Le choix d'une vie

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Chapitre 1


Courir. Courir pour fuir. Fuir pour lui laisser du temps. Mais le temps manque de plus en plus. Comme l’oxygène dans ses poumons brûlants.
La pluie brouille sa vue. Un pied dans un trou. La chute.
Se relever. Se relever et courir. Encore. Ne pas regarder derrière. Ne pas voir qu’ils se rapprochent. Ne pas paniquer et continuer à courir, malgré la pluie battante, malgré sa peur, malgré la souffrance de son corps.

Continuer pour lui laisser du temps.

Ils ne savent pas. Ils ne doivent pas savoir. Pas encore. Tenir encore un peu, pour elle. Tenir !

Le sol s’élève. La plaine s’arrête. La Theine, ses plateaux tout en longueurs, ses crevasses, déchirures semblant boire la colère du ciel.

Fatigue. Peur. Tenir !

L’Elvaane se retourne. L’heure est arrivée. Son corps refusera cette montée.
Doucement, elle dépose un paquet.
Prier. Vider son esprit. Accepter ce qui va être. Lui envoyer un message de paix. Se retourner et les voir arriver.

Fatigue. Détermination. Tenir !

Un chien se jette sur elle, cherchant le sang.
Coup de bouclier. Le chien tombe, jappant. Puis il ne bouge plus, une épée permettant à la terre de boire le liquide vermillon sortant du ventre de l’animal.

Se relever. Se retourner et voir qu’ils sont là, l’entourant. Tenir !

« Ce fut une belle chasse. Tu nous auras donné du mal. Mais c’est fini. »
Une Mithra descend de son chocobo et s’avance, remettant en place sa mèche blanche.
« Tu fais honneur à ton peuple. Laisse moi la prendre et tu vivras, je te le promets. »
Ne pas baisser la garde. Mais que ce bouclier est lourd. Tenir !
« Tu sais très bien que je ne le ferai pas. »
« Je sais » répondit la Mithra. « C’était pour la forme. »
« Avant que tu ne meurs, saches que je m’incline devant la bravoure de ton groupe. Vous étiez de valeureux adversaires. »
La Mithra sortit ses dagues.
« Le combat est trop inégal. Si tu le souhaites, je te laisse reprendre des forces. »

Récupérer. Entendre encore un peu le bruit de la pluie. Aimer encore un peu la vie. Revoir le visage de son amant, de ses amis. Ce serait si bon !

« Ce n’est pas la peine. Mais je te remercie pour l’offre. »

La Mithra bondit. Bouclier contre lame. Lame contre épée. Coup de bouclier pour repousser un second assaut. Murmure des silhouettes retenant les chiens.

Fatigue, mais pas de peur. L’Elvaane sait que la fin du combat est proche.

« Belle défense. Voyons ce que tu vas faire contre ça. »

La Mithra bondit une nouvelle fois. Une nouvelle fois, le bouclier pare l’attaque de la lame. La Mithra plonge, roule pour éviter l’épée et se relève, sa deuxième dague ensanglantée, la pluie cachant le cri de douleur de l’Elvaane.

« Rends toi. Tu ne tiens plus que sur une jambe. Arrête maintenant. »

Douleur. Ne pas pleurer. Aimer la vie. Même à la fin. Surtout à la fin. La réconforter elle. Surtout elle.

N’aies pas peur. Tout va bien se passer. Altana prendra soin de toi.

« Je suis encore debout. »

« Bien. » La Mithra s’incline et lance une dague. Encore une fois, bouclier contre lame. Mais la Mithra plonge sous le bouclier, enfonce sa dague dans le bras tenant l’épée et s’écarte.

Les chiens jappent, sentant le sang.

La paladine tombe à terre, épuisée, son bras armé devenu invalide. Elle est proche du vide. Ne pas tomber.

La Mithra range ses dagues après les avoir nettoyées. L’un des assaillants s’approche alors du paquet et le déroule.

Vide.

La paladine sourit. Elle a tenu aussi longtemps qu’elle a pu.

La pluie s’arrête. Un rayon de soleil illumine la scène, tragique. La fin de la pièce approche, le rideau va bientôt tomber. Bientôt, mais pas encore. Tenir encore et toujours ! Gagner de précieuses secondes.

La Mithra applaudit.
« Bravo. Belle détermination. Beau stratagème. Tu l’as laissée sur ton chocobo et tu es partie seule, en effaçant tes traces. »
L’Elvaane hoche la tête.
« Oui. J’ai effacé mes traces, sachant que tu suivrais quand même ma piste. »
La Mithra s’accroupit à côté de la paladine.
« Tu voulais me faire croire que tu l’avais avec toi. Alors qu’elle est sur ton chocobo. Bravo. »
La voleuse se redresse, un sourire aux lèvres.
« Mais deux de mes hommes rattrapent actuellement ton chocobo. Je me suis douté d’un possible piège et je les ai envoyé à sa poursuite pendant que je m’occupais de toi. Tu vois, ce n’est qu’une question de temps avant que je ne la récupère. »
La paladine sourit à son tour.
« Bien des choses peuvent arriver d’ici là. Et ils ne sont que deux. »
« Maintenant, il est temps de mourir. »
La Mithra sort ses dagues.
« Tu ne souffriras pas. »
L’Elvaane se redresse, malgré la douleur de son bras et de sa jambe.
« Je ne mourrai pas de ta main. »
Elle fait un pas en arrière.

Elle sait que, tout en bas, ses amis l’attendent. Elle voit même le sourire de son amant. Et elle sourit.

Bien plus loin, sur un chocobo, un petit être pleure.
Ah, ça faisait longtemps qu'on avait plus vu de textes RP. Un texte très bien écrit en plus, merci (et bravo !)

J'aime assez ta façon d'écrire. De courtes phrases, assez de détails. On ressent bien l'ambiance.

Si je peux me permettre (je n'ai aucune qualité niveau écriture, donc ça vaut ce que ça vaut ) il y a presque "trop" de "trop" courtes phrases. Et on a un peu de mal à se dessiner TES personnages dans la tête (dans le sens où j'ai une Elvaan à l'esprit qui ne ressemble pas forcément à la tienne.), détailler les acteurs un peu plus pourrai être pas mal.

Mais bien, j'ose espérer que ce n'est qu 'un prologue
Tout simplement

Citation :
Mais bien, j'ose espérer que ce n'est qu 'un prologue
beh...

-----> "Chapitre 1" pour moi, ça veut dire que ya une suite, ou alors j'comprend plus rien
J'aime bien l'histoire, les mots sont bien choisis.

