Je suis complètement d'accord... et d'ailleurs j'en profite pour te dire que j'apprécie lire tes messages.
Mais pourquoi FI se découvre un intérêt pour la nuance et la tempérance sur le cas vénézuélien alors que jusqu'à présent ce mouvement nous a habitué à des jugements lapidaires sur tout et tout le monde avec des schémas simplistes et manichéens ?
Ba de manière évidente, parce que l'idéal ou le projet d'origine du chavisme / des bolivariens (réduction des inégalités / redistribution des richesses dans un cadre de capitalisme encadré à l'échelle nationale, accompagné d'une réforme institutionnelle visant à étendre les droits de base et donner plus de pouvoirs aux citoyens, révocation des élus, assemblées locales, etc... -les trucs que Maduro est en train de complètement renier) était proche de celui de FI (ou de la gauche radicale européenne en général, moins les vieux mouvements anticapitalistes qui ont toujours vu les bolivariens comme des sociaux traitres et des nationalistes), qui par contre va moins chercher à comprendre, je ne sais pas, la situation turque, et ce qui peut expliquer la dérive autoritaire d'un régime dont l'objectif n'a jamais rien eu à voir avec ses idéaux.
Enfin dans un cas il est assez logique (du point de vue des FI et autres partis de gauches) de s'interroger sur ce qui a conduit un mouvement dont les idées semblaient bonnes à mal tourner, idéalement pas pour excuser ses dérives mais pour essayer d'éviter ses erreurs, dans l'autre l'idéal semblant lui même douteux on ira pas s'éterniser.
Mais dans les deux cas, ignorer les crises, tentative(s) de coup(s) d'état(s), pressions internes et externes, etc... et l'assise populaire du méchant régime (au moins à l'origine), ne me semble pas vraiment favoriser la compréhension de la situation de ces pays ou la résolution de leurs problèmes (enfin à part dans le sang).
En parlant de résolution la position officielle du PCF citée dans un des articles que tu as linké (j'ignore si FI la partage, mais ça doit pas être très éloigné) c'est qu'il faudrait rechercher une médiation sous l'égide de l'ONU entre gouvernement et opposition, aboutissant à de nouvelles élections avec des observateurs internationaux (ce qui était la demande de l'opposition quand Maduro a été élu, wouah en fait le PCF soutient la droite vénézuelienne !?) . Maintenant pour qu'il y ait une vague chance que le gouvernement l'accepte, il faudrait que les médiateurs puissent apparaitre comme neutres.
A savoir que la médiation précédente (dirigée par l'espagnol Zapatero et deux ex-présidents latino américains) qui se faisait à l'initiative de l'OEA, avait réussi à mettre tout le monde autour de la table vers l'automne dernière mais capoté au printemps suite à une crise diplomatique (résultant je pense de l'élection de Trump et de la perte du pouvoir de la gauche brésilienne qui a changé les rapports de force au sein de l'organisation), l'OEA sortant de sa neutralité pour menacer le pays de sanctions* (Luis Almagro, son président et Maduro ayant une longue histoire d'inimitié, l'un traitant Maduro de "traitre à son peuple" et l'autre Almagro de "putchiste" et d"agent de la CIA") , ce qui a fini après quelques échanges d'amabilités par l'annonce du retrait du Vénézuela de l'organisation et la fin de la participation du parti chaviste aux discussions du même coup.
Après bon ils n'auraient peut être rien obtenu non plus en étant trop gentils, mais faut bien que quelques pays / médiateurs potentiels se soucient de rester fréquentables aux yeux du pouvoir vénézuelien, si on espère un règlement pacifique et c'est pas de traiter Maduro de dictateur, que ce soit justifié ou non, la meilleure idée pour qu'il écoute (il vient de décorer tous les officiels sanctionnés par Trump, d'ailleurs).
* qui n'ont jamais été votées finalement, un groupe de pays mené par l'Argentine faisant obstacle
(edit : erreur de ma part, l'échange de noms d'oiseaux Maduro-Almagro remonte à l'été 2016, c'est la mise en discussion à l'OEA de sanctions au Vénézuela en mars 2017 qui lui a fait claquer la porte)