Qu'il n'y ait pas d'arabophones dans la cellule cybercriminalité, c'est vraiment un problème. J'ai également entendu qu'il n'y en avait pas suffisamment, dans les sections anti terroristes de la police et du renseignement.
Il y a pourtant pas mal d'arabophones en France du fait de notre population immigrée, une population qui plus est qui souffre plus que les autres du chômage et se plaint de discrimination. Pourquoi on ne recrute pas, c'est problématique, manque de volonté des recruteurs ou manque de candidats ?
En matière fiscale, j'ai déjà vu des vérificateurs de la division des vérifications nationales et internationales (le service en charge du contrôle des grosses entreprises travaillant à l'international) me demander des traductions de contrats rédigés en anglais et j'en ai vu d'autres qui ne regardaient pas les pièces et contrats en anglais. J'ai toujours mis ça sur un manque de compétences et donc un déficit de formation en anglais... J'imagine que le problème est plus ou moins identique dans une bonne partie des administrations de notre pays.
Cela dit, pour l'antiterrorisme, je pense qu'il faut distinguer selon les différentes administrations.
La
DGSE était connue pour avoir des linguistes, des théologiens et des analystes parmi les plus pointus en matière de lutte contre le terrorisme islamiste. Je ne sais pas si c'est encore le cas, mais vu l'augmentation conséquente de son budget ces dernières années, j'aurai plutôt tendance à penser que les compétences sont toujours là et peut-être même qu'elles sont renforcées.
La
DGSI est en pleine phase d'accumulation de compétences et je ne doute pas que cette administration dispose de suffisamment d'arabophones sachant que l'une de ses principales missions est justement le renseignement sur le terrorisme islamiste.
La
DGPN, depuis qu'elle a perdu la
DCRG (lesquels ont été dissolus dans la DST, devenue DCRI et maintenant DGSI), n'a plus vraiment de mission de renseignement spécifiquement sur le terrorisme islamiste. Au mieux, en regardant l'organigramme, j'ai l'impression qu'il subsiste la
DRPP propre à la Préfecture de Police de Paris... Peut-être qu'il reste encore quelques compétences dans l'antiterrorisme dans l'
OCLCTIC (rattaché à la
DCPJ, mais composé de policiers et de gendarmes), mais cela semble de toutes les façons assez éloigné de leurs missions premières (même si cet office a participé aux investigations dans l'affaire Merah).
Concernant la
DGGN, la volonté politique des années 2002-2012 a été de priver cette administration de l'essentiel de ses missions dans le domaine du renseignement et de la lutte antiterroriste... J'imagine que les linguistes sont peut-être plus présents et utiles au
BLAT, par exemple, que dans un service technique comme la Division Lutte Contre la Cybercriminalité (DLCC) (qui est rattachée au Service technique de recherches judiciaires et de documentation).
Après cette bonne indigestion de sigles, je me demande si, en plus du problème du manque de linguistes, on n'a pas un énorme problème en terme d'organisation administrative. Franchement, ça donne un peu l'impression que tout le monde travaille à des degrés divers sur des problématiques assez proches.