Par contre je n'adhère pas au style, trop de phrases courtes pour moi. Autant au début pour nous mettre dans l'ambiance ca marche très bien, autant après quelques phrases, je trouve que ca devient de trop, à un moment où la narration pourrait prendre de l'épaisseur (détails, atmosphère, contexte, ambiance, paysage, ..). Mais bon, à chacun ses goûts !

Reste que c'est tout de même très agréable à lire, en attendant la suite
Citation :
Publié par gyrophar
beh...

-----> "Chapitre 1" pour moi, ça veut dire que ya une suite, ou alors j'comprend plus rien
Erf, autant pour moi, j'ai raté la première ligne
Ok, alors avant tout, +1 pour le Paladin qui meurt, parce que je n'aime pas les Paladins ( par contre j'aurai bien vu un Ninja qui se fait sauter à la fin, emportant avec elle le sous-fifre qui la poursuit dans la tombe... mais chacun ses goûts bien sur )

Par contre, tout au cours de ce petit duel , je me disait en mon fort intérieur "mais zone bon sang" ... oui, je sais c'est con mais véridique, déformation professionnelle xD.

Sinon, c'est très bien écrit je trouve.
Les petites phrases très courtes collent bien au souffle haletant du personnage, voire à sa capacité de réflexion limitée à la mono-pensée ( ce qui se justifie).
Je pense que tu ne vas pas généraliser ça tous les chapitres, et je trouve que dans ce cas précis, ça colle très bien.

Seul petit truc qui m'a fait vraiment tiquer, c'est le sang vermillon.
Le sang, c'est rouge ( sang) en général, alors quand tu précises la couleur ( ce qui est superflu) et qu'en plus tu mets un couleur qui n'a rien a voir, ça me surprends un peu.

Enfin, j'ai bien aimé, continue je lirai la suite ^^)b ( je précise parce que au vu de mon poste ça n'a peut-être pas l'air évident).
Sans dec' ?
Ouais, c'est du rouge, mais un rouge qui tire sur le vif, le "clair", le joyeux, le vivant.
A l'inverse, du rouge sang, c'est sombre, c'est sale, c'est épais, ça colle...
( note que je suis volontairement entré dans l'association d'idées dans la description).

Techniquement, le rouge du sang n'est pas aussi sombre que la couleur rouge sang, mais ça colle plus à la représentation qui en est souvent donnée.

Dire que vermillon et rouge sang c'est la même chose, c'est comme dire que turquoise et sarcelle c'est du bleu.
Les couleurs sont regroupées sous la même couleur originelle, mais ce n'est pas pour autant que ce sont des synonymes.
lol ne monte pas sur tes grand chevaux. j'ai regardé sur wiki "vermillon", et je trouve que ca colle avec la couleur du sang, la différence est pas aussi flagrante que tu le dis.

Maintenant, je suis pas un spécialiste de la couleur rouge.

Citation :
et qu'en plus tu mets un couleur qui n'a rien a voir
voila pourquoi j'ai fait ce post, c'était en aucun cas pour te basher. osef de toute façon.
Merci pour tous vos commentaires.

Je vais essayer de répondre à quelques unes de vos interrogations.

Concernant le style phrases courtes, comme le dit Arkhan, je l'ai volontairement voulu pour donner une impression de rapidité de l'action, et ajouter une dimension un peu dramatique. Evidemment, mes autres chapitres ne seront pas pareils.

Sur le fait de ne pas avoir citer de noms et de ne pas avoir détaillé mes personnages, c'est également volontaire (je ne vais pas tout dire dès le premier chapitre quand même ). De même, vous le verrez, je ne les détaillerai qu'au fur et à mesure.

Pour la couleur du sang, je dois avouer que je ne me suis pas trop posé de questions, me rappelant l'avoir lu dans certains livres. Mais bon, ça reste rouge, c'est certain.

Voilà. N'hésitez pas à laisser d'autres commentaires et/ou questions. Le chapitre 2 arrivera dans les 2 ou 3 prochains jours.
Citation :
Publié par Kalten
Pour la couleur du sang, je dois avouer que je ne me suis pas trop posé de questions, me rappelant l'avoir lu dans certains livres. Mais bon, ça reste rouge, c'est certain.
+1, désolé Arkhan, mais pareil, je l ai déjà lu dans des bouquins, et aux vues de mes dernières lectures ces temps-ci, ca devait être dans un Polar ou Thriller, pour moi rouge vermillon pour le sang, ca colle.

Pis d'ailleurs, tout dépend si tu sectionnes un artère ou une veine :P Le sang pourra tirer plus sur le rouge vif ou sur le bleu selon le cas


En tout cas, vivement la suite.
Citation :
Publié par Arkhan Denyall
Et si dans un bouquin tu vois du rouge smaragdin, tu te dira qu'il est de cette couleur la non ?

De toutes façons je vise le bide, comme ça je ramène toute la bouillabaisse au bout de l'épée et c'est bien sanguinolent visqueux sombre etc
Stop regarder les films d'horreur, fiction et réalité sont deux choses bien différentes ( et puis tu peux être sûr que si celui que tu déchiquettes de ton épée prend de l'anticoagulant, son sang sera très clair ( et accessoirement il aura un peu beaucoup de mal à cicatrisé ).
Très sympa j'accroche bien, on arrive bien à sentir les expressions (j'avais le sourire quand le facteur se retennait de rire) et je pense que les scènes d'actions dans tes prochains chapitres seront très bien écrites.

Bravo et courage pour la suite !
Citation :
Publié par Slad
Très sympa j'accroche bien, on arrive bien à sentir les expressions (j'avais le sourire quand le facteur se retennait de rire) et je pense que les scènes d'actions dans tes prochains chapitres seront très bien écrites.

Bravo et courage pour la suite !

Facteur ? Je crois que tu t'es un peu trompé de sujet là.
Slad parle du rp intitulé L'interdit. Ce rp est posté par Yris (sous un autre nom), membre de la ls à laquelle j'appartient.
Il s'agit d'un autre style, que j'aime beaucoup.
Super bien écrit, passionnant, ça se dévore en quinze secondes ^^

Super boulot, continue surtout ! On veut la suite ! (fallait pas nous teaser, maintenant t'assumes lol) keep going !
Chapitre 2


