Avec la mort pour avenir

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Voici le background de ma petite Asmodienne assassin que j'ai écris pour ma légion. J'espères que ça vous plaira, elle est en trois partie mais la "vraie" fin sera normalement narrée dans le BG d'un autre de nos membres! Bonne lecture!





Avec la mort pour avenir


Intro



La jeune fille errait, l'air absente, au milieu d'un lac rouge. Une odeur écœurante, de charognes et de mort, flottait tout autour d'elle, pesante, entêtante, presque lourde et palpable. Myria avançait, sans but précis, au milieu de ce lac de sang, ça et là semblable à des îlots, les formes noires des cadavres se dissociaient de l'horizon écarlate qui baignait les Abysses, donnant véritablement l'impression que le monde tout entier qui l'entouré avait été souillé du sang des victimes de ce carnage.
Comment tout cela avait-il commencé? Elle était littéralement assaillie par un flot incessant d'images et de questions, qui s'entre-choquaient et explosaient dans sa tête sans trouver ni de sens ni de réponse. Pourquoi une mission, d'apparence si simple, avait-elle tournée au carnage? Pourquoi? Comment? Un liquide chaud ruisselait près de ses tempes mais cela faisait bien longtemps que Myria ne ressentait plus aucune douleur physique, ni sa blessure au crâne ni la plaie à sa jambe gauche ne l'atteignaient. Pourquoi tout ceci? Pourquoi elles? Et pourquoi était-elle encore en vie? Elle trébucha contre le corps inerte d'un cadavre et la dernière image qu'elle eut de ce champs de ruine fut une aile noire immense, percée d'un énorme trou béant, tordue par un ultime spasme de douleur. "Lapramiz...". Un tourbillon de souvenir l'emporta et elle perdit conscience tandis qu'une douleur telle qu'elle n'en avait plus ressenti depuis des années lui déchira le dos.


"Asmodea", tel fût le premier mot qu'elle prononça distinctement, là où tout les autres enfants de son petit village avaient simplement dit "maman" ou "papa". En même temps, Myria n'avait jamais connu sa mère et n'avait pas à proprement parler de père. Dés sa naissance, sa vie fût placée sous le signe de l'étoile de la mort. Pour pouvoir sauver l'enfant, le médecin de campagne n'eut d'autre choix que de sacrifier la vie de la mère en l'opérant à vif dans l'urgence.
"Je suis sincèrement désolé pour ta femme, mais si je ne l'avais pas fait, en plus d'être veuf, tu aurais aussi perdu ton enfant! Annonça le médecin à l'homme se tenant hagard devant lui. C'est une petite fille, elle lui ressemble beaucoup"
Il lui tendit le nourrisson mais l'homme ne réagis pas, il contourna le médecin sans même un regard sur sa fille et se jeta en pleure au pied du lit où gisait le corps mutilé de sa femme. De ce jour et jusqu'à sa mort, les relations entre lui et sa fille furent à jamais faussées.
La petite fille c'était encore une fois isolée à la lisière de la forêt qui bordait son village. Elle ne supportait plus les complaintes incessantes des veilles femmes, pas plus qu'elle ne les comprenait :
- Haaaa, comme Asmodea est lugubre et froide! Ce plaignait la première.
- Et ces maudits traîtres qui eux vivent dans un paradis luxuriant et lumineux pendant que nous, nous sommes depuis des siècles contraint de vivre dans ce monde hostile! Renchérit une seconde, visiblement furieuse.
- Oui, c'est une épreuve quotidienne que de survivre ici. Ses terres semblent maudites! Gémit une troisième.
Pour l'enfant se fût trop, elle s'était levée d'un bon et avait fusillé les trois vieilles de ses yeux rouges sang! Celles-ci semblaient à la fois effrayées et peinées de la réaction de cette petite fille qu'elles adoraient, Myria leurs tourna le dos et partit en courant en direction de la forêt. Maintenant assise sur une souche morte la jeune fille ruminait sa colère, elle ne comprenait pas, elle ne concevait pas que l'on puisse ne pas aimer cette terre qui était la sienne! Elle était viscéralement attachée à son pays, elle avait parfois l'impression de n'être née que pour Asmodea mais Myria était sûre d'une chose : un jour elle mourra pour elle!
Les jambes de la petite fille se balançaient nerveusement dans le vide tandis qu'elle trépignait d'impatience sur une chaise, une délicieuse odeur se répandait dans toute la cuisine :
- Calme-toi un peu! Mes gâteaux ne vont pas cuirent plus vite comme ça tu sais! Se moquât gentiment la vieille voisine venue garder Myria.
- Mais j'ai faaaiiim! Fit la petite fille d'un air faussement suppliant. Dis, tu m'apprendras à les faire s'il te plait? Pour Bodolzer!
La vieille soupira, entendre une enfant de cinq ans appeler son père par son prénom était une chose à laquelle elle ne s'habituait pas! Elle acquiesçât néanmoins et soupira de nouveau, bientôt cette enfant n'aurait plus besoin de ses soins et pourrait se débrouiller toute seule quand son père partait à la chasse, et cette pensée la rendit un peu nostalgique.
- Tiens ma petite Daeva! Fais attention, c'est chaud!
- Dis, ça veux dire quoi Daeva? Tout le monde m'appel comme ça au village et je sais même pas ce que c'est. C'est quoi comme bête? Bodolzer en a jamais ramené de la chasse!
- Hahaha! Mais c'est pas un animal voyons! La vieille dame retient un nouveau fou rire devant l'expression de la fillette. Les daevas sont des êtres divins, à mi-chemin entre les humains et les dieux!
Myria faillit s'étrangler avec le biscuit qu'elle était en train de manger, elle avait bien compris que ce surnom que tout les villageois employaient pour la saluer était un compliment... Mais de là à la comparer avec une demi-déesse!
La tête baissée, la petite fille observait avec la plus grande attention le sol tout en avançant le plus silencieusement possible. Derrière elle, son père scrutait les moindres geste de l'enfant, un arc déjà armé d'une flèche :
- Alors? Chuchota-t'il à l'adresse de Myria. Tu ne semble pas douée pour suivre une piste! Pourtant la bête est blessée, ce devrait être facile!
- Là! Elle désigna une brindille cassée. Je pourrais l'achever? S’il te plait Bodolzer! La fillette tourna vers son père des yeux remplis d'espoir.
- Non! La réponse, sèche, ne se fit pas attendre. Tu n'as pas encore assez de force pour bander un arc! Estimes-toi heureuse de m'accompagner, c'est déjà un miracle que tu puisses suivre une piste sans te faire remarquer à ton âge alors contente-t'en pour l'instant. Il passa devant la petite fille et se lança à la poursuite de la proie.
Myria sourit, son père lui avait certes refusé de se servir de son arc de chasse, mais d'une certaine manière il venait de lui faire un compliment, il avait reconnu qu'elle était plutôt douée pour son âge et cela lui suffisait amplement. Depuis toujours la fillette avait compris que le crime commis à sa naissance empêchait son père d'être vraiment proche d'elle, mais malgré cela il lui avait enseigné la chasse et lui avait appris à connaître toutes les plantes de la forêt et leurs secrets. Ces parties de chasses partagées étaient pour elle des moments privilégiés où elle se sentait proche de ce père qui, malgré la douleur de la perte de l'être aimé, l'avait gardé à ces côtés.
Ses yeux rouges rivés sur la cible, Myria tira sur la corde de son arc, visa et décocha une flèche qui vient se ficher en plein centre... D'une autre flèche! La jeune fille rabaissa son arme, un léger sourire aux lèvres, elle venait de réussir après tout ces jours passés à s'entraîner derrière la maison familiale. Bodolzer ne pourrait plus lui refuser le droit de chasser elle aussi! Elle se retourna et fit face à son père avec une certaine fierté :
- D'accord, tu as gagné. Soupira-t'il. J'ai fait une promesse, tu pourras tuer du gibier toi aussi!
Il partit sans attendre de voir la réaction de sa fille en direction de la forêt, Myria à ses trousses. La chasse se poursuivie tard dans la nuit, le sanglier qu'ils traquaient se montrant particulièrement coriace. Ils réussirent à l'acculer aux abords d'une falaise mais celui-ci, dans un ultime effort désespéré pour survivre, se ruât vers celui des deux chasseurs qui semblait le plus faible : Myria! La fillette armât son arc et décochât une flèche mortelle en direction de la bête malheureusement, emportait par son élan, le sanglier continua sa course et vient éperonner l'enfant. A son réveil, dans son lit, elle surprit une conversation entre le médecin du village et son père :
- Je n'ai jamais vu ça! Sa plaie est presque entièrement refermée, sans que j'ai eut à faire quoi que ce soit!
- Arrêtes tes conneries, c'est impossible quelqu'un qui se remet si vite! La voix de Bodolzer semblait tremblée de colère. T'es vraiment un foutu charlatan!
- Je te dis qu'elle n'a rien que je puisse soigner! S'offusqua le médecin. Aucun humain ne peut... Non, pas possible... Mais alors! C'est vraiment une Daeva! Un silence de mort tomba alors sur la maison.
Myria se leva avec une boule de plomb au fond du ventre, elle connaissait bien cette sensation et n'avait pas besoin de regarder un calendrier pour savoir qu'aujourd'hui elle serait seule à la maison. C'était son septième anniversaire ce matin et, comme pour les précédents, son père serait absent. Elle ne lui en voulait pas, il était normale que pour lui ce jour représente avant tout celui de la mort de sa femme, et c'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle n'aimait pas sa date de naissance. Elle ramenait sans cesse la jeune fille à son crime et c'était le poids de sa culpabilité qui lui pesait chaque année dans le fond de l'estomac! Pourtant, avant de partir son père lui laissait toujours un cadeau d'anniversaire sur la table de la cuisine, sans mot ni emballage, mais la fillette était à chaque fois très émue de cette attention. Elle descendit l'escalier et se dirigea encore ensommeillée en direction de la pièce principale pour se préparer son petit déjeuné et là, posé sur la table, l'arc de chasse favori de son père!
- Qu... Quoi?! Elle écarquilla de grands yeux. C'est mon cadeau ça! Un sourire radieux illumina son visage.
Elle saisi l'arme et se ruât dehors sans prendre le temps de déjeuner. Myria passât toute la journée et toute l'après-midi à s'entraîner au maniement de cet arc, particulièrement difficile à manipuler! Bodolzer avait pris l'habitude de lui faire des cadeaux d'anniversaire "utiles", tel un livre d'herboristerie ou encore un poignard de lancé, et la fillette se faisait un devoir de savoir s'en servir au retour de son père, comme pour le remercier de son présent.
La nuit était tombée depuis fort longtemps déjà et le repas qu'avait préparé Myria était devenu glacial. Elle se frotta les yeux et s'étira, il était déjà arrivé par le passé que son père ne rentre que le lendemain, aussi c'est sans inquiétude que la jeune fille monta se coucher. Le lendemain, on frappa à la porte de bonne heure. Le maire du village se tenait là, l'air grave et triste, il était accompagné d'un chasseur qui accompagnait parfois Bodolzer dans ses traques. Celui-ci s'agenouilla et serra Myria dans ses bras en pleurant à chaudes larmes. Dès qu'elle les avait vu, elle avait compris sans qu'ils aient prononcé le moindre mot, ils lui expliquèrent ce qui était déjà une évidence mais elle n'entendit rien à part quelques mots comme "Certainement les Maus", "il n'avait aucune chance" ou "je suis tellement désolé". Elle fût ensuite conduite, avec toutes ses affaires, à l'orphelinat de la ville voisine sous les pleures de nombreuses personnes qu'elle n'arrivait pas à reconnaître dans son état.


