Le Fléau des Plans

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1- La mission d’une tueuse

Cela n’avait pas été une mission facile. Mais l’elfe, ou plutôt la drow puisqu’elle en était devenue une, l’avait mené à bien avec brio. Triel serait satisfaite, et elle, elle l’était déjà. Le simple fait d’exécuter ce pour quoi elle avait été entraînée à Calimport lui suffisait amplement. D’abord faire preuve de discrétion, puis de violence. Voilà son credo !

Elle était remontée de la faille dans laquelle le groupe de rebelles avait sa cachette en lévitant, s’évitant ainsi une escalade longue et périlleuse, puis s’était dissimulée dans le dédale de couloirs qui menait à la cité. Accroupie dans une anfractuosité de la roche, elle regarda passer ses poursuivants en souriant. Seuls ses yeux restaient visibles, pépites d’or brillant dans le noir. Sa peau d’obsidienne et sa longue crinière blanche étaient tout ce qu’elle avait de commun avec les elfes noirs. Ses yeux étaient restés les mêmes, dorés et emplis de paillettes brillantes. Grande, élancée, musclée, elle était belle et le savait. Dangereuse aussi.

Depuis des mois elle vivait à Menzoberanzan. Depuis que ses anciens amis avaient risqué leurs vies pour venir les délivrer Delroth et elle. Depuis qu’elle avait délibérément choisi d’y rester. Longtemps elle avait lutté contre sa nature de tueuse. Comme si parce qu’elle était née elfe elle devait obligatoirement être loyale et bonne. Mais non ! Esclave à six ans, puis mendiante, tire-laine, cambrioleuse et tueuse, la vie avait fait d’elle un être à part. Une elfe vouée au mal. Aucun de ses efforts pour adhérer aux valeurs des êtres bons qu’elle avait côtoyé ne s’était vu récompensé. Pendant un temps elle avait fait illusion aux côtés de Thoram l’ancien paladin, puis de Sano Rong dans leur quête pour sauver Féérune du Démon Saâd Ame ; mais ce dernier avait raison. Le mal couvait dans son cœur. Et l’étincelle qu’il avait mis à jour avait déclenché un incendie, la révélant à elle-même. Pourtant aujourd’hui encore, au cœur du royaume d’Ombre-Terre, le doute subsistait encore dans son esprit.

La chaleur de ceux qui la traquaient avait disparu. Elle se releva, écarta les pans de son Piwafi magique et ramassa le sac qui contenait son trophée. La tête de cette Vektra Chuss T’nir conforterait définitivement sa position au sein du clan Baenre. Lorsque Matrone Triel lui avait demandé de lui ramener une preuve de la mort de cette renégate qui vénérait Ellistraë plutôt que Lloth, elle avait frémit de joie.

La reine araignée l’ayant récemment transformée en drow, il lui fut facile en tant qu’inconnue de s’infiltrer parmi les fidèles de la vierge noire, puis de découvrir l’endroit où ceux qui étaient recherchés se cachaient. Le combat contre l’ancienne prêtresse ne fut pas aisé, mais elle avait suffisamment de ressources pour en venir à bout. Lorsque les renégats, attirés par le bruit de la bataille avaient défoncé la porte et trouvé leur meneuse décapitée, ils s’étaient tous lancés à sa recherche, animés d’une soif de vengeance qui ne s’étancherait qu’avec la mort de la tueuse. Mais elle était trop maline pour se faire capturer si aisément.

Deux heures plus tard, elle pénétrait dans le hall de réception du clan Baenre. Elle jeta un œil amusé sur la représentation magique de Lloth au plafond, qui tour à tour prenait la forme d’une magnifique elfe noire puis d’une énorme araignée, et s’agenouilla devant Triel lorsque celle-ci parue devant elle.


« - Fröhnir, je suis surprise de te revoir si rapidement. As-tu exécuté ta mission ? »

« - Oui Matrone Triel, voici la tête de Vektra. Je n’ais eu aucun mal à la trouver puis à la tuer. »

« - Bien, je suis satisfaite. Ne t’avais-je pas prédit un avenir radieux parmi nous ? »

« - Si, c’est vrai. »

« - Dommage que tes anciens amis se soient échappés. Enfin, maintenant que tu as fait tes preuves je vais pouvoir te confier une mission de la plus haute importance. »

« - Je vous écoute. »

« - Je veux récupérer le parchemin de Jarlaxle. »

« - Celui du Fléau des Plans ? »

« - Celui-là même. Tes sauveteurs ont négocié son aide avec. Il sait que j’ai les cristaux, et je sais qu’il a le parchemin mais il refuse de me le donner, alors tu vas aller le lui reprendre. »

« - Qu’allez-vous faire avec ? »

« - Conquérir la surface bien entendu ! Mais se sera pour la gloire de Lloth, non pour celle de Baâl ! »

« - Il en sera fait selon vos ordres. » répondit l’elfe sur un ton servile.
2- L’énigme du fléau

Lorsque Triel eut quitté la pièce, Fröhnir sut que le flagelleur mental qui la suivait partout était parti. Elle se détendit et regagna ses appartements. Alors qu’elle lévitait encore une fois vers sa chambre (ce nouveau don, cadeau de Lloth lui plaisait décidément beaucoup), elle repensa à toutes les épreuves endurées pour éviter à Toril le fléau que pouvait représenter une invasion de démons. Pourquoi une fois encore devrait-elle être l’instrument qui permettrait l’ouverture permanente d’un portail sur le plan des neufs enfers ? Mëryl, sa demi-sœur lui avait rapidement parlé de la malédiction qui touchait les femelles de sa famille à chaque génération. Cela serait la cause de sa sinistre vocation et de son goût pour le meurtre… Cette malédiction avait un lien avec le Winangoroth, mais lequel ? Elle avait demandé audience à Gromphf Baenre, l’archimage de Menzoberanzan. Peut-être accepterait-il de la laisser fureter dans sa grande bibliothèque en quête d’une réponse ? Hélas, depuis le temps, aucune réponse ne lui avait été transmise.