« Tu pourrais faire attention quand même ! Ca fait deux fois en une heure ! »
« Et en plus, ça va être ma faute ? » répondis je.
Petitetaru remonta sur son chocobo, grommelant et pestant.
« Les cranes d’œuf, ça fait rien de bien » marmonna-t-elle.
« Hey, le culbuto, tu ne t’endormirais pas sur ton chocobo, ça n’arriverait pas. »
Deux jours que nous avions quitté San d’Oria. Deux jours que Petitetaru tombait de son chocobo.
« Les voyages, ça m’endort. C’est bien pour ça que mon chocobo suit le tien de près » dit-elle en haussant les épaules.
« Bin voyons. Mademoiselle est adepte de la facilité, n’est ce pas ? »
« Evidemment ! Je suis Petitetaru, tu l’oubliais ? »
Je rapprochai mon chocobo du sien.
« Allez, zou ! Tu passes devant, Petite. Ca te fera le plus grand bien de faire le chemin en tête. »
« QUOI ???? Tu m’aimes plus, hein ? Tu cherches à me faire mal, c’est ça ? »
Des fois, je me disais que la vie pourrait être plus simple.
« Mais ça n’a rien à voir avec le fait que je t’aime bien ou pas, Petite ! »
Elle me regarda alors avec des yeux de bastore sardines fries.
« Petite…..voyons…. »
Ses yeux semblaient contenir toute la misère du monde.
« Raaaaaaa, ça va, n’en rajoute pas non plus ! Je reprends la tête. Et tâche de ne pas t’endormir cette fois. »
Elle me gratifia d’un grand sourire.
« Merci, grand frère. »
Que voulez-vous faire contre ça ?

Notre destination était le lac Mechieume, dans la forêt de Jugner. Je voulais montrer à Petitetaru la berge du lac en passant par la Tombe du Roi Ramperre. J’étais persuadé qu’elle aimerait cette sortie.

Il nous restait encore une bonne heure de route. Tout en regardant le chemin, je repensais à ma discussion avec Satines et Yris. D’après elles, Norg recherchait activement Epok. Et toujours selon elles, Falkhen en savait un peu plus. J’allais devoir prévoir un voyage à Norg et une explication avec Falkhen.
Cela faisait un an qu’Epok avait disparu. Aucune nouvelle, aucun indice. Rien. Même ces anciens « collègues » ne trouvaient trace de son passage. Et maintenant, voilà que Norg affichait des avis de recherche la concernant. Cela ne présageait rien de bon.

Tout en réfléchissant, une petite alarme se déclencha dans ma tête. J’arrêtai mon chocobo, celui de Petitetaru faisant automatiquement de même.
« Quoi encore ? » grommela-t-elle.
Voyant mon air légèrement inquiet, son ton changea.
« Azure ? »
J’opinai de la tête.
Azure semblait soucieuse. Quelque chose la contrariait. Et pour contrarier une wyvern, il fallait que ce soit sérieux.
« Petite, en te concentrant, est ce que tu ne sentirais pas quelque chose d’anormal ? »
Petitetaru perdit automatiquement son air enfantin. Fermant ses yeux, elle redressa légèrement sa tête, ses petites mains l’une contre l’autre. Les mages pouvaient ressentir les effluves magiques à une certaine distance. Petitetaru était très douée à ce jeu.
Soudain, elle se réveilla.
« Vers l’Est, je ressens vaguement quelque chose. Allons voir. »

Après avoir attaché nos chocobos, Petitetaru lança un Omnibouclier et un Omnibarrière. Au bout de cinq petites minutes de marche, nous pouvions entendre un Hume.
« Allez, ne fais pas la gamine. Suis-moi sans faire d’histoires. Mon compagnon et moi ne te voulons aucun mal. »
A l’abri derrière un bosquet, nous pouvions voir deux Humes s’approchant d’une fillette. Cette petite ne semblait pas avoir plus de cinq ans. Mais que pouvait bien faire une enfant dans cet endroit ? Et que voulaient ces Humes ? Et pourquoi semblaient-ils se méfier d’elle ?
« Pas gentils. Vous tuer chocobo. Moi pas vouloir venir. »
La petite Hume se cachait derrière le cadavre d’un chocobo. En regardant celui-ci, je pus voir une flèche plantée dans sa gorge. La petite semblait terrifiée.
Il fallait intervenir !
« Petite, il va falloir… »
« Hey, vous deux. Elle a dit qu’elle ne voulait pas aller avec vous. »
Petitetaru était sorti du bosquet et tenait son bâton dans les mains.
Je soupirai. Bravo pour les prendre par surprise.
Les deux Humes se retournèrent, surpris.
« Ne t’occupe pas de ça, Tarutaru. Cette petite fille a fugué et ses parents nous ont envoyé à sa recherche. »
« C’est pour ça que vous avez tué son chocobo ? Vous me prenez pour un Quadav ou quoi ? » répondit-elle.
« Dernier avertissement pour toi, la mage. Va-t’en. Tu es seule et nous sommes deux. »
Je sortis à mon tour de ma cachette.
« Erreur l’ami. Elle n’est pas seule. Nous sommes trois. »
Les deux Humes étaient maintenant moins sûr d’eux.
Me concentrant une seconde, je fis appel à l’autre moitié de mon être.
« Azure, mon amie, j’ai besoin de ton aide. »
Automatiquement, une wyvern apparut. Azure vint se mettre à côté de moi.
« Maintenant que nous avons fait les présentations, si vous nous expliquiez tranquillement ce que vous voulez à cette petite ? »
Pour toute réponse, l’un des deux Humes lança une dague dans ma direction. Faisant une roulade sur le côté, je pus l’éviter. Le lanceur accourait vers moi. Il était à distance suffisante maintenant.
Me redressant, je fis un Saut qui le blessa suffisamment pour le ralentir. J’effectuai rapidement un Saut Aérien, entendant Petitetaru marmonner un sort. Revenant à terre, je m’aperçus que le deuxième Hume ne pouvait plus bouger. Petitetaru avait lancé un sort d’entrave. Le premier Hume, bien que blessé, avait deux autres dagues sur lui et plongea sur moi. Azure lui asséna un coup, ce qui le déséquilibra et me permit de lui porter un coup puissant avec ma lance. Il ne se releva pas, mort.