Alors, il l'avait fait. Il avait rejoins sa femme en abandonnant sa fille derrière lui! Toutes ses années, il ne l'avait élevée que pour qu'elle soit au plus vite autonome et qu'il puisse se suicider sans éprouver de remords! On avait beau lui avoir expliqué qu'il s'agissait d'une terrible tragédie de chasse, Myria savait pertinemment où était la vérité, elle l'avait toujours sut mais ne se l'était jamais avouée à elle-même. Pour une enfant si jeune, admettre que son père n'éprouvait aucun amour envers elle était difficile, voir impossible, mais maintenant qu'elle devait y faire face, la vérité était bien cruelle. Sans s'en rendre compte, elle se leva de son lit et se dirigea vers la fenêtre ouverte du dortoir et, avant qu'aucun des enfants présents dans la pièce ne puissent réagir, elle bascula vers le vide!
Sa chute ne dura que quelques secondes pourtant elle lui sembla étrangement longue, elle eut l'impression bizarre de planer, de se diriger vers le ciel d'encre d'Asmodea plutôt que vers le sol. Elle se sentie comme enveloppée d'une joie indescriptible et puis soudain, un douleur vive et glaciale lui transperça le dos, puis se fut le choc, le trou noir! A son réveil, deux jours plus tard, une grande femme, toute de rouge vêtue, élégante et gracile se tenait à son chevet. Elle regarda Myria avec un sourire un peu triste et remplit de compassion, elle glissa ses longs doigts effilés dans la chevelure d'émeraude de la fillette :
- Myria, c’est ça? C'est un bien joli nom! Elle continuait de sourire calmement. Petite Daeva, veux-tu venir avec moi?



à suivre...
Avec la mort pour avenir

Interlude



La pâle lueur du jour d'Asmodea pointée à peine à travers l'étroite fenêtre de la petite chambre. La fillette dormait profondément quand la porte s'ouvrit soudain à la volée :
- Debout la dedans! fit une voix tonitruante sur un ton guilleret.
- Voyons Lapramiz... Tu veux que la petite fasse un arrêt cardiaque?! Une femme, fine et élancée, s'avança avec grâce vers la petite fille, encore tremblante après cette entrée en fanfare. Myria, ma chérie, aujourd'hui il faut que tu te prépare et que tu nous rejoignes très vite dans la cour. Tiens, voici des vêtements propres.
Elle passa ses longs doigts effilés dans la chevelure couleur émeraude de la fillette et lui tendit un petit paquet d'une blancheur immaculée avec un sourire tendre. Soudain parfaitement réveillée, la jeune fille regardait, avec un mélange d'étonnement et d'émerveillement, la boule de tissu que sa mère adoptive lui avait posé sur les genoux avant de partir.
- Et dépêche-toi, sinon on te laisse ici! Fit, dans un grand éclat de rire, la colosse en refermant la porte qu'elle avait manqué de fracturer il y a peu. Sybille et moi on t'attend en bas, ma fille.
Dés le loquet tiré, la petite fille ne put retenir un cri de joie!


