Broc - Albion - Un expatrié

 
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Quand il traversa le portail, une familière réticence le gagna. Lecer ne faisait pas confiance à ces magies de téléportation. Il en avait déjà fait les frais quelques mois auparavant. Cependant, il fallait bien qu'il quitte cette île de temps en temps, ne serait ce que pour gagner sa croûte. C'est donc presque à reculons qu'il marcha vers son destin. Le manipulateur de son destin devait avoir abusé d'hydromel, ou bien avait besoin de divertissement, vu le résultat.

A la sortie de son transfert, Lecer se retrouva en face d'un individu pittoresque et d'un lieu inconnu. Encore un peu sous le choc de la téléportation et de l'erreur subie, il prit le temps de jurer -- Bon sang d'gob ! -- et d'étudier son vis-à-vis. Taille moyenne, bien bâti, l'air sérieux, une armure solide, une jupette étonnante, il avait l'air sur de son fait et de son bon droit, campé sur ses deux jambes. Le fait le plus notable, néanmoins, était qu'il restait muet comme une carpe.

Au bout de quelques minutes, le téléporté interpella Maître Torr -- Lecer ne s'étonna même pas de connaître son nom -- d'une légère tape sur l'épaule. Celui-ci réagit tel un gobelin sous excitant, et annonça d'une voix claire, autoritaire, bref militaire, ceci :

"Bienvenu jeune recrue ! Ravi que vous combattiez pour la cause d'Albion. Nos frontières ont besoin d'être protégées par des aventuriers de votre trempe."

Bien que pourvu d'une logique parfois déconcertante pour le commun des mortels, Lecer savait analyser rapidement une situation. "recrue", avait il dit. Me voilà bien, pensa t'il. Apparemment on le considérait comme un nouveau soldat d'une armée quelconque. Celle d' "Albion" sans doute, nom qui ne généra aucun souvenir chez la jeune recrue. Dans le flou total, il essaya d'en savoir plus :

- Euh, ouais, s'lut m'sire Torr. Moi c'est L'cer, content d'vous connaître. C'pendant, j'me d'mande si y a pas une erreur quequ'part là, sans vouloir vous 'ffenser. J'suis pas recrue moi, j'suis paysan, de la bonne vieille île d'Arakas. Rin à voir avec Albion ou ch'sais pas quoi.

Maître Torr ne daigna pas répondre. Lecer essaya autrement plusieurs fois, mais aucun autre mot ne sortit des lèvres du militaire. Me v'là ben avancé, soupira la recrue paysanne. Il ne lui restait plus qu'à essayer avec quelqu'un d'autre. Alors qu'il allait se retourner, il aperçu une réaction sur le visage de Torr. Celui-ci lui fit un signe discret l'invitant à s'approcher.

A suivre...
"Pssst, partez pas, approchez", murmura le recruteur.

Intrigué, Lecer se résolut à tenter une dernière fois sa chance avec ce drôle de gars.

- Je voulais savoir, Lecer, pourquoi ne dites vous pas le mot de passe ?
- Quel mot de passe ?
- Mais vous le savez bien. Le code !
- J'comprends rien à vos salades.

Torr leva les yeux au ciel, comme s'il se demandait de quel nuage ce personnage en face de lui pouvait bien être tombé.

- Vous avez bien remarqué mon intonation différente quand j'ai dit aventurier tout à l'heure. Non ?
- Ah ça. Pour sûr, mais vot' accent il est bizarre pour moi d'tout'façon.
- Eh bien c'était ça le code ! Quand vous repérez un code, il faut le répéter et là on vous parlera.

L'arrivé par erreur réfléchit un peu. Ca ressemblait furieusement au système en place sur son île. Mais bizarrement ça ne lui était pas aussi naturel.

- Ah, je vois. Bon faut qu'on la r'fasse alors, hein ?
- Aucun problème, je connais mon texte par coeur.