Parvenue sur le seuil de sa chambre, elle annula les alarmes magiques et désamorça les pièges qui protégeaient l’entrée de son domaine privé, puis poussa la porte et la referma derrière elle. La pièce, chichement décorée, n’était pas dénuée de charme. Quelques tapis couvraient le sol de pierre, et les rares meubles étaient tous couverts de nombreuses bougies qui permettaient à l’elfe de s’éclairer comme elle l’aurait fait à la surface.
Elle alluma un feu sous une grande baignoire de fonte afin d’en réchauffer l’eau et de pouvoir prendre un bain, puis commença à se déshabiller. Elle jeta négligemment son piwafi et son surcot noir sur le lit, enleva son pantalon de cuir et ses bottes, et défit ses sous-vêtements, puis alla se mirer dans un grand miroir accroché au mur. Elle éprouvait un choc chaque fois qu’elle se voyait nue dans la glace. Bien que ses courbes parfaites ne soient pas en cause, la couleur de sa peau la stupéfiait encore, même plusieurs mois après sa transformation. Seul bémol à ce corps parfait, les longues zébrures dues au fouet qui striaient son dos des épaules jusqu’au bas des reins. Lloth les lui avait laissé pour qu’elle se souvienne qu’en Ombre-Terre, la torture pouvait s’abattre à tout moment sur ceux qui la trahissaient.

Alors qu’elle allait plonger un pied dans l’eau pour tester la température de son bain, un applaudissement se fit entendre derrière elle.

Clap, clap, clap !

Elle plongea une main dans l’eau et pivota instantanément, une longue dague d’adamantite à la main.

Le sorcier se matérialisa devant elle, l’air apparemment réjouit d’assister au somptueux spectacle de sa nudité.


« - Vous êtes bien belle pour une vulgaire tueuse jeune Fröhnir. »

« - Je ne suis pas une vulgaire tueuse comme vous dite. Je suis LA tueuse ! » répondit l’elfe en bombant le torse, exposant en avant ses jolis seins en forme de poire. A peine troublé, Gromphf Baenre, puisqu’il s’agissait de lui lui dit :

« - Tss tss tss. Vous n’êtes là que depuis quelques mois seulement et déjà le principal travers des drows s’est emparé de vous. Vous avez quoi ? 70 ans tout au plus. A peine une adolescente. Reprenez-vous Fröhnir, sinon vous finirez comme tous les tueurs : morte ! »

« - Quel est ce défaut dont vous parlez ? »

« - L’excès de confiance. Mais je ne suis pas venu ici pour vous parler de ça. Ne voulez-vous pas vous rhabiller avant que nous parlions ? »

Pour toute réponse, Fröhnir se retourna et se pencha en avant, faisant mine de tester l’eau, exhibant au vieux magicien son postérieur ferme et rond. Puis elle entra dans la baignoire. Le vieux drow dégluti difficilement et s’assit sur une chaise avant de commencer :

« - Vous souhaitiez compulser mes vieux livres. Je ne peux hélas accéder à votre demande. Mais, comme je connaissais le but de vos recherches, je les ai faites pour vous. »

« - Vraiment ? Et qu’avez-vous trouvé ? »

« - Il y a quelques 5000 ans, l’une de vos aïeuls, une puissante magicienne, a aidé l’avatar de Baâl à créer le Winangoroth. Le fléau des plans représentant une grave menace pour Toril, les autres divinités ont dispersé les cristaux et chassé Baâl de ce plan. Elles ont également maudit votre famille jusqu’à ce que le tort fait à Féérune soit réparé. »

« - Voilà qui explique bien des choses… »fit Fröhnir songeuse.

« - C’est certainement la raison qui fait que le hasard vous mette systématiquement sur le chemin du Fléau. Votre destin est intimement lié aux cristaux et au parchemin. »

« - Et il vient de le faire à nouveau. Triel veut que je récupère le parchemin. »

« - Il est ici ? »

« - Bregan d’aerthe. »

« - Jarlaxle ! Pourquoi cela ne m’étonne pas ? qu’allez-vous faire ?»

« - Que croyez-vous que je puisse faire ? Vous avez vu mes cicatrices, je ne me sens pas prête pour de nouvelles tortures. »

« - Fröhnir, c’est là l’occasion pour vous et votre famille de mettre un terme à cette malédiction. C’est aussi l’occasion de se débarrasser définitivement du Winangoroth. »

« - Me suggéreriez-vous une trahison ? »

« - Oui. Et je vous y aiderai. »

« - Comment ? »

« - Récupérez le parchemin, et je m’occuperai de vous renvoyer à la surface. Je vous indiquerai aussi le moyen de détruire les cristaux. »

« - Ce moyen n’existe pas. Les sages de Château-Suif ne l’on pas trouvé. Vous bluffez, c’est un piège pour tester ma fidélité à votre sœur Triel ! »

« - Ce moyen existe ! Quant à Triel, je ne suis pas son jouet. Alors ne m’insultez plus gamine ou il vous en cuira ! »

« - Je veux bien vous croire... »

« - A la bonne heure ! enfin une parole raisonnable. Vous aurez besoin de ces artefacts pour votre mission. » dit-il en déposant une cassette de métal sur la table. "- Vous pouvez remercier votre sœur, c’est elle qui m’en a donné l’idée. »

« - Mëryl ? vous l’avez vu ? »

« - Non, mais je l’ai observée. Elle me rappelait tant ma petite Liriel que l’espionner fut un réel plaisir. »

« - Comme tout à l’heure ? vous êtes un véritable voyeur ! »

« - Et vous une exhibitionniste effrontée ! Bon, nous n’allons pas nous quereller, l’amulette contenue dans ce coffret vous redonnera l’apparence que vous aviez avant. L’anneau vous téléportera à Eauforte. Quant à Rouge-gorge, je crois que vous vous connaissez. »

« - Vous l’avez retrouvée ? Où était-elle ? » Dans sa précipitation de revoir sa dague de feu, l’elfe était sorti de sa baignoire, et, son corps d’obsidienne ruisselant sur le sol, se précipita vers la table pour ouvrir le coffret sous les yeux médusés du magicien.