La marche durait depuis des heures déjà mais aucune des femmes, jeunes ou moins jeunes, ne se plaignaient. Toutes avaient même le sourire aux lèvres et bavardaient joyeusement, elles avançaient tel une procession écarlate à travers les sombres terres d'Asmodea. Seule Myria, de par sa petite taille et la blancheur immaculée de ses vêtements, tranchait dans cette masse couleur sang. A ses côtés une femme fine et élégante, la peau bleue nuit et les cheveux d'ivoire, regardait la petit fille d'un air un peu tendu en lançant de temps à autre un œil vers une géante à la stature imposante, qui semblait presque au bord de l'hilarité. La petite troupe arrivât enfin à une clairière encerclée d'arbres étroitement serrés, là les attendaient deux femmes également vêtues de rouges entourant un prisonnier à genou. La blancheur des ailes de ce dernier ne laissait aucun doute quand à sa nature d'Elyséen :
- On te l'a gardé en vie exprès pour toi, petite! Lançât avec un ricanement sadique l'une des geôlières.
- Par contre il est plus tout frais. Fit dans un éclat de rire la seconde en donnant un grand coup de gourdin dans les côtes du prisonnier.
- Que la cérémonie de confirmation commence! Hurlât Lapramiz suivie de près par les acclamations du reste de la troupe.
Alors que toutes ses compagnes étaient disposées en cercle autour d'elle, Myria se tenait face au prisonnier avec un mélange d'appréhension et d'excitation un couteau à la main, derrière elle se tenaient ses deux mères adoptives. D'un geste à la fois rapide et précis, la fillette tranchât net la gorge de l'Elyséen, le sang giclât et inondât la robe de cérémonie immaculée d'un flot écarlate. Lapramiz s'avançât alors vers le cadavre et, à l'aide d'une hachette, lui découpât le torse pour en extraire le cœur puis le tendit au dessus de la tête de la petite fille. Sybille, quand à elle, s'agenouillât devant sa fille et posât ses mains sur les joues ensanglantées de l'enfant. Un liquide tiède dégoulina du sommet du crâne de Myria sur son visage et jusque dans son cou, au même instant elle se sentit comme projetée dans une autre dimension.
Une terre rouge à perte de vue, une colline se découpant du ciel de ténèbres, une femme vêtue de rouge, tenant de longues dagues d'onyx, déployât de grande ailes noires et, brillant au dessus d'elle, deux croissants de lune couleur améthyste enchâssés l'un dans l'autre. Plus la scène se rapprochait, moins les contours de la femme étaient précis, comme si Myria regardait la scène à travers du verre dépoli. Puis un grand éclair déchirât la vision et Myria se retrouvât face aux yeux révulsés de sa mère, cette dernière sursauta comme si quelqu'un l'avait réveillée un peu trop brutalement :
-Un ange... Rouge comme le sang... Balbutiât-elle. L'ange rouge, voilà ton nom de baptême au sein des Furies Ecarlates!
Depuis sa confirmation à l'âge de dix ans, plus de cinq années s'étaient écoulées et Myria désespérait de n'avoir toujours pas d'ailes tout comme elle désespérait d'être de si petite taille et d'avoir une peau aussi diaphane. Avec son abondante chevelure verte qui masquait ses oreilles pourtant longues et effilées, beaucoup des femmes composant l'esquade de la Dame Noire Iréa s'étaient moquées d'elle en insinuant que son surnom d'ange n'était peut-être pas si éloigné que ça de la vérité! La plupart s'en était d'ailleurs vite mordu les doigts car dans ces cas là l'adolescente entrait toujours dans une rage folle que peu de personne pouvait maîtriser. Mais la crise la plus mémorable avait été provoquée bien involontairement, au court d'une conversation anodine, par une nouvelle recrue dénommée Locklann :
-Je ne vois pas pourquoi nous devrions avoir honte de nous servir de nos charmes comme d'une arme! Avait rétorqué, un peu énervée, une guerrière des Furies Ecarlates à Myria. Si les mâles sont assez stupides pour tomber dans le panneau autant en profiter, non?
-Tu n'as donc aucune fierté? La jeune femme fusilla du regard sa compagne d'arme. Le seul homme qui me touchera, il faudra d'abord qu'il arrive à me battre dans un combat singulier!
-Et si c'est un Ely qui te bat? Avait lancé Locklann sur le ton de la plaisanterie.
-Qu'est-ce que tu viens de dire!!! Hurla Myria.
Sans trop comprendre se qui venait de se passer, la jeune recrue se retrouva plaquée au sol et un éclaire noir lui laissât une vive brûlure sur l'œil gauche. Elle poussât un cri de douleur et d'effroi en tentant tant bien que mal de se dégager, elle déployât ses ailes pour se mettre hors d'atteinte de l'adolescente mais c'était peine perdue car un second éclaire noir siffla juste à côté de sa tempe :
-Lapramiz! Hurla folle de rage Sybille qui s'était envolée aux côté de Locklann pour la soigner. Maîtrise moi cette furie avant qu'elle ne fasse un massacre!!!
-Plus facile à dire qu'à faire figure-toi! Répliqua la colosse en enserrant, avec beaucoup de difficulté, Myria qui se débattait comme un diable pour tenter d'atteindre sa cible.
Tenant toujours sa fille étroitement enlacée dans ses bras musculeux, Lapramiz s'envolât en direction du lac afin d'y lâcher Myria, histoire de lui remettre les idées en place. Encore sous le choc et chancelant sous l'effet de la douleur, Locklann se posa au sol suivie de près par Sybille :
-M... Mais que... qu'est-ce qui lui a pris? Balbutia-t'elle. Je voulais juste rigoler!
-Il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas! Lâcha sèchement la capitaine à sa recrue.
La troupe avait été mandée à Pandaemonium, la capitale d'Asmodea, par le haut commandement pour un rapport sur leur dernière mission menée contre un noblion qui avait osé fomenter un complot contre la Grande Matriarche. Myria était réellement heureuse, c'était la première fois que ses mères, qui étaient aussi ses supérieures hiérarchiques, avaient accepté que la majorité de l'unité les accompagne et l'adolescente comptait bien en profiter pour faire le tour complet de la cité. Devant les hauts murs qui entoure la capitale, une vielle chanson dans l'ancienne langue Asmodéenne, que lui avait appris Sybille, lui reviens en mémoire et elle ne put s'empêcher de chanter :
-Géante ces murailles/Bâties de pierres et de sang!
-Plus hautes que les batailles/défiant le poids des ans! Avait répondue une petite voix fluette derrière Myria.
Quand celle-ci se retourna, elle vit une jeune Shûgo au pelage brun sombre et visiblement vêtue de riches habits de noble en train de dessiner la cité. Les deux adolescentes sympathisèrent en un seul regard et elles passèrent les heures suivantes à chanter dans cette veille langue aujourd'hui oubliée, Myria dansant et la jeune Shûgo la dessinant. Au bout d'un certain temps, une foule assez importante c'était regroupée autour des deux troubadoures improvisées, parmi eux une femme dissimulée sous une grande cape de couleur rubis regardait avec beaucoup d'intérêt la jeune Daeva :
-Myria! Hurla alors la voix réprobatrice de Locklann. On va se faire tuer par les chefs si on traîne, tu le sais pourtant! Fit-elle plus bas en agrippant le bras de la jeune fille.
Myria se retournât pour faire un signe de la main à la Shûgo, qui lui répondit par un sourire en tendant une esquisse de la Daeva lui faisant ainsi comprendre que, la prochaine fois qu'elles se croiseraient, elle finirait son portrait.
Lapramiz et Sybille essayaient, apparemment sans grand succès, d'expliquer à Myria le pourquoi de ce test totalement stupide à ses yeux et que la commandante voulait lui faire passer :
-Je refuse, j'ai pas besoin de ça pour faire correctement mes missions!
-On sait. Soupira Sybille. Mais ça fait aussi parti de tes enseignements et la commandante Tristana voudrait tester tes capacités.
-Et puis pourquoi on discute là? C'est un ordre, un point c'est tout! Aboya Lapramiz visiblement à court de patience, comme à son habitude.
Et voilà comment Myria, toujours accompagnée de Locklann avec qui elle s'était depuis longtemps réconciliée, s'était retrouvée à danser seule sur une table de taverne devant un public majoritairement masculin et aviné. Elle avait entamé la danse des lames où le jeu consiste à lancer, rattraper et faire tournoyer deux grandes dagues d'apparat en rythme avec la musique et les chants du barde. Si la plupart des gens présents regardaient le spectacle avec intérêt, un homme attablé au fond de la salle avec d'autres personnes eut une réflexion qui parvient jusqu'aux oreilles de Myria :
-Pfff! J'vois pas se qu'ils ont à s'extasier devant une pseudo-Elyséenne!
Un sifflement se fit entendre et l'homme bondit juste à temps de son siège pour éviter une des dagues qui lui érafla la tempe, lui coupant au passage quelques un de ses cheveux noirs :
-Oh par Aïon! Je suis désolée, elle m'a échappée des mains! Fit Myria sur un ton qui se voulait profondément choqué. Vous n'avez rien j'espère!
-Espèce de sale petite... Siffla l'homme entre ses dents.
-Ho, ça va! Tu vois bien qu'elle ne l'a pas fait exprès! Lui lança un des client de la taverne. Alors reste poli avec la demoiselle!
-Pourriez-vous me rendre ma dague pour que finisse ma danse. Myria le regarda avec un air de défit en tendant la main.
L'homme se retournât, arrachât la lame plantée dans le pilier derrière lui et la jetât aux pieds de la jeune fille, Locklann et la plupart des hommes de la taverne se levèrent d'un même mouvement. De longues secondes s'écoulèrent, durant lesquelles Myria et l'homme se fixèrent droit dans les yeux comme une sorte de défit :
-Je me suis suffisamment montrée en spectacle comme ça! Fit l'adolescente d'un ton irrité.
Elle descendit de la table et sortit de la taverne sans quitter des yeux l'homme qui l'avait insulté. Si l'établissement n'avait pas été aussi peuplé, elle aurait réglé ça coup de poignards!
Elle avançait d'un pas vif et énervé le long des rues de la capitale :
-Myria, attend. Mais attend-moi bon sang! Fit à bout de souffle Locklann.
-Tu peux me dire en quoi je ressemble à un de ces pigeons! La jeune fille s'était retournée si brusquement que son amie faillit en tomber à la renverse. Alors simplement parce que je suis petite avec la peau diaphane, je suis bâtardée avec ces traîtres c'est ça! Pas de ma faute si dans le trou paumé d'où je viens ils étaient tous des consanguins, même mes géniteurs étaient cousins au second degrés!!! Encore heureux que je m'en tire qu'avec ça comme tare parce que je suis Daeva!
-Je sais merci, pas besoin de passer tes nerfs sur moi! L’air irrité de Locklann se radoucit quelque peu devant la tristesse de son amie. Tu sais, tu ne devrais pas prêter attention à ce que disent les autres comme ça. Moi je trouve que tu ressemble vraiment à une Asmodienne... Elle voulut poser une main sur l'épaule de Myria mais celle-ci se désista.
-Désolée mais je ne suis pas comme mes mères, grande sœur.
-Grande sœur... La voix de Locklann semblait éteinte. C'est déjà ça de pris. Dit-elle avec un sourire triste.
Un grand brouhaha s'élevait de la salle où Myria devait entrer, dans tout ce vacarme elle reconnut les voix de ses mères et en distinguât une troisième totalement inconnue. Quand elle se décidât à pousser la porte, elle vit les trois femmes visiblement sur le point de s'entre-tuer et son arrivée les fit visiblement sursauter :
-Ah tu es là! Pas trop tôt! Elles ne t'ont pas appris la ponctualité ou quoi!
-Tristana! Sybille semblait sur le point de lui sauter à la gorge.
-Commandante Tristana! Rectifiât-elle pour lui clouer le bec. Et cesse de m'interrompre veux-tu! Bon, Myria c'est ça? Visiblement, on a un petit problème avec toi! Tu ne te rends pas compte de l'énorme gâchis que tu fais de tes capacités.
-Comment ça?!
-Ah non, ne t'y met pas toi aussi! Aboyât-elle. Tu parleras si je t'en donne l'autorisation, c'est tout! Elle prit une profonde respiration. Tu vas devoir passer l'épreuve comme beaucoup d'autre avant toi. Et c'est un ordre direct de ma part! Fit-elle à l'adresse des deux femmes derrière elle.
Cela faisait bien des années que Myria n'avait pas porté des vêtements d'une couleur autre que le rouge sang et la raison pour laquelle ceux-là étaient d'une blancheur immaculée, voir virginale, lui donnait la nausée! On lui fit boire un liquide nauséabond et extrêmement désagréable avant que Sybille ne vienne la chercher :
-Tu sais, cette potion n'est pas si horrible. Quand tu pense qu'elle t'évite un charcutage en urgence. Moi je n'ai pas eu ce droit...
Un certain malaise saisit la jeune femme, sa mère n'évoquait que très rarement sa vie et Myria préférât éviter de lui en demander plus. On la conduit le long d'un interminable couloir qui menait à un sombre et étroit escalier en colimaçon, ce dernier s'enfonçait loin en dessous du manoir pour aboutir aux cachots souterrains où était torturer puis exécuté, dans le plus grand secret, Elyséens mais aussi Asmodiens qui osaient se mettre en travers de la route de la Dame Noire et de sa troupe, les Furies Ecarlates.
Au fond de la cellule, un Elyséen était attaché par de lourdes chaînes au mur de pierre humide du souterrain. Ses ailes, sorties dans son dos, avaient été fracturées à plusieurs endroit et formaient un angle bizarre. L'homme était maladivement amaigri et couvert de plaies encore ouvertes, visiblement il venait juste d'être torturé. Myria refreinât un violente envie de vomir à l'idée de ce qu'elle devait faire, elle s'approchât presque à reculons du prisonnier avec un bol d'eau dans lequel une éponge flottait. L'homme s'aperçut de sa présence et eut d'abord un mouvement de recule :
-Foutaient moi la paix catins de... Il s'arrêta net en apercevant Myria. Dans la pénombre de la petite geôle, avec ses vêtements blancs aux manches amples cachant ses longues griffes et ses cheveux émeraudes tombant en cascade autour de son visage qui masquaient en partie ses oreilles, l'homme eut du mal à reconnaître une Asmodienne. Qu'est-ce que vous faites là? Vous... Vous devez partir avant que ces démones...
-Chuuut!
La jeune fille se pencha excessivement en avant pour lui passer l'éponge dans la nuque, montrant ainsi au travers de son immense décolleté une partie de sa poitrine naissante.


