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Ray aime pas Robert
Elle portait une jupe trop courte elle l'a bien cherché la garce !
Non mais sans blague tu penses réellement que l'Ukraine cherchait la guerre ?
Je n'ai pas dis ça, et de toute manière, je suis incapable de savoir ce que les uns et les autres voulaient vraiment.
En revanche, faire passer une cible pour un agresseur, ça n'est pas un procédé nouveau. Alors ok, on va dire que je mélange ceci ou cela, mais bon... c'est un peu le procédé habituel de justification des conflits (construction d'un ennemi = légitimation d'un conflit) depuis un bout de temps (les Romains le faisaient déjà...), et systématiquement depuis le concept de guerre préventive ou d'ingérence humanitaire.
Ce n'est pas comme si la liste des pays n'était pas longue pour illustrer ce point et comme si les mensonges énormes n'avaient pas été utilisés pour justifier de l'agression de pays qui ne menaçaient en fait pas grand monde (on en revient un peu toujours à l'Irak en 2003 et à la fameuse fiole d'anthrax : les salauds dans l'histoire ne sont pas les gens qui ont une mémoire et qui n'aiment pas être pris pour des benêts, mais bien ceux qui ont recours à ce genre de procédés pour faire passer en force et sans discussion leurs politiques impériales)... Avec toujours le même poncif, qu'on lit ici encore sur ce sujet, et qui sert à toutes les justifications les plus ignobles : "qu'arrivera- t- il si on n'intervient pas ?". Dès lors, le doute sur la crise ukrainienne n'est pas condamnable (conspi ! complotiste ! salaud ! nazi !). Il est juste... "raisonnable"... Ni plus, ni moins (et personnellement, les gens qui n'ont pas le moindre doute et qui ont des vérités révélés qu'ils entendent imposer sans discuter, je les fuis...).
Je m'étonne d'ailleurs qu'on n'ait pas encore parlé d'un risque de génocide des Ukrainiens par les Russes (à moins que ça ait déjà été fait : on va bien ressortir l'Holodomor) pour encore mieux faire passer la grosse pilule (puisque maintenant tout est génocide et qu'il n'y a pas de meilleur argument d'autorité pour intervenir... ou pour se ridiculiser face au monde en cas de non- intervention).
Sur ces problématiques, la lecture de Pierre Conesa (
La fabrication de l'ennemi) par exemple, est toujours instructive (je laisse libre les gens de faire leur petite recherche).
Enfin, je sais très bien les réponses que certains vont faire : ce n'est vraiment pas la peine de perdre votre temps à les rédiger dans la mesure où elles ne servent au fond qu'à vous convaincre de ce dont vous êtes déjà convaincus, mais sûrement pas à débattre avec vos contradicteurs. D'ailleurs, tu reconnais toi- même supra que le dialogue n'a pas grand intérêts sur l'Agora, ce qui me fait me demander pourquoi tu viens y perdre ton temps.
Plus généralement, ça fait des mois maintenant qu'on a dit que le scénario de la partition ou de la fédéralisation aurait lieu si Maidan réussissait (je crois l'avoir dis en page 2 ou 3 du précédent sujet sur l'Ukraine, c'est- à- dire il y a quelques centaines de pages). Quitte à ce que cela provoque une guerre civile (mais alors ça n'était pas sûr). Pourquoi ? Parce que
la Russie ne PEUT PAS laisser partir l'Ukraine sans rien faire. Encore une fois, c'est la realpolitik qui s'impose, et quiconque avait quelques notions l'avait bien vu.
Comment alors s'étonner de la réaction de Moscou (ce qui ne veut pas dire la justifier ou être un fan de Poutine),
quand cette réaction était à la fois logique et prévisible ?
Du coup, vous vous retrouvez enfermés dans quelques options qui sont autant d'apories...
1- les gesticulations et imprécations moralisantes (Poutine = Hitler... Ridicule. Poutine = fou... Grotesque).
2- l'énervement et la demande de censure (pardon... la modération) contre vos contradicteurs (qui n'ont au fond comme seul tort de ne pas être totalement d'accords avec vous et d'essayer de vous dire pourquoi...) : le déni de réalité, tout simplement (comme si ça allait changer quoi que ce soit). Avec l'arme lamentable du complotisme comme argument d'autorité dispensant de toute démonstration ou de tout effort rhétorique (et même de toute politesse).
3- la justification d'une montée en tension que vous ne pouvez maîtriser, qui sera une catastrophe pour vous (c'est- à- dire l'UE), que vous n'aurez pas à assumer directement (combats), mais dont vous serez les premiers à demander la fin dès que ça commencera vraiment à chauffer (mais là ça sera trop tard...).
4- la réduction et l'enfermement dans une vision binaire et manichéenne de la situation... Forcément fausse et absurde (conditionnement médiatique).
On retrouve depuis des dizaines de pages maintenant ces quatre éléments associés chez certains posteurs, qui se parent du masque vertueux de l'objectivité et de la vérité, etc. quand d'autres (dont moi) ne font finalement part que de leurs doutes et interrogations.
Alors, aujourd'hui, quoi ?
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La Russie assume ouvertement de jouer la carte de la partition ou de la fédéralisation, parce qu'elle a compris que son intérêt est de le faire (tout simplement), révélant par là la faiblesse des Occidentaux et les mettant face à leurs contradictions par sa propagande (qui ne touche pas vraiment l'UE... quoique... mais qui se tourne aussi vers d'autres nations, qui ne sont pas du tout à négliger).
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La Russie renforce sa présence en Ukraine orientale, en vue d'un rattachement futur possible ou d'une fédéralisation, et surtout pour ne pas perdre ce qu'elle entend garder sous son influence (car elle sait très bien qu'au moindre relâchement, elle perdra ce gain de consolation).
Ca n'a rien à voir avec une "invasion de l'Ukraine" (dont la Russie n'a de toute manière pas les moyens, et qui ne lui rapporterait que des emmerdes) : le rapport de force est tellement défavorable à l'Ukraine que la Russie n'a même pas à se donner la peine d'une invasion... L'hiver approche, et couper le gaz est largement plus efficace que d'envoyer des milliers de chars pour faire plier les Ukrainiens...
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La Russie sécurise ses intérêts stratégiques en Ukraine (accès à la Crimée).
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Face à la Russie, l'Ukraine n'a pour seule chance que de tenter d'impliquer les Occidentaux (qui, bien entendu, ne commettront pas cette erreur... ou du moins pas au- delà d'une certaine limite). Il est possible dans l'absolu que ces derniers suivent et prennent le risque d'un conflit ouvert (certaines craintes sont fondées). Mais il est actuellement plus probable qu'ils sacrifient l'Ukraine (ou ses parties les plus bellicistes) pour recentrer sa politique vers les modérés (ce qu'on devrait tous espérer), de telle sorte qu'on puisse trouver des solutions pacifiques à cette crise (ce qui se fera évidemment sur le dos du peuple ukrainien, qui, lui, n'aura pas gagné grand chose dans cette histoire). Et qui sait, sauvegarder une Ukraine unie, mais fédéralisée (au moins pour un temps) ?
Et sur ce, je m'en vais pioncer. Bonne nuit.