Torr répéta son introduction et Lecer, en bon élève lacha un "AVENTURIER !" tonitruant qui dû tuer d'une crise cardiaque quelques-unes des bêtes qui pullulaient alentour. Le préposé lui parla alors d'un danger près de tours, d'un message à envoyer. Lecer commença à s'habituer au système du code. Il comprit finalement qu'il avait sa première quête sur Albion. Ca lui laissa plus tard une petite larme de nostalgie, discrète, alors qu'il était en route pour un grand pont, en pensant à ses quêtes passées dans un autre monde. Un peu avant, cependant, Lecer interrogea son recruteur sur son accoutrement étonnant. Une armure soit, mais une jupe ? Torr lui répondit, discrètement encore car cela se faisait sans code, que c'était une tradition chez les highlanders, qu'il devait d'aillleurs le savoir lui-même et lui jeta un regard révélateur, accompagné d'un demi-sourire. Lecer se regarda rapidement, et laissa sa bouche béante en s'apercevant de sa propre tenue. Il ne s'attarda pas trop sur la chose cependant, pensant pouvoir s'en débarasser dans le futur.

Sa course régulière l'amena à quitter le village d'Humberton rapidement, malgré quelques arrêts pour trucider quelques bestioles -- une manie qu'on perd difficilement. Il aperçut le pont après un petit passage entre deux collines. Majestueux, impressionnant, incomparable avec les petits rafistolages de bois qu'il avait connus jusqu'à lors, il marquait un pas de géant entre les deux bords d'une rivière large, d'une puissance réservée. Derrière lui se dressait deux petites tours de garde, la destination de l'aventurier. Il remit le message à un soldat, qui s'empressa de lui dire de se tenir prêt et partit prévenir les autres. Une attaque de brigands, avait il évoquée. Lecer choisit une position stratégique, ne connaissant pas les énergumènes. L'attaque ne se fit pas attendre. Le paysan fit au mieux et ne se débrouilla pas si mal. Il se sentit un peu mieux après cette bataille, et une envie pressante de retourner voir le recruteur; sans doute une intuition qu'il avait progressé.

Après son retour au village, il rencontra quelques autres "élus" qui cherchaient à se battre, non pas contre lui, mais avec lui. Il fit un bout de chemin avec eux, mais finit par les lâcher, car ils tournaient en rond et s'aventuraient dans des coins qui lui semblaient bien trop dangereux. En plus ils s'exprimaient avec un argot horrible qui le fatigua au bout de quelques minutes.

Les journées passèrent. Lecer continuait à faire son métier de recrue : tuer, récolter, aider des personnes à résoudre des problèmes. La routine, quoi. Cependant, un jour Torr lui annonça qu'il était temps de faire un choix. Recrue, c'était bien joli, mais seulement un état temporaire. Il fallait maintenant prendre un vrai métier. Et pour ça le meilleur endroit était la capitale, Camelot. Lecer partit donc pour Camelot le coeur plein d'entrain, car il commencait maintenant à bien s'intégrer à son nouveau pays. Bientôt il arriva devant une muraille gardée de froids guerriers géants. Son destin se poursuivait par-dela cette barrière. Il se lanca vers la ville.

A suivre...
Première visite
La nuit recouvrait Camelot d'un voile mystérieux. La lune brillante ne faisait pas grand-chose pour dévoiler les parties cachées de la capitale. Lecer déambula dans les ruelles tortueuses, se fiant à un vague plan qu'il avait acheté à un moine devant les murs de la ville. Les bâtiments de guildes étaient évidemment indiqués. Cela n'empêcha pas l'étranger de se perdre et de se retrouver face à la Guilde des Ombres là où il croyait trouver les Défenseurs d'Albion. Mais puisqu'il était là, autant en apprendre plus sur cette autorité.

Aussi austère que la facade, l'intérieur de la maison semblait vouloir montrer que le nom de guilde n'était pas usurpé. Les chandelles étaient rares et de peu d'aide. Une odeur entêtante, qu'il n'arriva pas à identifier, cachait tout autre parfum, et Lecer ne put s'empêcher de penser que c'en était peut-être le but. Il marcha vers un personnage à l'air sombre et à l'équipement révélateur d'un homme d'armes qui n'hésitait pas à s'en servir. Affublé d'une capuche qui annonçait un manque de confiance, soit dans l'isolation du bâtiment, soit dans les visiteurs, Maître Arenis ne daigna même pas se tourner vers la recrue lorsqu'il prit la parole, prenant de court Lecer. D'une voix mécanique il lui expliqua qu'il le connaissait, son origine, son passé, ses envies, son ambition, et que la Guilde était le réel pouvoir d'Albion, avant de l'inviter à devenir mercenaire parmi eux. Le paysan empreint de la sagesse de ses pairs ne se fia pas à ce blabla pour touriste et chercha à en savoir plus.