La porte du bureau de commandement s'ouvrit à la volé, Myria entrât dans la pièce d'un air déterminé et s'avançât jusqu'à une Tristana soudain devenue livide tout comme ses mères qui attendaient là le retour de leur fille :
-Mais... Mais, tu es couverte de sang!!! S'étrangla-t'elle. Qu'est-ce qui... La jeune fille coupât net la conversation en lui jetant au visage le cœur encore chaud du prisonnier.
-Maintenant si vous me le permettez mon commandant, je vais aller vomir avant de prendre mon bain. Elle tourna les talons et se dirigea vers la sortie puis se figea à mi-chemin et regarda en direction de Tristana toujours hébétée. Si cela ne pose pas de problème bien sûr! Elle eut alors un sourire presque carnacié et découvrit des dents, semblable à des crocs, couvertes de sang.
Une fois la porte refermée, une violente dispute éclata et la dernière phrase que Myria entendue avant de tourner dans le couloir fut de la commandante :
-J'ai fais ça pour qu'elle serve au mieux les intérêts de notre Grande Matriarche! Vous devriez m'en être reconnaissante!
Une cri de rage, semblable à un rugissement, couvrit soudain les appels de détresse de Tristana. Myria sourie avec un petit air de triomphe, de ses deux mères la plus dangereuse n'était pas celle que l'on aurait put croire!



à suivre...
Avec la mort pour avenir


Outro



Une pale lueur bleutée émanait des nénuphars géants parsemant ci et là le lac. En son centre, un arbre millénaire trônait massif avec son large tronc et son feuillage bleu-violacé. Myria s'avançait lentement, prudemment tapie dans les hautes herbes vers son objectif. Arrivée au bord de l'étang, elle s'élançât soudain en courant en direction d'un groupe de grands oiseaux au plumage chatoyant. Ceux-ci, surpris par l'irruption de la jeune fille, s'envolèrent d'un même mouvement dans un bruit assourdissant de bruissement d'aile. L'adolescente, le visage dirigé vers le ciel de nuit éternelle d'Asmodea, regarda les oiseaux s'envoler en riant aux éclats. Elle tournait sur elle-même, les bras grands ouverts, en continuant à rire quand des larmes roulèrent sur la peau de ses joues blafardes :
- Le jour où tu pourras voler, jamais plus tu ne redescendras!
- Maman!!! Myria se retourna pour faire face à l'imposante stature de Lapramiz.
- Pourquoi ces larmes? Tu as bien le temps pour ça, tu es encore jeune.
- Les Daevas obtiennent leurs ailes après leur première résurrection et moi, depuis ma première mort, il s'est écoulé neuf ans!!! La voix de la jeune fille était à moitié étranglée par les sanglots. Pourquoi je ne peux toujours pas déployer mes ailes et m'envoler?
- Il ne suffit malheureusement pas de mourir puis de renaître pour que nos ailes apparaissent. Lapramiz soupira. Tu le sais, seule une épreuve particulièrement douloureuse et traumatisante peut nous révéler à nous-mêmes.
- Ha! Parce que jusque là, ma vie a baignée dans la joie et l'allégresse peut-être?! Elle fût coupée net par la réplique de sa mère.
- Justement! Tu peux comprendre que ton autre mère et moi, on ne soit pas vraiment pressées de te voir voler!!!
- ...