« Mais qu’est ce que c’est que cette histoire ? »
Petitetaru était sur ses gardes et semblait se demander ce qu’il s’était passé. Tout était allé très vite.
Je m’approchai du Hume entravé, l’air menaçant.
« Tu vas rester en vie, l’ami. Pas par bonté d’âme. Mais je ne veux pas te tuer devant les yeux de cette petite fille. Par contre, tu vas me dire ce que voulez à cette petite. Maintenant ! »
Le Hume, contrairement à ce que je pensais, me fit un sourire puis contracta sa mâchoire. Son corps fut parcouru de spasmes violents, de la bave apparaissant aux lèvres. Puis il s’effondra, mort lui aussi.
Pourquoi ? Pourquoi tout ça ?
Rangeant nos armes, nous nous approchâmes de la petite Hume. Elle était accrochée au cou du chocobo mort et nous regardait, apeurée.
« Coucou petite fille, tu veux un gâteau ? »
Petitetaru tendait un cookie à la petite. Celle-ci sembla se calmer un peu, mais restait toujours accrochée au chocobo.
« C’est bon tu sais. J’en ai beaucoup en réserve, parce que j’ai souvent faim. »
« Tu ne vas pas commencer à nous raconter ta vie, Petite ! »
« Hé ho ! J’essaie de la calmer. Alors, rend toi utile et fais quelque chose. »
Tout à coup, la fillette pleura. Ses nerfs avaient lâché. Elle laissa son chocobo et courut se réfugier dans mes bras.
Etonné, je la pris et commençai à la bercer.
« Vas-y, pleure. Ca va te faire du bien. »
Petitetaru s’approcha, perplexe.
« A défaut de plaire aux femmes, tu sembles plaire aux enfants. C’est sans doute le tatouage » dit elle d’un air mi sérieux, mi amusé.
Je la regardai d’un œil noir.
« Au lieu de philosopher, regarde sur le chocobo si elle n’a pas un sac ou quoi que soit qui puisse nous aider à comprendre. »
Et pendant que Petitetaru inspecta le chocobo, je sentis la fillette s’alourdir dans mes bras, ne pleurant plus. Quelques secondes plus tard, elle dormait.
« Bon sang, qu’est ce que je fais, moi, maintenant ? » me demandais-je.
Petitetaru revint de son inspection avec un petit sac à dos.
« C’était accroché à la selle » dit-elle doucement pour ne pas réveiller l’enfant.
« On l’ouvrira quand nous serons rentrés à San d’Oria. Le lac attendra, Petite. Ce sera pour une prochaine fois. »
« Oui. Avec un peu de chance, nous aurons des réponses » dit elle en secouant le sac.
Elle me fit un grand sourire.
« Tu prends la tête pour le chemin du retour ? »
Un soupir fut ma seule réponse.
Chapitre 3


Trois coups dans la porte, un temps mort, puis deux coups. J’attendis quelques secondes avant d’entendre le verrou. Puis la porte de ma maison mog s’ouvrit.
« Merci Mupopo. »
Le moogle referma la porte derrière moi, non sans avoir vérifié que personne ne nous observait.
« Alors ? » me demanda Petitetaru. « Tu leur as dit ? »
« Non » répondis je. « Je leur ai juste demandé de me prévenir si quelqu’un posait des questions. Tant que nous n’en saurons pas plus, rien ne sert de s’affoler. »
Petitetaru fit une grimace.
« N’en sois pas si sûr. »
Elle s’assit, grimpa serait plus exact, sur un tabouret et prit une liasse de feuilles dans ses mains pour me la montrer.
« J’ai ouvert le sac de l’enfant. J’y ai trouvé des documents et je les ai lus en t’attendant. »
Le fait qu’elle avait un regard sérieux ne me plaisait pas. Elle me fixa du regard.
« Te voilà gardien d’Altana, grand frère. »
Je la regardais, ne comprenant pas ce qu’elle me disait.
« Cette petite s’appelle Miala et c’est une enfant d’Altana. »
Je haussai les épaules.
« Et alors ? Comme nous tous en ce bas monde. »
Petitetaru hocha la tête.
« Miala est différente, Kalten. Elle semble descendre directement d’Altana. Elle en est une incarnation si tu préfères. »
Je regardais la petite, Miala, dormir. Son souffle semblait régulier. Elle tenait dans ses mains une des poupées de Petitetaru. Elle dormait paisiblement.
« Qu’est ce que c’est que ces salades ? L’incarnation d’Altana ? Qu’est ce qui le prouve ? »
« C’est ce qui est écrit dans ces papiers » répondit Petitetaru. « Plusieurs personnes semblent avoir laissé des explications. Sans doute ces fameux gardiens. Il est dit que cette petite choisit elle-même la personne qui doit la protéger. Certains d’entre eux affirment avoir vu Miala utiliser des pouvoirs proprement hallucinants et au-delà de toute description. »
Petitetaru chercha quelques instants dans les feuilles.
« Quelqu’un a même marqué que ça roxxait grave. Encore un qui sait parler on dirait. »
Je souris à la remarque de la Tarutaru.
« Petite, voyons. Pas de remarques désobligeantes. Tu ne connais pas cette personne. »
Elle me tira la langue.
« Tous ceux qui ont écrit expliquent qu’ils on été choisis par Miala, sans rien lui demander. Quant à sa descendance plus ou moins directe avec la déesse, le premier gardien explique qu’il a trouvé un bébé sous une statue d’Altana dans la Péninsule de Buburimu. »
« Il n’y a pas de statue à l’effigie d’Altana à Buburimu » répliquais-je.
Petitetaru continua comme si elle ne m’avait pas entendu.
« Quand il a pris le bébé dans ses bras, il a entendu une voix lui dire qu’il était désormais le premier gardien. Puis, il a vu la statue s’évanouir et disparaître complètement. »
Petitetaru me regarda, sérieuse.
« Kalten, je suis mage blanche. Je crois tout à fait à ce récit. Tu es le nouveau gardien de cette petite. »
« Gardien ? Pourquoi ? Contre qui ou quoi ? Ca n’a pas de sens. »
Je pris un siège pour me mettre à côté de Petitetaru.
« Je ne sais pas de qui ou quoi je dois la protéger. Je ne sais pas pourquoi je dois la protéger. En plus, tu connais mes idées sur Altana. Je n’estime aucun dieu, aucune déesse, et tu sais pourquoi. Alors, que MOI je devienne le GARDIEN d’une incarnation d’Altana. Je trouve ça…..c’est…..bon sang ! »
Je ne trouvais pas mes mots pour expliquer mon étonnement. Petitetaru sauta de son tabouret pour atterrir sur mes genoux. Elle me tapa affectueusement la tête.
« Je sais tout ça, crâne d’œuf. Je sais aussi que c’est une enfant et qu’elle a besoin d’aide. Je te connais. Tu n’aimes pas que l’on fasse du mal à des enfants. Tu la défendras. Si ce n’est pas par conviction, ce sera par idéalisme. Tu es comme ça. Et puis, je serai là pour t’aider. Tu ne sais rien faire de correct sans moi. »
Je regardais ma petite sœur, un sourire aux lèvres.
« Fiche le camp de mes jambes, culbuto. Je ne suis pas un paillasson. »
Elle sauta par terre, hilare.
« Je vais chercher quelques affaires et je reviens. Je vais rester quelques temps dans ta maison mog, Kalten. J’essaierai de parler avec Miala. Avec un peu de chance, elle pourra peut être nous donner des renseignements. »
« Comme tu veux, Petite. »
Petitetaru partie, je m’approchai pour vérifier que Miala dormait paisiblement.
« Gardien d’Altana » murmurai-je. « Et puis quoi encore ? »
J’allais devoir prévenir tout le monde. Qu’ils soient sur leurs gardes.
Chapitre 4