« - J’espère que vous réussirez. La note que j’ai laissée vous indique à quel endroit de Féérune et avec quels objets vous pourrez détruire le Fléau des Plans. Le parchemin d’ouverture du portail est nécessaire pour ce rituel. C’est pourquoi vous devez impérativement le récupérer. Méfiez-vous de Jarlaxle. Il est plus malin que vous ne pourriez le croire, et de plus il est bardé de défenses magiques. Ne vous battez pas contre lui. Vous perdriez. »

« - Mais, un instant… » Fröhnir arborait maintenant un visage ou s’était inscrit une expression de pure terreur. Son visage noir avait presque retrouvé sa blancheur d’origine tant elle avait peur.

« - C’est, c’est… »

« - Oui, se sont bien les 6 cristaux du Winangoroth. Vektra les avait dérobé à Gislhain de Castel St Martin lors de votre capture et Triel ne les a pas rendu à Saâd Ame Uss Ayne. Elle a fait l’erreur de me les confier pour que je les étudie avec l’espoir de s’en servir un jour. Je ne pouvais pas la laisser faire. »

« - Pourquoi ? »

« - Le seul amour de ma vie réside à la surface. Une invasion de démons sur Féérune pourrait la tuer en même temps que tous les êtres vivants de Toril. »

« - Liriel ? »

« - Oui. » murmura-t-il.

« - Je ferais ce que je pourrais. »

« - Je compte sur vous jeune Fröhnir. »

Et il disparu. Laissant Fröhnir nue et mouillée, avec le destin du monde sur les épaules.
3- Le mercenaire

Le lendemain matin, armée et équipée de ses artefacts, elle quitta le domaine Baenre pour arpenter les avenues de la ville basse. Les stalagmites étant moins volumineuses à cet endroit, nombre de bâtiments avaient été construit avec des pierres grossières et de tailles diverses, ce qui leur donnait un aspect triste et délabré. Elle savait que le quartier général de Bregan d’Aerthe se trouvait dans les parages, mais ignorait l’emplacement exact. Elle attrapa un kobold qui passait par-là et lui demanda sans ménagement de transmettre son message à la ronde :

« - Transmet ceci dans les environs : La tueuse des Baenre demande à rencontrer le chef des mercenaires Jarlaxle. J’attends à la taverne du Champignon brun. »

Un gros ogre de couleur orange donna une table à Fröhnir dans un coin à l’écart et lui servit une bière duergar. L’elfe y trempa les lèvres mais n’alla pas plus loin. Les nains gris n’ont pas le même talent que leurs cousins de la surface en ce qui concerne le brassage de la bière songea-t-elle.

Une bonne heure s’était écoulée lorsqu’un étrange drow se présenta à sa table. Chauve, habillé de couleurs voyante et coiffé d’un large chapeau orné d’une grande plume, le mercenaire avait de la prestance et du charme.


« - Vous vouliez me voir ? »

« - Vous êtes Jarlaxle ? »

« - Cela dépend de ce que vous voulez… vous êtes la tueuse de Triel, et comme nous sommes en froid en ce moment, il se pourrait que vous soyez venu pour m’éliminer… »

« - Je suis certaine que cela lui ferait plaisir en effet. Mais je ne suis pas là pour ça.»

« - Bien, alors que puis-je pour vous ? » fit-il en s’asseyant nonchalamment en face d’elle.

« - Vous le savez bien. Ma sœur vous a remis le parchemin d’incantation du Fléau des Plans. J’en ai besoin. »

« - Vous voulez dire que Triel en a besoin ! »

« - J’EN ai besoin. Nuance. L’avenir de Toril en dépend. Cela ne vous émeut-il pas ? »

« - C’est fou ce que vous ressemblez à votre sœur. Même sous cette nouvelle apparence, qui en passant vous va à ravir, vous êtes son portrait craché. A une différence près cependant… »

« - Laquelle ? »

« - Elle est innocente, alors que vous êtes froide et sans pitié. Même lorsque vous étiez enchaînée et que le bourreau vous fouettait sans discontinuer vous n’avez pas versé une seule larme ! »

« - Qu’en savez-vous ? » cracha-t-elle.

« - J’étais présent à une séance. Je voulais voir de mes yeux le phénomène. »

« - Je ne suis pas un phénomène ! »

« - Oh que si. Vous ignorez à quel point vous êtes exceptionnelle. »

« - Si vous parlez de mon lien avec ces maudits cristaux alors si, je suis au courant. C’est pourquoi j’ai besoin du parchemin. »

« - Il est à vous. »

« - Vraiment ? »

« - A une condition. »

« - J’aurais dû m’en douter… qu’attendez-vous de moi ? »

« - De vous rien. Mais j’aimerais revoir votre sœur. »

« - Laissez ma sœur tranquille. Vous l’avez dit vous-même. Elle est innocente. Vous la pervertiriez ! »

« - Fröhnir, vous êtes implacable. »

« - Non, je suis froide et sans pitié. » ricana-t-elle.

Le mercenaire sourit. Cette elfe, ou plutôt cette drow l’impressionnait au plus haut point.


« - Voilà ce que nous allons faire. Vous irez rejoindre vos amis afin de faire ce que vous avez à faire avec le Fléau des Plans, et vous retrouverez votre sœur. Vous lui donnerez cette pierre. » Il tendit à Fröhnir un étrange caillou bleu, presque transparent, qui irradiait une forte magie.

« - Qu’est-ce ? »

« - Une sorte de pierre de rappel. Un peu comme cet anneau que vous portez à votre main gauche. »

Fröhnir cacha sa main rapidement.

« - Si Mëryl souhaite me revoir un jour. Qu’elle pense fort à moi en tenant la pierre, et c’est moi qui viendrait la rejoindre. »

« - Vous l’aimez ? »

« - Je… l’apprécie. »

Fröhnir eut un sourire en songeant que le grand Jarlaxle, chef des mercenaires de Bregan d’Aerthe puisse être amoureux d’une oie blanche comme Mëryl, puis se demanda si elle aussi un jour trouverait le véritable amour. Elle pris la pierre et tendit la main pour conclure leur marché. Le drow la lui pris et la garda un instant en la fixant droit dans les yeux.

« - Je compte sur vous Fröhnir. »

« - Pour sauver le monde ou pour vous obtenir un rendez-vous avec ma sœur ? »

« - Mais les deux voyons ! » dit-il en lui donnant un rouleau de parchemin vraisemblablement fabriqué à partir de peau humaine. Elle s’en empara sans la moindre expression de répugnance, et le rangea dans une poche de son surcot.