Une grande animation agitait la petite troupe dirigée par Sybille et sa compagne. Tôt le matin, une messagère s'était présentée au campement avec une missive portant le sceau de la Grande Matriarche elle-même, et depuis toutes les guerrières étaient en effervescence. Ici les archères taillaient de nouvelles flèches pour remplir leurs carreaux, là les guerrières passaient en revu leurs armures et armes :
- Myria? Locklann fendit la foule en direction de la jeune fille. Tu en pense quoi de cette mission? Tout le monde en parle mais personne ne sais exact...
- Dagues de lancé, OK! Venin de scorpion, OK! Extraits de belladone, OK! Aiguilles empoisonnées, OK!
- Heu... Myria? Tu me fais peur parfois!
- Hmmm? L'adolescente releva la tête de sa liste, un peu surprise de voir sa camarade. Ho, salut Locklann! Je t'ai pas entendu arriver!
- J'avais vu, merci ça fait toujours plaisir! Bref, je voulais te demander si tu savais quelque chose à propos de cette mission.
- Aucune idée! Mais on va pas cracher sur un petit bain de sang quand même! Les deux jeunes filles partirent d'un grand éclat de rire.
Toutes les femmes de l'escadron s'étaient rassemblées devant la porte du quartier de commandement. Lapramiz et Sybille se tenaient là, l'air grave et attendant que le calme se fasse autour d'elles :
- Comme vous le savez toutes, un ordre de mission d'une extrême importance vient de nous parvenir. Commença Sybille. Nous sommes mandées en renfort afin de prendre une troupe d'Elyséens à revers, tandis que nos sœurs visées tenteront une sortie...
- Et ce dans le but de prendre ces félons en tenaille! Cria Lapramiz. J'espère pour vous que vous êtes toutes prêtes car nous prenons la direction de notre forteresse dans les abysses!!!
Un hurlement de fureur salua cette mission mais, dans la foule, Myria accueillit cette nouvelle avec une grimace de rage. Elle allait devoir rester sur place pendant que, pour la première fois depuis sa confirmation, ses compagnes d'arme partiraient sans elle pour le champ de bataille.
- Hey toi! Lapramiz saisit sa fille par la taille et la jeta sur une de ses épaules. Tu viens aussi. Pas de déserteurs dans les rangs!
Elle déploya alors d'énormes ailes membraneuses noires et s'envola pour rejoindre le reste de la troupe au dessus de leur camp.
La terre d'Asmodea devenait de plus en plus petite au fur et à mesure que sa mère s'élevait à grande vitesse dans les airs. Myria ne pouvait décrocher son regard de son pays natal, elle ne l’avait encore jamais vu d'une telle hauteur et était véritablement fascinée par le magnifique spectacle qui s'étendait sous ses yeux! Le vent frais de l'altitude sifflait à ses oreilles et s'engouffrait dans sa chevelure émeraude, toute une foule d'émotions se bouscula dans sa tête, elle avait à la fois envie de rire et de pleurer, d'éclater en sanglots et de hurler de joie. Soudain, un bras puissant la tira en arrière et la fit valser haut dans les cieux!
- Allez, hop! C'est moins ennuyeux comme ça, non?
La jeune fille et sa mère éclatèrent de rire ensemble tandis que cette dernière faisait voler sa fille dans les airs :
- Arrêtez ça immédiatement! Hurla Sybille. Lapramiz, tu es inconsciente ou quoi?! Tu n'as pas remarqué l'altitude à laquelle nous étions? Et puis cessez de faire autant de bruit, on s'approche des Abysses!
Le ciel se teintait de rouge à mesure que la troupe se rapprochait du centre du monde, la tension était telle qu'elle en devenait presque palpable. Un silence de mort planait maintenant autour des femmes en rouges, toutes concentrées vers un seul et unique objectif : l'élimination de la faction Elyséenne qui menaçait leurs sœurs d'arme! La troupe se posât en silence à l’abri d'un immense rocher, Lapramiz lançât vers l'avant Myria qui fit une roulade et se relevât avec une agilité presque féline :
- Hum... Vous vous étiez entraînées toutes les deux dans mon dos je suppose!
- Mais non voyons, Sybille! Fit Lapramiz avec un sourire gêné. On n'était pas que toute les deux... Locklann aussi était là!
Avec de petits rires et sous le regard inquisiteur de Sybille, la troupe se regroupât autour des deux capitaines pour recevoir les instructions de déploiement. Avec ses capacités de se fondre dans le paysage qui l'entoure, Myria fût désignée pour s'infiltrer au plus près de l'ennemi et annihiler les veilleurs éventuels. Une poignée d'archères la suivrait à distance pour la couvrir et lancer le signal de début des hostilités.
L'adolescente avançait silencieusement en direction de sa cible, tapie dans l'ombre des rochers qui parsemaient l'énorme bloc flottant où se trouvait la forteresse. Un guetteur Elyséen se trouvait là, parcourant du regard la plaine désertique. Tout en surveillant, il se retournât et c'est ce moment que choisit Myria pour frapper. Avec rapidité, elle s'élançât droit vers lui et lui plantât une de ses dagues dans le dos. Surpris, l'Elyséen écarquillât de grands yeux mais au moment de pousser un dernier cri, un éclair d'argent lui tranchât net la gorge faisant jaillir une gerbe de sang frais sur le plastron immaculé du veilleur. Soudain, surgissant tel un diable de sa boite, un deuxième guetteur se dressât armé d'un arc, il visa Myria mais avant d'avoir put décocher sa flèche, une autre se fichât droit dans son cœur. Une des archères accompagnant la jeune fille avait réagi au quart de tour mais en tombant, l'Elyséen lâchât la corde de son arc et la flèche vint se ficher droit dans la cuisse gauche de Myria qui ne s'en rendit pas tout de suite compte. Au-dessus du groupe, une autre archère des Furies Ecarlates envoyât un trait de carreau enflammé, signalant leur position et le début du combat au reste de la troupe.
Bien évidement, le signal alerta également la troupe Elyséenne qui se mit en mouvement, fonçant droit vers les intruses. Un sorcier sortit son grimoire et commençât à incanter pour lancer un sort sur une des archères, Myria se tournât en lui envoyât droit entre les deux yeux un couteau de lancé. Elle s'écroulât en même temps que le magicien, c'est en tentant de se relever qu'elle prit conscience de la flèche plantée dans sa jambe, un halo dorée l'enveloppât alors :
- Ma fille, cria Sybille en la survolant, je sais que tu ne ressens pas de douleur depuis bien longtemps mais fait quand même attention, d'accord!
Myria se redressât tant bien que mal pour disparaître aux yeux de tous, la bataille venait de s'engager.
La jeune fille filait, rapide entre les guerriers, ses dagues se plantant ça et là dans le dos des Elyséens. Ceux pour qui le coup n'était pas mortel, s'effondraient à cause du poison qui imbibait la lame de ses armes. Le combat faisait rage quand Myria reçut un violent coup dans le dos, la propulsant par terre, quand elle se retournât un Elyséen se tenait près d'elle avec son épée levée au-dessus de sa tête. Il s'apprêtait quand il comprit que l'expression d'horreur, qui se lisait sur le visage de la jeune fille, n'était pas du à son attaque. Levant le doigt vers le ciel, Myria ne put que pousser un hurlement d'effroi, elle n'en avait jamais vu mais cette apparition ne faisait aucun doute :
- Ba... BALAURDS!!!
Et soudain la bataille changeât de visage, les anciens ennemis se retrouvèrent ramenés à un même rang, celui de proies. Tandis que l'Elyséen fixé avec épouvante le vaisseau qui les survolaient, une ombre noires immense fonçât sur lui, une énorme masse d'arme fit voler sa tête dans un ruisseau de sang :
- Pas touche à ma fille enfoiré de pigeon!!! De sa main gigantesque, Lapramiz saisit Myria par le col et la remis debout. Va te mettre à l’abri. Vu que tu peux pas voler, t'es une proie facile!
Elle fit un mouvement brusque et projeta sa fille un peu plus loin, à l'écart de la bataille.
De partout, les balaurds faisaient des ravages, avançant sans difficulté apparente au milieu des troupes des Furies Ecarlates et Elyséenne alliées temporairement devant la menace. Certains s'envolèrent en direction du vaisseau-mère pour cueillir les fantassins du peuple draconique dès leur sortie, mais cela ne fit qu'aggraver la situation. En réponse à cette tentative, les canons du vaisseau se mirent à tirer sur à peu près tout ce qui se trouvait sur le champ de bataille! Devant un tel carnage, même ceux qui pouvaient voler n'étaient plus à l'abris. Myria se décidât à sortir de son abri pour attaquer des balaurds, quitte à mourir autant emmener le plus de monde avec elle.
Un énorme Balaurd se dressât devant elle, rapide, Myria lançât un de ses poignards empoisonnés dans l'œil de son adversaire et évitât son attaque en roulant sur le côté. La bête, furieuse, s'apprêtait à frapper de nouveau quand une boule de feu d'une puissance incroyable vint le brûler vif. Se retournant, la jeune fille découvrit le visage de sa sauveuse, une Elyséenne aux longs cheveux roux. Tout d'un coup, un cri transperça le brouhaha assourdissant de la bataille :
- A terre! Vite!!!
Une paire d'ailes d'une blancheur immaculée fonçât droit sur elles et les enveloppât au moment même où un rayon vint frapper le sol à grand fracas! Myria fût plaquée à terre, soufflée par la déflagration et écrasée par le poids de la cuirasse de l'Elyséen. Elle sentit couler le long de sa tempe un liquide chaud et la dernière chose qu'elle perçut avant de sombrer dans les limbes fût les cris désespérés de la magicienne Elyséenne au-dessus du cadavre de son compagnon et une immense ombre noire et menaçante se dessinant derrière elle. Une éternité s'écoulât.
A son réveil, Myria errât l'air absente, au milieu d'un lac rouge. Une odeur écœurante, de charognes et de mort, flottait tout autour d'elle, pesante, entêtante, presque lourde et palpable. Myria avançât, sans but précis, au milieu de ce lac de sang, ça et là semblable à des îlots, les formes noires des cadavres se dissociaient de l'horizon écarlate qui baignait les Abysses, donnant véritablement l'impression que le monde tout entier qui l'entouré avait été souillé du sang des victimes de ce carnage.
Comment tout cela avait-il commencé? Elle était littéralement assaillie par un flot incessant d'images et de questions, qui s'entre-choquaient et explosaient dans sa tête sans trouver ni de sens ni de réponse. Pourquoi une mission, d'apparence si simple, avait-elle tournée au carnage? Pourquoi? Comment? Un liquide chaud ruisselait près de ses tempes mais cela faisait bien longtemps que Myria ne ressentait plus aucune douleur physique, ni sa blessure au crâne ni la plaie à sa jambe gauche ne l'atteignaient. Pourquoi tout ceci? Pourquoi elles? Et pourquoi était-elle encore en vie? Elle trébucha contre le corps inerte d'un cadavre et la dernière image qu'elle eut de ce champ de ruine fut une aile noire immense, percée d'un énorme trou béant, tordue par un ultime spasme de douleur. "Lapramiz...". Un tourbillon de souvenir l'emporta et elle perdit à nouveau conscience tandis qu'une douleur telle qu'elle n'en avait plus ressenti depuis des années lui déchira le dos.
Retrouvant connaissance pour la seconde fois, Myria se redressât tant bien que mal pour se retrouver de nouveau devant le cadavre d'une de ses mères. Comme si son esprit refusait en bloc cette image, la jeune fille tournât machinalement les yeux et, sans même s'en rendre compte, se remis en marche au milieu du silence de mort des restes du champ de bataille. Soudain son regard fût accroché par une silhouette fine et gracile empalée sur un pic rocheux, cette silhouette Myria ne la connaissait que trop bien. "Sybille...". Ses yeux s'ouvrirent en grand, mais aucune larme n'y coulât, comme si le choc du combat l'avait anesthésiée. Promenant de nouveau son regard parmi les cadavres, elle comprit l'horreur de cette attaque. Partout autour d'elle, Myria reconnaissait les corps de ses compagnes d'arme. Elle fit un pas en arrière quand elle sentit sous son pied comme des éclats de verres, baissant les yeux la jeune fille aperçut une orbe brisée tenue par une main gantée de pourpre... Une main mais pas de corps, une main portant les gants rouges brodés de Locklann!
L'esprit de Myria sembla vaciller, elle restait là, immobile et sans réaction. Elle n'entendit pas les battements d'ailes se rapprochant de plus en plus près d'elle, pas plus qu'elle n'entendit les cris des Daevas qui s'étaient posés non loin. Elle ne sentit pas leurs bras l'enlacer ni les embrassades de ses congénères heureuses de trouver quelqu'un de vivant au milieu de ce cimetière. Myria ne comprenais pas ces manifestations de joies, pour elle cette scène était totalement irréelle, elle se dégageât de leurs étreintes à la façon d'un automate mais elles la tirèrent en arrière et deux d'entre-elles la saisirent par les bras pour l'emmener dans les airs. Comme si son cerveau se réveillait soudain, Myria tentât de se dégager une nouvelle fois de leurs étreintes et tendit la main vers les corps sans vie de ses compagnes, elle voulut pousser un cri mais c'est un flot de sang qui jaillit de sa bouche tandis qu'une douleur indescriptible lui fendit le dos en deux. Pour la troisième fois, Myria perdit connaissance!