- Ca tombe bien m'sire, ça m'arrangerait bien de savoir comment que j'pourrais retourner dans mon pays natal !
- Tu y retourneras en temps voulu si les ténèbres t'y mènent. Pour l'instant tu devrais laisser ces terres étrangères loin de ton esprit. Tu serais plus utile à combattre avec nous.
- J'suis pas sûr d'être vraiment vot'homme, avec tout l'respect que j'vous dois.
- Pourquoi cela ?
- Ben c't'à dire que si vous agissez dans l'ombre et tout ça, j'risque de pas m'adapter. 'Voyez, moi, quand j'marche, tout le monde y me repère de suite.
- La discrétion du renard s'acquière, le regard du faucon s'aiguise et la souplesse du serpent se travaille. Nous pouvons faire de toi un tueur impitoyable.
- J'veux bien vous croire, mais j'doute d'avoir un instinct d'sassin, 'voyez. Tiens, l'aut' jour j'me balade dans une zone perdue des collines et j'aperçois un type louche, genre voleur. Alors moi, j'me dis que j'pourrais bien débarasser l'pays de cette pourriture, que ça f'rait pas de mal, hein ? Je m'déplace vers des buissons. Et j'essaie de l'contourner par derrière. Et juste quand j'arrive tout près de lui, crac ! Une brindille sous mon pied, là il se retourne et ...

Lecer accompagne son histoire de mouvements singeurs et effectue un demi-tour plus ou moins contrôlé pour imiter le voleur surpris. Malheureusement le futur renard est un peu pataud, et le serpent est encore dans une peau un peu rigide. Du coup il atterrit sur le pied de l'ombreux qui lâche un petit cri tout juste retenu, suivi d'un juron de mauvaise augure.

- Oh j'suis désolé, j'ai pas fait exprès, ca va m'sire ?
- Ca va, ça va mais vous n'êtes pas obligé de me faire une démonstration. Vos lacunes dans l'art du déplacement sont visibles mais comme je l'ai dit nous pouvons faire d'un pataud un homme efficace. Alors qu'en pensez vous ? Ne désirez vous pas vous améliorer tout en servant Albion ?

Pour rassurer Lecer quant à ses chances et ne pas l'effrayer après cet incident, Maître Arenis se permet une familiarité en posant avec assurance et force sa main sur l'épaule de la recrue. Mal lui en prit, puisqu'il la retira à la vitesse de l'éclair, laissant cette fois son cri retentir de toute ses forces.

- Bon sang c'est quoi cette armure ??? Ma main !!!
- Ben c'est une armure cloutée. Mais moi j'la trouvais pas si cloutée que ça. Alors, pas bête j'ai décidé de l'améliorer. Hop quelques clous bien pointus par ci par là et j'me suis fait une protection de porc-epic. Efficace, hein ? Je sais que comme y sont rouillés on les voit pas bien mais c'est aussi efficace, non ?

Là le recruteur de la guilde des ombres a une révélation. Sa grimace se change en un rictus qui se veut aimable mais qui cache visiblement quelque chose.

- Lecer, mon ami, vous avez raison. La Guilde des Ombres n'est pas faite pour vous. Il vous faut quelque chose de plus simple, de plus ... attirant, des faiseurs de héros. Vous avez montré cette capacité, votre inventivité. L'Eglise est peut-être votre future maison ! Allez donc à la cathédrale et cherchez la recrutrice des paladins.

Un peu gêné, Lecer remercie Maître Arenis et s'excuse encore des petits soucis apportés.

- Ce n'est rien. Et euh, ne lui dites pas que c'est moi qui vous envoie, je suis trop modeste, elle passerait son temps à me remercier.
- Comme vous voulez, m'sire. A une prochaine, p'tête ? C'est par où alors ? Ah par là, je tourne et ensuite ...

Le mercenaire indique au lourdaud comment se rendre à l'église. En le regardant s'éloigner de sa démarche d'ours il se dit qu'il a peut-être enfin trouver un moyen efficace d'empoisonner ces maudits lumineux, et son visage s'empreignit d'un rare sourire sincère et plein.

A suivre ...
La lumière
La nuit était toujours aussi claire. Elle s'était d'ailleurs un peu rafraichie et il ne traina pas en route. Heureusement, cette fois, Lecer trouva son chemin sans trop de soucis. Arrivé devant le majestueux bâtiment, il se promit à lui-même d'être moins pataud cette fois-ci. Avant d'entrer il remarqua le vitrail central qui lui rappelait vaguement un astre solaire. Mais ses considérations artistiques ne durèrent pas longtemps. Il passa la porte, apparemment toujours ouverte et découvrit l'intérieur de la cathédrale.