Il se leva lentement, la salua et s’en alla.

L’elfe resta un instant à fixer sa bière, puis, un sourire de satisfaction sur les lèvres actionna l’anneau du magicien pour être instantanément téléporté quelque part près d’Eauforte… à la surface.
4- Le retour

La nuit n’était pas très avancée et l’on pouvait encore distinguer à l’horizon quelques traînées rose/orangées qui disparaissaient petit à petit dans l’ombre, preuves célestes que le soleil venait à peine de se coucher, noyé dans la mer des épées plus à l’Ouest.

Eauforte n’était pas encore endormie, et, enveloppée dans son Piwafi, l’elfe à la peau d’obsidienne se glissa jusqu’au centre ville sans être vue. Crocheter la serrure de la petite boutique d’antiquité et d’artisanat qui avait été la sienne fut relativement aisé, mais affronter la poussière et les toiles d’araignées qui avaient envahi l’endroit fut une épreuve nettement plus difficile.

C’était SA boutique. Celle qu’elle avait monté en partenariat avec les artisans d’un petit village elfique plus à l’Ouest un an auparavant. Celle qu’elle avait monté avec l’aide de Thoram. En y réfléchissant bien, s’il n’était pas parti, jamais elle ne se serait enfoncée dans la forêt. Jamais elle n’aurait rencontré le Démon. Jamais elle n’aurait eu de rapport avec le Fléau des Plans… si seulement…

Avec minutie, elle dépoussiéra ses anciens habits, puis fit un peu de nettoyage. Trois heures plus tard, habillée de frais et l’amulette du sorcier drow autour du cou, elle gagna le lieu où elle avait rencontré Sano : Le Théâtre.

L’elfe qui entra ce soir-là dans le théâtre des illusions était d’une humeur moins sombre que la dernière fois qu’elle y avait mis les pieds, néanmoins, son allure martiale et la dureté de ses traits ne lui attirait pas que des regards énamourés…

Elle s’installa à la même table qu’une année auparavant, et vérifia le contenu de sa besace. Les cristaux étaient bien là, le parchemin aussi, la pierre du drow pour Mëryl et la note du sorcier. Elle déplia cette dernière et la lue aussitôt :


« - Chère Fröhnir, lorsque vous lirez ce mot vous serez en sécurité à la surface. Je me charge de calmer la colère de Triel ne vous en préoccupez pas. Pour détruire le Winangoroth, vous aurez besoin d’un peu de sang d’une vierge elfe (nul besoin de la tuer… quelques gouttes suffiront), d’un rubis pur et parfais, du parchemin bien entendu, d’un os issu du squelette d’un avatar de Baâl, n’importe lequel, et pour finir, d’un sacrifice humain. Vous devrez suivre les indications jointes avec fidélité et prononcer l’incantation du parchemin à l’envers, comme lors de l’extraction des cristaux de votre corps… Vous devrez réaliser cette cérémonie dans un vieux temple dédié à Baâl qui est à l’abandon quelque part au sud-est du désert de L’Anauroch, à l’endroit même où votre ancêtre a créé l’artefact il y a 5000 ans. Je vous souhaite bonne chance. »

S’ensuivait une description précise de la cérémonie avec les rituels magiques l’accompagnant.

Fröhnir secoua la tête tant elle était désespérée. En admettant qu’elle puisse trouver tous les ingrédients nécessaires, elle ne pourrait en aucun cas y arriver seule, et la formule nécessitait un mage qui puisse parler la langue des démons à l’envers… Cela relevait de l’impossible… qui aurait le courage, ou la folie de l’accompagner dans une telle aventure ?

Sano devait être reparti pour Kara-Tur à la recherche de ses parents, Fëriany devait avoir tenu sa promesse avec Delroth, et Druss et Elayne devaient certainement s’être découverts des sentiments réciproques. Serait-elle vraiment seule ?

Elle songea un instant à publier une petite annonce pour l’aider dans la recherche de tous ces ingrédients, mais la peur de ne pas recevoir d’aide l’en empêcha. Peut-être un crieur public ?
Delroth ne savait pas pourquoi il était revenu à Eauforte, mais il avait décidé d'y faire escale pendant son voyage vers Port-aux-Crânes. Peut-être la nostalgie ... Depuis que Fëriany l'avait quitté pour rejoindre et reformer son ordre de chevaliers, il n'avait pas réussi à trouver de consolation. Il s'était engagé durant quelques semaines en tant que garde d'un commerçant originaire de Luskan, qui s'était révélé être un agent du Zentharim en mission pour l'Anauroch. Il devait avoir ralentit le plan du Zentharim en tuant ce faux marchand, mais il avait du revenir seul depuis l'Anauroch, vivant de l'infructueuse chasse de ces régions inhospitalières.

Mais aujourd'hui, il marchait pour rejoindre les serviteurs d'Eilistraë à Port-aux-Crânes. Peut-être passerait-il voir Fëriany avant d'atteindre son but ? Il ne savait pas. Il ne connaissait pas les sentiments qu'éprouvait cette farouche demi-elfe ... était-ce de l'amour ou simplement une aventure sans lendemain qui ne tenait qu'à une promesse ?

Et qu'était-il devenu des personnes avec qui il avait voyagé ? Sano ? Fröhnir ? Mëryl ? Druss et Elayne s'étaient mariés au Cormyr. Le barbare venait d'être réintégré comme Capitaine des Dragons Pourpres et la belle guerrière était enceinte de deux ou trois mois. Ils partagaient un bonheur que Delroth leur enviait ... il aurait aimé vivre comme eux, sans se soucier de savoir si la chasse serait bonne le lendemain ... sans penser à ce qui pourrait nous attendre au coin de la rue ... sans vivre avec la mort à ses trousses ...

Mais ce destin lui avait été refusé, et aujourd'hui il n'y avait plus de regrets à avoir. Sa vie était sa vie et elle ne serait pas autrement. Mais il gardait espoir ... peut-être qu'un jour ...

Il se dirigea vers le Théâtre. Il n'avait séjourner que brièvement ici mais le souvenir qu'il en avait resterait gravé au fond de son coeur ... il sourit en repensant au souffle tiède de Fëriany sur son cou .. à la chaleur et à la douceur de sa peau .. à la tendresse des ses baisers charnels ... ses yeux brillèrent d'un éclat de bonheur lorsque tout les souvenirs affluèrent dans son esprit.