Ils n’avaient pas pu tous venir. J’avais appelé tous les membres de ma guilde, leur précisant que c’était très important. Je leur avais donné deux jours pour arriver. Pour une raison que j’ignorais, je sentais que je n’avais pas beaucoup de temps devant moi. J’avais loué une grande pièce à un habitant afin de disposer d’un lieu discret. Ceux qui ne pouvaient pas être présents allaient suivre la conversation par perle de communication. Par précaution, je leur avais demandé de venir avec des cotillons, comme pour un anniversaire. J’avais poussé ma méfiance jusqu’à commander un gâteau d’anniversaire à un artisan San d’Orien. J’espérais que quiconque nous verrait penserait qu’il s’agissait ni plus ni moins que d’une fête classique. En les voyant arriver un par un avec leurs accessoires de fêtes, je ne pus m’empêcher de penser que je devenais sans doute paranoïaque.

Petitetaru s’occupait de Miala. Elles jouaient toutes les deux aux poupées ou à se courir après. En voyant la petite, tous m’avaient demandé des explications. Je ne leur avais rien répondu, l’air soucieux. Je regardais mes compagnons, mes amis. Je me remémorais toutes les fois où nous nous étions aidés, tous les coups durs que nous avions passés, et que nous continuerions à passer. Du moins l’espérais-je.

Falkhen, notre chef de guilde, était présent. Hume blond de Bastok, c’était un invocateur réfléchi et à l’écoute de ceux qui en avaient besoin. Son frère, Loacoon, était bloqué à Windurst . Il faisait parti de ceux qui interviendraient par le biais de la perle de communication. A côté de Falkhen était assise une petite mage noire Hume, Yris, de San d’Oria. Il était évident que notre chef en pinçait pour elle. L’inverse semblait s’avérer vrai également. Yris avait un mauvais caractère, toujours grincheuse, prête à vous remettre à votre place si elle estimait que vous le méritiez. Apparemment, nous le méritions très souvent. Cependant, à s’aventurer avec elle, on découvrait une jeune femme fragile, cherchant ses repères, et quelque chose d’autre, mais ne voulant pas le montrer. Venaient ensuite nos paladins, au nombre de trois. Tout d’abord, Midgard, grand Hume barbu San d’Orien et à l’armure rutilante. Sans doute un brin narcissique mais une foi inébranlable envers la Lumière. Et prêt à se sacrifier pour sauver une vie. Une valeur sûre en cas de coup dur. Darkenz, autre Hume blond, de Bastok. Toujours présent quand vous avez besoin d’un coup de main, le premier à se jeter dans la mêlée, le dernier à en sortir, c’était un compagnon à l’efficacité prouvée. Notre troisième paladin était une paladine, Mariana. Comme la grande majorité des Mithras, elle aimait plaisanter. Ainsi que connaître les derniers potins. Du moins, tant que sa double personnalité lui permettait. Quelques fois, une autre Mithra paraissait devant vous, avec une grande faux et une armure noire à la place de l’épée et de l’armure brillante des paladins. Cette Mithra là semblait beaucoup moins attirée vers la Lumière. Cependant, on pouvait toujours compter sur son soutien. En tout cas, pour le moment. Au fond de la pièce se tenait un mage bleu, Micka. Pour le qualifier, les mots discrétion et efficacité étaient appropriés. Il était aussi une source intarissable de renseignements sur l’histoire de notre monde. A côté de lui, Kurashuji, marionnettiste Elvaan San d’Orien et barde à ses heures perdues. D’une amabilité et d’une gentillesse sans égales, il nous avait soutenu de bien nombreuses fois avec ses chants. Maintenant, il s’était trouvé une passion pour sa marionnette. Passion cependant secondaire par rapport à celle, dévorante, qu’il éprouvait pour une belle Elvaane nommée Eolya. Eolya, originaire de San d’Oria, était notre puit de sagesse. Malheureusement, elle n’avait pas pu arriver à temps. Les derniers membres présents étaient Petitetaru et Peepolopee, Tarutarus de Windurst, tous deux mages blancs, et tous les deux actuellement occupés à faire rire Miala. Peepolopee débutait dans son art. Cela ne l’empêchait pas de vouloir faire de son mieux pour nous aider. Gourmand, comme tous les Tarutarus, il était jeune et avait encore du mal à appréhender les difficultés du monde l’entourant. Espérons qu’il gardera toujours un peu de cette innocence qui nous plaisait tous. Restait donc Petitetaru, notre mascotte. Débordante de vie, elle avait l’art de nous charmer. Elle aimait utiliser des poupées nous représentant. C’était aussi une dévoreuse de nourriture et une mage blanche hors paire. C’était aussi ma petite sœur de cœur, une part importante de ma vie. Outre Loacoon et Eolya, je savais que d’autres n’avaient pas pu venir. Mais ils étaient à l’écoute, leur perle de communication prête. Nomahios, Satines, Shapiras, Lisa, Tiddus. Et Epok. Ma bien aimée Epok, celle à qui appartenait mon coeur. Disparue il y a plus d’un an, je n’avais jamais eu de cesse de trouver un indice pouvant me dire ce qu’était devenue ma voleuse. Je me refusais à croire qu’elle était morte. Au fond de moi, je savais qu’elle était vivante. Mais où ?

