue et demi, langue natale incluse. Il n'y a pas besoin de l'esperanto pour savoir que ce sont rarement les fils de smicards qui parlent 3 langues.
Citation :
Publié par Andromalius
Je suis pret à parier que ca tient plus du standing des écoles qui ont ces pratiques et du biais social qui va avec. Sachant que "la moyenne", en France, ca doit être une langue et demi, langue natale incluse. Il n'y a pas besoin de l'esperanto pour savoir que ce sont rarement les fils de smicards qui parlent 3 langues.
Sauf que les esperantistes n'apprennent quasiment jamais l'esperanto à l'école, puisque cette langue n'est presque jamais enseignée, ni en école privée ni en école publique. Ils le tiennent soit de leurs parents soit d'une découverte « par hasard » à l'age adulte.
Enfin, même si pour le coup ça demanderait une réelle étude sociologique, de ma connaissance du mouvement, les pratiquants de l'esperanto, surtout aujourd'hui, ne me semblent pas particulièrement issus « de bonnes familles » comme on pourrait dire. J'aurais même tendance à penser que ça pourrait être l'inverse, ces « bonnes familles » privilégiant certainement l'anglais avant tout, en matière de langue. Historiquement, l'idéologie « humaniste » qu'il y a derrière l'esperanto en faisait certainement aussi un outil pour les mouvements populaires (on trouvait davantage – et encore aujourd'hui – d'associations d'esperantistes communistes, libertaires, cheminots que d'associations du type Rotary).
Salut ici !

L'excellente chaîne Linguisticae publie en ce moment une série sur l'esperanto. Que vous soyiez initié ou non, c'est très intéressant pour la culture générale.

Linguisticae : https://www.youtube.com/channel/UCof...qkqc7ZgaLkZfcw

Je mets le premier épisode, vous êtes assez grands pour trouver les suivants (4 pour le moment, encore 1 à venir plus 1 épisode hors série).

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* Jeux1d100 ? Le blog Jeux1d100.net sur les jeux indécents et Linux, et la chaîne YouTube *
Dankegon, kara !
Sa série est effectivement bien faite, à l'image de sa chaine d'ailleurs, qui a plein de contenus intéressants.

J'avais totalement oublié que j'avais ouvert ce fil, mais un up fait toujours du bien

Dernière modification par Pitit Flo -TMP ; 13/01/2018 à 11h38.
Excellente initiative, merci beaucoup !

ça fait un moment que je m'intéresse à cette langue, puis j'ai oublié, et suis tombé sur ton sujet.
Très bien expliqué, nombreux liens utiles, une vraie bonne trouvaille !
Citation :
Publié par Lucas06
Excellente initiative, merci beaucoup !

ça fait un moment que je m'intéresse à cette langue, puis j'ai oublié, et suis tombé sur ton sujet.
Très bien expliqué, nombreux liens utiles, une vraie bonne trouvaille !

Si j'ai pu aider quelqu'un, tant mieux ! Sache que même si ça semble toujours un peu difficile de franchir le pas, pour découvrir, rien de mieux que de contacter un club s'il y en a un près de chez toi. Ils donnent en général accès à une grande quantité de ressources (livres, revues, infos), et proposent souvent des cours gratuits ou des moments dédiés à la pratique/conversation. Ça n'engage à rien et on y gagne beaucoup de temps (pour savoir si la langue peut nous plaire, ou pour apprendre et progresser bien plus vite). En parallèle d'éventuels groupes FB, Whatsapp et forums, évidemment.

Tu as une liste des clubs de France métropolitaine à droite sur la page d'accueil de Espéranto France.
Je t'avoue que j'ai failli franchir le pas plusieurs fois mais ne l'ai pas fait
Une fois quelques trucs en cours finis, je m'y mettrais doucement.

Merci encore pour ce sujet, le lien vers Esperanto France et la motivation !
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