Il salua le tavernier et commanda un verre d'hydromel, qu'il sirota sans se soucier des regards qu'on lui portait, sans même regarder ceux qui se trouvaient là ... là où il était, la lune éclairait la pâle peau de Fëriany et ses mains caressaient ses courbes généreuses ...
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Si le savoir peut créer des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui les résoudra. (Isaac Asimov)
Seth Harper - Conseiller L.O.U.P.S - Prime Administrateur Arès Corp.
Fröhnir se décida à afficher une petite annonce dans toute la ville. Il lui fallait de l’aide. Trouver quelques gouttes de sang d’une vierge elfe ne devrait pas poser trop de problèmes, il suffirait de s’arrêter dans un petit village elfique sur la route, peut-être Valdrimë qui sait ? Pour le rubis, il faudrait certainement qu’elle ait recourt à un petit cambriolage, là encore, rien d’insurmontable pour elle. Les plus gros problèmes restaient l’os d’un avatar de Baâl et le sacrifice humain… Où localiser les restes d’un Dieu, et qui trouver à assassiner ?

Elle s’approcha du comptoir et demanda un parchemin et de l’encre au tavernier. Elle jeta rapidement un coup d’œil sur l’homme qui était accoudé à côté d’elle et reporta son attention sur la salle.

Soudain ses yeux s’agrandirent.


« - Delroth ? »
Un homme courait dans le désert d'Anauroch, il tenait fermement deux katanas dans ses mains et n'infléchissait aucunement sa course. Le soleil de plomb, écrasait la surface sableuse et le teint cuivré de l'homme démontrait clairement qu'il avait passé beaucoup de temps dans ce désert. De ses traits, on savait qu'il n'étais pas originaire d'un peuple bédouin qui parcourait l'Anauroch de long en large, il avait les yeux bridés et il était de petite taille. Un homme originaire de kara-tur.

Sano Rong car tel était son nom fuyait, il essayait de grimper une dune à l'aide de ses katanas, il les plantaient dans le sable et se hissait, haletant. Deux créatures qu'il n'avait jamais vu le poursuivait, la bave aux lèvres. Une horreur sur patte, un corps mi-humain mi scorpion qui se déplaçait à une vitesse prodigieuse. Le jeune voleur avait perdu ses dernières réserves d'eau, il avait du s'alléger pour échapper à ce genre de créature et la, il était presque fini, épuisé, il avait réussi a en abattre une mais le cuir qui recouvrait la peau de cette créature était coriace. Il glissait plus qu'il ne grimpait, il se rattrapait a chaque fois de justesse pour ne pas glisser en bas de la dune et déjà, il entendait le souffle rauque du monstre sur ses jambes. Il repensa a toutes ses aventures qu'il avait passés sur la côte des épées, des conquêtes qu'il avait fait et de....Frohnir qui l'avait quittée, cette elfe au yeux dorés qu'il avait aimés et voulu protéger au péril de sa vie. C'était manifestement une bien triste fin pour une personne comme lui, mais....à quoi bon lutter, sa quête pour retrouver son père se terminait ici, sur cette dune.

Il s'arrêta, et se retourna, le sable coulait entre ses jambes et dégringolait par cascades tel une mini avalanche. Un cri de triomphe monta de la gorge des deux créatures qui montaient avidement la pente. Sano se prépara au combat.

Des dizaines de flèches frôlèrent le visage de Sano et vinrent se planter dans la cuirasse épaisse des monstres qui hurlèrent, et il furent parcourus de spasmes frénétiques avant de rendre l'âme. Le voleur jeta un coup d'oeil au dessus de son épaule et vit des dizaines d'hommes vêtus de robes longues blanches avec un turban sur la tête. Ils étaient armés d'arc puissants dont la portée surpassait largement ceux que l'on trouvait généralement sur la côte des épées. Sano regarda de nouveau les deux créatures qui étaient maintenant criblées de flèches et qui rendaient leur dernier soupir.

Un des hommes s'avança vers le voleur et descendit a moitié la dune et s'arrêta en face de lui.


- Qui êtes vous ?
- Un paisible voyageur qui fait la connaissance avec la faune locale.

Derrière le turban qui lui recouvrait son visage, l'homme plissa les yeux. C'était un nomade ou un éclaireur pensa Sano et sa vie pouvait s'arrêter la. L'homme n'avait qu'un mot a dire pour que le voleur fut transpercé de part en part de dizaines de flèches. Le voleur décida d'en dire un peu plus sur lui.

- Je m'appelle Sano Rong et je suis originaire de kara-tur, je retournes dans mon pays.
- Je m'appelle Azim del Jawad Tarik Mashrek oubara del Jafar

Il mit la paume de sa main sur son coeur et baissa légèrement la tête, certainement une coutume de politesse pensa Sano. Aussitôt, les arcs s'abaissèrent légèrement pour être détendu et finalement relâchés.

- Nous vous emmenons a notre campement Sano Rong

Le voleur regarda la dizaine d'homme présent et il savait très bien que s'il refusait cela signifiait la mort pour lui, il était otage en quelque sorte. Il baissa la tête en signe d'acquiescement et il sentit encore l'atmosphère se détendre.

Une gourde d'eau lui fut donnée et il but par petite gorgée. Ses lèvres étaient craquelées et il ne voulait pas risquer de mourir d'indigestion après avoir été "Sauvé" par ce peuple nomade. Entourés par tous les hommes, Sano suivit docilement le groupe en direction du campement, ou son sort devait bientôt être connu.
Matrone Triel ne décolérait pas. Non seulement l’archimage de Menzoberanzan l’avait trahie, mais il avait poussé sa meilleure tueuse à fuir avec le fléau des plans ! Ses merveilleux projets de conquêtes tombaient à l’eau !

« - Lloth ne pardonnera pas à ces impudents ! je leur ferais payer cher cette trahison ! »

Un serviteur se présenta, tremblant et suant à grosses gouttes devant la colère de la maîtresse des drows.