C’est en pensant à elle que je sentis quelqu’un me donner un petit coup de pied dans mon armure.
« Allez Kalten. Ca va être le moment de commencer. »
Petitetaru vint s’asseoir à côté de moi, Peepolopee ayant fait de même. Du coin de l’œil, je vis que Miala jouait avec l’une des poupées de Petitetaru. Bien. Il était temps de se lancer.
« Je vais vous expliquer qui est cette petite fille. »
Je leur fis alors un compte-rendu détaillé de notre rencontre avec Miala et de ce que Petitetaru avait découvert dans son sac à dos. Après mon discours, le silence dura plusieurs secondes. Ce n’est pas tous les jours qu’une incarnation de la Déesse vous demande de l’aide.
« Tant que nous ne connaissons pas notre ennemi et ses intentions vis-à-vis de la petite, il va être difficile d’établir une stratégie. »
La voix d’Eolya résonnait dans nos têtes.
« A mon avis, se cacher ne servira pas à grand chose. De toute façon, ils finiront par retrouver la trace de Miala. »
« Pour cette raison, soyez sur vos gardes » répondis-je. « Involontairement, je vous ai tous mis en danger avec cette histoire. »
« Tu n’as pas eu le choix, Kalten » me dit Kurashuji. « Et puis, le danger fait partie de la vie d’un aventurier, qu’on le veuille ou non. »
« Attirons-les. »
Nos yeux se tournèrent vers Micka.
« Premièrement, nous ne savons pas qui est notre ennemi. Deuxièmement, nous ne savons pas pourquoi ils sont à la poursuite de Miala. Troisièmement, se cacher ne sert à rien sur le long terme, sauf à la mettre en danger. »
Le mage bleu me regarda.
« Kalten, je pense que tu devrais te promener en ville avec la petite. Il faut que l’on sache qui veut l’enlever. Ensuite, nous pourrons définir la marche à suivre. »
« Non mais ça va pas la tête ! »
Yris semblait hors d’elle.
« Miala n’est pas un objet que je sache. C’est une petite fille. Et toi, tu veux la mettre en danger. »
« Yris, as-tu mieux à nous proposer ? » répondit Micka. « Certains d’entre nous vont rester à San d’Oria pour aider Kalten. Nous le suivrons, cachés. Dès qu’un problème apparaîtra, Kalten nous appellera par la perle de communication. »
Yris marmonna.
« Il doit y avoir une autre solution. »
Falkhen soupira.
« Je dois reconnaître que la solution de Micka est loin d’être sans dangers. Mais je ne vois pas ce que l’on peut faire d’autre. »
Yris lui lança un regard noir.
« Ca me convient. » Plus j’y pensais, plus je me disais que nous ne pouvions pas faire autrement. « Je ferai visiter la ville à Miala. Avec toutes les attractions de la Saint Valentione, elle aura de quoi s’amuser. Je serai à côté d’elle et si notre ennemi se dévoile, je prononcerai les mots vous aimez le chocolat ?. Ce sera le signal d’un danger. »
Ils acquiescèrent tous. Même Yris.

« Che vais aller me rencheigner à la bichebliothèche. »
En baissant les yeux, je vis Petitetaru et Peepolopee en train de manger des parts énormes du gâteau que j’avais commandé.
« Il est bon ? » demanda Midgard avec un sourire amusé.
Peepolopee haussa les épaules.
« Cha che laiche manger. »
« Tu disais, Petite ? » demandais-je gentiment.
« Che dichais… » Elle avala un morceau. « Je disais que je vais aller à la bibliothèque. La cathédrale de San d’Oria regroupe un nombre très important de livres en tout genre. Je vais voir si je peux trouver des renseignements sur des histoires d’incarnation d’Altana. »
« Bonne idée » répondit Falkhen.
Je me levai de mon siège. Tout semblait avoir été dit.
« Bien. On commence demain. Je vous avertirai de mon itinéraire au fur et à mesure. »
Midgard s’approcha.
« Je te raccompagne jusqu’à ta chambre. Darkenz, Yris et Falkhen viennent également. La maison mog de Darkenz est juste à côté de la tienne. Je dormirai chez lui ce soir. Nous serons deux en support si tu as un soucis.»
« Alors, allons-y. »

Nous nous quittâmes une fois arrivée à ma maison mog. Après un brin de toilette, je mis Miala au lit en lui souhaitant une bonne soirée. Elle me retint par le bras.
« Une histoire, s’il te plaît ? » me demanda t’elle, les yeux pleins d’espoir.
« Je suis désolé, Miala. Je n’ai pas de livres d’histoires pour enfants. »
Petitetaru me tira par la manche et me mit un livre sous le nez.
« Tiens, en voilà un. »
Je pris le livre. Un petit Elvaan était dessiné dessus, entouré par des animaux.
J’étais surpris.
« Mais, Petite, je n’ai jamais… »
« Tu t’en sortiras très bien, tu verras »répondit-elle.
Myala me regardait, curieuse. Je soupirai.
« D’accord, Miala. Une histoire, et après, tu dors. Demain, on va se promener. »
« Promis » me dit-elle, l’air enjouée.
Je m’assis sur le bord du lit, et ouvris le livre.
« Voici l’histoire du petit Ranel » commençai je.
Petitetaru était assise sur une chaise, en face de moi, un grand sourire aux lèvres tout en nous regardant.

La lune était pleine ce soir là. Le ciel ressemblait à une guirlande brillant de mille feux. Quelques nuages servaient de décoration comme des boules sur un sapin. Il faisait frais mais cela ne semblait pas gêner la Mithra, perchée sur l’un des toits des maisons mogs. D’un gracieux mouvement, elle remit en place l’une de ses mèches blanches.
« Ainsi, tu as trouvé un autre gardien, Miala. Tu es débrouillarde, c’est bien. A bientôt, petite fille » murmura t’elle.
Un nuage cacha quelques instants la lune, plongeant le quartier résidentiel des aventuriers dans le noir. Quand la lumière revint, la Mithra avait disparu.
Chapitre 5