Un peu moins impressionnant que la facade, l'intérieur imposait tout de même le respect et le silence. Les cierges et les chandeliers apportaient une lumière discrète et chaleureuse rendant la large et haute pièce moins grande qu'elle ne l'était probablement. Face à l'entrée, les vitraux représentant des saints, ou autre héros, semblaient sans vie dans cet éclairage, tels des bergers ensommeillés gardant un oeil discret sur leurs brebis.

Lecer s'avanca lentement entre les deux lignes d'arches à sa gauche et à sa droite. Il apercut une silhouette au fond de la pièce. Vu sa stature et son allure, il en déduit qu'il avait sans doute trouvé la bonne personne et se dirigea vers elle. Dame Triss semblait perdue dans des considérations théologiques ou politiques et ne le remarqua pas de suite. De taille modeste comparée à un highlander, elle possédait tout de même un charisme certain, une force tranquille affirmée par son armure de métal brillant. Le paysan prit les devants, essayant de n'être pas trop intimidé.

- 'Soir M'dame. Désolé d'vous déranger mais je cherche la r'cruteuse de l'Eglise.
- Bonsoir jeune recrue, répondit elle d'une voix douce mais maitrisée. Bienvenu en l'Eglise d'Albion. Je devine que tu cherches la voie qui fera de toi le serviteur d'une guilde pour défendre notre contrée. La Lumière t'a conduit jusqu'ici. Qu'elle soit ton guide pour ton futur ! Rejoins nous, brave guerrier. Devient paladin, que ton bras apporte justice, punisse les barbares et protège les innocents...

Elle continua ainsi quelques minutes. Son discours avait parfois des intonations mécaniques, comme un texte appris par coeur et récité maintes fois, mais on sentait qu'elle était convaincue de ses paroles. Lecer cependant portait surtout son attention sur l'accoutrement de l'oratrice. Comme toute petite gens, il était impressionné par les belles armures. Ayant été bercé de contes de chevalerie, et ayant lui-même porter des protections, il restait fasciné par la plate de Dame Triss. Celle-ci finit par se rendre compte de la bizarre attention auquelle elle était sujette et tenta de faire réagir cette recrue silencieuse.

- Bien sûr il importe que votre foi soit sans appel, Lecer -- comme d'habitude on connaissait son nom, mais le paysan s'y était habitué et le remarquait à peine. La Lumière vous a t'elle donnée cette faveur ?
- Huh ? Euh la lumière ?
- Oui, la Lumière. L'adorez vous ?
- Ah, euh, ouais. La lumière c'est bien. Parce que sinon, ben on se cogne partout.
- Hm, en effet, voyager dans les ténèbres peut vous mener à des biens tristes rencontres.
- C'est ça. Mais moi j'ai toujours une p'tite bougie sur moi, comme ça pas de problème !
- Oh, vous improvisez un autel pour prier ? Quelle dévotion ! Vous m'impressionez.
- Euh, c't'à dire que, enfin, nan, mais j'aime bien voir c'que j'mange et les tavernes c'est pas très bien éclairé souvent. Alors, j'suis prévoyant.
- Les tavernes ??? Je ne comprends pas. Etes vous un serviteur de la Lumière ou non ?
- Un serviteur ? Ah nan, j'suis un homme lib' depuis que mon maître il m'a laissé.
- Vous... vous... vous ne croyez pas à la sainte Lumière, mère de toute vie ?
- Ben...

Lecer se gratta la tête. Il avait du mal à suivre les propos de son interlocutrice. Le visage de celle-ci n'avait d'ailleurs plus grand-chose d'affable. On pouvait sentir une colère contenue difficilement derrière ces yeux scruteurs. La recrue préféra éviter ce regard culpabilisant et reporta son attention sur l'armure, observant chaque détail, comme un brocanteur du dimanche trouvant une pièce rare sur un marché.

- 'L'est jolie votre armure là. C'est du bon boulot, moi j'vous l'dis. On sent qu'c'est fait pour vous, hein ? Ca 'pouse parfaitement vot'silhouette. Y a même des, euh, bosses là pour vos... enfin pour qu'vous respiriez mieux. Ca doit pas être facile à faire des courbes comme ça. On se demande pourquoi qu'ça s'appelle "plate", hé hé. Hein ? Ben pourquoi vous me regardez comme ça ?

