[Broc] Le cercle brisé

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Le vent frais du nord pénétrait dans la chambre et parcourait la pièce en curieux visiteur, s'attardant pour carresser doucement le corps dénudé de Muricia, qui poussa un léger soupir inconscient et tira les couvertures à elle.

Même dans cette obscurité de nuit sans lune, Reis percevait à travers les ténèbres depuis la lourde chaise dans laquelle il se tenait la beauté de son épouse. Cette femme qu'il avait aimé, haït, vénéré, méprisé...Aucun être vivant au monde n'avait sut provoquer des sentiments aussi complet, aussi irrationnels et passionés, que cette femme là. Pas même la Lumière, objet de sa Foi, n'avait eut l'honneur de tant de sentiments.

Les yeux de Reis se posèrent sur le ventre de Muricia, où restait la marque indélébile du coup de poignard qui faillit ôter la vie à son épouse, mais qui surtout lui fit perdre l'enfant qu'elle portait, ainsi que l'espoir d'en avoir un autre. Pour Reis, le cercle de la vie s'était brisé. Jamais il n'aura de descendance. La lignée des Tahlen aura commencé avec lui, et elle finira avec lui.

Comme percevant la tristesse et le désespoir de son époux, Muricia frissona dans son sommeil, et gémit doucement. Reis ne se leva pas pour la réconforter, pas cette fois. Trop de questions lui martellaient l'esprit. Comment Arthur faisait-il pour subvenir à la fois au besoin de son royaume et celui de sa femme, Guenièvre? Comment a-t-il réagit quand il réalisa que son monde s'effondrait avec le départ de Lancelot avec celle qui avait été tout pour lui?

- Oh...Pendragon! Si seulement tu pouvais me guider... Que je sache quoi faire... murmura Reis au ciel.

Un royaume à changer, deux nations à écraser, une lignée à établir... Qui est-ce encore qui lui avait dit qu'il devrait faire un choix? Etait-ce cette Sicaire qui le suivait partout, qui s'obstinait à vouloir lui faire suivre le bon chemin? Ou était-ce ce fou d'Iathiel? Qu'importe... Il n'avait pas encore fait son choix, mais il savait qu'il ferait le bon.

Et quel que soit ce choix, Muricia serait impliquée.

Après tout, quel intérêt de créer un monde si vous n'avez personne de spécial avec qui le partager?

C'est peut-être ça qui a tué Arthur, finalement... Il n'avait plus personne.

Personne...

L'Amour était une force si puissante, presque surnaturelle, que Reis ne comprenait toujours pas que l'Eglise chercha à le dominer. Qui était encore ce philosophe grec - Etait-ce Diogene d'Appolonie? Reis ne se souvenait plus - qui prétendait que l'univers entier était basé sur les actions communes de haine et d'amour. L'amour qui attire tout, les gens, les bêtes, les puissances, les "atomes" (encore une invention de ces extravagants grecs), et la haine qui repousse tout ceci.

S'il disait vrai, comment pouvait-on seulement nier l'existence de ces forces? L'histoire d'Albion elle-même est la résultante de l'action de l'amour et de la haine. L'amour d'Arthur et de Lancelot pour Guenièvre, la haine de Mordred et de Viviane, l'amour d'une nation pour son souverain, la haine des peuples barbares d'Hibernia et Midgard jaloux de la beauté et de la gloire d'Albion.

Voilà un cercle qui ne saurait être brisé. Le cercle de l'amour et de la haine. Chacun jouant son rôle auprès de ces deux forces primaires.

Mais, de façon effrayante, plus le temps passait, plus Reis se demandait s'il était réellement un champion de l'Amour...
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Nonchalament assise sur l'un des toits des bâtisses de la Capitale,Lyséa aimée a laisser le vent venir mordre sa chaire, seul lui arriver à soulever parfois d'une douce brise le capuchon de sa pèlerine qu'elle prenait grand soin d'affaisser sur son visage, pour le cacher de moitié.

Le regard vague, pétillant à la vue de la lune. La sicaire s'abîmait dans sa douce torpeur, la nuit arrivait, sa nuit.

Perdue dans son refuge illusoire, elle en fut tirer par un gémissement, d'abord incertain, un murmure anodin, puis la complainte se fit plus grande alors, s'élevant vers la voûte céleste.

Soudainement intriguée la sicaire leva les yeux au ciel, bien que rare en cette contrée,un aigle majestueux dessinait des cercles au delà des cieux, il semblait poursuivit d'une multitudes d'étoiles, constellant son pelage déjà étincellent.

Lyséa aurait repris sa contemplation, si les cris de l'aigle ne lui était pas parvenue emplie de souffrance.

-Par Janoua, qu'a t-il ?

L'oiseau tourbillonna dangereusement, il semblait ivre, hurlant d'un ton perçant.

L'envole de l'aigle n'était plus qu'un ballet macabre, ou la lune faisait office de glas funeste.
Lentement, comme un pégase se brûle les aigles au soleil, l'aigle chuta...

Lyséa sentit sa respiration devenir courte, prèsque haletante elle se précipita vers le point de chute de l'oiseau.
Affolée, elle couru vers la plus haute colline des monts ténébreux, l'oiseau gisait sur l'herbe humide, qui déjà se teintait de vermeille.
La sicaire s'agenouilla alors pres de la dépouille de l'animal.

En sont pays, là où les esprits sont religions, l'aigle est symbole de destiné, et celui vient de s'éteindre, était-ce un présage de mauvaise augure ?
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