La Saint Valentione battait son plein. Partout dans San d’Oria, des chocolats s’échangeaient. Le Comité Moogle avait une fois de plus fait les choses en grand. Le jeu pouvait se résumer ainsi : un moogle vous donnait une moitié de chocolat en forme de coeur. Un enchantement permettait de trouver la personne qui disposait de l’autre moitié de votre chocolat. Tout le monde participait : les habitants, les aventuriers, les jeunes, les moins jeunes…tout le monde passait du bon temps. Alors que de multiples dangers mettaient en péril l’équilibre des races vivantes, il était réconfortant de pouvoir s’amuser et de penser à autre chose que sa survie.
Miala, comme tous les enfants, riait aux éclats à chaque fois qu’un petit garçon lui offrait du chocolat. Etrangement, elle avait très vite trouvé l’autre moitié de son cœur. Je n’avais pu m’empêcher de sourire en la voyant échanger avec un petit San d’Orien son chocolat. Je restais aussi près d’elle que possible. J’avais délaissé mon habituelle armure contre une tenue plus appropriée à l’évènement. J’avais également échangé ma lance contre une courte épée. Je pouvais ainsi me défendre en cas de besoin. Je savais que j’étais discrètement suivi par mes compagnons d’armes. J’attendais et j’observais. Mais rien ne se passait. La journée avançait, entre rires et larmes de joie, et toujours aucun contact avec un potentiel ennemi. Quand le soleil déclinant commença à atteindre l’horizon, je décidai de rentrer.
« Miala, je vais devoir m’absenter. Je vais te laisser avec Petitetaru. »
Miala me regarda, l’air pensive. Son sourire s’était effacé et j’avais la sensation qu’elle devinait ce que je voulais faire.
« D’accord » finit elle par répondre.
Après m’être assuré que Miala ne courait aucun danger, je pris la direction de la cathédrale de San d’Oria non sans prévenir mes compagnons de mon absence.
« Je n’en ai pas pour très longtemps. »
« Tu ne devrais pas partir seul, Kalten. »
« Pas d’inquiétude, Eolya, je ne sors pas de la ville et je vais rester dans un endroit où il y aura du monde. »
La nuit était encore fraîche et l’humidité se déposait sur les végétaux. Même si la fête ne battait plus son plein, de nombreuses personnes dansaient et chantaient dans les rues. Une fois arrivé à la cathédrale, je m’approchai d’une croix et déposai à ses pieds une moitié de chocolat et une rose.
« Pour toi, Epok » murmurai-je.
Devant veiller sur Miala, je n’avais pas eu le temps de penser à celle que j’aimais. Bien sûr, à voir des couples main dans la main, partager un moment de bonheur ensemble, ne pensant qu’à eux comme si rien d’autre n’existait que leur seul amour, tous ces moments délicieux me faisaient penser à ma tendre voleuse. Mais j’avais une mission. Maintenant que je me retrouvais seul devant cette croix, je ne pouvais retenir mon émotion et quelques larmes m’échappèrent. Un flot d’émotions trop longtemps retenues me submergea.
« Epok, où es-tu ? »
Sous l’émotion, je dus me mettre à genoux. J’avais mal.
Tout à coup, j’entendis une petite voix chanter. La voix était légère et enfantine, ni triste, ni gaie. Elle arriva comme une caresse sur mon cœur. A l’écouter, je me sentais mieux. En levant les yeux, je cherchai qui pouvait chanter un tel réconfort mais je ne vis rien. Personne ne chantait et pourtant j’entendais cette voix, cette voix qui me redonnait courage. Au bout d’un instant qui me sembla trop court, la voix se tut progressivement, telle la brise passant son chemin. Etrangement, je me mis à regretter de ne plus entendre cette petite voix. Je restai un moment sans bouger, profitant de cet instant de plénitude.
« Vous l’aimiez ? »
Surpris, je me retournai. Je restai pétrifié ! Non, ça ne pouvait pas être vrai !
« Un Hume qui pleure devant une rose et un cœur en chocolat aujourd’hui me force à croire qu’il s’agit d’un amour perdu. » continua la voix.
Je devais rêver ! Ca ne pouvait pas être
« Epok ! »
La Mithra me dévisagea, étonnée.
« Pardon ? »
« Tu…vous… » Je n’arrivais pas à trouver mes mots.
Elle me sourit.
« Mon nom n’est pas Epok si cela peut vous aider. »
Je retrouvai peu à peu mes esprits. J’avais devant moi le sosie parfait d’Epok : une Mithra de taille moyenne, aux mèches blanches et aux courbes affolantes. Son visage aux traits délicats encadrait des yeux couleurs émeraude.
« Excusez-moi. Un instant, j’ai cru reconnaître quelqu’un qui m’est cher. »
La Mithra pencha la tête, un petit sourire aux lèvres.
« Je pense avoir ma réponse alors » dit elle en regardant la rose au pied de la croix.
« C’est effectivement pour une femme. Elle vous ressemble comme deux gouttes d’eau. »
« Alors elle doit être très belle » dit-elle dans un rire.
Mon rire se mêla au sien, ce qui sembla déplaire aux rares personnes priant en silence dans la salle.
« Vous venez souvent vous recueillir ? » me demanda t’elle.
« Je ne viens que très rarement. J’ai certaines idées sur la théologie qui ne plaisent pas forcément à tout le monde. »
Elle hocha la tête.
« La perte d’un être cher vous force parfois à revoir vos convictions. »
Je la regardai, perplexe.
« J’ai aussi perdu quelqu’un que j’aimais » me dit-elle. « Cela m’a forcé à voir certaines choses sous un angle différent. »
« Je comprends. »
« Un jour, je le retrouverai. Mais avant, je dois finir un petit travail. »
« Je souhaite sincèrement que vous réussissiez dans votre quête, mademoiselle. »
Elle sourit.
« Ce n’est qu’une question de temps. Je finis toujours ce que j’entreprends. »
« Vous lui ressemblez vraiment. Même volonté, même regard. Vous avez aussi le même sourire, les mêmes yeux. Il ne manquerait plus que vous soyez une adepte de la furtivité.»
« Attention, vous avez déjà déposé votre demi cœur » me répondit-elle avec un sourire malicieux.
Je retins un rire, repensant à l’endroit où je me trouvais. Il était temps que je retourne auprès de Miala.
« Merci pour cet agréable moment, mademoiselle, mais je vais devoir vous laisser. J’espère sincèrement que vous trouverez ce que vous cherchez. »
« J’ai aussi apprécié notre discussion » acquiesça t’elle. « Bonne chance pour la suite. Et faites attention à vous. »
« J’y veillerai » répondis-je. « Peut être nous reverrons-nous. »
« Le monde est petit. Nous nous reverrons, j’en suis certaine » dit elle.
Je partis le cœur plus léger qu’en arrivant. En prenant la direction des maisons mog, je me dis que la journée n’avait pas été si monotone.

La Mithra me regarda partir. Cette fois, elle ne souriait pas.
« Nous nous reverrons, chevalier. » murmura t’elle.
Elle semblait songeuse.
Chapitre 6

Petitetaru poussa sa chaise pour mieux étirer ses membres ankylosés. S’ensuivit inévitablement un bâillement. Son petit ventre lui rappela qu’il restait quelques pamamas intacts à côté d’elle. Elle en prit un et commença à le grignoter, songeuse. Cela faisait maintenant deux jours et deux nuits qu’elle avait commencé ses recherches. Une nouvelle matinée commençait. Elle pouvait voir les premiers rayons de soleil illuminer les cheminées. Elle se permit quelques minutes de repos. Dans ces instants, elle repensait souvent à sa Windurst natale. Sa ville, quelque fois, lui manquait ; sentiment inhérent à la majorité des aventuriers.

Elle fut tirée de sa rêverie par l’assistant bibliothécaire, qui arrivait les bras encombrés de livres.
« Ce sont les derniers que j’ai pu trouver, mademoiselle. »
Elle le regarda. Il avait quelques cernes. Lui aussi avait passé ses derniers jours à l’aider. Quel meilleur endroit que la bibliothèque de San d’Oria pour trouver des renseignements sur la déesse Altana ? Leur recherche avait été méthodique. Ils avaient commencé par répertorier tous les livres parlant d’Altana, puis ils les avaient classés par catégories : naissance du culte, histoire, préceptes, traités philosophiques, légendes, essais contestataires…Ensuite venait la partie la plus longue : la lecture. Bien entendu, il ne s’agissait pas de lire les livres en entier. Il leur aurait fallu des mois pour cela. En fait, ils parcouraient tous les deux les livres suivant des critères bien précis. Malheureusement, ils n’avaient encore rien trouvé de concret. Ils étudiaient actuellement les légendes se rapportant au culte d’Altana. La Tarutaru devait avouer que ce n’était pas le plus inintéressant, malgré les nombreuses idioties qu’elle avait pu lire. Mais toujours rien se rapprochant de ce qu’elle cherchait.

