Naissance

 
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La procédure d'éveil était lancée.

Mekere prenait peu à peu conscience de son environnement. Il lui semblait qu’elle avait les yeux ouverts mais elle ne voyait rien, elle avait chaud, elle était bien, le doux ronron de son Floatbed la berçait doucement.

Puis il y eu ce sifflement indiquant l'ouverture du floatbed. De l’air froid chargé d’odeurs d’huile et de sueur entra dans le cocon et un rai de lumière aveugla Mekere.
Par réflexe, Mekere leva la main pour protéger ses yeux et elle resta un instant étonnée de sentir le contact de sa propre peau sur son visage. Il lui fallu de longues minutes après l’ouverture du floatbed pour pouvoir être enfin acclimatée à la lumière. Elle tendit la main devant elle observant ses doigts, ses ongles, testant sa souplesse et sa mobilité, puis elle observa son corps, constatant que Mère avait fait d’elle une femme.
Un peu hagarde, elle posa son regard un peu plus loin, devant son floatbed, elle vit un couloir, de temps en temps quelqu’un passait, marchait.

Mekere hésita, elle savait marcher, en théorie mais pour le moment elle se sentait très peu sûre d’elle, ne venait elle pas de naître après tout ? Elle essaya de sentir ses jambes, ses pieds, cherchant à contracter ses muscles. Après quelques essais, Mekere était sûre que ses muscles fonctionnaient correctement, ne restait plus qu’à se lancer. Hésitante, elle avança un pied et rassemblant tout son courage, pris son élan et sortit du floatbed.
A l’extérieur des nouveaux nés, comme elle, certains criaient, d'autres restaient prostrés, quelques un conversaient dans une langue que Mekere identifia comme de l'anglais. Bien, elle connaissait cette langue même si ce n'était pas sa primaire. Le brouhaha causé par les voix commença à l’agresser, Mekere aurait voulu faire taire ses voix, faire venir le silence, retrouver la douce quiétude de son œuf bercée uniquement par le ronronnement de Mère, un bruit doux et régulier, comme un battement de cœur. Elle mit ses mains sur ses oreilles et d’un pas encore mal assuré, elle se dirigea vers un couloir, fuyant cet attroupement de personnes, ce bruit incessant.

Mekere parcourut le labyrinthe de couloir, évitant les autres humains autant que possible, seule, elle voulait être seule ! Enfin elle arriva dans un couloir sombre et à en juger par la couche de poussière sur le sol fort peu fréquenté. Elle s’effondra derrière une caisse abandonnée là, essoufflée d’avoir tant marché et après quelques instants fondit en larmes. Elle qui se sentait si bien dans son floatbed, nourrie, instruite et bercée par Mère, se retrouvait agressée par le monde de Da Vinci. Elle aurait voulu retourner dans son cocon, ne jamais avoir à en sortir, ne jamais naître.


« Mère !» hoqueta t’elle

Ce fût son premier mot et elle trouva sa voix drôle, elle en rit, tout en laissant ses larmes couler sur son visage. Elle pleura longtemps, en silence et quand ses larmes furent enfin taries, elle resta là, prostrée. Les mains posées sur le sol. Et de ce sol, il lui semblait reconnaître quelque chose de familier, de plaisant. Elle s’allongea, l’oreille collée sur le sol, et elle sentit les vibrations, douces, régulières, le cœur de TAU, le cœur de Mère. Elle resta longuement comme cela, cherchant a retrouver le bonheur d’avant sa naissance quand elle entendit un bruit diffus, arythmique. Mekere se redressa et fouilla dans son sac. Quelle idiote ! Si Mère l’avait fait naître c’était pour une bonne raison, Mère était abîmée, elle avait besoin d’être réparée. Dans son sac Mekere trouva les outils, rudimentaires mais efficaces. Séchant la dernière trace de larme de son visage, Mekere se leva, elle savait quoi faire maintenant et d’un pas devenu vif, elle se dirigea vers les couloirs afin d’effectuer ses premières réparations.
 

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