A son réveil, la jeune fille se trouvait étendue sur le ventre dans le lit d'une chambre qu'elle ne connaissait pas. Elle voulut se redresser mais la douleur de son dos se fit si intense qu'elle en perdit l'équilibre et tombât à plat ventre contre le dallage en pierre de la pièce. Elle voulut crier mais il lui était même impossible de respirer! Elle suffoquait et haletait, incapable de faire entrer de l'air dans ses poumons. S'appuyant sur un coude, elle aperçut un bandage qui lui couvrait toute la poitrine, Myria se mit à les déchirer avec ses griffes de façon hystérique. Elle rampât en direction d'une armoire dont la porte était recouverte par un énorme miroir, ses mains glissant contre la paroi lisse, la jeune fille réussit à se mettre à genou. Ses yeux se dirigèrent vers son reflet, une énorme masse noire se déployât alors derrière elle. Une masse noire et... Couverte de plume! "Le jour où tu pourras voler, jamais plus tu ne redescendras!". Un cri comme elle n'en avait jamais poussé s'échappât de sa gorge, alertant les gardes en faction dans le couloir.
Quand les femmes soldats entrèrent dans la chambre, affolées par le hurlement de Myria, elles se figèrent d'effroi et de dégoût devant les ailes de l'adolescente :
- Mais... Qu'est-ce que...
- C'est quoi ces horreurs! On dirait des ailes d'Elyséen ça!
Le visage de Myria se tournât, ruisselant de larme vers les deux femmes en rouges qui venaient d'entrer. "Le jour où tu pourras voler, jamais plus tu ne redescendras!". Elle se figeât d'horreur devant l'air écœuré des soldats, comme si tout son corps était pris dans la glace. "Le jour où tu pourras voler, jamais plus tu ne redescendras!". Elle aurait voulu disparaître sous terre, être foudroyée sur place, mourir dans l'instant, tout mais ne pas avoir à supporter ce regard-là! "Le jour où tu pourras voler, jamais plus tu ne redescendras!". La phrase de Lapramiz se répercutait, jusqu'à la rendre malade, en échos dans son crâne de façon douloureuse.
Dans un coin peu éclairé de la petite chambre, dans les ténèbres d'un angle, une ombre sembla se dessiner. D'abord floue puis de plus en plus distincte, une femme d'une élégance presque irréelle en sortit de la manière la plus naturelle qui soit. Sentant une présence dans leurs dos, les femmes se retournèrent pour se figer en instant sur place avant de tomber à genou devant la femme en noire qui se tenait devant elles. Celle-ci leur adressât à peine un regard et se dirigeât droit vers Myria, suivit de près par les volutes roses que son cigare laissait flotter derrière elle. A chacun de ses pas, elle semblait flotter sur une brume de ténèbres tant sa robe noire était longue. Un parfum sucré de rose s'échappait de chaque bouffée de fumées qu'elle tirait de son cigare :
- Tu as de bien jolies ailes, mon enfant. Dit-elle en se penchant vers Myria, elle passât ses longs doigts sur les plumes. Oui, de bien jolies ailes!
Elle déployât elle-même les siennes pour découvrir une paires d'ailes noires fines et... Duveteuses, couverte de longues plumes soyeuses et couleurs d'onyx. D'une manière presque maternelle et avec des gestes très calmes et gracieux, elle enlaçât l'adolescente qui fondit en larme sur son épaule. Les dernières larmes de Myria Ssorcam!