Petitetaru remercia le jeune Elvaan et poussa un soupir de lassitude en voyant les volumineux livres encombrant sa table de travail. Elle se décida à faire quelques pas parmi les nombreux rayonnages de la bibliothèque, un pamama au lait dans chaque main. Le nombre d’ouvrages remplissant la salle l’impressionnait. Evidemment, rien ne valait la bibliothèque de Windurst sur ce qui traitait de la magie. Mais même ici, elle pouvait y dénicher quelques trésors. Pour le reste, San d’Oria était reconnue dans le monde entier.

Petitetaru reprit son travail une fois ses pamamas engloutis. Elle commença par le plus petit des livres disposés sur sa table, le jeune aide bibliothécaire prenant le plus gros. En commençant sa lecture, elle se promit d’y réfléchir à deux fois avant de se proposer.

Les minutes passaient, le silence s’imposant dans la salle. Dehors, le ciel semblait s’assombrir, sans doute annonciateur de pluie. Tout à coup, les yeux de la Tarutaru se plissèrent. Pour la première fois, sa lecture semblait l’intéresser. Puis elle passa de l’intérêt à l’étonnement, et de l’étonnement à la crainte. Ses lèvres bougeaient par moment, silencieuses. Quelqu’un sachant lire sur les lèvres aurait compris : « ce n’est qu’une légende, rien d’autre. » Comme pour se rassurer, elle regarda de nouveau le titre du livre. Puis elle relit encore et encore le même passage. Au bout d’un instant, elle referma le livre et resta assisse sur sa chaise. Elle semblait réfléchir à ce qu’elle avait lu. Elle finit par se lever. Dehors, la pluie commençait à tomber.
« J’ai trouvé ce que je cherchais. »
L’aide bibliothécaire se leva et commença à ranger les livres.
« J’aurais perdu beaucoup de temps sans votre aide. Merci. »
L’Elvaan lui sourit.
« Ma récompense est que vous ayez trouvé votre réponse. J’avoue ne pas être doué dans le maniement des armes, ni la magie. Je n’ai pas non plus le tempérament aventureux. Par contre, j’ai un certain talent avec les livres. J’essaie de faire bénéficier les aventuriers comme vous, mademoiselle, de mes maigres capacités. »
« Merci » répondit elle. « Nous avons besoin de personnes comme vous. Je vous assure que vous m’avez été d’un grand secours. Quelque fois, une piste se trouve non pas sur un sentier mais dans les pages d’un livre. C’est le cas aujourd’hui, grâce à vous. »
Petitetaru sortit une petite bourse de sa poche.
« Un maigre dédommagement du temps que vous avez investi à m’aider » dit elle en réponse au regard étonné de l’Elvaan. « Acceptez cet argent, s’il vous plaît. »
L’aide bibliothécaire prit la bourse.
« Je ne peux accepter votre bourse, mademoiselle. Je n’ai fais que mon travail. Avec votre accord, j’utiliserai cet argent pour améliorer le fonctionnement de cette bibliothèque. »
Petitetaru fit une petite révérence.
« Je dois partir au plus vite annoncer le résultat de mes recherches. Ce sera un grand plaisir de vous revoir. »

Elle quitta la bibliothèque, se disant que, finalement, tout comme ceux qu’elle connaissait personnellement, certains Elvaans n’étaient pas arrogants. Elle se dirigea machinalement vers la grande salle de la cathédrale. Elle s’arrêta devant une statue d’Altana. La scène représentait Altana bénissant de sa main des pèlerins.
« Kalten, je dois te parler » dit elle en se concentrant sur sa perle.
Elle fixa la représentation d’Altana en pensant à ce qu’elle avait lu.
« Ce n’est qu’une légende, une histoire pour faire peur aux enfants » se répéta-t-elle.
Un frisson la parcourut. Elle se concentra à nouveau.
« Kalten, réponds, crâne d’œuf. J’ai des informations très importantes. Ca te concerne personnellement. »
La Tarutaru se sentit soudainement mal à l’aise à regarder la scène d’Altana. Elle sortit de la cathédrale. Il pleuvait et l’orage grondait. Son impression ne passait pas.
« Falkhen, c’est Petitetaru. Kalten doit avoir des problèmes, je n’arrive pas à le joindre. J’ai….un…mauvais pressentiment. »
Quelques instants après, la réponse arriva.
« Kalten a toujours des problèmes, Petite. Je crois qu’il aime ça. On se retrouve à la taverne du Lion. Tout de suite. »
Petitetaru partit vers la taverne en courant.

La pluie ricochait sur les dalles de pierre de la cathédrale. A son sommet, une flaque commença à naître. L’eau ruisselante venait alimenter cette réserve d’eau. Quand la pluie cesserait, ce cadeau du ciel permettrait à de nombreux oiseaux de s’abreuver, leur permettant de continuer à vivre. Altana soit louée ! Tout à coup, un grand halo apparut au-dessus de la mare. Une silhouette se dessina quelques secondes dans le halo puis celui-ci disparut, laissant la silhouette encapuchonnée baignant dans la flaque d’eau. L’inconnue semblait agitée de sanglots.
« Tu es comme moi ! »
Le manteau tomba, laissant apparaître une Mithra aux mèches blanches. Ses larmes se mêlaient à la réserve de d’eau prodiguée par le ciel, par Altana.
« Tu connais ce vide, ce désespoir. »
Elle se redressa en hurlant, son visage ravagé par le chagrin faisant face au ciel déchaîné.
« TU ES COMME MOI ! TU DOIS ME COMPRENDRE ! »
Un éclair zébra le ciel, accompagné de son éternel compagnon de voyage, assourdissant.
La Mithra ne semblait pas ressentir la pluie cinglante, ni l’orage au-dessus d’elle. Elle défiait les éléments, elle défiait à ce moment la création elle-même.
« Quant à toi qui m’a tout pris, je te retrouverai ! »
Ses bras étaient levés. Non pas levés pour une offrande, mais levés, les poings serrés, menaçants.
« TU PAIERAS DE TA VIE ! » cracha-t-elle.
Un deuxième éclair apparut, lui répondant avec force, vrillant les tympans de quiconque aurait été aussi proche de la Mithra. Mais elle s’en moquait.

La silhouette se recroquevilla dans la mare, pleurant encore, ses bras l’entourant.
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