« - Ô grande Matrone, le visiteur que vous attendiez est arrivé, dois-je le faire entrer ? »

« - Bien sur crétin ! ne le fais pas attendre ! » puis, pour elle-même « - Enfin une bonne nouvelle ; l’heure de la vengeance a sonnée ! »

L’ombre se présenta devant la drow en flottant à quelques centimètres du sol. Son visage n’était que cicatrices et brûlure et la haine qui le déformait ne faisait qu’ajouter un peu plus d’horreur à ce monstrueux faciès.

« - Je suis Nando Seyflin, le plus puissant mage au service de la Griffe Noire. A vos ordres contre les 10000 pièces d’or promises. »

« - Je sais. Mais vous, savez-vous pourquoi j’ai fais appel à vos services ? »

« - Parce que je suis le meilleur. »

« - Parce que votre cible se nomme Fröhnir ! »

« - Qu… QUOI ?!!! Fröhnir ? »

« - Oui, celle-là même qui vous a éventré à la porte de Baldur il y a de ça deux ans… Votre haine combinée à l’appât du gain devrait suffisamment vous motiver pour que vous meniez à bien votre mission. »

« - Puis-je la faire souffrir avant ? J’ai tant souffert des blessures physiques et sentimentales qu’elle m’a infligé que me venger est l’une de mes préoccupations première.»

« - C’est même vivement recommandé. Vous devrez me ramener par la suite un parchemin de peau humaine qu’elle doit avoir sur elle ainsi que 6 cristaux noirs. »

« - Le Fléau des Plans ? »

« - C’est cela même. Mais n’en faite rien, ce pouvoir vous dépasse. Ramenez-le moi c’est compris ? »

« - Il en sera fait selon vos désirs. »

« - Ah, et tant que j’y suis, si vous pouvez aussi me ramener la tête de mon frère Delroth qui doit traîner avec elle, vous toucherez un bonus. »

« - Avec grand plaisir ! »

Nando Seyflin se retira comme il était arrivé, en flottant dans les airs, laissant son long manteau noir voltiger autour de lui. Une forte magie et une aura noire comme les elfes qui l’entouraient se dégageait de lui. Tous s’écartaient sur son passage. La mort et la peur l’accompagnaient.
Fröhnir !?

Delroth n'en revenait pas ... sorti de sa rêverie, il avait regarder ces yeux d'or qu'il avait connu il y a quelques temps de cela ... tant de changements ...

Comment !? Tu es revenue ? Qu'est-ce que ... qu'est-ce que tu viens faire là ?

*******

L'ombre quitta la maison Baenre et se dirigea dans un coin obscure de Menzoberranzan. Il arriva dans une salle tout aussi obscure où l'attendaient huit autres Drows, une lueur plus maléfique que jamais dans les yeux.

Mes frères ... dit-il sur un ton enjoué L'heure de notre vengeance à sonnée. Bientôt .. le Traître sera agenouillé devant nous. En route pour la surface !

Ces quelques paroles furent vite englouties dans les froides ténèbres de la salle ... un vent souffla derrière les neuf mystérieux individus ... un vent de désespoir.
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Si le savoir peut créer des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui les résoudra. (Isaac Asimov)
Seth Harper - Conseiller L.O.U.P.S - Prime Administrateur Arès Corp.
Fröhnir eut un sourire énigmatique ; mais elle avait sentie une pointe d’anxiété dans la voix de Delroth. « qu’est-ce que tu viens faire là ? » : cette question anodine avait un sens caché. Elle avait plutôt entendu « Quel mal une personne qui a délibérément choisi de vivre chez les drow apporte-t-elle ici ? ».

Mais elle comprenait cette réaction. Delroth avait fuit le mal qui régnait dans sa cité. Elle elle avait fait exactement le chemin inverse. Légèrement honteuse de ce choix qu’elle avait du mal à assumer face à son ami, elle leva la tête, et le regarda de ses grands yeux pailletés d’or :


« - Je ne suis pas là pour accomplir une mission pour ta sœur si c’est ce que tu crois. Je suis venue quérir de l’aide pour détruire les cristaux. L’archimage de Menzoberranzan m’a indiqué le moyen de le faire. » tout en parlant elle tapotait nerveusement sur sa besace, donnant des coups d’œil rapide sur la salle derrière eux.

« - Triel va certainement m’envoyer des tueurs pour se venger de cette trahison. Je ne sais pas par où commencer, j’ai vraiment besoin d’aide, mais je ne souhaite pas t’impliquer là-dedans. C’est trop dangereux, et tu as eu ton lot de torture ces derniers temps… »

A ce sombre souvenir, quelques larmes inondèrent les yeux de l’elfe, mais, d’un effort de volonté elle les chassa avant qu’elles ne coulent.

Fröhnir baissa le menton et murmura :


« - Je suis désolé pour tout ça… »
Les tortures ... je les aurait subit un jour où l'autre de toute manière. je ne pense pas être capable de leur échapper jusqu'à la fin de mes jours d'autant plus qu'une rancoeur est tenace parmi mes anciens frères ...

Il déglutit un moment

Et puis de toute manière qu'est-ce que serait Delroth Baenre s'il ne risquait pas sa vie pour les jolies yeux d'une demoiselle dit-il en portant sa chope d'hydromel à la bouche.

Même si celle-ci a vendu son âme au diable dit-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. Puis il sembla se rendre compte de e qu'il venait de dire et balbutia quelques excuses.

Escuse moi ... Fröhnir ... j'ai tout simplement du mal à te comprendre ... tu as lutté contre le démon ... toute ta courte vie n'a été qu'une lutte contre le mal qui était autant à l'extérieur qu'à l'intérieur de toi ... pourquoi as-tu abandonné ce combat intérieur Fröhnir ? C'était sûrement le plus grand combat de ta vie ... lutter contre le mal qui te ronge ... alors pourquoi toi qui n'abandonne jamais as-tu arrêté ce combat ?

Etais-tu si lasse que cela malgré ton jeune âge ? Même si ton cas est particulier d'autres aussi ont une lutte similaire à la tienne ... ont-ils abandonné ? Peut-être ... mais il est probable que cet abandon les détruise ...

Tu vas te détruire toi-même Fröhnir ...

Il se rendit compte qu'il avait débité tout cela sans laisser le temps à la jeune elfe de placer une parole. Mais il reprit.