Comme d'habitude Lecer avait joint le geste à la parole et avait effleuré la partie de l'armure qui l'intriguait tant. Il ne se rendit compte que trop tard de son impolitesse. Dame Triss bouillait déjà, portant un rouge aux joues charmant, s'il n'était pas signe de problèmes à venir.

- Co.. comment osez vous ! Porter la main sur une paladine ! Gardes ! Arrêtez moi ce... cette chose !

Elle aussi savait agrémenter son verbe d'arguments physiques, puisqu'elle sortit son épée de son fourreau. La situation parut bien mal engagée pour Lecer. Néanmoins son instinct l'avait déjà fait prendre ses distance avec la furie religieuse. Il lâcha juste son sempiternel "Mais euh" avant de prendre ses jambes à son cou et d'aller voir ailleurs si la Lumière s'y trouvait.

A suivre...
Une bière et ça repart
Finie la nuit étoilée, envolée la bonne humeur de Lecer. Le temps tournait à l'orage et les nuages commençaient à couvrir le toit de Camelot d'une obscurité déprimante. Notre pauvre recrue déambulait dans les rues tortueuses de la capitale, sans d'autre but que d'oublier ces fâcheux incidents.

Il leva les yeux en évitant un des rares passants, qui courait à plein poumons, comme poursuivi par quelque diable nocturne. La vie était discrète à cette heure, mais toujours pleine d'énergie. Un triste contraste avec la gelée limaceuse qu'était devenue Lecer. Du coin de l'oeil il aperçut l'entrée d'une taverne. Il fouilla ses poches et sortit une poignée de pièces d'argent. en les observant il se dit qu'elles seraient aussi bien dans les poches d'un autre, et entra dans le Ye Mug.

Le bar était tenu par un highlander d'un certain âge, aux joues aussi rouges que le vin des collines de Camelot. Il accompagnait deux gardes qui sirotaient une bière, en se racontant des anecdotes sûrement hilarantes puisque ponctuées de rires gras et opulents.

Lecer commanda un verre et essaya de s'intéresser à une histoire de nains et d'arbres sans succès. Lorsque le conteur eut fini, il but une rasade du précieux liquide et se rendit compte de la présence du nouveau. Il leva un sourcil sur la mine déconfite de Lecer.

- Eh bien, petit, tu m'as l'air bien sombre. On dirait quelqu'un qui vient de s'apercevoir que le palatinat impliquait le célibat ! Mouah ah ah !
- Oh, c'est juste que j'viens de foirer deux occasions d'rentrer au service d'Albion. Et comme j'suis un étranger ici, j'vois pas c'que j'vais ben pouvoir faire.
- Ah bon ? Qui n'a pas voulu d'un costaud gaillard comme toi ?
- La guilde des ombres et l'Eglise.
- C'est rare de voir ces deux là d'accord sur quelque chose. Fais donc pas cette tête, mon petit. Il te reste toujours la mère de la patrie, la fière armée de notre capitale : les défenseurs d'Albion !
- Ouais, mais vue ma chance ce soir, j'risque juste de m'retrouver rej'té encore une fois.
- Si tu n'essayes pas, tu ne sauras jamais. Vaut mieux ça que de rester ici à boire sans fin. Allez, viens, je t'y amène. De toute façon je dois bientôt reprendre ma ronde.

Et voilà Lecer marchant de nouveau vers son destin, d'un pas peu assuré, mais suffisamment pour pouvoir supporter le poids du garde un peu saoul et donc manquant parfois d'équilibre.

A suivre...
Arrow
We want YOU !
La marche fut heureusement courte, et ils entrèrent bientôt dans un grand espace, avec à leur gauche la porte Est, menant aux collines, et en face d'eux l'imposante bâtisse des Défenseurs d'Albion. La maison en elle-même était faite de bois, comme la plupart de celles qu'on pouvait trouver à Camelot, mais elle se distinguait par sa hauteur. Et sur la façade, les lourds fanions rouges, ornés de deux épées qui se croisent, indiquaient le côté militaire de la guilde.

Le garde surprit Lecer par une rude tape dans le dos, même si probablement elle se voulait amicale.
- Te voilà à bon port, moussaillon. Va voir le capitaine. Avec un peu de chance il est encore debout. C'est un insomniaque, comme beaucoup d'entre nous. Je te laisse, et bonne chance !