Fin.


And... That's all?
Petit spin-off de mon BG créé à l'occasion d'un concours d'écriture sur un site de fan d'Aïon (il a un ans quand même -_-' )... Et retrouvé très récemment en faisant le "ménage" sur mon ordi!





Avec la mort pour avenir


spin-off



Le brouhaha ambiant remplissant la pièce ne semblait pas particulièrement gêner la jeune femme, sur son visage de marbre aucune émotion ne semblait transparaitre. Occupée par son activité, elle ne remarqua même pas la frêle silhouette noire se glissant à ses côtés :
- Myria? Ohé, Myria… Myria!!! La voix se répéta en écho dans le cerveau de la jeune femme jusqu’aux tréfonds de sa mémoire…
- Hey, Myria!!! L’adolescente, couverte de bandages et de plaies, se retourna en direction de la dirigeante du petit escadron féminin qui l’accompagnait. Ne t’éloigne pas trop espèce d’inconsciente… Les abysses sont dangereuses et t’es bien placée pour le savoir, non?!
À peine ces mots étaient-ils sortis de sa bouche que l’Asmodienne se mordit les lèvres l’air embarrassée, l’adolescente quand à elle se contenta de la fixer de ses prunelles ensanglantée avant de se retourner et de reprendre sa route, sans que le moindre signe d’une quelconque émotion ne soit venue perturber son visage au teint cireux :
- Heu… Désolée… Je… Je ne voulais pas… Pardon, petite…
Derrière leur chef, certaines femmes ayant observée la scène ne se privaient pas pour commenter :
- Pfff… Pas la peine de s’excuser, ça lui fait ni chaud ni froid…
- C’est clair. Elle perd toutes celles de son escadron et on dirait qu’elle s’en fout!!!
- Tss, les assassins t’façon faut pas leur d’mander d’compatir. Sont plus que de la viande froide pour elle!!!
Toutes se figèrent sur place devant l’air furibond que leur capitaine leur lança et reprirent la route, bon grès mal grès :
- Grum… Faut pas critiquer la «chouchoute» de la matriarche, hein?!
Toutes approuvèrent cette dernière réflexion mais en silence cette fois, de peur de se mettre définitivement à dos leur chef.