Quand à ceci dit-il en désignant la besace je t'aiderais car ma soeur n'en restera sûrement pas là ... et je serais sur son chemin ... et puis ... même si tu changes de camp .. tu as toujours d'aussi jolis yeux ...

Il la regarda droit dans les yeux de son regard violacé ... un léger sourire à la commissure des lèvres.
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Bien que blessée par les paroles du drow, Fröhnir ne pouvait qu’approuver la justesse de son analyse.

« - Tu as certainement raison, je vais sans doute me détruire moi-même ; mais je n’ai pas abandonné ce combat intérieur, même si je me suis laissée aller un instant… J’ai appris que le mal qui était en moi était dû à une malédiction. Détruire le Winangoroth brisera ce mauvais sort qui me frappe. C’est l’une de mes ancêtres qui a aidé à sa fabrication, si l’une de ses descendante participe à sa destruction, la malédiction sera levée. Je n’aurais plus à combattre mes démons, car ils auront disparus. Tu comprends ? Je n’ai pas abandonné ! »

Puis, un sourire coquin aux lèvres :

« - Fëriany a-t-elle tenue sa promesse ? »
Le sourire qui illumina le visage de Delroth fût sûrement plus évocateur qu'il ne l'aurait voulu.

Puisque ton combat n'est pas fini ... le serment de protection que je t'avais porté la première fois n'est donc pas rompu .. je resterai à tes côtés ... jusqu'à ce qu tu sois libre du mal qui te ronge ou que nous soyons mort dans notre tâche pour t'en libérer ...

Mais il faudra nous trouver des compagnons de route ... Druss et Elayne vivent heureux à Suzail et Elayne attends un enfant ... je ne préfère pas privé l'enfant de son père ...
Sano est parti pour Kara-tur sans même nous dire au revoir ... un jour en nous levant il n'était simplement plus là.

Fëriany est partie refonder son ordre .. puisqu'elle et son ordre sont liés au parchemin il serait sage de demandé leur assistance ...

Mais pour le moment nous ne sommes que deux et la tâche sera longue et semée d'embûche ... nous risquons d'avoir beaucoup d'obstacle envoyés par Triel ... dit-il plus doucement ... repensant à un sombre présage ... un présage de .. désespoir.
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Joshua était venu à EauForte pour voir sa soeur, Alwen Soufle de Vie, qu'il n'avait pas vu depuis plus de 70 ans. Il reçut un message de sa part lui demandant de venir la voir dans cette ville. Elle connaissait l'opinion de son frère concernant le système de castes des siens, et voulais donc lui éviter de revivre ce pour quoi il les avait quitté.
Malgré les raisons de son départ, Joshua aimait toujours sa famille et les siens et l'idée de revoir sa soeur le remplissait de joie et de bonheur.

Il avait pris une chambre au Théâtre pour la durée de son Séjour à EauForte. Il passa deux jours avec sa soeur se remémorant des anciens souvenirs et se racontant ce qu'ils étaient devenus depuis le départ du du mage.
Le jour de son départ était venu, Joshua s'apprêtait a partir, et alla rendre les clés de sa chambre à l'aubergiste. Il s'installa à une table où il avait donné rendez-vous à sa soeur pour un dernier au revoir avant son départ.
Après une heure de de conseils et de recommandations de dernière minute, Alwen fit ses adieux et se partit. Joshua resta à sa table plongé dans ses souvenirs et réfléchissant à une possibilité de retour par mis les siens.
Fröhnir écouta Delroth avec attention. Il avait raison encore une fois, la tâche serait rude.

« - Bien, il semblerait que mon idée de départ soit la bonne, je vais rédiger une annonce de recrutement. De toute façon il nous faudra un mage. »

L’elfe s’empara du parchemin et de la plume apporté par l’aubergiste et commença à écrire :

« Avis aux aventuriers en quête de frissons,
Moi, Fröhnir Eldeldaë ai besoin d’âmes bien trempées pour mener à bien une mission confidentielle de la plus haute importance.
Faible récompense, mais prestige assuré.
Hommes d’arme, magicien et guérisseurs uniquement.
Lâches, faibles, traîtres et couards s’abstenir.
S’adresser au barman pour de plus amples renseignements. »


Elle se dirigea vers un grand tableau à l’entrée du Théâtre et y accrocha son annonce. D’autres mots y étaient déjà agrafés, mais le sien sortait du lot grâce à sa belle écriture fine et déliée.

Alors qu’elle regagnait le comptoir pour rejoindre Delroth et mettre le Barman au courant, elle avisa un elfe qui semblait la fixer avec intérêt.

Hésitant un instant, elle fit mine de passer son chemin puis pivota et s’assit en face de lui sans prévenir, une main sur « rouge-gorge » sa dague de feu.


« - Holà l’ami, pourquoi me fixes-tu avec autant d’intérêt dis-moi ? Et ne me dis pas que tu connais mon visage, car moi je n’en oublie aucun et le tien m’est inconnu ! »
Surpris par la réaction de Fröhnir, Joshua répondit néanmoins avec calme:

Je ne dirais pas que je vous connais, je mentirais, mais vôtre visage m'est familier... il me fait penser à une charmante elfe que j'ai connu il y a quelques temps de cela... Elle s'appelle Mëryl, si ça vous dis quelque chose ?

D'après la description qu'avait donné sa soeur d'elle, Joshua ne doutais plus qu'il s'agissait de Fröhnir. Mais il fut surpris de voir une elfe blanche, il s'attendait à une drow comme lui avait dis Mëryl.
« - Mëryl ? Vous l’avez vu ? comment va-t… »

Fröhnir s’était laissée emporter un court instant par son enthousiasme à l’idée de rencontrer quelqu’un qui connaisse sa sœur. Mais, fidèle à sa froideur, elle se reprit vite.

« - Il est vrai que nous nous ressemblons. Cela fait plusieurs mois que je ne l’ai vu, depuis que j’ai décidé de ne pas la suivre. M’en veut-elle ? »

L’elfe était avide d’entendre des nouvelles de sa demi-sœur, mais cela ne lui faisait néanmoins pas perdre de vue l’objectif qu’elle s’était fixée.