Comme dégrisé par ce bout de chemin, le garde repartit fier et droit, mettant au défi quiconque douterait de son statut. Lecer, quant à lui, s'approcha de la guilde, d'abord lentement, puis d'un pas plus affirmé, se disant qu'il avait peut-être fait le plus dur.

Deux soldats gardaient l'entrée. Ils l'arrêtèrent d'un "Qui va là ?" retenu, comme s'ils avaient peur de déranger le silence qui devait régner à l'intérieur.

- C'est qu'moi, m'sires les gardes. Lecer, recrue combattante. J'viens voir si, par hasard, eh ben on...
- Tout droit, le capitaine attend.
- Il me, il m'attend ? Ah bon ben alors, euh, bonne 'tinuation, hein ?

Le capitaine Alphin semblait lui aussi perdu dans ses pensées -- décidément ça devait être contagieux chez les recruteurs. Il accueillit Lecer d'un discours des plus militaires, ce qui, comme notre ami le découvrit par la suite, était de circonstance.

- Tu as l'air solide, Lecer. Je vois que tu prends soin de ton armure ! C'est bien ! Un soldat en kilt torse nu, ça va pas loin ! Ah ah ah ! Et ton arme ? Fais voir ! Etincelante ! Bravo !
- Ben c't'à dire, tout ça c'est neuf, alors forcément...
- Hm ? Oh, tu es donc un de ces aventuriers qui font de la chasse au monstre leur gagne-pain. Soit, notre armée en est pleine, ils font de bons soldats, pour la plupart. MAIS !
- M..mais ?
- Mais n'oublie pas le but premier de notre guilde : la défense d'Albion ! Voire même la conquête de toutes ces terres qui devraient nous revenir de droit, le massacre de ces pachydermes sauvages, de ces mages grimaçants !
- Des éléphants sorciers ?
- Nan, idiot, je te parle des trolls et des elfes. Sûrement tu as dû avoir des victimes de ces barbares dans ta famille ! Tu dois les détester comme il se doit !
- Ben euh, en fait, c'est que...
- Non, ne te trouble pas, je ne te demanderai pas de raconter ces moments tristes que nous avons tous connu. Allez, viens plutôt par là, et montre moi de quel bois tu te chauffes.
- J'ai pas d'bois sur moi, m'sire.
- Ah ah, t'es un rigolo, toi, hein ? Bon allez, avance ! C'est à gauche là !

L'officier le fit sortir du bâtiment et s'avancer dans une petite cour intérieure en terre. Ca et là des armes et des bouts d'armures étaient alignés contre les murs. Une armurerie siégeait à gauche, dans le coin sud-est. Une petite chapelle lui faisait face à l'autre bout de la cour en forme de "L" inversé. Et enfin à droite des mannequins d'entrainement bien usés attendaient dépités, comme s'ils étaient conscients de leur triste sort.

A suivre...
Alphin se tourna vers eux et reprit la parole.
- Alors fais moi quelques passes d'armes sur les elfes que tu vois là.
- C't'à ça qu'ça r'semble un n'elfe ?
- Presque, presque. Sors ton épée et attaque tout ce que je te désigne, ne te pose pas de question. Donc coupe moi ça en tranches !

Et Lecer de s'exécuter avec son brio habituel, labourant le mannequin, mais aussi son voisin, ou encore le sol, de coups solides mais peu précis.

- Pas mal, pas mal. Tu manques de technique, c'est sûr, mais c'est normal. Maintenant attaque ... ça !

Le capitaine désigna son propre torse à la surprise de la recrue.

- Vous, m'sire ?
- Oui, moi. Tu vois mon doigt sur quelqu'un d'autre ? Allez, attaque moi !

La recrue se campa solidement sur ses deux jambes. Dans ses yeux, l'hésitation fit place à la détermination. Il attaqua d'une coupe en taille. Alphin l'évita prestement, tout comme il s'effaça sans trop de difficulté devant les moulinets qui suivirent. L'exercice dura moins d'une minute, Lecer tombant à genoux, la langue pendante, après une dernière passe désespérée.

Le maître d'armes regarda l'élève avec un petit sourire, essayant d'éviter de prendre un air trop condescendant.

- Tu as le niveau nécessaire, et tu ne manques pas de volonté, apparemment. Nous allons donc pouvoir te ...