Après les trois jours qu’avait durée sa convalescence, durée bien trop courte aux yeux de son infirmière, Myria était reparti dans les abysses, sur le lieu du carnage pour tenter de ramener avec une petite escouade les restes de ses compagnes d’arme toutes tombées durant la bataille. Rien n’avait vraiment changé : le ciel et la terre étaient toujours comme masqué par une brume de sang tant la couleur prédominant cette endroit était proche de celle du fluide vital, ça et là s’élevait toujours des masses noires aux formes incertaines se dessinaient dans ce paysage de désolation. En fait, la seule chose qui avait réellement changée dans ce chaos ambiant, était l’odeur fétide des corps en putréfaction qui avait remplacée celle du sang que l’adolescente avait gardée en mémoire lorsque les secours étaient venus la récupérer. Devant un tel relent fétide, la plupart des femmes en rouge se bouchèrent le nez avec un haut-le-cœur évident, sans vraiment tenir compte de ces réactions Myria avançait parmi les cadavres, désignant certain du doigt et prononçant à voix haute le nom de la défunte :
- Maarlanne… Quelques pas plus loin. Korianlyne…
L’adolescente énumérait d’un ton monocorde les noms de toutes ses compagnes d’armes, parfois elle prononçait deux ou trois fois le même nom et parfois aucun ne venait jusqu’à ses lèvres tant le corps avait été malmené par l’assaut des Balaurds.
La liste s’allongée un peu plus à chaque pas que faisait Myria, derrière l’effroi et l’incompréhension de ses condisciples face à ce spectacle se mêlaient au dégout que leur inspirait l’attitude de l’adolescente :
- Pas mieux que si elle choisissait sa viande chez un boucher…
Le capitaine se racla la gorge un peu plus bruyamment que d’ordinaire et le silence se fit dans les rangs, Myria quand à elle ne sembla pas y prêter attention et continuait sa route comme si de rien n’était. Puis soudain elle se figea sur place et baissa les yeux en direction d’une masse formée apparemment de deux corps l’un sur l’autre, comme enlacés dans la mort, et surmonté par ce qu’il restait de quatre ailes blanches. Après un certain temps à les observer, Myria inclina très légèrement la tête comme en signe de recueillement avant de se remettre en marche :
- Saleté d’ailes blanches de merde!!! Fit une guerrière en crachant en direction des deux corps. On devrait brûler leurs foutus cadavres…
- Ta gueule grognasse! Toutes sursautèrent devant la réaction de la jeune assassin.
-Que… Quoi?! Tu les défends toi maintenant? Ces espèces de…
- J’ai dit «ta gueule», les ordres de Dame Iréa sont de ramener mes compagnes, point! Alors fout leur la paix, ils sont morts de toute façon… Puis se retournant pour reprendre sa route macabre. Et surtout ces deux là, compris?
- Pfff, ça se la joue parce que c’est la nouvelle «fille» de la matriarche et qu’on doit se la fermer… Je la savais pas versée dans la pédo…
La fin de sa phrase ne vint jamais, la guerrière se figea un bref instant et ses yeux roulèrent dans leurs orbites avant qu’elle ne s’écroule lourdement au sol, une dague en pierre noire profondément plantée dans le crâne.
Dans la cour centrale de la forteresse, un petit groupe de femmes toute de rouge vêtues vaquaient à des tâches subalternes quotidiennes quand un grand bruit, semblable à des draps battant au vent, se fit entendre de plus en plus fort puis une troupe composée exclusivement de femmes également en rouge se posa lourdement et déchargea leur lourd fardeau à l’odeur putride. Avec un petit retard par rapport aux autres, une fine silhouette vint se poser un peu à l’écart dans un bruit totalement feutré par les nombreuses plumes d’onyx qui recouvraient ses ailes. Devant les visages réprobateurs de ses congénères, Myria se hâta de les ranger :
- Vous voilà enfin, mes chères guerrières. Une voix douce et calme s’éleva de l’ombre d’un mur puis, comme sortant de brume de ténèbres, une silhouette féminine et élégante s’en détacha. Hum… Il me semble que celle-ci était en vie il n’y a pas deux heures, me tromperais-je? Un brouhaha indescriptible s’éleva de la troupe.
- Votre nouvelle protégée à des manières toute personnelle de cohabiter avec ses sœurs!!! La capitaine mis un genou à terre devant la dame en noire et coupa ainsi court à l’indiscipline de ses subordonnées.
Tous les regards se dirigèrent à présent vers Myria :
- On n’insulte pas deux fois ma Dame devant moi… Avec un sourire des plus sadiques. Je n’en laisse pas le temps!
- Cette petite merdeuse… Ecuma une des femmes du groupe en désignant Myria du doigt. Elle a même défendu des cadavres d’Elyséens.
- Et quel intérêt avez-vous trouvé à maltraiter les cadavres de ces pigeons? Voyons mes chéries, mais c’est quand ils sont encore en vie qu’il faut en prendre soin.
Le long couloir serpentait de manière interminable à l’intérieur de la forteresse les deux femmes marchaient en silence, la plus jeune légèrement en retrait :
- Maintenant que nous sommes seules et avant que les funérailles ne commencent, peux-tu me dire exactement ce qui c’est passé dans les abysses pendant votre mission?
- Elle vous a manqué de respect.
- Et… C’est vraiment tout? La femme en noire tourna légèrement le regard en direction de l’adolescente en rouge. Quand est-il de ces cadavres d’Elyséens?
-
Elles rentrèrent dans une petite pièce circulaire faiblement éclairée par une cheminée en marbre noir. De chaque côté de celle-ci, deux fauteuils de cuir sombre se faisaient face séparés par un petit guéridon. La Dame Noire se dirigeât vers l’un d’eux puis, d’un geste nonchalant, invita l’assassin à prendre place en face d’elle. Elle sortit d’un porte-cigarette en argent deux fins cigares et en tendit un à Myria, la jeune fille fit une espèce de mou qui se voulait être un sourire mais qui au final lui donnait l’expression d’une personne sur le point de vomir :
- Allons, allons… Ce n’est pas si horrible que cela, je t’assure!
- Heu… C’est simplement que je n’ai jamais fumé de ma vie et, heu…L’odeur douçâtre de rose exhalée par le cigare revint en mémoire de la jeune femme et Myria dut réfréner une nausée.
- Ne t’inquiète pas, elle alluma son cigare du bout de ses doigts avec un sort de feu puis fit se diriger la petite flamme en direction de celui de Myria, ils s’adaptent au gout de leur fumeur!
Dès la première bouffée, au gout de sang prononcé et qui manqua de l’étrangler, Myria senti son esprit se détendre de façon dangereuse et tenta de lutter contre cette sensation en reprenant une seconde bouffée mais cela ne fit que lui faire perdre pied d’avantage :
- Je vois… Fit Iréa. C’était donc ça, Myria!
La jeune fille parcourait de ses yeux vairons la salle circulaire où se dressaient, de chaque côté d’une cheminée noire, deux confortables fauteuils en cuir sombre. Elle semblait regarder tout ce qui l’entourait de manière hautain, mais cela ne dissimulait qu’un peu l’appréhension que l’on pouvait lire sur son visage. Debout près de l’âtre, se tenait une femme en armure rouge habillement rehaussée de fine gravure montrant son haut rang au sein des Furies Ecarlates :
- Veux-tu bien t’asseoir! Tu as des échardes dans la culotte ou quoi?!
- Pfff… «L’hôpital qui se fout de la charité»!!!
La femme manqua de s’étrangler devant l’arrogance de la jeune fille et se retourna avec un air irritée dans sa direction pour une réplique… Qui ne vint pas! En effet, au même moment l’unique porte de la salle s’ouvrit pour laisser entrer une femme toute de noire vêtue d’une rare élégance. Devant cette apparition, la commandante claqua des talons dans un salut tout militaire :
- Repos commandante Tristana, repos… Elle alla s’asseoir dans un des fauteuils et fit signe à la jeune fille d’en faire de même. Mais celle-ci ne sembla paralysée.
- Assied-toi donc, voyons! Tristana bouillait de colère.
- Voyons, il ne faut pas avoir peur comme cela. Je ne mords pas tu sais.
- C’est juste une petite insolante, voilà tout! À ces mots, la jeune fille lui lança un regard aussi noir que sa peau anthracite ou que les vêtements qu’elle portait.
- Ha! Parce que toi non, peut-être Tristana?
La commandante sursauta devant l’apparition soudaine aux côté de l’adolescente d’une jeune femme à la chevelure d’émeraude. D’un air goguenard, elle s’accouda contre l’épaule de la jeune fille en braquant, avec un sourire malsain, son regard de sang en direction de Tristana :
- Comme ça fait longtemps, environ quatre ans. T’as pris du poids ma veille! Puis se tournant en direction d’Iréa. Ma Dame, c’est cette fillette la surprise que vous souhaitiez me montrer?
- Exactement, Myria. Alors… Ton avis?
Myria s’écarta un peu de la jeune fille tout en gardant la main sur son épaule, elle l’inspecta de haut en bas attardant un peu son regard sur la fine cicatrice se dessinant sur la joue de la nouvelle venue :
- J’espère que tu t’entendras bien avec elle. Ellesmé sera un peu comme ta petite sœur à partir d’aujourd’hui!
- Ha, ça pour bien s’entendre…
- T’es toujours là, toi? Fit Myria à l’encontre de Tristana. Mais ma parole t’as pas des subalternes à diriger, non? J’espère que la solde que vous lui versez n’est pas trop élevée, parce qu’elle traine un peu trop souvent ici au lieu de bosser si vous voulez mon avis ma Dame!
Myria parti d’un grand éclat de rire sadique suivit par celui tout aussi franc de la jeune rôdeuse. Tristana serra les dents et quitta la pièce en lançant des regards assassins à l’encontre des deux jeunes femmes, ne pouvant pas dire grand-chose de plus sur l’une ou l’autre des «filles» de la Grande Matriarche… Surtout en sa présence. Une fois la porte refermée, Myria se tourna en direction d’Ellesmé et, après avoir fouillé dans la besace qu’elle portait sur le côté de sa ceinture, lui tendit une petite fiole de cristal :
- Tiens met ça sur tes dagues ou sur la pointes de tes flèches, effet immédiat garanti. Par contre attention, c’est du concentré n’en met qu’une seule goutte, d’accord!
- Merci beaucoup… Heu…
- Myria! Mais tu peux m’appeler grand sœur, Ellz!


Le brouhaha ambiant remplissant la pièce ne semblait pas particulièrement gêner la jeune femme, sur son visage de marbre aucune émotion ne semblait transparaitre. Occupée par son activité, elle ne remarqua même pas la frêle silhouette noire se glissant à ses côtés :
- Myria? Ohé, Myria… Myria!!! La jeune fille pris alors une grand inspiration. HEY, GRANDE SŒUR!!!
- Ha tiens?! Ellz… Oui, qu’est-ce que tu me veux?
- Ha! Quand même… Dame Iréa nous demande.
- Asmothion, je te laisse finir le banquet seul. Elle lui rendit le couteau de cuisine que le rôdeur lui avait prêté.
- Te voir aider à la cuisine m’étonneras toujours…
- Bah, je cuisine depuis que je suis toute petite. Et au fait si Iréa nous demande, où est Lir…
- Là! Ellesmé désigna d’un signe de tête une femme en train de danser sur une des tables de la taverne, des boules de flammes virevoltant autour d’elle. Grande sœur Lirula aussi m’étonneras toujours… À sa manière…
Non loin de là deux femmes à la ressemblance si frappante qui, si elles n’avaient portées des vêtements parfaitement différents trahissant le fait qu’elles n’exerçaient pas la même profession, auraient donné l’impression de voir une femme discutant avec son reflet dans un miroir. Un peu plus loin, à l’écart de la masse été attablé plusieurs hommes en grande discussion sur la qualité de dagues de lancé ou sur l’efficacité de tel ou tel poison, il s’agissait de la table des assassins et rôdeurs où Myria été il y a moins de deux heures. Plus loin encore, un sorcier haut gradé surveillé d’un air sombre un petit groupe formé de nouvelles recrues en train de vider quelques verres d’alcool, un vin aux couleurs dorées. Ça et là diverses personnes, toutes classes confondues, s’interpellaient, buvaient ensemble et allaient de table en table pour discuter. Les retours de batailles donnaient toujours lieu à un joyeux bourdonnement au sein de la taverne, surtout quand celles-ci avaient été victorieuses. Un léger sourire se dessina aux lèvres de Myria :
- Et bien ma fille, tu me semble de charmante humeur ce soir! Dans un coin sombre de la taverne, cachée par les ténèbres du faible éclairage, était dressée la table qu’Iréa affectionnait tout particulièrement.
- Oui, on va dire que ça fait du bien de rentrer à la maison, ma Dame!



… Et nous entrons dans la «Legend»!


This is not the end….
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