« - Venez avec moi, j’ai un ami à vous présenter, nous pourrons parler ; A ce propos, je recherche des bras pour une… mission. Accepteriez-vous d’en être ? »
Ayant remarqué l'enthousiasme de Fröhnir lorsqu'il parla de sa soeur:

Votre soeur se porte très bien ! Nous nous sommes rencontrés par hasard lors d'une de mes aventures... et nous avons fait équipe.
Je ne saurais vous dire si elle vous en veut, mais elle ne semble pas vouloir combattre des drows de peurs que vous soyez par mis eux, et je la comprend !
Votre transformation la certainement perturbé, mais je ne saurais dire comment elle vit avec ça... vous devriez lui parlez, si vous me permettez de vous donner un conseil.

Joshua n'était pas sûr de devoir accepter l'offre de la drow, mais, ayant lui même des amis drows qui n'avaient rien avec l'un de ces tueurs sanguinaires qui ne cherchent qu'à faire le mal, il décida d'accepter l'offre:

Hum... cela dépend en quoi elle consiste... s'il s'agit de faire une de ces actions perfides des drows, je refuserais votre offre, sinon, ça dépend si je suis capable de vous aider.

Répondit-il avec un sourire
"- Perfide ?"

Fröhnir sourit.

"- Je suis effectivement capable d'être perfide. Voir même extrêmement mauvaise si l'on en croit un certain démon, mais la mission pour laquelle j'ai besoin d'aide est une sorte de remède à ce mal. Et je ne suis pas vraiment une drow, je n'en ai que l'apparence, mais cette amulette me rend ma couleur d'origine, c'est mieux non ? mais je ne veux pas vous brusquer. Je vous laisse réfléchir. Au cas où, le barman a mon adresse en ville ; une petite boutique d'artisanat. Je vous y attendrai avec Delroth."

Puis s'adressant à son ami encore accoudé au comptoir :

"- Delroth, veux-tu venir chez moi ? J'aimerai que nous mettions un plan d'action au point."
"- Votre soeur m'avais prévenu que vous aviez l'apparence d'une drow... mais elle me semblait être convaincue vous n'en étiez pas une dans l'âme..."

Dit-il avec un large sourire.

"- Quant à votre apparence, votre beauté n'est que plus grande avec votre apparence d'origine, bien que je ne vous ai pas encore vu en drow ! Mais je crois que votre apparence drow ne changerais rien à cela..."

Continua-t-il tout souriant.

"- S'il s'agit d'en finir avec le ce mal, je crois que je vais accepter votre offre. Mais pourriez vous me donner plus de précisions sur ce que vous compter faire pour cela ? Je vous donnerais ma réponse définitive après mûre réflexion... "
Fröhnir tourna la tête de gauche et de droite, son regard inquisiteur se portant tour à tour sur la serveuse, un client, ou un couple assis un peu plus loin. Tous à ses yeux pouvaient cacher un assassin de Triel.

"- Pas ici messire, cet endroit est connu pour être celui où je me rend le plus fréquemment. Je n'ai pas trop envie d'y traîner plus que nécessaire. Accompagnez-nous chez moi, nous discuterons plus aisément."

L'elfe rejoignit Delroth et lui dit deux mots à l'oreille, puis, revint près de Joshua.

"- Allons-y, mon ami nous rejoindra plus tard."
A cette question Fröhnir se rembrunit. Les traits de son visage se tirèrent et de fines rides apparurent sur son front.

"- Je le suis devenue par la volonté de Lloth. J'ai accepté de changer car le mal est en moi. Je suis une tueuse vous savez, et j'aime ça... parfois. C'est ce parfois qui a fait toute la différence. Dans le royaume d'Ombre-Terre, avec les drows, j'étais parmi les miens. Ici je n'étais même plus une elfe. Juste une paria. Si détruire le Fléau peut me rendre meilleure, alors il faut que je saisisse ma chance."

Se faisant, Fröhnir ôta un instant l'amulette confiée par l'archimage de Menzoberranzan et devint sous les yeux de Joshua la drow qu'elle était devenue. Sa peau vira du doré à l'obsidienne, et ses cheveux du blond au blanc. Seuls ses yeux restèrent les mêmes, couleur d'or parsemés de paillettes étincelantes.

"- Mëryl possède une amulette produisant l'effet inverse je crois. Mais j'ignore si elle l'a conservée."

Puis l'elfe remis le collier et redevint blanche et dorée. Elle s'assura qu'aucun passant n'avait assisté à la transformation et repris la route vers son ancienne petite boutique.
Aux paroles de Fröhnir, Joshua se senti un peu mal... Il répondit toujours avec discrétion:

"- Vôtre histoire m'attriste... Si ce que vous me demander est de vous aider à vous libérer de cette malédiction, je suis des vôtres, soyez en sûr. Je ferais tout ce que je peux pour vous aider à vaincre ce mal qui est en vous !"

Lorsqu'elle retira son amulette:

"- Cette transformation n'enlève rien à vôtre charme ! Mais elle reflète ce mal qui vous ronge... J'espère que nous arriverons à vous libérez..."

A la mention de l'amulette de Mëryl, le sourire revint sur le visage du mage:

"- Vôtre soeur la possède toujours. Elle s'en est servit sous nos yeux ce qui nous a surpris ! Ce fut après un combat contre des drows, pour en interroger un qui était encore en vie."

Son visage devint plus sérieux:

"- Vous parlez d'un Fléau, dites m'en plus..."
Fröhnir soupira et attira Joshua dans une petite ruelle.

"- Il s'agit du Fléau des Plans" fit-elle tout bas.

"- Un artefact créé par une grande magicienne et un avatar de Baâl il y a 5000 ans destiné à ouvrir un portail permanent entre le plan des enfers et le notre. Si cela se produisait, des armées de démons déferleraient sur Féérune et toute vie serait anéantie. Il se constitue de 6 cristaux maléfiques et d'un parchemin d'incantation. ma quête est la suivante : réunir les ingrédients nécessaires à sa destruction, et me rendre dans le temple où il fut créé à l'origine pour y mettre fin."

L'elfe avait débité ça sans trop réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir sur son nouvel ami. Elle scruta un instant quelque émotion sur son visage, puis, haussant les épaules repris son chemin.
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