Alors que Lecer continuait à souffler comme un boeuf. Un courrier arriva au petit trot dans la cour, appelant le capitaine qui se tourna vers lui. Le messager salua Alphin et lui glissa un parchemin scellé. Il tint une torche près du lecteur pour lui faciliter la tâche. Le paysan observa vaguement la scène et essaya de se relever pour reprendre allure décente, et puis, pourquoi pas, en profiter pour satisfaire sa curiosité.

Malheureusement, son sens de l'équilibre lui fit, encore une fois, défaut. Il se releva trop vite et bouscula le porteur de torche. Celle-ci frôla le visage du capitaine, qui s'écarta, sur un réflexe. Mais dans le même temps le papier se retrouva au niveau de la torche. Le message pris feu. Lecer tenta de se rattraper. Il écarta la flamme d'un geste du bras, ce qui envoya balader le messager, qui évita la chute de peu. Puis il voulut prendre le parchemin des mains d'Alphin pour l'éteindre. Mais celui-ci semblait y tenir et renforça sa prise dessus.

- Arrêtez, imbécile ! Laissez moi m'en occuper !

Lecer lâcha le premier, et le capitaine se dépêcha d'éteindre les flammèches entre ses gants.

- C'est bien de vouloir réparer ses erreurs, mon garçon, mais ce n'est pas une raison pour faire n'importe quoi. Ce message n'était destiné qu'à moi seul, ce n'était donc pas la peine de t'en occuper. Et ne fais pas cette tête là. Non, laisse moi parler, enfin ! C'est une manie chez toi, d'interrompre tout le temps les orateurs ? Allez, j'ai du travail, quitte ce lieu maintenant, je te reverrai demain matin à l'aube pour décider de ton entrée ou non chez nous.

Lecer jeta un regard alarmé derrière le discoureur et essayant en vain de placer un mot. Comprenant qu'il n'arriverait à rien, il prit ses jambes à son cou et partit sans demander son reste.

Alphin attendit que le fauteur de troubles ait disparu pour s'intéresser de nouveau au parchemin. Apparemment, pas trop de dégât. Seul manquait le haut du message, ce qui ne posait aucun problème.

- Ah merci, d'avoir à nouveau approché la torche. Il n'y a rien d'irréparable.
- La torche ? Mais, mon capitaine, je l'ai mise au mur pour éviter un autre accident.
- Au mur, mais d'où vient cette lumière alors si...

Alphin se retourna et découvrit la raison de l'agitation de Lecer. En cherchant à se rattraper lors de la bousculade, le soldat avait laissé la torche en contact avec un mannequin d'entrainement, lesquels avait lentement pris feu. La douce brise nocturne qui soufflait cette nuit, ou bien des courants d'air, en avait profité pour transmettre les flammes aux autres empaillés. Bientôt le risque d'incendie fut réel et les deux militaires lancèrent un "Au feu !!!" bienvenu. Un peu plus loin dans la rue, la recrue baissa la tête en entendant l'alarme et se dépêcha de disparaître.

La pluie se décida finalement à tomber, rassurant un peu Lecer sur le sort de la maison qu'il venait de quitter. Il s'assit à l'abri des gouttes, pas loin de la taverne qui l'avait accueilli mais qui ne le tentait pas vraiment.

Ni dans l'eau, ni dans l'alcool, il ne voulait noyer son désespoir. Repris soudain par la fatigue d'une journée, et surtout d'une soirée, éprouvante. Il se laissa aller à un sommeil qu'il espérait réparateur.

A suivre...
Citation :
Aparte

Voilà Lecer dans une bien mauvaise posture. Rester recrue toute sa vie n'a rien de reluisant.

Qui plus est, cela n'arrange pas non plus l'auteur, qui doit trouver un métier à ce fichu paysan.

Alors je propose aux quelques lecteurs perdus qui lisent ce message, qui ont lu l'histoire en entier, et qui en plus s'y intéressent (beaucoup de conditions tout ça), de choisir pour moi ! Je tenterai de rendre l'histoire cohérente malgré les problèmes créés par Lecer.

Adressez moi un message privé en me donnant la classe que vous verriez bien Lecer prendre, et j'écrirai la suite en fonction de ces votes. Pour les fainéants de l'écriture, envoyez moi seulement le numéro correspodnant à la liste ci-dessous :

1- Maître d'armes

2- Mercenaire

3- Paladin

Vous avez jusqu'à ce week-end. Bon vote !

Vote terminé
 

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